#260 – Lyonniais #085 – Décret du 24 mars 2019

Décret du 24 mars 2019 : Ce blog ne sera désormais plus tenu quotidiennement, mais seulement quand j’en ressentirai l’envie.

Commentaires : À celles et ceux que ça chagrine, sachez que je ne suis pas dupe, vous n’existez pas. À ceux et celles qui se disent tant mieux, car la qualité vaut mieux que la quantité, sachez que si j’osais écrire quoi que ce soit ici, c’était bien parce que la quantité me servait d’excuse au manque cruel de qualité, et qu’il est donc possible que je n’écrive plus jamais rien, paralysé par ma propre médiocrité. À ceulxles qui se demandent pourquoi, sachez que, quoi que j’en dise, j’en avais moi-même assez de privilégier la contrainte quotidienne à la qualité. Je me suis prouvé que je pouvais écrire de la merde chaque jour sur de longues périodes, c’est bon. Passons à autre chose.

#259 – Lyonniais #084 – Le papy de Fourvière

Il ne faut pas teaser. Sur le coup on se dit que c’est une bonne idée, on se trompe toujours. L’envie d’un jour d’aborder un sujet le lendemain s’évapore presque à coup sûr dans la nuit. Mais c’est trop tard, j’ai teasé. Tant pis pour ma gueule. Voici donc l’histoire du papy de Fourvière nous racontant l’histoire de Lyon. Je voulais l’agrémenter de photos liés aux lieux cités, mais je n’en ai pas prises sur le coup, j’ai voulu aller les prendre aujourd’hui, mais je me suis rappelé qu’on était samedi, et un samedi de très beau temps avec ça, donc que l’endroit serait plein à craquer de touristes… Alors voici, une fois de plus, un texte bien sec, sans jolies petites images pour vous délasser les oreilles intérieures de votre voix intérieure. Je les rajouterai dans quelques jours peut-être, les photos.

Nous étions donc, mon amie et moi, accompagnés de mes parents à qui nous faisions visiter la ville. En haut de Fourvière, sur le côté gauche de la basilique, appuyé sur la table-plan de la ville, je devais être en train de dire que là-bas c’était l’hôtel de ville, et là-bas l’opéra, des trucs comme ça quoi, quand un petit bonhomme, casquette vissée sur la tête, lunettes de soleil fixées au nez, très très fine moustache droite à l’ancienne soulignant le rebord de la lèvre supérieure, est venu nous demander : « Vous êtes de Lyon ? »

« Euh… oui depuis pas longtemps et non… » Il s’est alors mis à nous dire qu’il était dommage qu’à Lyon tout soit si mal indiqué, tenez par exemple, regardez droit devant vous, à l’horizon… puis à nous décrire parfaitement les conditions climatiques par lesquelles on pouvait, de la rambarde contre laquelle on était appuyés, apercevoir les alpes, et même le Montblanc. Conditions climatiques aujourd’hui difficile à réunir, notamment à cause des fleuves et des particules fines dans l’atmosphère. Cela dit, nous a-t-il précisé, ce n’était pas pire qu’à l’époque où, les usines étant encore dans le ville, les particules s’échappant des cheminées n’étaient pas fines du tout et plongeaient bien souvent Lyon dans un brouillard Londonien.

Il a enchainé sur la tour métallique, elle aussi à gauche de la basilique. À gauche quand on fait face à la porte principale de celle-ci, hein. Cette tour est une copie du troisième étage de la tour Eiffel, nous a-t-il appris. Elle mesure 85 mètres de haut. Pourquoi ? Parce que, placé où elle est, à 290 mètres au dessus du niveau de la mer, son sommet dépasse ainsi le sommet de la tour Eiffel, la vraie. La plus grosse quéquette, on n’en sort jamais. Il y avait à sa base une brasserie, continua-t-il, mais celle-ci ferma et le tout fut clos au public pendant des années. Pourquoi ? Parce que personne n’y venait. Il n’y avait à l’époque que le funiculaire pour vous y conduire. Les gens n’avaient pas de voiture. Elle fut ensuite rachetée par la télévision et restauré, me ne rouvrit jamais au public.

Ce qui nous a tous frappé, je pense, c’est à quel point les explications s’enchaînaient, sans une seule hésitation, pas un bredouillement, avec précision en ce qui concernait les années et les chiffres, et dans un français impeccable et délicieusement daté. Il nous raconta également pourquoi les Romains avaient choisi Fourvière pour établir Lungdunum et comment lorsqu’ils en descendirent, les kilomètres de canalisations en plomb qu’ils avaient installé pour l’acheminement de l’eau avaient été volés par d’autres Romains. Entre deux commentaires digne des plus grands guides conférenciers, il nous apprit qu’il était arrivé à Lyon en 1951, exilé d’Espagne, qu’il avait 87 ans, et nous montra qu’il pouvait encore lancer sa jambe au dessus du niveau de sa ceinture, ou comment il pouvait d’un coup poser ses fesses sur ses talons et se relever, tout ça sans la moindre peine, sans la moindre raideur. C’était très impressionnant.

Il en profita, comme toute personne âgée, pour faire un petit détour par les jeunes qui ne respectaient plus trop les choses aujourd’hui. Tenez, avant, là il y avait une grande table en pierre et en verre qui a été saccagée. Exemple. Et puis, autre exemple, comment, un jour, ici même, alors qu’il parlait à d’autres touristes (ce qui nous fit comprendre que ce monsieur profitait en fait de sa retraite pour faire gracieusement le guide), des jeunes l’avaient croisé et étaient revenus en courant par derrière pour lui voler sa casquette. Pauvre papy. Il profita de l’anecdote pour en glisser une troisième, vous savez comment sont les papys, et pour relativiser le manque de civisme de notre époque, car s’il avait l’air un peu attristé, il ne semblait pas du genre à condamner toute une génération : à son arrivée à Lyon, dans les années 50 donc, il y avait déjà des pickpockets. Il y en avait même beaucoup. C’était au surlendemain de la guerre, et les gens vivaient majoritairement dans la misère. Mais, nous confia-t-il, à l’époque, quand un pickpocket vous volait votre portefeuille, il y prenait l’argent, d’accord, et les tickets de tabac, celui-ci étant rationné, et allait rendre le portefeuille à la poste. Sympa les voleurs de l’époque.

Tout ce que je vous raconte-là, s’est passé en vingt minutes environ. Et j’en ai oublié plus de la moitié. La cour des Voraces, le grand bâtiment là bas, celui-ci en contrebas, l’autre côté du Rhône, le maire laïc et l’accès à l’église non restauré, l’histoire des aqueducs, le nombre exact de tuyaux en plombs installés et volés par les Romains, et sur combien de kilomètres, et les couverts en plomb aussi. Tout ça toujours avec la même précision dans les nombres, la même assurance dans le propos, la même diction parfaite. Épatant le papy. Moi à 87 ans, je serai mort ou sénile. Sûr.

Je m’aperçois que je ne rends pas assez bien compte de la différence entre ce monsieur d’un certain âge et un vulgaire emmerdeur en mal de conversation qui vous tient la jambe des heures durant sans se rendre compte que vous vous emmerdez mais êtes trop polis pour l’arrêter. C’est qu’il était totalement avec nous. Il ne vomissait pas sa litanie, ne racontait pas dans le vide. Il posait des questions, rebondissait sur nos remarques. Il n’était pas tout seul à dérouler sa science à nos oreilles bouchées. Il était dans la conversation. Par exemple, pendant qu’il nous expliquait la Croix-Rousse et les métiers à tisser Jacquard ainsi que l’histoire des Canuts et pourquoi ils avaient migré du Vieux Lyon à la Croix-Rousse justement parce que les nouveaux métiers à tisser jacquard étaient plus hauts et ne rentraient pas dans les vieilles baraques, il en profita pour nous apprendre qu’à Lyon, on pouvait entendre dire : « arrête ton bistanclaque ! » Bistanclaque, mot onomatopéique qui reproduit le son du métier à tisser des Canuts, le bruit pas tenable quoi, et qui finit par désigner le métier à tisser lui-même. Donc, quand on dit arrête ton bistanclaque, ça veut dire arrête de raconter tes salades, tu me fatigues les oreilles. Explication après laquelle le monsieur ne manqua pas d’ajouter : « un peu comme je suis en train de faire là avec vous », et de rigoler. Vous voyez, c’est à ce genre de petites choses qu’il était agréable de l’écouter. Sa véritable présence. Ses mots pas seulement pour s’entendre parler, mais pour nous instruire véritablement, nous étonner, nous amuser. Il y avait de l’interaction.

Bon, c’est pas tout mais… Ah oui, l’aqueduc, on peut encore en voir une partie du réservoir, qu’il nous dit. Vous voulez que je vous montre ? C’est juste à côté. Oui qu’on a dit. On l’a donc suivi. Pendant une heure, une heure et demie je pense.

Avant d’avancer trop, il nous a montré une sorte de petit kiosque sur le côté de la basilique. Ça, ça servait à vendre les tickets pour les visites du toit de la basilique. On y montait par un petit escalier. Mais ils l’ont fermé aujourd’hui. Pourquoi ? Trop de suicides. L’avant-dernier l’avait particulièrement touché nous avouait-il. Il s’agissait d’une jeune fille d’une vingtaine d’années. Elle vivait dans un tout petit une pièce, tout seule avec son bébé, sur les pentes de la Croix-Rousse, elle était étudiante. Elle avait des soucis avec ses parents, ils avaient fini par ne plus se parler, brouillés. Elle avait très peu de moyens de subsistance, elle ne voyait plus comment s’en sortir, s’est sans doute sentie acculée. Elle a monté les marches, s’est postée sur le rebord du toit, a jeté son bébé en premier qui a atterri dans les branches d’un arbre en contrebas, puis s’est jetée elle-même la tête la première dans le vide. « Vous vous rendez-compte ? qu’il nous disait le papy de Fourvière, il ne jugeait pas, l’état de désespoir dans lequel il faut être pour en arriver là ». Le dernier suicide en date, c’était un jeune homme de trente quatre ans. « Le désespoir… » n’arrêtait-il pas d’évoquer. C’était touchant de voir ce vieil homme avoir tant d’empathie. Lui pétait la forme, mais quand on lui demandait comment il avait fait, il répondait je n’ai pas fais d’excès, mais j’ai surtout eu beaucoup de chance. Il avait assez vécu pour ne pas juger, pour se mettre à la place des autres, pour constater sans doute comme une existence humaine se construit sur des deuils et des douleurs. Merci papy, tu m’as ému.

Et puis il nous a finalement emmené voir le réservoir d’eau de l’aqueduc Romain, que personne ne pourrait trouver seul, et l’arche qui restait de l’aqueduc, l’endroit ou le funiculaire arrivait, d’où le tramway avec remorque à cercueils partait pour aller au cimetière, le chemin du cimetière étant trop dur pour les chevaux. Il nous emmena également voir, depuis une terrasse, les vestiges romains, l’odéon et le grand machin dont je me souviens plus le nom, lui la savait. L’ancienne résidence du désormais tristement et nationalement connu Barbarin, nous dit à peu près où était né l’empereur romain Claude (an 10 avant l’autre tarte), nous montra la première rue de Lungdnum, nous expliqua comment on choisissait la première rue pour bâtir une ville à l’époque, où le maire avait fait mettre une plaque pour expliquer cette histoire et comment la plaque avait été ôtée de là, bien qu’on en voit encore la trace, pour être mise quelques rues plus loin, par hasard juste à côté de l’hôtel quatre étoiles. Il n’oublia pas de plaindre, mais avec tendresse, cette époque dirigée par l’argent à cette occasion. Tout est pour le business. Enfin il nous raccompagna au funiculaire, nous montra comment de la sortie du funiculaire on avait l’impression qu’une des deux tours de la basilique était plus grande que l’autre et de nous préciser que ce n’était qu’un effet d’optique, car la basilique était en fait bâtie légèrement de travers par rapport à la sortie du funiculaire.

Le fait que l’un des mendiants sur le parvis de la basilique le hèle « hé ! papyyy ! », qu’il nous apprennent qu’il le craignait celui-là, qu’il était un peu fou —s’était par exemple mis sans raison à détester un musicien aveugle qui, ayant perdu sa femme à New York, était revenu à Lyon et jouait désormais parfois sur le parvis de la basilique, ce musicien étant son ami à papy—, ce fait-là, donc, finit de nous conforter dans l’idée que le papy de Fourvière squattait souvent les lieux, à la recherche de touristes à qui faire découvrir les environs. Et franchement, tant mieux. C’était une belle rencontre, une belle visite. On avait rien demandé, on s’attendait à rien. Il nous a dispensé le meilleur cours d’histoire sur Lyon que j’ai eu l’occasion de prendre, le plus complet (je vous promets que j’ai oublié de noter ici bien plus des deux tiers de tout ce qu’il nous a raconté, et en détail) depuis le lieu où l’on voit le mieux la ville. Sans rien nous demander en retour. Pour son plaisir, indéniablement, et pour le notre, pour notre curiosité. Il y avait le savoir encyclopédique, mais aussi l’humour, l’analyse critique, et parfois politique (au sens politique municipale du terme), et de l’humain. Le beau, le pas beau, le drôle, le triste. Tout ça était complet. Et après tout, s’il est à la retraite depuis plus de vingt ans, à Lyon depuis presque soixante-dix ans, encore capable de gambader encore comme un jeunot (il marchait plus vite que nous), faire guide gratuit pour des gens avides d’en apprendre plus sur le site alors que, comme il le disait, la moitié des choses intéressantes ne sont pas signalées, c’était une sacrément bonne idée.

Si j’avais été seul, je serai resté la journée entière à crapahuter avec lui dans tout Lyon et à l’écouter me raconter et l’histoire officielle et ses souvenirs. Il a été un peu déçu, ça s’est vu, quand on lui a dit qu’on devait y aller après qu’il nous a proposé de nous emmener au cœur des ruines romaines pour prolonger la visite, mais il n’a pas du tout insisté. Comme je disais, il ne tenait pas à s’imposer. Il proposait. On a fini par prendre le funiculaire tous ensemble et, une fois arrivés dans le Vieux Lyon, prétextant que lui aussi avait des choses à faire, il est parti de son côté après nous avoir indiqué où l’on pourrait manger. On a dû passer presque deux heures en sa compagnie en tout. Il ne nous a pas dit son nom, ne nous a pas demandé le notre. C’était une rencontre comme il devrait s’en faire plus souvent.

Si vous passez à Fourvière, cherchez donc un papy, casquette et lunettes de soleil, fine moustache, et si vous le trouvez, demandez-lui s’il connait un peu les environs. Prévoir une bonne demi-journée.

#258 – Lyonniais #083 – L’établissement de nationalité, ça n’est pas une science exacte.

C’est fou ce qu’il y a comme migrants, hein ? Ils sont partout. Sur terre, en mer, dans les champs, dans les rues, à la télé, dans les journaux, et jusque dans ma famille. Ben oui.

Ce matin, mon amie et moi avons raccompagné mes parents à la gare, et en buvant notre café à la brasserie du coin, j’ai pu apprendre, grâce aux questions posées par mon amie, un peu l’histoire de ma famille. Ouais, comme je vous disais quelques articles auparavant, la communication entre mes parents et moi n’étant pas forcément au beau fixe, je n’ose pas bien leur demander d’étancher ma curiosité vis-à-vis des ancêtres quand il est déjà difficile de se demander « Comment ça va ? ». Mais, puisque mon amie posait quelques questions, j’en ai profité pour demander d’éclaircir certains détails.

Que ce soit du côté paternel comme maternel, mes grands-parents ont fui la misère espagnole et la violence d’une dictature militaire. Quelque part dans les années 30-40.

Du côté de ma mère. L’un de mes arrières grands-pères, passé la frontière, a dû séjourner, bien forcé, quelques mois (années ?) dans le camp de concentration de Rivesaltes, quelque part entre 39 et 45. Quand il en est finalement sorti, il a fait venir son fils (mon grand-père) et sa petite-fille (ma tante) la plus grande pour travailler aux champs du côté de Gignac. Puis il a fait venir sa belle-fille (ma grand-mère) et sa deuxième petite fille (mon autre tante). Enfin, tout ce beau monde s’est établi dans un autre village où ma mère est née. Première de sa famille, donc, ma mère, à naître en France. C’était au début des années 1960. Mon arrière grand-mère, elle, ne les a rejoint que bien plus tard. De ce même côté, mon autre arrière grand-père faisait sans doute encore gentiment ses années de tôle dans les prisons de Franco, communiste qu’il était. Celui-là, je ne sais pas ce qu’il est devenu, sa femme non plus. Ah oui, je dis l’Espagne, pour pas rentrer dans les détails, mais tout ce côté maternel est plus précisément Catalan. Autant dire qu’à l’époque ils fuyaient autant la misère qu’un régime qui les menaçait de les foutre au trou pour avoir osé parler leur langue natale. Toujours est-il que quand ma mère était petite, on disait des Espagnols dans les journaux qu’ils étaient sales, qu’ils mangeaient par terre. Ils finissaient par constituer parfois plus de la moitié de la population des villages où ils s’installaient. Une véritable « invasion » hein ? De ce côté-là, à force de travail (car il y en avait en ce temps) et après des décennies, un terrain fut acheté, des vignes aussi, et une petite maison fut construite. Aujourd’hui, ma grand-mère, toujours vivante, compte aux noëls huit arrières-petits-enfants dont l’ADN, s’il parlait, raconterait autant l’Espagne que la France profonde et l’Algérie.

Du côté de mon père. L’histoire est à peu près la même. Mon grand-père, s’il est né du côté français des Pyrénées n’y est né que de justesse car sa famille Espagnole tenait une épicerie à la frontière. Ma grand-mère, née en Espagne, au centre-centre, elle, fit la rencontre de mon grand-père dans le coin de Carcassonne après. Les deux avaient fini par fuir la guerre civile. Pourquoi Carcassonne ? Car là-bas il y avait des vignes, des champs… Bref, du travail. Mais il ne s’y rendirent pas seuls. Oh que non ! Les sœurs, les frères, les tantes, les oncles et les cousins, les cousines, furent embarqués eux aussi. À l’époque pourtant, pas de regroupement familial tel qu’on l’entend aujourd’hui, mais comprenez, déjà qu’on avait quitté le pays, on tâchait au moins de rester en famille quand on le pouvait. Surtout, on allait tous là où on avait entendu dire qu’il y avait de quoi bosser. « – Eh, tu sais pas où y a du taf ? – Si, dans ce coin là-bas, nous on part la semaine prochaine, vous nous suivez ? – Oh, tu veux pas attendre encore un petit mois ? Il faudrait que je fasse venir la famille, ils sont en train de crever la gueule ouverte au pays, ça se fait pas de s’en sortir tout seul. – Okay. Mais qu’ils se grouillent, à ce qu’il paraît y a plein de migrants qui sont en train de prendre tout le travail, ils le disent dans les journaux. – T’es con ou quoi ? C’est nous les migrants. – Ah merde, ouais. Bon ben qu’ils prennent leur temps alors. De toute façon il paraît que les migrants sont mal accueillis. » C’était un extrait de Ma famille de migrants envahisseurs, épisode 2. Mon père est né un an avant la fin de la seconde guerre mondiale à Carcassonne, d’un père Français par hasard, donc, et d’une mère Espagnole. Quand il était petit, on l’appelait l’Espagnol ou le barraquet, surnom occitan qu’on donnait aux immigrés Espagnols et qui signifierait « haricot ». Ses petits camarades dont les parents étaient Italiens, eux, on les appelait les spaghettis.

C’est tout ce que je sais, tout ce que j’ai appris. Vous voyez, c’est bien maigre, mais ça me suffit pour me/vous rappeler que la migration des peuples n’est qu’un processus continu, sans origine, sans fin. Que les étrangers d’hier engendreront les autochtones de demain, jusqu’à une prochaine guerre, alors ces autochtones-là iront faire les étrangers chez d’autres. Mais aussi que, étant moi-même de la deuxième génération et demie née en France, je dois me rappeler que si je vis aujourd’hui dans cette partie du monde ma foi pas pire que d’autres, c’est un peu grâce à Franco. Alors merci Franco. Hein ? Oui, okay, c’est bizarre.

Et sinon, je vous ai parlé du Papy de Fourvière ? Que j’ai rencontré hier ? Lui est arrivé d’Espagne à Lyon en 1951 et… Hein ? D’accord, vous en avez marre, je comprends. On va garder ça pour demain.

#257 – Lyonniais #082 – Fatiguance

Soyons bref. Depuis hier 16h30 nous crapahutons, mon amie et moi, dans tout Lyon pour faire visiter la ville à mes parents. Guillotière, Bellecour, Vieux Lyon, Fourvière, Croix Rousse, Terreaux, Cordeliers… Trois repas pris ensemble, trois restaurants, aucun plat végétarien. Disons que ça me fait une pause dans mes habitudes. C’était l’occasion de goûter les spécialités Lyonnaises que je m’interdis d’ordinaire. Bon mais là c’est trop d’un coup. Pâté en croute et saucisson Lyonnais dans un même repas, je suis au bord de la crise de foie. Pardon, les autres animaux, si un jour vous me bouffez, je n’aurais vraiment pas de quoi crier à l’injustice. Si vous m’enfermez en cage et me torturez une vie entière avant de me bouffer non plus.

Bon je voulais particulièrement vous parler du petit vieux de Fourvière, mais ça attendra demain ou après-demain. Ça fait deux journées de dix heures de marche et de grosses bouffes dont j’ai pas l’habitude, je suis éclatouille. Disons que j’ai appris pas mal de trucs sur Lyon grâce à un papy croisé au hasard et que ça m’a un peu redonné le goût de découvrir la ville. Il est donc bien possible que vous appreniez enfin quelque chose sur la ville de Lyon sur ce blog. Enfin… dans deux trois articles avant que ça ne me gonfle à nouveau quoi.

J’aurais également pu vous parler du fait que pour la première fois depuis plus de vingt ans je ne me suis pas pris la tête avec mes parents, mais ça ne vous regarde pas vraiment, et puis je ne les raccompagne à la gare que demain midi, il y a donc largement le temps de ne pas homologuer ce record.

Bon allez, il est 23h, je vais me coucher. Sur le dos. Sur le ventre je pense que je pourrais exploser.

#256 – Lyonniais #081 – Tracassage

Aujourd’hui est un jour d’angoisse. Non seulement mes parents arrivent pour trois jours à Lyon, et nos rapports sont, disons, tendus, mais en plus de ça j’ai un rendez-vous pour justifier mes droits RSA auprès d’un organisme mandaté pour me trouver un travail dont je ne veux pas. Je me retrouve, mais vous en avez l’habitude, sans savoir quoi dire. Hein ? Non, pas ici, pour une fois, mais sans savoir quoi dire ni à mes parents ni à l’organisme décrit ci-dessus.

Pour vous donner une idée de mon niveau d’angoisse, ça fait trois jours que je n’ai pas bandé. Ben oui. Ça peut vous paraître anecdotique, mais c’est un signe qui ne trompe pas. Même pas un peu le matin au réveil, même pas en caressant le corps nu de mon amie. Rien. Que dalle. Mon sang est trop occupé à irriguer les glandes de la peur et l’estomac là où il lui faut du sang pour se nouer comme se nouent les estomacs quand un canon est posé sur la tempe de leur propriétaire. J’ai juste envie de me cacher dans un coin en attendant que le monde s’effondre.

Si je n’ai rien a dire à mes parents, c’est que le dialogue a longtemps été rompu et que nous sommes maintenant quasiment des étrangers l’un pour l’autre. Si je n’ai rien à dire au fâcheux organisme, c’est que je n’ai jamais véritablement pensé à élaborer de discours justifiant mon droit à la survie. Poète contemplateur que je suis. Même si j’y avais pensé, je n’aurais sans doute pas accepté d’utiliser les termes clés qui sont de bon ton à notre époque de broyage des individus au profit du profit. Je ne suis pas proactif comme garçon, plutôt amateuractif.

Je crois que famille et travail sont les deux concepts qui me posent le plus de soucis dans la vie de tous les jours. Hein ? Ah oui, patrie aussi, puisque je ne suis pas patriote pour un sous, mais enfin, là, pour une fois, je me dis que je suis né à la bonne époque puisque personne n’exige de moi que je le sois. C’est marrant comme quand on cite travail et famille le troisième terme vient toujours immédiatement en tête, hein ? Ouais, ben là j’ai pas la tête à me marrer.

Bref, c’est une journée de l’angoisse. C’est pas la mort, mais il faudra bien laisser passer trois jours avant que mon organisme l’ait intégré. Dans le cas où l’on me fiche la paix pour mon rendez-vous.

#255 – Lyonniais #080 – Bayer aux corbeaux

Aujourd’hui, alors que je fumais tranquillement ma cigarette à la fenêtre en rêvassant, je vois un oiseau tout noir dans la cour de l’immeuble qui, à tour de bec, balance les feuilles mortes qui jonchent le sol à une trentaine de centimètres de lui, sans doute dans le but de dénicher les bestioles qui s’en serviraient de cachette.

Tiens, bizarre, que je me dis. D’habitude il n’y a que des pigeons ici. Qu’est-ce que c’est que ce piaf tout noir ? Un corbeau ? Mmmh… Mais il me semble que les corbeaux ont un bec plus gros que ça… Une corneille peut-être alors ? Mince. Être citadin, c’est vraiment la honte, on sait même plus reconnaître les oiseaux. Remarquez, jusqu’à mes dix-sept ans, j’étais villageois, pas citadin, mais les oiseaux de par chez moi étaient plutôt du genre canards, mouettes et goélands. Enfin, j’étais bien embêté avec mon oiseau noir. Je me suis donc décide à faire une brève recherche sur internet, résolu à ne pas mourir un beau jour sans jamais avoir su faire la différence entre un corbeau et une corneille, et je vous rebalance ici les info que j’ai pu trouver à droite à gauche, un peu comme je l’avais fait sur Montpelliérien dans l’article « Hirondets et Martinelles. » On ne sait jamais que vous non plus ne vouliez pas mourir idiot·e.

Apprenons donc à différencier le corbeau freux de la corneille noire, les deux espèces les plus courantes par chez nous.

Premièrement, les becs. Le corbeau freux possède un bec plus fin que celui de la corneille. Oui, d’accord, là il faudrait qu’une corneille et qu’un corbeau se posent tous les deux devant vous au même moment pour que vous puissiez comparer leurs becs, ce qui n’arrivera sans doute pas tous les jours, donc c’est moyen… Et puis, j’ai également lu que c’était la corneille noire qui avait le bec plus fin que le corbeau freux, alors allez savoir… Heureusement, ils se distinguent d’une autre façon : la corneille a le bec bien noir quand celui du corbeau tire sur le gris parfois très clair et est légèrement recourbé vers le bas.

Deuxièmement, le plumage. La corneille a la robe bien noire, la plupart du temps d’un noir bien mat, là où le corbeau peut arborer des reflets bleus, violets ou verts. Je suis bien d’accord avec vous, les corbeaux c’est n’importe quoi.

Troisièmement, le crâne. Le sommet du crâne du corbeau est conique. Non, pas rigolo, en forme de cornet de glace à l’envers. Vous lisez très mal. La corneille, elle, a le crâne plat. Et pas de commentaire s’il vous plaît. Ne versons pas dans la phrénologie de comptoir.

Quatrièmement, la queue. La personne qui vient de s’esclaffer comme un enfant de douze ans quand j’ai dit « queue » pourrait-elle sortir ? On est entre adultes ici, merci. La queue du corbeau, donc, est pointue, celle de la corneille est carrée.

Cinquièmement, l’allure au sol. Si la corneille peut se déplacer au sol en faisant de petits bonds ou en marchant, le corbeau, lui, ne sait que marcher. Je ne comprends pas bien le concept de l’animal qui peut marcher, voler, mais pas sauter, mais enfin, doit y avoir une raison physiologique à ça vu que les corbeaux sont, paraîtrait-il, pas les plus cons des animaux.

Sixièmement, et pour finir, la différence essentielle qui fait que jamais plus vous ne confondrez le corbeau freux et la corneille noire : le cri. Ben oui, puisque le corbeau croasse alors que la corneille craille ! Franchement, quand on sait ça faut le faire exprès pour se planter.

Mais non, je déconne. Je me doute que vous n’avez aucune idée d’à quoi ça peut bien ressembler. Allez, petit coup de pouce. Selon wikipédia, le cri du corbeau peut être « Kah » ou bien « Krah », voire « Krèèèèh » s’il est agressé ou « Rrrah » s’il est jeune, ou encore « Kiou kiou » si c’est le printemps. La corneille, elle, fait des « Kraac » ou des « Tchaar-tchaar », à moins qu’elle ne soit en vol, dans quel cas ce sera des « Yonk », nous apprend ce site. Allez, c’est pas dur, lisez à voix haute pour bien mémoriser : le corbeau fait « Kah », « Krah », « Krèèèèh », « Rrrah » et « Kiou kiou ». La corneille fait « Kraac », « Tchaar-tchaar » et « Yonk ». Répétez jusqu’à ce que ça rentre.

Voilà. J’espère que tout ça vous sera utile. Un jour peut-être, on sait jamais, au moins pour crâner devant vos potes.

Hein ? Du coup ? L’oiseau dans ma cour ? Ah… oui… Ben en fait c’était un merle.

À demain.

#254 – Lyonniais #079 – Inside Out

Aujourd’hui, alors que je ne me promenais pas, je ne décidai pas de m’asseoir sur les berges du Rhône pour y griffonner quelques mots dans un carnet en profitant du soleil. Et cela je ne le décidai d’autant pas qu’il ne faisait pas soleil aujourd’hui. Au bout de quelques minutes qui n’arrivèrent donc pas, personne ne vint se pencher sur mon épaule me demander ce que je pouvais bien écrire, personne ne fut rendu hilare par le texte humoristique que je n’écrivais pas ni ne me demanda par curiosité si ce texte allait être publié et où. Je ne répondis donc jamais que je ne savais pas encore si j’allais fonder un chouette magazine papier underground ou si je comptais simplement l’imprimer et le placarder à des emplacements stratégiques en ville, mais qu’en tout cas celui-là ne finirait pas perdu sur internet comme autant de 0 et de 1 emportés par les flux de la consommation en ligne et que personne ne lirait jamais dans cet océan numérique désormais plus vaste et profond que le Pacifique. Personne ne s’écria alors que c’était génial, que lui·elle aussi écrivait, dessinait, rêvait de participer à un chouette beau nouveau magazine ou à un collectif underground d’afficheurs d’art gratuit, et qu’en plus il·elle était plein·e de fric à ne plus savoir qu’en foutre et cherchait justement comment le dépenser dans un projet ne rapportant rien. Aussitôt, je ne bondis pas en m’exclamant que tout ça était un sacré coup de pot alors ! Et que quand est-ce qu’on commençait ? Et comment tu t’appelles ? Et montre-moi ce que tu fais toi ? Waah, mais c’est génial ! Vite, faut qu’on se mette au travail ! Tiens voilà mon numéro, tu peux m’appeler de jour comme de nuit, on va le faire ce putain de magazine, relié ou éparpillé sur les murs ! Ne nous étant pas quittés ainsi gonflés à bloc et pleins d’espoir pour l’avenir de l’art vivant (à opposer aux cadavres d’art en vitrine dans les musées qu’on doit pas toucher avec les doigts, les cadavres c’est sale), je ne rentrai pas chez moi pour me mettre illico à bosser comme un acharné, l’esprit en feu, les rêves en ébullition, la libido regonflée à m’en faire craquer le bouton du calcif et écarte-toi de là si tu veux pas te le prendre dans l’œil.

Non. Rien de tout ça ne s’est passé. Aujourd’hui, j’ai fait le ménage.

#253 – Lyonniais #078 – Akèneathlon

Aujourd’hui, je me suis levé un peu tard et il faisait beau. Comme souvent quand je me lève un peu tard et qu’il fait beau, je me suis dit tiens, si j’allais lire le journal en buvant un café quelque part en terrasse. C’est que l’énergie post-vacances revient doucement, mais le moral lui n’est pas encore totalement là. Alors soleil-café-lecture me paraissait être la base d’un bon programme du dimanche.

J’ai filé prendre ma douche sans rien avaler, mais quand j’en suis sorti, le caleçon à peine enfilé, j’ai aperçu par le fenêtre un terrible ciel gris, gris à perte de vue, gris même pas lumineux, gris clair à bien foncé dans les coins. Un coup d’œil sur le site de météo-france m’avisa que le beau temps, c’était pour demain. Pas grave que je me suis dit, déterminé, il faut que je me tienne un peu au courant de ce qui se passe dans le monde, et puis j’ai vraiment envie de cette cigarette trempée dans le café. J’ai transféré les deux derniers numéros du monde diplomatique que je n’ai pas lus sur ma liseuse, et après avoir refermé la porte de l’appartement, je me suis lancé dans les escaliers.

Arrivé au deuxième étage, j’ai commencé à entendre un son étrange et continu. Une sorte de bruit blanc dont l’amplitude augmentait à mesure que les marches défilaient sous mes pieds. Presque arrivé au rez de chaussé, j’avais l’impression qu’on avait allumé un aspirateur de la taille de deux immeubles devant ma porte, ou qu’on y faisait décoller un avion. C’est la pluie ça, que je me suis demandé ? Non, perdu. C’était le vent. La porte d’entrée, à peine ouverte magnétiquement, fut projetée en arrière et moi avec de quelques pas. J’ai dû lutter dans le couloir pour avancer vers la rue, et quand j’ai finalement réussi à mettre un pied sur le trottoir, voilà que cette saloperie de vent s’est jeté sur moi et mis à me torgnoler violemment, me balancer des postillons de nuages dans la gueule et me remplir les narines de poils de boules de platanes.

En levant les yeux pour essayer de mesurer ce qui se passait malgré les fines gouttes, le pollen et toutes les autres merdouilles qui voyageaient à grande vitesse à travers l’air, et semble-t-il spécifiquement en direction de mon visage, j’ai quand même réussi à apercevoir au loin les bouquinistes qui se battaient avec leurs tonnelles, essayaient de les rattraper avant qu’elles ne décapitent un passant ou, pire, un client, puis les démontaient. Vues aussi les serveuses du ninkasi qui courraient (enfin, courraient… avançaient péniblement courbées face au vent), pour plier la terrasse avant qu’elle ne se plie elle-même et s’en aille voir dans le Rhône ou sur la route, au choix, si les voitures et les péniches étaient assurées contre les chutes de tables.

Si j’étais du genre à croire au destin ou a voir des signes là où il n’y a que coïncidences, je ne serais pas sorti. L’univers, me serais-je dit, veut me faire comprendre que ce n’est pas le jour pour reprendre vie. Ou que le café-cigarette est mauvais pour ma santé. Ou encore que la lecture du monde diplomatique ne ferait qu’accroître en moi les sentiments d’angoisse face au futur et de résignation. Qu’est-ce que j’ai fait, alors, hein ? Eh bien je ne suis pas sorti. Mais pas parce que je crois à la destinée. Simplement parce que je n’avais pas envie de me prendre une tuile ou pire sur le coin de la gueule, en plus de me retrouver trempe et couvert de ces saloperies de poils que les platanes balancent en masse dans l’air en ce moment. J’ai donc pris trente secondes pour refermer la porte de l’immeuble contre son gré et je suis remonté chez moi, écouter du Brassens et continuer à déprimer tranquillement comme j’avais commencé à le faire en me levant.

Non, mais vraiment, les poils de boules de platanes, c’est peut-être le pire dans tout ça. Ça se colle dans les narines, dans les cheveux, dans les fringues, ça gratte les yeux, ça fait tousser, ça colle des maux de tête. L’horreur des allergiques et ça dure plus d’un mois. En a-t-on parlé dans le grand débat pour les faire interdire ? Non. Pourtant c’était à ce jour la seule véritable question qu’il y avait à poser. Celle-ci et la question des limitations de vitesse du vent. Bon, eh bien puisque c’est comme ça, je resterai donc toute la journée chez moi à bouder.

#251 – Lyonniais #077 – Code

Attention, le message qui suit a été codé. Soyez à l’affut des indices glissés dans le texte pour en découvrir le véritable sens :

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C’est sans doute un peu difficile pour les novices en cryptographie, mais quand on trouve finalement le message caché après des heures d’acharnement, on est drôlement satisfait·e.