#140 – Montpelliérien #140 – Douzième jour de maladie

Cher journal —puisque ce blog n’est plus que le journal intime d’un laryngitique ces deux dernières semaines, je vais continuer à totalement vous ignorer, lectrices, lecteurs—, cher journal, donc, aujourd’hui, comme tu le sais, c’est mon douzième jour de maladie. Je n’ai plus de fièvre, mais les oreilles craquent encore dès que j’avale ma salive, et j’ai l’impression que ma langue fait le triple de son volume à cause des oursins qui semblent s’être plantés dedans. Bien au fond. Mes dents de sagesses qui n’en finissent pas de pousser depuis dix ans n’arrangent rien à l’affaire, mais ça tu le savais déjà. J’espère que je serai vite guéri car je dois aller faire du camping le week-end qui arrive.

Le camping, c’est n’est pas l’activité principale du week-end, juste une conséquence. L’activité principale, c’est de jouer une saynète lors d’un petit festival dans un village un peu éloigné de Montpellier. Le camping, c’est parce qu’évidemment on n’est pas payés —sinon je n’aurais sans doute pas accepté de le faire (Biiih, l’argent, quelle horreur, on pense souvent beaucoup de mal de la religion à cause de toutes les morts qu’elle a causées, mais il y a, je pense, beaucoup plus d’humains et d’humaines qui sont morts·es à cause de l’argent dans l’histoire du monde, et là ça ne gène personne de continuer à vouloir constamment gagner du pognon), mais non ! pas par grandeur d’âme, patate de journal, tu n’y comprends rien parce que tu n’es qu’un journal, ce qui est bien normal en fin de compte, mais quand même, fais un effort, ça me donne envie de te déchirer les pages quand tu es comme ça. En plus tu n’as pas de pages, tu me compliques vraiment la vie et la narration. Ce n’est pas par grandeur d’âme, donc, que j’aurais refusé de participer si ça avait été payé, mais bien parce que si ça avait été payé, j’aurais pensé quelque chose comme :  je ne suis pas comédien, moi, ça me fout la pression votre truc, si on me paye c’est qu’on attend de la qualité, or je ne peux fournir que ce que je pourrais bien fournir le jour J, à l’heure H, et certainement pas de la qualité— mais qu’on n’est pas non plus logés ! Oui, cher journal, je sais, tu ne te souviens plus du début de la phrase alors la fin sonne un peu étrange. Je te la recopie ici sans les digressions : le camping, c’est parce qu’évidemment on n’est pas payés, mais qu’on n’est pas non plus logés ! J’espère qu’on aura au moins droit à une portion de macédoine gratuite à un moment dans le week-end.

D’ailleurs, je n’ai toujours pas de tente. Ni de sac de couchage. Je crois que je ne connais personne qui en ait. Allez, j’ai d’autres choses à penser d’ici là. On ne va pas commencer à s’angoisser pour si peu. Au mieux il pleuvra et ça dispersera les araignées et me dispensera de prendre une douche, au pire il ne pleuvra pas et on m’entendra hurler toute la nuit jusqu’au village voisin mais je n’enchainerai pas sur une troisième laryngite. La vie est belle, faut pas s’en faire.

Eh, journal ! Tu m’écoutes ? J’essaie de te faire rire, tu pourrais glousser un minimum pour me faire plaisir…

Photo par Gwlad (espace Pitot)

3 réflexions sur « #140 – Montpelliérien #140 – Douzième jour de maladie »

    1. Mais non, j’ai bien retenu, attends… c’est le fil vert sur le bouton rouge… Non. Non, c’est pas ça, c’est le fil jaune, sur le bouton vert… Attends…

Les commentaires sont fermés.