#362 – Réparations

L’ordinateur est réparé. Depuis un peu plus d’une semaine. Je n’ai tout de même pas posté. Je ne suis pas dans ma meilleure forme ces derniers jours. Depuis qu’elle est venue récupérer ses dernières affaires, c’est un peu dur.

Deux jours après que mon disque dur m’ait lâché, la carte SD de mon téléphone a grillé. Les machines se parlent dans notre dos, que je vous dis. Contrairement à mon disque dur, je n’avais rien sauvegardé de ma carte SD depuis longtemps. J’ai dû perdre 6 mois de photos, dont environ 500 stickers que j’avais pris au gré de mes balades. Coup dur.

Je me remets très doucement à la musique. Il y aura sans doute quelques sons qui sortiront dans les prochains mois. Je vais essayer de faire un peu plus quali que d’habitude.

J’ai encore retourné dans tous les sens cette question de poster quotidiennement ou pas sur le blog, vous savez, cette question qui ne turlupine que moi. Je crois que je vais arrêter momentanément au moins. Déjà parce que je vais finalement avoir droit à mes vacances du 5 au 19 octobre. Je vais en profiter pour faire un petit tour de Belgique à défaut de rentrer voir les amis et la famille en France. Pas l’énergie pour ça. Je ne suis pas sûr de pouvoir tenir le blog, ni d’avoir envie d’organiser mes activités en fonction de quand je dois écrire une note.

Ça fait maintenant un an que je suis arrivé ici, et je ne suis sorti qu’une fois de Bruxelles pour aller signer un contrat à Waterloo. La porte à côté quoi. J’ai envie de voir les régions flamandes et wallonnes, l’Ardenne… Enfin, j’ai envie… En ce moment je n’ai envie de rien, mais je me force. Avant de n’avoir envie de rien j’en avais envie en tout cas. Je ne veux pas regretter de ne pas le faire quand j’en ai l’occasion.

Après donc avoir réparé mon ordi, mon téléphone, c’est moi que je vais tenter de réparer dans les mois à venir. Quel rôle jouera le blog dans tout ça, je n’en sais rien. On verra bien.

#360 – La pause est finie

Hier mon ordinateur marchait mal, je n’ai pas forcé. Aujourd’hui apparemment il veut bien marcher, mais je n’ai pas le temps. J’ai encore été contacté par le boulot, je dois y retourner. Commencer à 7h du mat, terminer à 20h30, ça se passe comme ça au supermarché. Au moins je n’ai pas à me gratter la tête pour savoir ce que je vais faire de cette belle journée ensoleillée. Le positif on a dit.

#359 – Plus ou moins

J’ai un problème de disque dur. Un vrai problème. Son utilisation monte à 100% plusieurs fois par heure alors qu’aucune tâche spécifique ne semble motiver ça. Résultat ? Je dois attendre environ 5 minutes avant de pouvoir écrire une phrase car tout freeze. Parfois l’ordinateur plante totalement et redémarre tout seul après un manifique blue screen of death, un peu moins brutal dans son design actuel que l’ancien. Puis il y a eu cette impossibilité de redémarrage faute de disque dur trouvable il y a quelques jours.

Tout ça n’annonce rien de bon. Si jamais je ne poste pas dans les prochains jours, vous pourrez ajouter la triste fin de mon disque dur à la liste des raisons probables de cette absence. Liste qui pour l’instant contient les éléments : flemme, hospitalisation, mort. Quelque part, ça ramène à 50% les chances que ce ne soit rien de grave. Ce qui est positif. Voyons le positif. Ça fait presque un mois que je n’essaie de voir que le positif. Ça ne me ressemble pas. Ça ne ressemble à rien. Qui a inventé cette connerie de ne voir que le positif ? Un scénariste de comédie romantique sans doute.

Sticker vu à Ixelles

Voyons le négatif. Regardons autour de nous. C’est fait ? Voilà. Faudrait être un sacré charlatant pour voir le positif. Avoir un bouquin sur la guérison par les pierres ou la pleine conscience quantique à vendre, ou un truc du genre.

Non, non, non. Le positif. Je suis en pleine santé, j’ai une rentrée d’argent mensuelle qui me prémuni du sans-abrisme, et pour l’instant aucune guerre ne fait rage à Bruxelles. Voyez. C’était pas si compliqué.

L’employé absolument incompétent a été viré du supermarché où je travaille après deux mois. Pas foutu d’accomplir une seule tâche correctement. Racontait sa vie aux clients gênés toute la journée. Ne retenait pas une seule consigne. Pas une. Plus personne ne le supportait car désagréable avec tout le monde. N’a jamais su garder un taf plus de trois mois depuis dix ans, car manquant des facultés intellectuelles nécessaires à entreprendre quoi que ce soit. Le jour où il s’est fait viré, la première chose qu’il m’a dite était : « Ça fait rien, c’est que du positif ».

#356 – Backing Up

Hier, avant de partir au travail, j’éteins mon ordinateur. Geste écologique. Sauf que je me plante de bouton et le voilà qui redémarre. Pas le temps d’attendre, j’enfile mon uniforme de super vendeur en supermarché et je file. Quand je rentre chez moi, m’attend sur l’écran une magnifique icône de disque dur sur fond noir, accompagné de ces quelques mots seulement : NO BOOTABLE DEVICE.

Ça fait ding ding ding dans ma tête. Depuis toutes ces années, tu as bien fait des backups, hein ? Sur des disques durs externes, des clés USB, des microSD, des CD-ROM, des disquettes, hein ? Non, évidemment que non. Je relance l’ordinateur en serrant les dents. Il est lent à redémarrer, mais il redémarre. Ça fait t’es vraiment un con dans ma tête.

Aujourd’hui j’ai donc acheté un espace de stockage cloud avec système bien sécurisé de fichiers cryptés. Quand je dis acheté… Oui, on peut dire acheté. C’est un abonnement cloud à vie, payé en une seule fois. C’est un peu cher, mais c’est un investissement. Il y a des documents qu’il ne vaut mieux pas perdre et qui peuvent vous amener à dépenser largement plus de 300€ dans un futur lointain si jamais vous les égariez.

Je paye également car je ne fais pas confiance aux clouds gratuits de ces chers GAFAM pour y stocker mes données personnelles sensibles. Je vous donne l’adresse de la boîte pour laquelle j’ai opté. Au cas où ça vous intéresse : pCloud. Si on ne lit pas les petites lignes c’est une entreprise Suisse. Si on lit les petites lignes parce qu’on a de bonnes lunettes, on voit que le développement se fait en Bulgarie, et que si certains serveurs où sont stockées vos données sont au Luxembourg, d’autres sont aux États-Unis. Évidemment ça ne m’enchante pas. J’aime bien que les serveurs sur lesquels sont hébergées mes données importantes soient du même côté de l’Atlantique que moi, mais que voulez-vous que j’y fasse. N’avez qu’à monter la même boîte à Namur, avec une équipe de développement à Liège et des serveurs à Charleroi, je serai votre premier client.

Sticker vu à Ixelles

Et quoi alors ? Rien, je passe une matinée très amusante à sauvegarder tous mes documents importants de ces cinq dernières années. Bulletins de salaires, déclarations d’impôts, attestations d’assurance, tout ça tout ça voyez. La seconde étape sera de faire un backup total du blog, chose que j’aurais dû faire avant la migration du serveur, mais que voulez-vous, jusque là j’aimais vivre dangereusement. Enfin, il me faudra numériser tous mes papiers datant d’avant ces cinq dernières années. On ne sait jamais, un dégât des eaux, un incendie… c’est fragile le papier. Peut-être davantage que les ordinateurs.

Allez, laissez-vous tenter. Vous aussi, faites la sauvegarde, aujourd’hui, des fichiers qui vous sont chers. Aujourd’hui. Maintenant. Allez allez.

#355 – Pro- et Anti- menades

Hier, quelques minutes après le réveil, j’allume machinalement mon ordinateur. Surprise : pas d’internet. Je relance la box. Rien. Bonne excuse pour sortir me promener sans même avoir à penser à ma note de blog.

Je me suis tellement perdu dans la ville de Bruxelles, que j’ai doucement fini par me perdre à Saint Josse. Le quartier dans lequel je me suis retrouvé était sans un doute possible le QG de la communauté turque. En y repensant, j’aurais dû arrêter n’importe quel grand-père sirotant son café pour lui demander s’il ne connaissait pas un bon professeur de bağlama dans le coin. En tout cas, je sais maintenant où aller pour ça.

Quoi d’autre ? Rien. Je me suis baladé, baladé et rebaladé. Y a pas mieux pour les jours de congés. Je ne sais pas vous, mais quand j’en ai assez de la routine, je vais marcher dans des rues que je ne connais pas. Ça me fait un bien fou. J’ai l’impression qu’il suffit d’offrir à mes yeux les images inédites de lieux inconnus pour m’aérer le cerveau. Mon travail est répétitif, mes activités sur mon ordinateur aussi. Mais un simple changement de décor le temps d’une promenade et la lassitude s’en va.

Et puis, en ville du moins, on croise toutes sortes de gens. On imagine quelques secondes ce qu’ils font là, la vie qu’ils mènent. On s’évade encore. Il y a des passants qu’on oublie dans la seconde, d’autres qui marquent l’imaginaire un peu plus longtemps. J’ai par exemple croisé une femme qui, n’ayant sans doute plus toute sa tête, chantait de tous ses poumons des airs d’opéra semble-t-il improvisés. Concert gratuit. À sa manière agressive de brailler à la gueule des passants qu’elle regardait droit dans les yeux, on pouvait sentir qu’elle avait fait le choix de chanter plutôt que de mettre des coups de poings dans la gueule, mais qu’elle pourrait très bien changer d’avis si votre air ne lui revenait pas.

Chose bien étrange, il y a des gens qui ne se promènent pas. J’en ai connu. À quoi sert de se promener ? vous demanderont-ils. Z’ont aucune idée des motivations qui poussent une personne à flâner dans les rues ou les champs, sans aucun autre but que de flâner, faire marcher les jambes, respirer un peu d’air frais, observer l’environnement qu’il soit urbain ou champêtre, se laisser aller à penser une chose puis une autre au gré d’un trajet connu d’avance ou improvisé.

Je ne suis pas sûr de pouvoir vivre avec des gens qui ne sortent jamais se balader.

#346 – J’étais persuadé de lui faire plaisir

Pourquoi n’en a t-il pas voulu ? Je les avais pourtant bien préparées, bien comptées. Vingt pièces de 5 cents. Pas une de plus pas une de moins. Un euro pile. J’étais tellement heureux pour lui, car je sais ce que c’est que d’être derrière la caisse d’un commerce. Ces petits compartiments pour pièces, vides, qui vous regardent d’un air moqueur. Cette angoisse de ne pas savoir rendre la monnaie juste…

Autrefois, si l’on manquait de pièces de 5 cents, ce n’était pas grave, on faisait avec des pièces de 1 cent ou de 2 cents, mais ces dernières ne sont plus utilisées. D’ailleurs, en conséquence, les caisses arrondissent maintenant tous les prix aux cinq cents supérieurs ou inférieurs. Conclusion : sans pièces de 5 cents, on est marron.

Alors voilà, j’avais tout préparé. Heureux de me débarrasser de mes vingt pièces, j’en avais même prévue une vingt-et-unième, au cas où le total de mes achats comportait un zéro virgule cinq à la fin. Heureux pour lui également, j’étais, puisque j’allais le tirer d’un bien mauvais pas.

Sticker vu à Ixelles

Mais voilà, quand je lui ai demandé : « tu veux un euro en pièces de 5 cents ? », mon épicier du coin de la rue m’a répondu : « euh… » dans une grimace que je n’oublierai jamais. J’étais abasourdi. Je ne savais plus quoi dire, que faire. Trahi.

J’aurais pu me venger directement. Jouer sur le psychologique, par exemple, pour lui infliger une blessure qui ne laisse pas de trace. Lui demander alors, ta mère, ton petit frère, tes amis, comment vont-ils à Kaboul ? Est-ce qu’ils s’amusent bien en ce moment ? Ou remuer encore ça t’a fait quoi de partir en vacances pour la première fois depuis quinze ans en Afghanistan revoir tes proches, et de savoir qu’une semaine après ton retour en Belgique, les talibans entraient dans la ville ? Tu n’as pas eu le sentiment de les abandonner une seconde fois ?

Et toc. Là, il aurait moins fait le fier, l’épicier ! Alors, on n’accepte pas mes pièces rouges ? On me met dans l’embarras alors que je viens donner le coup de main ? Vlan ! Maintenant tu sais à qui tu te frottes mon salaud. La prochaine fois, tu prendras même les francs qu’il reste au fond de ma trousse, hein ?

J’aurais pu, me venger, mais je n’en ai rien fait. Je me suis contenté de lui répondre, sur un air tout à fait cordial : « oh, c’est pas grave si t’en as pas besoin, je les échangerai au travail. Je vais te prendre un pack d’eau aussi s’il te plaît. » Ce qui sembla le rassurer un peu. Au moment où j’allais sortir, il m’a tout de même dit, un peu gêné : « si tu veux, je peux échanger quand même un euro », et il a ouvert sa caisse.

Le petit compartiment à pièces de 5 cents était plein, vraiment plein, une de plus et ça débordait, plus possible alors de refermer la caisse. De toute façon c’était trop tard. Je lui ai répondu avec un sourire même pas forcé : « non vraiment ne t’en fais pas, c’est bon. Passe une bonne journée, à bientôt ! » en le regardant dans les yeux pour bien qu’il sache que tout ça était déjà presque oublié.

C’est à ce moment que je me suis rendu compte qu’il avait l’air un peu triste. Un peu ailleurs. Honnêtement, je me demande bien pourquoi. Quand on a des pièces de 5 cents à ne plus savoir qu’en faire, on n’a vraiment aucune raison de ne pas avoir le sourire.

#345 – Pas d’accalmie en vue

Aujourd’hui n’est pas beaucoup meilleur qu’hier. C’était la première fois que je la voyais depuis un mois. Elle est venue commencer à récupérer ses affaires. Je ne sais pas quoi vous dire de plus. Quand on se sépare de quelqu’un qu’on aime encore et qui vous aime encore, qu’on l’aide à fermer ses valises, à descendre ses affaires jusque dans la rue… il n’y a pas grand chose à raconter.

Je pense que les voisins ne m’ont pas vu commencer à pleurer. Je suis remonté juste à ce moment-là, je l’ai laissée attendre le taxi seule. L’impression de l’abandonner un peu, de partir trop vite, mais je ne tenais plus. Et puis c’est plus correct envers le chauffeur. Vous l’imaginez arriver par un jour ensoleillé, pour une fois, et se retrouver entre deux grandes personnes, elle en taille et moi en âge, qui pleurent ? Allons. Ça lui aurait gâché sa journée à ce pauvre homme.

D’ailleurs, de la même façon, je vais essayer de pas vous gâcher la votre. Je vais vous laisser là. Moi je vais retourner à mes occupations insignifiantes, ça m’occupera la tête, j’espère.

#338 – On croyait les cons disparus

Ah la la, comme je me sens mal. Je travaille avec un incompétent. Mais un vrai attention. Moi qui ai l’habitude de gueuler contre l’utilisation du mot « intelligence » et de ses dérivés, je dois avouer que pour la première fois de ma vie, j’ai là affaire à un con. Con de chez con. Con, con, triple con. Je me dégoûte à utiliser ce mot, non pas car il serait dégradant pour les parties génitales féminines, mais parce que normalement, quand on dit de quelqu’un qu’il est con, on n’a rien dit. Simplement qu’il ne nous plaît pas. Mais là… Con. Tout ce que vous pourriez bien avoir en tête comme lieux communs sur les cons, celui-ci les embrasse. Il en est l’incarnation.

Depuis plus d’un mois qu’il travaille avec nous, et malgré sa formation initiale qui ne s’est jamais arrêtée depuis son arrivée, quand elle dure une semaine pour la plupart des gens, il ne progresse pas d’un pet. Rien à faire, aucune information ne reste gravée plus de 24h dans son cerveau. Une erreur de temps en temps, ça arrive à tout le monde. Pas un jour sans une erreur, cela reste concevable au bout d’un mois sur un nouveau lieu de travail. Mais dans ce cas-ci, c’est pas une tâche qu’il n’arrive à mener à bien, pas une. Jamais. Après lui avoir montré chaque tâche plus d’une dizaine de fois dans le moindre détail, avec le sourire, encourageant, après avoir bien pris soin de lui faire prendre des notes : rien.

Cette personne, embauchée en CDI aux 38h/semaine, au lieu de nous aider à bosser mieux, donne le double de travail à chaque personne dans notre petite équipe de quatre. Et on n’est pas payé pour travailler le double de ce qu’on fait. Vraiment pas.

sticker dans Ixelles

Alors je fais quoi moi ? Avec mes belles idées d’il faut garder tout le monde, avancer même avec les plus lents, ne pas les laisser sur le côté ? Quand mes supérieurs me demandent comment ça se passe, je réponds que ça va ? Même eux ne peuvent plus le supporter, va pas tarder à se faire virer de toute façon, mais je n’ai pas envie de savoir qu’un pauvre gars complètement con va se retrouver au chômage. Que va-t-il devenir ? De ce que j’ai compris il n’a jamais réussi à rester quelque part plus de deux mois.

D’un côté je me dis qu’on devrait lui laisser une année s’il le fallait, d’un autre j’ai quand même passé une demie heure à lui expliquer comment faire un nœud l’autre jour. Un bête nœud. Il n’a toujours pas compris. C’est qu’il a passé les trente ans le jeune homme, et je me demande s’il est de mon ressort de lui apprendre comment faire ses lacets.

Bon, je passe sur son caractère de cochon, son égocentrisme, sa logorrhée, le fait que lui pense être meilleur que tout le monde, sa dureté avec les employés étudiants qui selon lui ne bossent pas bien… Je n’ai travaillé que quatre heures aujourd’hui, mais en sa présence, j’ai la sensation d’y avoir passé la semaine.

Alors que faire ? Rien. Je vais continuer à serrer les dents jusqu’à ce que même le grand patron ne puisse plus le voir en story. Attendre qu’il se fasse virer sans que j’y sois pour rien. Comme un lâche que je suis. Enfin, heureusement qu’il était là, ce con, parce que je ne savais vraiment pas quoi vous raconter aujourd’hui.

#336 – Mon amie

C’est décidé. Mon amie n’est plus mon amie. Elle reste une amie, mais plus la mienne. Faites pas semblant de pas comprendre.

Nous avons fait au mieux. Nous nous quittons en bons termes, sans rancœur, sans grosse dispute. Les sentiments sont toujours là, mais nous n’envisageons pas le futur de la même manière. « Aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, c’est regarder ensemble dans la même direction » écrivait Patate de Saint-Exupéry, qui lui aurait plutôt dû regarder où il mettait les ailes au lieu de donner des leçons aux autres. Mon amie… ah… ben non… Elle ? Elle. Elle, serait plutôt d’accord avec cette phrase, moi je pense que c’est le contraire. Alors, avant que notre relation ne se dégrade, puisqu’en fin de compte nous semblons incompatibles sur bien des points, nous avons décidé d’arrêter après ces quelques belles années.

On a passé des moments durs ensemble, car nous nous sommes rencontrés à une période difficile de sa vie, et pas bien belle de la mienne. Nous n’avons jamais eu beaucoup de moyens ni de grands espaces. Pour autant je n’avais jamais été aussi heureux. Chaque jour à me réveiller à côté d’elle, chaque soir à me coucher en sachant qu’elle était là, m’apportait un réconfort sans comparaison. Sur les trois années que nous avons passées ensemble, si l’on additionne tous les jours, on doit bien pouvoir en compter deux complètes entièrement remplies de rires et de tendresse. On a beaucoup ri. Beaucoup, beaucoup.

Évidemment, quand je repense aux jours heureux qu’on a vécus ensemble, j’ai envie de pleurer. Il ne faut pas. Quand on est dans le trou, on ne s’assoit pas au fond en attendant de se noyer dans ses propres larmes. Il faut en sortir. Penser à l’avenir. Je n’aime pas ça, mais il faut bien. Son avenir est sans moi, tant mieux pour elle. Mon avenir est sans elle, tant pis pour moi.

J’ai mauvaise mémoire. J’ai très peur d’oublier à quel point j’ai été heureux avec elle, son sourire, ses yeux amoureux, ses petites habitudes. Mais je ne peux pas encore me repasser les souvenirs. Ce serait trop dur. Je me les garde pour mon grand âge, si je l’atteins. Elle a bonne mémoire, elle se souviendra de tous les petits détails. Je suis un peu jaloux. Mais ce sera sans doute plus difficile pour elle.

J’aurais aimé écrire un plus joli texte, mais comme pour les souvenirs, ce n’est pas le moment de se tourner les sentiments dans tous les sens pour voir où ça fait le plus mal. Alors j’abrège, j’en parle sans y réfléchir trop en profondeur.

Voilà. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise de plus. C’est la dernière fois que j’écrivais mon amie sur ce blog. Ça me fait quelque chose.

#331 – J’ai passé la nuit

Les yeux me piquent un peu, j’ai le bras gauche bloqué, mais je ne me suis cogné sur rien et n’ai donc pas commencé à me décomposer sur le parquet dans le plus grand secret des voisins. Relisez les deux billets précédents si vous ne comprenez rien.

En allant me faire piquer, j’ai pu constater une fois de plus que les anti-vaccins avaient pris les stickers comme armes de communication massive.

C’est dangereux parce que c’est drôle et percutant.

Mon ami Feldo m’a dit qu’à Montpellier, c’était aussi le cas. Mais à Montpellier, les gars sont nuls en communication, aucune chance que ça ne marque les esprits.

Nul. Niveau facebook.

Je ne suis pas un anti-anti-vaccin. Enfin, dans une certaine mesure, si. Mais, j’essaie de ne pas mettre tout le monde dans le même panier, je fais un effort pour comprendre d’où vient ce rejet. Certains raisonnements ne sont pas tout à fait à jeter. Il serait idiot d’avoir une confiance aveugle en la médecine, science ayant connu plusieurs révolutions, appelée à revoir encore sa copie au cours des siècles à venir, et sans doute à jamais. Comme, tout en comprenant l’importance de la vaccination à grande échelle, on peut partager une certaine inquiétude vis à vis des gouvernements qui s’entrainent à rendre obligatoire ou interdire un certain nombre de choses sur des périodes très courtes et sans demander leur avis à personne. Ou encore, on peut tout à fait raisonnablement se méfier des conséquences possibles de la cupidité des grandes entreprises pharmaceutiques sans se mettre à croire en un complot mondial.

Anti-vaccin ou pas, s’il y a un comportement humain qui me laissera toujours songeur, c’est celui qu’adoptent certains une fois placés dans une file d’attente. Personnes charmantes hors file, vrais cons prêts à tous les subterfuges pour gratter trois places une fois dedans. Il se trouve qu’hier, au centre de vaccination, la file était longue, zigzaguait le long d’un escalier et se prolongeait de plusieurs mètres sur le trottoir. Ça faisait long à redescendre pour ceux qui pensaient gruger le personnel à l’entrée. Tant pis pour leur gueule.

À l’entrée du centre, des dessins d’enfants nous attendaient.

Là, j’avoue qu’en voyant ça, tout raisonnable que je suis, j’aurais pu repartir chez moi.

Enfin, on est passé à la piqure. C’était le même médecin/infirmier/piqueur professionnel qui m’avait administré la première dose, j’étais donc en confiance. Trente secondes plus tard, j’écrivais à mes amis : « Putain il ma défoncé l’épaule ce con. C’était le même mec qu’à la première dose, il m’avait fait ça sans que je sente rien. Il a cru que ça y était, qu’il m’avait sous son charme, plus d’effort à faire… Si j’avais couché avec il aurait pété au lit après l’amour. »

C’est la morale de mon histoire. Quand on a des attentes, on est toujours déçu. La piqure m’a fait mal alors que je m’attendais à ne rien sentir. A contrario, je me porte bien mieux qu’après la première dose, alors que j’avais bon espoir de faire sauter un jour de travail pour cause de fièvre. Qu’est-ce que vous dites ? Rien dans l’article ne mène à cette morale à part le paragraphe précédent ? Je vois. La morale de cette histoire, c’est que quand on a des lecteurs comme vous, on se demande si on ne ferait pas mieux de se mettre à Instagram.

À demain peut-être.