#164 – Montpelliérien #164 – Si chacun·e balayait devant sa porte, le sol serait glissant je te dis pas le trou de la sécu comme il exploserait

Aujourd’hui, je me suis attaché les cheveux, qui m’arrivent maintenant à mi-dos, en une espèce de chignon à la japonaise qui me donne un air de Toshirō Mifune —non non, vous n’êtes pas sur un blog mode et looks tendances mais bien sur Montpelliérien, vous ne vous êtes pas trompé·e d’adresse, vous pouvez rester—, et j’ai dégainé non pas mon katana, mais ma plus vieille éponge, mon seul aspirateur, et le premier balai espagnol qui m’est passé sous la main afin d’entamer le ménage de l’appartement. Je suis bien conscient du fait qu’on ne dégaine pas une éponge, tout au plus la sort-on de son emballage plastique, quand bien même le geste serait gracieux, rapide et précis, mais enfin je voulais filer la comparaison avec un film de samouraï. Si vous voulez mon avis, vous vous arrêtez trop sur les petits détails. Je veux bien vous accorder qu’il vous faut connaître Toshirō pour bien sentir le côté samouraï, même si la sonorité du nom seule aurait pu vous orienter. Vous l’avez sans doute déjà vu dans les films d’Akira Kurosawa, même si vous ne connaissez pas son nom. Je veux cependant bien avouer que je n’aurais pas aussi tôt dû parler de balai espagnol. Ce casse franchement l’ambiance asiatisante, bien que si je devais imiter le guerrier maniant le sabre, ce serait sans doute avec le balai espagnol plus qu’avec l’éponge. Il ne me semble pas qu’il existe de balai typiquement japonais. Ou alors ce doit être un balai qui, tout en ayant un brosse assez efficace, ne raye pas les tatamis. Je pense qu’il serait plus judicieux d’utiliser un aspirateur. À ce que je sache, il n’existe pas non plus d’aspirateur espagnol. Il doit bien y avoir une ou plusieurs marques d’aspirateurs espagnoles, oui, mais pas un sous-genre à part entière de machine que l’on nommerait aspirateur espagnol même s’il était conçu quelque part dans une usine au Japon. C’est comme ça, un jour on est une civilisation qui invente un type de balai révolutionnaire, et le lendemain on se fait piquer le marché du ménage car, trop fiers de notre succès, on a oublié de miser sur les technologies d’avenir. Ainsi va l’histoire de l’humanité et de l’innovation. Aujourd’hui le french kiss, demain le bengali remote fluid swapper. Je vous mets en garde, président Macaron, si vous ne pariez pas sur la physique quantique appliquée aux sentiments humains dès aujourd’hui, faudra pas vous étonner si les gens restent soudés entre eux par le baiser de proximité et finissent un jour par s’unir pour vous casser la gueule.

À ce stade-là du texte, vous avez peut-être l’impression que je brode car je ne sais pas quoi vous raconter. Et bien, c’est peut-être vrai. Mais, comme au pays imaginaire dans Hook, vous n’avez qu’à imaginer que c’est un bel article, plein de drôlerie en même temps que de réflexions grandioses qui vous font changer votre façon d’appréhender le monde autour de vous, et il le deviendra, drôle et grandiose. Sinon, c’est que vous avez perdu votre âme d’enfant. Et qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse, moi ?