#330 – Sauter le pas

C’est le grand jour. Le ? Jour de la deuxième dose. Vous me vexez un peu. Pourriez lire le blog plus assidument, sans ça je dois me répéter et c’est embêtant pour ceux qui suivent. Bon. La grande question est : vais-je survivre ? Les statistiques disent que oui. Il n’y a pas de raison, sauf à me cogner la nuque sur l’angle d’une table entre deux tremblements. C’est possible. Improbable, d’autant que la seule table chez moi a les angles arrondis, mais possible. On me retrouverait alors dans une semaine ou deux déjà bien liquéfié. J’accepte l’idée d’être enterré, brûlé, mais épongé ça va trop loin.

À ce sujet, j’ai eu ma mère au téléphone, dimanche dernier (je précise pour les archéologues des siècles à venir qui voudront dater les évènements avec rigueur, eu égard à l’importance des mes travaux sur les générations futures), qui me demandait quand mon amie rentrait de voyage, et si je n’avais pas envie de la rejoindre avant, car elle n’aime pas me savoir seul. Je n’ai rien osé lui dire. Mon amie qui ne l’est à demi-plus déjà est partie en vacances, mais ne reviendra sans doute pas tout à fait. Oui, je vous raconterai. Les choses se décident. Enfin, nous décidons des choses. Comme par exemple faire appart à part quand elle rentrera. Mais chaque chose en son temps.

Un collègue de travail fait également le vaccin aujourd’hui, il a trouvé une camionnette à Flagey qui faisait ça. Il m’a dit leur avoir dit : « ça, j’aime bien que vous veniez à moi, là okay, je veux bien le faire. » Ce n’était pas de l’humour. Très honnête, très sérieux, qu’il était. Moi, décontenancé. S’il n’avait pas trouvé ce centre ambulant, il n’aurait pas fait le vaccin. Pourquoi ? Parce qu’il estime que chacune des deux parties doit faire un pas vers l’autre, et pas seulement lui. C’est une drôle de manière d’envisager le monde. On sent les déceptions amoureuses de toute une vie pesant sur la région de son cerveau dédiée à sauter les pas qu’il faut bien parfois sauter.

J’ai en général une certaine tendresse pour les colleurs et -leuses de stickers, mais là… fait bien de rester anonyme.

Cela fait d’ailleurs dix minutes que je me demande quoi vous raconter d’autre. Sautons le pas. Arrêtons là. Ne nous demandons même pas pourquoi sauter le pas est bien défini comme : « après avoir pesé le pour et le contre, se décider d’agir même si la situation est risquée » sur le site linternaute, alors que sur le site du Parisien on trouve : « ne plus avoir les moyens physiques et les fonctions nécessaires pour prolonger sa vie. » Contentons-nous de plaindre les lecteurs du Parisien.

À demain si tout va bien.

#329 – 500 litres de livres

Je ne suis pas malade. Du Covid-19, je veux dire. Vous voilà rassurés. Je vais donc continuer à écrire ici. Moi qui cherchais une excuse… Cela dit, j’ai droit à ma seconde dose de vaccin demain. La première m’avait déclenché de terribles crises de tremblements dès que j’essayais de me lever pour faire deux ou trois pas. L’impression qu’il faisait −40 °C dans mon corps. Jamais tremblé aussi intensément de ma vie. Alors quand on me dit que la seconde est en général la plus violente, j’avoue ne pas savoir à quoi m’attendre. Il est possible que je néglige ce site quelques jours.

Vous savez ce qui, par contre, me rend malade ? Qu’on jette des livres.

Si vous n’êtes pas de Bruxelles, vous avez peut être du mal à saisir. Il s’agit là des sacs homologués qu’on utilise pour jeter les papiers et cartons d’emballage. Il me semble que ceux-ci ont une contenance d’une vingtaine de litres. Voilà donc environ 500 litres de livres jetés à la poubelle. En grande partie des Sélections du Reader’s Digest, mais j’y ai vu d’autres gros ouvrages en dessous.

Évidemment, je n’allais pas commencer à déchirer les sacs, foutre le boxon dans la rue, pour en récupérer autant qu’il en rentrerait dans mes poches, c’est-à-dire deux ou trois. Alors je les ai laissés. Doivent être bien défoncés au fond d’une benne à ordures à l’heure qu’il est, entre un prospectus de supermarché et un paquet de céréales. On ne se désespérera pas tout à fait en songeant qu’ils partent au recyclage et non à la décharge, et on se consolera en supposant qu’il n’y avait sans doute pas d’ouvrage rare qui ne se trouve sur chaque brocante. Mais quand même. Pourquoi ne pas les disposer dans de petits cartons sur un banc de la petite place à deux mètres de là, que les passants se servent ? Pourquoi ne pas les donner à un brocanteur ? Bref.

Arrêtons-là les frais, ça me rend triste et je n’ai pas besoin de ça.

La bise, et à demain.

#328 – L’alarme à l’œil

Il y a des jours où on se prend une tige dans le nez. C’est comme ça. Pas qu’on ne s’y attende pas, hein. À Bruxelles c’est sur rendez-vous, on est un minimum au courant. Mais enfin, ça surprend toujours quand ça rentre.

L’œil du côté de la narine pénétrée s’est quelque peu humidifié. C’est normal. Une fois l’opération terminée, je dis donc à la dame chargée de ce noble frottage de muqueuse : « ça chatouille », à quoi elle répond : « vous savez, moi aussi j’ai les yeux qui commencent à picoter à force de voir les gens qui ont les yeux qui picotent. » Sacrés neurones miroirs. Bon, l’évènement se déroulant sur une durée de 45 secondes environ du bonjour aux adieux, nous n’avons pas eu le temps d’échanger plus sur ce curieux phénomène. Dommage.

Mais pourquoi donc suis-je allé me faire professionnellement touiller la morve ? Je vous sens inquiets. Aura-t-on une note de blog demain ? que vous vous demandez. Vous n’y tenez plus, drogués de ma verve que vous êtes. Si je devais disparaître, qu’adviendrait-il de vous ? Je préfère ne pas y penser.

Sticker de Noémie Crumble à Ixelles

Toussé-je ? Non. Grelotté-je ? Non. Mais j’ai eu, dans le cadre de mon travail, des contacts rapprochés avec des gens peu masqués du nez. Oui, vous voyez très bien, les gens qui laissent dépasser leur appendice nasale du carré de tissu supposé masquer cette partie même de leur anatomie. Ça leur fait une tête de con, en plus d’être complètement inutile. Bien fait pour eux, bien fait pour nous qui les côtoyons. Bref. Contact avec des gens, je disais, aux orifices à demi-couverts, et qui viennent vous annoncer à cinq centimètres qu’ils sont positifs au covid. Des qui, quand vous sortez fumer votre clope à la pause, sortent en même temps pour fumer aussi, toujours à cinq centimètres de vous, et vous expliquent comment leurs vacances sont foutues. Je dis des gens, vous aurez deviné qu’il s’agit d’une seule personne. Simplement, j’ai dit des gens parce que… je ne sais pas pourquoi j’ai dit des gens.

Bref, me voilà bien dégagé du conduit droit, de mon point de vue bien sûr, du gauche pour vous si vous me regardez de face, si vous me regardez de dos par contre ça ne change rien, si vous choisissez un angle intermédiaire démerdez-vous. Bien dégagé donc. Je n’ai plus qu’à attendre sagement le résultat jusqu’à ce soir, pour savoir si je pourrai me faire injecter la seconde dose de 5G dans deux jours, ou s’il vaut mieux repousser d’un mois et prendre une dizaine de jours de vacances bien méritées et cloué au lit.

Je vous dis quoi mañana.

#324 – Quel dégoût…

J’ai eu une super idée. Mais vraiment, vraiment, super. Tellement bonne que je me suis dit, celle-là, tu vas la noter pour pas l’oublier. J’ai pris un grand bloc note et j’ai tout consigné. Malheureusement, c’était en rêve. Au réveil, plus de bloc note, plus d’idée. Seulement le souvenir d’en avoir eu une. Parfois, ça se joue à rien, le succès. C’est écœurant.

Vous savez ce qui est encore plus écœurant ? Le container à poubelles du supermarché où je travaille. Selon mon patron, il est écœurant car les sacs qu’on y met ne sont pas fermés, attirent les mouches et créent des odeurs. Selon moi, il est écœurant car, après que je lui réponde ce matin que bien sûr qu’on les fermait avant de les jeter, les sacs, qu’il y avait simplement des gens qui venaient se servir dans le container la nuit, il a décidé d’y mettre une chaîne et un cadenas.

Ben oui. Empêchons, les gens de venir chercher les kilos de pain sec et de fruits à peine abîmés que nous jetons chaque jour. Rendons plus dure la vie à des gens qui ont tellement la dalle et peu de moyens qu’ils se servent dans une poubelle si sale depuis des mois que je retiens ma respiration à chaque fois que j’en soulève le couvercle. Faim, pas faim, rien à faire. Foutent des miettes partout ces cons-là, c’est insupportable. Les pauvres sont vraiment dégueu, on le répétera jamais assez. Et puis un cadenas et une chaîne, c’est quand même moins cher que de payer quelqu’un pour nettoyer le container deux fois par mois.

Sticker quelque part dans les rues d’Ixelles

Bref, une matinée, deux déceptions. Je vais arrêter l’article là pour aujourd’hui, je voudrais pas vous contaminer avec mon humeur à massacrer des petits chiens. À demain.

#323 – Les jours se suivent comme des moutons

Levé à 8h du matin, couché à 6h du matin. Telle fut la journée d’hier. Aujourd’hui, j’ai mal au crâne et de légères nausées. Dans deux heures, je dois être au travail. Ça va pas être joli.

Mais ce fut une très belle journée, riche en émotions.

J’ai acheté des livres pour la première fois depuis deux ans. Avant, avec tous ces déménagement, je n’osais pas. À Bruxelles, les livres, comme la bouffe, coûtent une blinde. Faudra que je pense à m’inscrire à la bibliothèque.

Je comptais me mettre à les lire, quand nous nous sommes montré nos têtes. Oui. Un petit groupe de moins d’une dizaine de personnes qui parlons chaque jour sur internet depuis plus d’un an. Je dis chaque jour, j’exagère presque pas. Sur une année, il y a peut être une trentaine de jours en tout durant lesquels le serveur de discussion est resté silencieux. On se parlait donc, depuis plus d’un an, développant de vrais liens d’amitié, et on savait même pas à quoi ressemblaient les uns et les autres. Maintenant on sait. Surprise, nous somme tous beaux et belles. Si on l’avait pas été ça n’aurait rien changé. C’est du bonus.

Je me disais que juste après que l’effervescence du moment soit passé, j’allais enfin lire mes bouquins. Mais mon téléphone a sonné. Des collègues de travail m’invitent à faire un repapéro. Bien sûr, je dis oui. Ça fait trois ans que ma vie sociale, hors internet, est au point mort, je ne vais pas refuser de venir quand quelqu’un pense à m’inviter. C’était chouette, on a très bien mangé, on a beaucoup parlé, bien bu aussi et joué au Carrom, ou billard indien. Connaissais pas. Connaissiez ? Bien plus sympa que le billard traditionnel. On risque pas de trouer le tapis, il n’y en a pas. Pas de boules mais des palets, pas de canne, on joue avec les doigts. Essayez si vous en avez l’occasion, et si vous n’avez pas les doigts tordus comme moi.

Voilà, vous savez tout. Maintenant laissez-moi me recoucher une demie heure. Avec un peu de chance, je n’aurais plus les yeux rouge en me re-réveillant. Je ne prends pas le temps de relire cet article. Si vous trouvez des fautes, gardez-les. Trouvé c’est trouvé, reprendre c’est voler.

Autocollant se trouvant quelque part dans Ixelles.

#322 – Comme à la maison

Vous je sais pas, mais moi, je me sens ici chez moi.

Comment expliquer qu’après des années à Montpellier qui me semblait être devenu une prison pour ne pas dire un caveau, une année à Lyon où j’avais le sentiment que je ne pourrais jamais vraiment faire mienne cette ville, une année à Prague où tant de touristes se pressent dans tellement de lieux faits pour eux qu’on a du mal à en retrouver le pittoresque malgré sa beauté et sa richesse culturelle, comment donc expliquer qu’après tout ça, et je sais la phrase est longue mais si vous avez perdu le fil recommencez depuis le début en lisant lentement et suivez avec le doigt, depuis que je suis en Belgique, je n’ai pas éprouvé une seule fois l’envie d’aller voir ailleurs ?

Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, mauvaises langues. Tout n’est pas parfait. Non, contrairement à la croyance populaire, les Belges ne sont pas tous gentils. Non, les rues de Bruxelles ne sont pas toujours de la plus grande propreté, et les enchevêtrements des bâtiments d’architectures diverses ne sont pas toujours du meilleur goût. Non, la vie n’est pas bon marché. Mais quoi, je n’y peux rien, je m’y sens bien. Au moment où je vous écris, je m’imagine parfaitement y passer ma vie, et je n’arrive pas à m’en expliquer les raisons.

J’ai quelques pistes, mais rien qui ne sonne comme une grande révélation. Par exemple, j’aime m’y promener, à Bruxelles, et causer un brin avec les commerçants, les passants, les voisins de table. Jusqu’à maintenant, eux et moi avons toujours trouvé un sujet de conversation, pour dix secondes ou vingt minutes, qui fait naître une éphémère connivence et nous fait nous quitter avec un léger sourire.

Si j’avais été chargé de la communication à Bruxelles Mobilité, j’aurais fait exactement la même affiche. Bravo les zozos qu’ont pondu ça.

Je me régale de trouver de petites œuvres d’art à chaque coin de rue, et de grandes sur chaque place, dans chaque parc. Car des parcs, il y en a. Et de la verdure. Et des animaux. Rien à voir avec les pelouses sèches et jaunes gratte-cul du sud de la France, assorties de ces places sans un arbre où vous abriter du soleil qui cuit les crânes.

J’ai parlé de la musique ? Non, j’en ai pas parlé. Évidemment, avec ce virus présent depuis mon arrivée et qui ne semble pas vouloir nous foutre la paix dans l’immédiat, j’imagine que je n’ai rien vu de la vie musicolocale. Mais rien qu’à l’air libre, tout le temps qu’a duré le printemps, on pouvait entendre ici un groupe, là une sono, à l’occasion d’une guinguette, d’une kermesse ou même d’un mariage. Et le joueur d’orgue de barbarie ambulant, qui m’a réveillé un des mes rares jours de repos, j’espère au fond qu’il repassera sous mes fenêtres à 10h du matin.

Je sais bien. Je suis là depuis peu, j’aurais bien le temps de me lasser, de trouver des défauts aux pavés, de trouver les gens et leur conversations aussi moyens qu’ailleurs. Mais pour l’instant, malgré l’appartement minable dans lequel je vis, dans un immeuble à peu d’années de tomber totalement en ruine, je vous le dis : je me sens chez moi comme je ne m’étais encore jamais vraiment senti chez moi ailleurs. Le chez moi que j’attendais. Celui, un peu flou, que j’imaginais depuis quelques paires d’années.

Hein ? Mes états d’âmes, ça vous fait une belle jambe ? Eh ben profitez-en pour enfiler un short et allez la montrer par rues et par champs aux badauds ébaubis, plutôt que de faire des commentaires désobligeants. Bande de malpolis.

#317 – Dans les vitrines de Bruxelles, y a pas que des putes

Je n’ai pas été tout à fait honnête avec vous. Dans l’article de mardi dernier, quand je disais être sorti pour trouver l’inspiration, fondre un peu de graisse et respirer l’air frais, j’avais omis l’une des principales raisons de ma promenade : retrouver une vieille échoppe délabrée, devant laquelle j’étais passée quelques semaines auparavant.

Ce jour-là, mon amie et moi avions envie de nous promener. – On va où ? que je demande. – Tu veux aller au marché aux puces ? Il y en a un grand, place du Jeu de Balle, me propose mon amie. – Okay, que je dis. Et nous voilà partis de bon matin.

Nous descendons la chaussée d’Ixelles, et paf ! Prise de tête. Direct. Pour des broutilles, sur un quiproquo. Nous suivons le boulevard de Waterloo jusqu’à la station Louise, puis nous dirigeons vers la place Poelaert en longeant le palais de justice, tout ça sans plus nous adresser un seul mot.

Nous descendons enfin la pente qui mène à la rue des Minimes, et c’est là que nous renouons le dialogue. Tout occupés à parler et faire retomber la tension, nous nous dirigeons vaguement vers les Marolles, quartier où se trouve la place du Jeu de Balle. Vaguement, car n’y étant jamais allé moi-même, et mon amie n’ayant pas l’ombre du début de la queue d’un sens de l’orientation.

C’est comme ça qu’au hasard d’une rue, nous tombons sur l’étrange échoppe. Devanture en bois vert, aucune inscription, large vitrine. Dans la vitrine, un curieux spectacle. Des sortes de… poupées ? automates ? pantins ? sont posés là, sinistres, à pourrir lentement sous les yeux des passants qui pourtant ne semblent pas y prêter attention. Un rideau derrière eux interdit de voir ce qui se trouve dans le reste du local semble-t-il à l’abandon. Ce spectacle me fascine autant qu’il me met mal à l’aise.

Mais je décris mal. Des images seront plus parlantes.

Alors ? Ça met pas mal à l’aise, ça ? Si, que ça met mal à l’aise.

Enfin bon, nous avons avancé, sommes tombés sur la place du Jeu de Balle et son marché aux puces, où je n’ai acheté ni cette photo grand format et encadrée d’un enfant souffrant de déficience mentale, ni ce petit portrait peint d’un chien dans un costume d’époque. Comprenez-moi, j’étais encore sous le choc de cette rencontre, rien ne pouvait plus m’impressionner ce jour-là.

Dès le lendemain, j’ai voulu retourner voir cette vitrine et demander aux riverains de quoi il s’agissait. Atelier de marionnettiste à l’abandon ? Artiste contemporain souhaitant créer le malaise ? Eh bien figurez-vous que je n’ai jamais pu la retrouver. Je suis retourné quatre fois dans le quartier, j’ai passé plus d’une dizaine d’heures à arpenter les rues dans ce seul but. Rien.

Heureusement que j’ai pris les photos, si ça n’avait pas été le cas, j’aurais commencé à douter de ma santé mentale.

#313 – C’est quand qu’on va où ?

Il y a quelques jours m’est venue une idée. Une grande idée. Une de celles qu’on n’a pas tous les jours. Une qui nous fait nous dire, dis donc toi, t’en as dans la caboche hein, tu finirais président de la république que ça m’étonnerait pas, avec des idées comme ça. Et quelle était-elle donc, cette idée merveilleuse ?

Eh bien voilà, je me disais qu’il me faudrait ouvrir un blog, où j’écrirais un peu chaque jour, sur des sujets divers et variés afin d’améliorer mon écriture en même temps que de vous divertir. C’était donc une très bonne idée, jusqu’à ce que je me souvienne que j’ai déjà un blog, où fut un temps j’écrivais quotidiennement, qui ne m’a jamais permis d’améliorer mon écriture, ni de vous divertir, et dont je paye toujours l’hébergement chaque année. Comme quoi, entre l’idée neuve et celle déjà eue et oubliée, il n’y a qu’un pas.

Plus sérieusement —je sens que vous ne me croyez pas quand je vous dis sérieusement, vous avez tort—, il m’est apparu qu’avec le temps, je m’étais laissé aller à travailler dans ce job alimentaire en supermarché, sans plus rien faire en dehors de ça. Il m’est apparu n’est pas le bon terme. Mon amie me l’a fait apparaître. Elle me l’a fait apparaître en me disant combien il était difficile pour elle de s’imaginer rester avec quelqu’un qui ne souhaitait pas d’enfant, ne s’investissait dans rien, et n’avait plus de passions. C’était donc une apparition douloureuse. J’aurais préféré voir la vierge.

Aussi, pour éviter de perdre la personne qui m’est aujourd’hui la plus chère au monde, et pour moi-même ne pas me perdre totalement, j’ai décidé de me reprendre. Non, je ne veux toujours pas d’enfant, mais pour le reste, disons que ça reste jouable.

Et voilà donc comment, pour me reprendre, je reprends ce blog. Pas le couteau sous la gorge, mais le malheur à venir sur la conscience. Certaines et certains penseront que c’est une bien mauvaise raison de se remettre à l’œuvre. Ce à quoi l’homme que je suis depuis plusieurs mois leur répondra qu’il n’y a que des mauvaises raisons de se mettre à l’œuvre, puisqu’on doit tous crever, autant y aller en silence et anesthésié par les substances adéquates. Voyez comme il est vilain.

Évidemment, le blog n’est qu’un outil pour me pousser à recommencer à faire des choses, rencontrer des personnes passionnantes, et découvrir des lieux où faire des choses et rencontrer des personnes passionnantes. Car si je dois tartiner des lignes de pixels sur vos écrans biscottes —et il ne vous aura pas échappé que je brode toujours d’aussi belles métaphores qu’avant—, il va bien falloir que j’en trouve, des trucs à vous raconter.

D’ailleurs, il me semble que j’ai assez blablaté pour aujourd’hui, et je me figure que j’ai oublié d’agrémenter ce texte d’une image. Voilà donc le chat du voisin qui, dès que je passe la tête par la fenêtre pour fumer une cigarette, entame une baston de regard qu’à ma grande honte je n’ai encore jamais gagnée.

Je profite de cette occasion pour vous rappeler qu’étant loin de ces Sud-de-Francistes de Koinkoin et Gwlad, vous ne trouverez plus ici que des photos prises par mes soins et de la plus haute qualité.

Voilà, si vous voulez me soutenir dans mon entreprise et que mon amie ne me quitte pas, abonnez-vous, cliquez sur la cloche, et dites-moi dans les commentaires si vous préférez les bastons de regards avec des chats ou avec des chiens. J’ai pas de patreon mais j’accepte les virements bancaires.

La bise.

#307 – On n’en finit plus de se renier

Vous étiez au courant, je cherchais un emploi au pays d’Angèle et Roméo Elvis. Champagne ! J’en ai trouvé un.

Je ne vais pas m’attarder sur les détails, question d’anonymat, mais quand même. J’y serai vendeur. Oui, moi qui n’ai jamais accepté de vendre la moindre chose à part mes services en tant que professeur. Et encore, pas souvent. Vendeur !

Comment retourne-t-on sa veste aussi vite ? Par amouuur, vous dirais-je, dégoulinant de niaiserie. Et c’est vrai. Mon amie sera étudiante, et moi, je ramènerai l’argent à la maison. Ben voilà. On y est en plein dans la vie d’homme, de vrai, de certifiée conforme, que je fuyais comme on fuit un chien furieux qui en veut au gras de votre cul sur un petit chemin de campagne.

Que moi, qui n’ai jamais aimé bosser, je trouve un travail, en à peine plus d’un mois, dans une telle période de chômage massif et d’incertitude, ça laisse rêveur. Ou chauchemardeur, au choix.

Mon futur travail ne sera pour autant pas des plus désagréable semble-t-il, je devrais y être à peu près compètent même, et il devrait également me laisser le loisir de me remettre à vous écrire plus souvent et à vous proposer quelques chosouilleries dont j’ai le secret. Je vais même vous avouer, j’ai hâte.

Eh oui. Après deux longues années sans plus de contacts sociaux que ça, sans avoir l’occasion de développer des amitiés pour cause qu’on va partir bientôt, sans pognon même si j’avais l’habitude, sans activité parce que ben pareil. Bref, sans aucun autre réconfort que de partager mon quotidien avec la femme que j’aime, j’ai hâte de bosser, de rencontrer des gens. C’est très con, je sais, mais j’ai comme une envie de quotidien bébête. Au moins quelques années. On verra quand je me lasse.

Ne reste donc plus qu’à trouver un logement dans un délai d’un mois, et à nous la nouvelle vie. Gageons que je ne chope pas cette saloperie de virus d’ici-là avec tous ces aller-retours que je me tape en bus, traversant trois, quatre pays à chaque fois.

Une fois que nous serons installés et que j’aurais de ce fait mis fin à des mois d’une angoisse assez intenable, j’espère avoir mieux à vous proposer que les habituelles jérémiades : un peu de neuf, un peu de cool, un peu de beau, un peu de sons, d’images et de jolis mots.

J’espère.

#305 – Ma mère a longtemps cru que les câpres venaient de la mer…

…serait un parfait titre de roman français. On aurait même pu faire mieux en mettant le longtemps au début : Longtemps, ma mère a cru que les câpres venaient de la mer. Voilà. N’y touchons plus. Un best-seller. Garanti.

Pourtant, ici nulle littérature, tout est vrai dans cette phrase. Et de toute manière je ne pense pas tenir cinq-cents pages sur le sujet. C’est une simple pensée qui m’est venue en achetant ce bocal de câpres aujourd’hui au supermarché, puis plusieurs fois dans la journée, ce souvenir en faisant ressurgir d’autres comme le font les souvenirs. Des odeurs, des couleurs, des bribes de conversations faisant surface comme mille bulles remontant du fond de cette flûte de champagne qu’est la nostalgie, et on va arrêter là les métaphores c’est insupportable.

Conseil aux écrivains en mal d’idées qui passeraient ici, évitez-vous la honte des phrases cent fois lues et relues, ne dites plus madeleine de Proust, mais bocal de câpres d’Écrivouilleur. Vous en étonnerez plus d’un·e.

Alors oui, la grande question est la suivante : comment en vient-on à penser que les câpres viennent de la mer ? Eh bien, c’est un mystère. Peut-être est-ce un phénomène proche du désormais célèbre effet Mandela, je…

Hein ? Ce n’est pas ça la grande question ? Comment avancent mes recherches d’emploi et d’appartement ?

Mêlez-vous de vos fesses.