#389 – Les montagnes belges

La période difficile se profile. Le pire genre de périodes. J’exagère quand je dis le pire, mais disons pas le plus sympa. Car voilà, je n’ai plus trop le temps de fuir, ni trop l’argent pour.

Voyez, il y a quoi, trois semaines ? j’arrête de fumer. S’ensuit la période où je fais tout pour m’occuper la tête et les mains. Il fait beau, parfait. Je reprends le blog, je vous raconte tout ce qui me passe par la tête et sous les yeux, je bois un petit café tous les matins en terrasse. Le soir, je sors voir les rues ou un concert dès que j’en ai l’énergie. La priorité est au changement d’habitudes, à retrouver du plaisir sans l’aide de substances abrutissantes, et tout me le permet. Je sors d’un tunnel, je m’émerveille de la jolie clairière sur laquelle il débouche.

Mais voilà. J’ai traversé cette clairière, elle n’était pas ma destination finale, et je me trouve face à un nouveau tunnel, d’un style différent mais quoi, ça reste un tunnel. Au bout de celui-ci, une autre clairière, plus vaste et où, je l’espère, je pourrais établir mon petit campement pour quelques années au moins. Oui bon, je vous ai déjà dit mille fois que j’étais nul en métaphores filées, faites pas la moue. Je me suis moi-même surnommé « écrivouilleur », si vous veniez pour de la grande littérature…

Je suis à la recherche d’un travail. Je me donne trois mois pour le trouver, sans ça c’est reparti pour une année de supermarché. Et ça, c’est non. Non, non. Non, vraiment, n’insistez pas. Dès lors, je ne peux pas me permettre de papillonner beaucoup plus. CV, lettres de motivation, recherches de quelle institution, quel potentiel employeur, comment l’aborder… dans une ville et un pays dont je ne connais encore presque rien, et dans lequel personne ne peut m’aider, me soutenir. Je culpabilise dès que je fais autre chose. Comme il se doit d’ailleurs, sinon rien n’avance. C’est le désavantage de garder l’esprit clair.

De plus, depuis une semaine, le temps a décidé d’être moche. Gris le matin, noir l’après-midi, froid le soir. Et puis il me faut commencer à mettre de l’argent de côté, au cas où la recherche de travail prenne plus de temps que prévu, puisque j’ai décidé que quoi qu’il en soit, le supermarché, c’est fini en septembre. Alors difficile pour moi de me lever avec la pêche, de justifier des petits cafés à 2,50€ aux terrasses sous crachin, ou de me motiver à sortir en rentrant du taf, sachant que le lendemain je serai trop fatigué pour me lever tôt et reprendre mes recherches. Je me couche en pensant que demain la journée sera chiante, je me lève en me disant que je préférerais rester au lit une ou huit heures de plus.

Peinture au pochoir sur l’un des murs du Mont des Arts

Il reste le blog. C’est sain, un blog. Oui mais, en ne sortant pas, je ne sais pas comment l’alimenter. Je commence à raconter mes états d’âme et je ne vous dis plus rien du monde, de ce qui fait le lien entre ma vie intérieure et la votre. Je ne vous intéresse pas et je me désespère de mon rien-à-dire. Les tribulations d’un chercheur d’emploi en terre inconnue, voilà qui serait sans doute intéressant à raconter, mais j’ai trop peur qu’un futur employeur tombe sur mon blog en trois recherches habiles. Et puis la rédaction d’un article me prend bien plus de temps que je ne veux bien l’assumer. Alors même ça… C’est dommage, le temps de deux semaines, il commençait à reprendre un peu de la gueule, le blog. Tant pis.

Me voilà donc bien pris. Je m’interdis de renouer avec mes habitudes qui ne conviennent pas dans cette période où je dois garder l’esprit alerte, et par la force des choses je suis tenu à l’écart des mécanismes qui me permettent de prendre du plaisir ailleurs. Tout ce qu’il me reste, c’est mon travail qui me devient de plus en plus insupportable, et la recherche d’un nouveau job qui, tout en me correspondant mieux je l’espère, ne me fait pas vraiment rêver pour autant.

La période difficile se profile, donc. On va tâcher de garder le cap. De toute façon un tunnel, c’est un tunnel. À moins de faire demi-tour, on peut pas trop se planter. Suffit de serrer les dents et d’avancer. Non vraiment, même pour moi cette métaphore est vraiment trop pourrie, et même pas filée avec ça.

Il y a quelques soirs, les voisins m’ont invités à manger chez eux. Comme d’habitude, ils ont bien arrosé le repas, et moi avec. Quand je suis rentré, je me suis connecté au blog, voir s’il y avait eu un commentaire ou deux sur mon précédent article, et puis j’ai commencé à relire des articles passés au hasard. Pris par le genre d’illumination qui vient quand on est à pas loin d’avoir le nez qui clignote, je me suis dit : mais oui, c’est ça le seul fil rouge de ce que j’écris ! Assumer l’inconstance.

L’inconstance, certain que je nage en plein dedans. Pas sûr de tout à fait assumer par contre.

2 réflexions sur « #389 – Les montagnes belges »

  1. C’est vrai que c’est long d’écrire un billet de blog en fait. Enfin, je dis ça au moment où j’allais m’apprêter à en faire un tout petit. Mais c’est pas pareil, kwa.

    Quand je suis repassé sur tes billets de l’époque montpelliéraine, j’ai halluciné sur leur nombre 😀 En effet, il y a « quelques » heures derrière tout ça.

    Bon courage pour les CV en tout cas. L’aspect « capitale européenne » peut aider pour trouver qque chose ? Tu nous diras dans 3 mois :p
    Tu vas ptet décrocher un poste de mise en relation FR-JP. Genre commercial pour vendre des costumes français prêt-à-porter à des cadres japonais. Ou de l’exportation de fricadelles.

    1. Ouais c’est long, et dans mon cas en plus je mets autant de temps à corriger les fautes qu’à l’écrire je crois. 😀
      Pour ce dans quoi je cherche le côté capitale aide beaucoup, européenne pas forcément. Mais malheureusement j’ai pas encore le niveau de jap pour en faire quelque chose. Un jour peut-être ! Genre à 60 ans.

Les commentaires sont fermés.