#398 – Autobiographie super superficielle – partie 1

Je ne sais pas pourquoi j’écris ça ici. C’est plutôt pour moi. Peut-être pour les copains. Si je continue ensuite, avec le collège, le lycée, la fac, le rien, le travail… ils comprendront sans doute deux trois trucs sur moi, surtout quand ils verront des motifs se répéter. Est-ce que c’est important d’être compris ? Je ne pense pas. Peut-être que ça me servira juste de base pour écrire une autobiographie un peu plus détaillée et surtout plus intéressante. Là je vais juste balancer des éléments comme ça. Ce qui me vient. Je n’ai toujours pas retrouvé la concentration nécessaire à écrire correctement un paragraphe depuis ce burnout. Je suis toujours dans un flou étrange presque constamment.

En vrai j’aime beaucoup lire des autobiographies, et pas seulement de gens célèbres. J’aime les blogs très personnels qui ne parlent que du quotidien et du rapport de chacun au monde. Comme d’habitude, quand j’aime bien quelque chose, j’essaie de le faire moi aussi, pour voir ce que c’est. Si ce n’est pas votre truc par contre, ne vous embêtez pas à lire ce qui suit.


  • Décembre 1987, notre héros naît quelque part dans le sud de la France, près de Béziers. Dehors c’est l’orage et les inondations.
  • Il passe une enfance heureuse en bord de mer, du moins tant qu’il est baladé dans une poussette et n’a qu’à observer le paysage en mangeant des quignons de pain. Il regarde les lumières et la texture des choses plus que les choses elles-mêmes. Ça lui plaît. Il aime les couleurs dans le soir ou le matin, il aime aussi l’odeur des lauriers-roses, les bancs et les cailloux, les animaux et les visages. Il a peur de la nuit, des motos qui font du bruit, mais pas encore des araignées.
  • Au bout de quelques années, on commence à lui demander de marcher par lui-même, et de faire des choses. Ça va si on ne lui demande pas de changer d’activité quand il en a finalement trouvé une qui le fait se sentir bien. Par exemple regarder des images, faire des puzzles ou colorier. Et surtout parler ou rester blotti contre quelqu’un.
  • Il n’aime pas trop être à l’école maternelle et se faire gronder parce qu’il dépasse en coloriant. Il ne comprend pas pourquoi on l’oblige à faire des choses qui ont l’air tellement étranges, même s’il aime beaucoup les maîtresses et les assistantes qui sont très gentilles (sauf une).
  • Dans la cour et à la garderie il est souvent triste, surtout s’il fait sombre. Si par exemple sa maman lui donne un petit bonbon, il garde le papier toute la journée pour respirer l’odeur et penser à elle. S’il perd le papier, il a envie de pleurer mais il se retient. Un jour il voit un de ses copains qui est très gros se faire pousser par terre et se faire donner des coups de pieds au sol en se faisant traiter de gros patapouf par tous ses autres copains et il a très mal au cœur. Souvent des enfants vomissent sur le tourniquet et il ne comprend pas pourquoi, jusqu’au jour où il vomit sur le tourniquet après avoir mangé une pomme. Il adore le tourniquet et les balançoires, ça lui procure une sorte d’ivresse dont il a du mal à se sortir.
  • A l’extérieur de l’école, il aime beaucoup aller chez des copains et des copines. Ça tombe bien, il en a beaucoup car sa maman a elle-même beaucoup de copines dans le village. Des fois ils jouent au docteur, des fois à d’autres choses. Les mamans acceptent qu’on joue au docteur, car elles ont bien lu tout Dolto, elles font comme si elles ne savaient pas mais rigolent quand on leur demande de frapper avant d’entrer. Le plus souvent il joue quand même à autre chose, surtout tout ce qui fait rigoler. Il aime beaucoup rigoler. Il pourrait rigoler toute la journée avec ses copines et ses copains. On pourrait même dire que son seul objectif depuis qu’il a eu son premier, c’est d’attraper le fou-rire. Il ne veut jamais rentrer à la maison à la fin de l’après-midi. Quand il rentre il est triste pendant de longues heures, alors il regarde par la fenêtre ou il reste sur son lit, sans rien faire.
  • Son papa est kiné dans le village, alors des fois il va avec lui dans les maisons de retraite quand personne ne peut le garder. Ça sent un peu le pipi, mais les vieilles personnes sont toujours très gentilles avec lui, et son papa s’occupe bien d’elles alors elles sont contentes. Il y a une maison tenue par des bonnes sœurs avec un accent bizarre, elles sont gentilles mais elles lui demandent toujours quand il viendra au catéchisme et il ne veut pas y aller, même s’il ne sait pas ce que c’est.
  • Il n’aime pas du tout qu’on lui demande ce qu’il voudra faire plus tard. Car plus tard, il ne veut rien faire d’autre que ce qu’il aime déjà faire. Sa maman lui lit souvent un livre qui se termine par cette question, il aime beaucoup le livre mais refuse catégoriquement qu’on lui lise la dernière page, ça peut déclencher de grosses crises.
  • Quand il entre à l’école primaire, il a beaucoup de copains et de copines. Il rigole beaucoup dans la cour. En classe, il comprend vite les choses et retient tout sans jamais se concentrer. Il est très fort pour le langage, la maîtresse l’appelle le dictionnaire ambulant. Il passe des heures à penser à autre chose qu’à ce qu’il écrit parce qu’écrire ne l’intéresse pas du tout. Il retient tout ce qu’il entend, et n’arrive pas à dessiner les formes des lettres de manière régulière, c’est une corvée. Alors il écrit lentement. Très lentement. C’est toujours le dernier à sortir. Des fois il rate la récréation à cause de ça. Il pense beaucoup aux autres qui jouent dehors et du coup il écrit encore plus lentement. Il aime bien le maître qui fume dans la classe.
  • Des fois il s’invente des histoires, qu’il est Superman ou le monsieur de K2000, par exemple. Quand les autres se rendent compte qu’il joue tout seul dans sa tête, ils se moquent un peu de lui, mais pas trop, parce qu’en vrai ils l’aiment bien. Souvent il joue quand même avec les autres. Sauf au foot et à courir, ça ne l’intéresse pas parce qu’on n’a rien à s’imaginer et il faut se servir de son corps. Il va souvent voir ceux qui sont tout seuls pour leur demander pourquoi ils sont tout seuls et si ils veulent venir jouer avec les autres à S.O.S Fantômes ou à Retour vers le futur. C’est souvent les nouveaux, ou ceux qui ont des problèmes parce qu’ils sont timides ou handicapés. Ça lui fait trop de peine quand il les voit seuls et tristes, et quand les autres se moquent d’eux. Il y en a que vraiment personne n’aime, parce qu’ils sont sourds par exemple, et les moqueries sont très méchantes.
  • Il n’aime pas trop les anniversaires, parce qu’il y a des jeux obligatoires et des danses, ça lui provoque une honte immense quand il doit participer. Mais il y va quand même parce qu’il adore rigoler avec les copains. Chez les gens il n’ose pas demander à aller au toilettes quand il veut faire pipi, mais il arrive toujours à se retenir jusqu’à ce que quelqu’un le remarque se dandiner et le lui propose. Il regarde les jouets des autres et ils ont toujours l’air tellement mieux que les siens, dont il se fout un peu s’il est seul. Un jour il voit ses copains s’amuser à brûler des escargots avec des cierges magiques et c’est le dernier anniversaire auquel il va.

2 réflexions sur « #398 – Autobiographie super superficielle – partie 1 »

  1. Brûler des escargots ?!?!?

    Moi aussi je m’inventais des histoires, et je matérialisais ça avec mes mains, une maîtresse m’avait repris qques fois là-dessus, globalement je le faisais en cachette mais parfois je ne pouvais pas me retenir.
    Ma mère avait remarqué ça et aussi mes dessins et elle disait alors que je « faisais mes films ». Avec comme injonction courante, pas vraiment sévère mais un poil moqueuse, « arrête de faire tes films ». J’ai continué longtemps. Aujourd’hui, quand je marche je pense à plein de trucs, mais je crée plus d’histoire avec mes doigts.

    1. Oh, c’est dommage. Si tu veux tu te filmes en te faisant tes films et moi j’essaie de deviner ce que c’est l’histoire.

      J’ai jamais vu des gens qui faisaient avec leurs doigts, mais je vois souvent sur leur visage, surtout aux lèvres et aux sourcils, les gens qui sont en train de se faire les leurs. Je crois que j’ai appris à le déceler parce que j’ai vu trop souvent mon père à table quand il se faisait ses films qui l’énervaient juste avant qu’il nous hurle dessus pendant des heures. J’espère que tes films comme les miens sont plus rigolos.

      Et oui, ça les faisait rire de voir tout le jus qui coulait quand ils le brûlaient…

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