#397 – Prenez des notes

Dans le bloc note de mon téléphone, le 26 juillet j’écrivais :

– Excusez-moi, monsieur, en quelle époque est-on ?
– Pas une à vous faire dresser le téton.
– Pardonnez-moi madame, à quoi rêvent le jeunes ?
– À mourir sans douleur, à éviter le jeûne.
– Ah, je ne vous crois pas, il doit bien y en avoir
Pour inventer leur vie et cultiver l’espoir
De voir leurs enfants naître, et rire, et faire, et vivre
Et d’idées de progrès souvent se trouver ivres.
– Oh, si peu, vous savez.

Bon, évidemment c’était pas fini, la métrique n’est pas bonne, mais jamais je le reprendrai. Le 1er août j’écrivais :

Les rêves sont taris. Les espoirs sont des leurres. Les minutes en plomb passent comme des heures.

Le 5 août je notais :

Mentir
Le moins possible
Dire la vérité
À votre gré
Vous taire
Serait le mieux
Mais en êtes-vous capable ?

Le 1er septembre :

Syndicat des locataires.

On se demande bien pourquoi. Le 12 septembre, j’écrivais :

5 lucky strike red à rouler 50g
3 camel yellow 30g

Car mon épicier n’avait plus de tabac pour ses clients habituels et comme j’étais au chômage je suis allé lui chercher de quoi le dépanner chez l’autre épicier un peu plus loin dans la rue. Il avait peur que j’oublie si je note pas.

Le 11 octobre j’ai noté :

Andremouille les niettes.

Mais je pense que ça date de juillet quand mon cerveau m’avait quitté, j’ai dû consulter la note plus tard et l’enregistrer. Le 27 octobre, j’ai écrit :

Je cours après le plus dur, une insouciance raisonnée.

Pauvre de moi. Le 30 octobre j’ai noté :

VIANDE

Parce que mon voisin Roumain me demandait comment on disait « carne » en français. Attention on se rapproche d’aujourd’hui.

Le 2 novembre, il faisait très beau et chaud depuis plusieurs jours :

Allez, re-printemps direct sans passer par l’hiver. Moi je suis d’accord. Que les paysans se démerdent, ces psychorigides des saisons. Nous en ville on pourra toujours bouffer du rat.

Le 3 novembre, à 6h37, je délirais complètement de ne pas arriver à dormir depuis 5h, et je notais :

Un GIF, on pourrait croire que c’est une image, puisque c’est un GIF (on pourrait aussi croire que c’est une gifle même s’il manque des lettres, surtout si on le dit très rapidement), mais en fait c’est plusieurs images et on les fait passer très vite les unes après les autres, très très vite. Des fois, tellement vite qu’elles n’ont pas le temps de voir où elles vont qu’elles sont déjà rentrées dans le dos de l’image précédente. Alors ça fait un accident, et il faut faire un constat, et alors ça n’avance plus et l’image reste fixe et ce n’est plus un GIF mais un PNG. Mais c’est plutôt rare, car comme les oiseaux, les images ont un bon instinct qui leur permet habituellement d’éviter les collisions. On pourrait penser que les GIF sont donc comme des films ou des dessins animés, mais c’est absolument faux, car les dessins animés c’est des gens qui dessinent sur de grands post-its de la taille d’une feuille A3 et ensuite, en tordant le paquet et en relâchant chaque page une à une à l’aide du pouce ça donne l’impression que c’est un GIF, mais c’est une arnaque. Pour les films c’est pareil mais avec des photos. Donc aucun rapport avec le GIF malgré la croyance commune. Surtout qu’il n’y a pas de réalisateurs de GIF et qu’on ne les diffuse jamais su grand écran, raison pour laquelle il n’y a ni festival de Cannes ni de Berlin du GIF. Peut-être y a t-il un festival du GIF à Conques, petit hameau Lozérien, mais dans ce cas-là je n’ai pas été mis au courant.

Après je l’ai envoyé à des amis sur discord pour leur montrer que je m’ennuyais quand ils étaient tous couchés sauf moi. Il m’ont souhaité de retrouver bien vite du boulot.

Enfin, le 15 novembre, c’était il y a deux jour, j’écrivais ce qui restera sans doute ma plus grande œuvre littéraire :

Les gants, tu rentres quelque part, tu les mets dans ta poche, mal, et t’en perds un. Les chaussettes n’ont pas cette excuse.

Voilà, un conseil donc : prenez des notes, mais surtout ne les relisez jamais.

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