#304 – Prague-Avignon sur le balcon

Le koláč a dû faire son effet parce qu’aujourd’hui ça va mieux.

Depuis ce matin je fouille tous les sites d’annonces belges pour trouver les offres d’emploi auxquelles je peux répondre. Y en a pas beaucoup, des offres auxquelles je peux répondre. Je cherche donc aussi tous les endroits cools où envoyer des candidatures spontanées.

Et je refais tous mes C.V.

À un moment, je suis allé fumer une cigarette sur le balcon pour faire une pause —je vous avais dit que j’avais repris ?— et un type, au loin, je sais pas où au juste, jouait au piano et chantait Sur le pont d’Avignon. Avec plein de variations au milieu avant de revenir à chaque fois à l’air d’origine. Je n’arrivais pas à entendre s’il chantait en français ou pas, mais parfois on aurait dit que oui.

Je suis retourné faire mes C.V.

Je suis ressorti sur le balcon une heure plus tard, un orchestre et plusieurs personnes en chœur chantaient et jouaient Sur le pont d’Avignon. Mais qu’est-ce qu’ils ont avec cette chanson sans déconner ? Je sais pas s’ils faisaient les balances pour un concert uniquement de reprises de Sur le pont d’Avignon ou quoi ou qu’est-ce, mais c’était fort étrange. Ça se transformait parfois en chants presque grégoriens, parfois chants quasi bulgares, parfois en fanfare de bal du 14 juillet. J’ai cru deviner que les paroles n’étaient pas en français ce coup-ci, mais rien de sûr. Je vous ai dit, c’était au loin.

Je suis retourné faire mes C.V.

Sur les coups de 14h mon amie a préparé un petit gratin de courgettes que nous avons mangé tranquillement, puis je me suis enfilé un quart de pastèque. Après le koláč d’hier, fallait bien équilibrer un peu.

Maintenant je dois retourner faire mes C.V.

Je crois que je vais plutôt sortir acheter des cigarettes et retourner sur le balcon écouter Sur le pont d’Avignon encore un peu.

#303 – J’ai pas le koláč…

Aujourd’hui, il pleut. C’est défaite et pâtes au pesto.

Oh, je sais, certains et -taines d’entre vous me diront que les pâtes au pesto, c’est un petit jour de fête en soi. Pas pour moi.

Attention hein, je ne vous parle pas du bon pesto fait maison, avec du basilic frais, de l’ail en veux-tu tiens y en a, de la bonne huile d’olive qui sent le sud, des bons pignons voire des noix de cajou qu’on peut plus s’arrêter dès qu’on commence à taper dedans… Non, je vous cause des tristes pâtes cons et du vilain pot de pesto insipide du supermarché, du genre qu’on bouffe quand c’est vraiment la débandade et qu’on n’a pas le moral à passer plus de dix minutes à cuisiner.

Aujourd’hui est un tel jour. J’ai pas regardé les annonces d’emplois ni les annonces d’appartements à la location à Bruxelles.

Pourquoi ?

Parce qu’on s’est levés tard mon amie et moi, d’une, parce qu’il pleut, de deux mais ça je l’ai déjà dit, suivez, et, de trois, parce qu’hier j’ai passé une bonne partie de la journée à me renseigner sur les modalités pour obtenir un droit de séjour de plus de trois mois sur le sol belge, sur toute la paperasse à remplir dès qu’on en devient résident ou qu’on y travaille, ainsi que sur les conditions d’entrée dans un appartement.

Comment obtenir un travail sans logement à proximité ? Comment obtenir un logement sans travail ? C’est le chien qui se mord la queue, quand il arrive à l’attraper.

Ça m’a complètement abattu.

J’en parlerai sans doute plus en détail une fois que je serai sûr d’avoir tout compris, mais aujourd’hui, donc, je mets toute mon énergie à ne pas y penser. Heureusement que mon amie est là pour me dire que ce n’est pas grave et que j’ai encore du temps pour le faire, ça limite mon sentiment de culpabilité.

Pour faire passer le goût du pesto, je vais manger une part de koláč, tiens.

J’aurais voulu vous le photographier en entier, mais comme vous pouvez le constater les sept huitièmes invisibles à l’image ont déjà participé à l’effort général visant à me réconforter. Pour les qui se demandent, le truc noir c’est de la purée de graines de pavot.

#302 – Repartir sur des bases malsaines

Depuis que j’ai quitté le domicile familial il y a quinze ans, des déménagements, j’en ai fait. Mais alors, pfoulala, qu’est-ce que j’en ai fait…

En moyenne, un tous les ans et demi.

À Montpellier d’abord : un petit studio (deux ans), une grande colocation (deux ans). Puis direction l’Angleterre, Canterbury (un an). Retour ensuite à Montpellier dans un nouveau petit studio (un an), puis un faux F3 en couple (trois ans), puis un F2 tout seul (deux ans), puis re-grande coloc (deux ans), puis un tout petit studio en couple à Lyon (un an), et me voici actuellement à Prague dans un grand appartement en couple et en colocation (un an). Et finalement, d’ici trois mois, la Belgique, Bruxelles, en vue.

Comptez donc, ça fera dix déménagements en quinze ans. On est bien à un déménagement tous les un an et demi en moyenne. Je suis pas trop mauvais en maths. Les Tchèques disent de ceux qui ont ainsi la bougeotte qu’ils ont une hélice au cul. Je leur laisse la responsabilité de ces propos.

Ainsi, j’ai déménagé en avion, j’ai déménagé en train, j’ai déménagé en tramway, j’ai déménagé en bus, j’ai déménagé en voiture, j’ai déménagé à pieds. Si vous avez fait plus complet, laissez-moi un commentaire, vous avez gagné.

Mais quel est donc le point commun entre tous ces déménagements ? Hein, lequel est-il ?

La bonne réponse était : je déteste les déménagements.

Vue kaléidoscopique d’un cimetière de Prague. Ça n’a aucun rapport avec le sujet d’aujourd’hui sinon que toute cette situation me fait tourner la tête.

Enfin non. Ce n’est pas exactement ça. Je ne déteste pas les déménagements, je déteste les recherches d’appartement. Voilà. Vraiment. De toute ma haine. Ça me fout en vrac. J’ai l’impression que je vais mourir chaque jour tant que je n’ai pas trouvé. Je ne sais pas encore comment ça se passe en Belgique, mais en France c’est l’horreur. S’il vous fallait une preuve de ma détestation des recherches d’appartement, voici un petit texte sur le sujet, écrit il y a quatre ans et tout juste publié sur le site pour l’occasion :

Les recherches d’appartement

Ça y est ? Vous l’avez lu ?

Bien. Maintenant, donc, on se comprend.

Ajoutez aux recherches d’appartement le fait que je vais, en même temps, devoir trouver un travail qui nous permette à la fois de nous loger et de vivre mon amie et moi pendant qu’elle sera occupée à ses études, et vous aurez à peu près pigé quel est mon niveau d’angoisse actuel.

Ajoutez encore à cela la situation d’instabilité au niveau des frontières, et le chômage massif qui se prépare à la rentrée prochaine, à cause de la pandémie, et vous aurez encore mieux pigé.

Je pourrais encore vous demander d’ajouter sur le tas l’idée que je serai un étranger à la recherche d’un bon emploi dans un pays que je ne connais pas et dont les habitants natifs seront sans doute eux-même en lutte contre le chômage, mais je ne voudrais pas vous accabler.

Bref, mon amie et moi repartons pour de nouvelles aventures, sur des bases qu’on aurait du mal à qualifier de bonnes. Pas le choix.

#301 – Saint Machin Du Coin De La Rue

En voilà des manières ! Le cochon ! Le vilain ! Il donne pas de nouvelles pendant plusieurs mois ! Il a chopé le virus ? Ce serait bien fait ! Est-ce qu’il en est crevé ?

Non.

C’est un peu ma spécialité, voyez-vous, de ne pas donner de nouvelles. Et autant vous dire que quand on tient une spécialité comme ça, il faut bien la choyer. C’est ce qui nous distingue du vulgaire. Oh, évidemment, ça ne se voyait pas quand je rédigeais une note de blog quotidienne, mais c’était le tout début du blog, de notre relation. On ne se connaissait pas trop encore. Je vous laissais croire que, moi aussi, j’écrivais chaque jour à tout le monde, je passais des coups de téléphones pour dire « je suis bien arrivé » à chacun de mes mouvements. Je ne peux pas jurer que c’était conscient, mais sans doute ne voulais-je pas vous éclabousser de toute ma spécialitude. Se prendre en pleine gueule les qualités exceptionnelles des autres, ça ne fait de bien à personne.

Enfin, là, je ne peux plus vous le cacher. Je suis un de ces êtres hors du commun. Il faut l’accepter. Ne soyez pas jaloux ou -louses.

Qu’est-ce qui me motive donc à m’adresser à vous aujourd’hui ?

Rien.

J’avais simplement envie d’écrire quelques mots. Je pourrais vous raconter le confinement, mais vous en avez soupé. Je pourrais vous raconter ce qui s’est passé avant le confinement, ou ce qui se passe après le confinement, mais ça resterait du confinement, et honnêtement, moi aussi, j’en ai eu ma dose.

Je peux vous dire que le reste de mes aventures se déroulera sans doute (on croise les doigts pour chasser le fantôme de cette fameuse seconde vague, même si ça sert à rien) en Belgique, à Bruxelles même. Je suis actuellement en recherche d’un emploi et d’un logement dans la capitale de ce pays où je n’ai jamais mis les pieds. Ça risque d’être drôle. Mais ne vous inquiétez pas, tel Saint Machin Du Coin De La Rue, je terrasserai le Dragon de la SDFerie.

Quelque part dans le centre-ville de Prague, je sais plus où. (Si c’est bon j’ai retrouvé, c’est 11 rue Široká)

Je dis drôle, mais en y pensant sérieusement, ce serait sans doute surtout drôle pour vous de me voir tétanisé devant la bête. D’ailleurs l’idée me vient que je pourrais peut-être vous narrer quotidiennement le déroulement de mes démarches. On ne sait jamais que ça me permette de retrouver l’aspect un tout petit peu créatif de ma vie, que je perds de vue ces derniers temps, tout en décompressant un peu. Je n’ai pas fait de musique à proprement parler depuis plus de deux ans, je n’ai pas écrit quoi que ce soit digne d’être publié ici depuis près de trois mois (et c’était une sorte de jeu, pas véritablement un texte), je n’ai même pas farfouillé dans les loufoques revues anciennes depuis bientôt deux mois. À un moment, il faut bien s’y remettre.

Bon, ben… Pourquoi pas. Allons-y donc. Mission : « Un taf, un toit – édition Bruxelles » sur ce blog pour les prochaines semaines, voire les prochains mois. J’espère que ce sera pas trop chiant.

Eh, matez ça, je commence une note de blog sans avoir quoi que ce soit à vous raconter, et me voilà en train de prendre des résolutions. Vous voyez que vous ne servez pas à rien !

#297 – Salut les morts !

Voyez comme je calcule peu. En essayant ma tablette graphique hier, et en dessinant ce que j’ai dessiné, j’aurais pu choisir de ne publier la monstruosité qu’à l’occasion de la Saint Valentin, ce qui aurait été thématique. Eh bien non, car, je vous l’ai dit, je ne calcule pas. Pourquoi réserver l’amour et le cul à la Saint Valentin, l’horreur et l’angoisse à Halloween ? Suivre la vague pour surfer sur la tendance, comme c’est vulgaire. Mais puisque je trouve également vulgaire de trouver les choses vulgaires, laissez-moi me dédouaner de ce comportement tout à fait empêtré dans le snobisme vulgueux en vous avouant qu’en vérité je n’ai aucune notion des dates, fêtes et anniversaires. La chandeleur c’est quand ? Aucune idée ? L’anniversaire de ma mère ? C’est quand elle m’envoie le SMS « Tu n’as rien oublié aujourd’hui ? »

Je calcule peu et pourtant je peux vous dire que cela fait déjà cinq jours que je suis de retour en France pour un petit entracte dans ma vie de travailleur à Prague.

Tout ça a commencé bien petitement. Passons donc sur l’essentiel, et plongeons sans attendre au cœur de l’anecdotique. On aura bien le temps de revenir sur mon emploi de ces quatre derniers mois et sur ma démission un jour. On aura le temps ? J’espère. Faudra pas calancher avant, ni vous ni moi.

Arrivé en bus à Lyon, je cherche un journal à me mettre sous la dent de l’œil pour patienter jusqu’à l’annonce dans quelques heures de mon train destination le Biterrois. Pas un tabac presse ouvert dans le quartier. Je me rabats sur une librairie, tombe sur le roman Kitchen de Banana Yoshimoto (吉本ばなな), suivi de la nouvelle Moonlight Shadow. J’achète. Si vous tombez dessus, ne vous laissez pas tromper par la quatrième de couverture. Ici pas de petites recettes qui réchauffent les estomacs et les cœurs, mais du deuil à toutes les sauces. Non, ne dites rien, je me déteste bien assez comme ça quand j’essaie de filer des métaphores aussi piètrement. Du deuil, donc, par nuits claires, du deuil par jours de neige, du deuil d’âge mur, du deuil de jeunesse, du deuil qui étouffe, du deuil qui rappelle à ceux qui restent de respirer. Je me suis enfourné ça dans les six heures suivant l’achat, je conseille ce bouquin à tout le monde. Cela dit, je n’ai pas fait le trajet jusqu’à chez mes parents l’esprit aussi léger que si je ne l’avais pas lu. Quoi que, quand on voit la gueule des journaux en France, ç’aurait peut-être été pire si j’en étais resté à ma première idée.

Le lendemain, ma mère avait réuni la famille, que je n’avais pas vue depuis presque un an, pour de petits retrouvailles dominicales. Malgré les réjouissances, nous attentions le coup de fil de Barcelone qui devait nous informer de la mort du cousin de ma mère et mes tantes. Le médecin de l’hôpital psychiatrique avait prévenu, plus que quelques heures. Cet homme, que je n’ai que peu côtoyé mais dont j’entendais fréquemment parler, et que j’appréciais notamment car dans sa jeunesse il s’amusait, accompagné de sa guitare, à chanter les chansons de Brassens qu’il traduisait en Catalan, cet homme, donc, a chuté en quelques années à peine tous les étages de ce grand immeuble HLM en béton pourri qu’est la vie, avant de venir s’écraser la gueule sur l’asphalte. Tut tut, relisez plus haut ce que j’ai dit de l’enfilage de métaphores. En quelques années, donc, moins de dix ans, sa femme l’a quitté, il a perdu son emploi, il a subi une opération à cœur ouvert suite à laquelle il a perdu son second emploi, est tombé dans l’alcoolisme (ou peut-être était-ce avant que ça femme ne le quitte, mystère), forcé de retourner partager le logement de 30 m² de ses parents septuagénaires dans la banlieue barcelonaise, s’est découvert Alzheimer comme son père, est devenu presque légume en quelques mois, a atterri dans un hôpital psychiatrique parce que devenu violent, incapable ne serait-ce que de se souvenir comment on buvait une verre d’eau dans les dernier jours et passait son temps à se fracasser la tête dans les vitres et les miroirs dès qu’il en croisait. Médicaments, alcool, blessures volontaires, dénutrition. Il a passé ses derniers jours sous morphine à l’hôpital jusqu’à ce que le cœur lâche, comme il se doit. L’appel annonçant sa mort est d’ailleurs arrivé à 15h30, très poliment, juste après le gâteau. Un bras de vénus, mon préféré. Brazo de gitano, en catalan.

Le soir mon amie m’appelait. L’une de ses connaissances était décédée d’un cancer. À quelques milliers de kilomètres d’elle, je n’avais pas les bras assez longs pour la prendre dans mes bras et je m’en voulais un peu de n’avoir pas mangé assez de soupe quand j’étais petit, comme on me l’avait recommandé.

Le lendemain, puisque décidément je n’en avais pas eu assez de ma ration de mort, j’ai dévoré dans la journée le dernier livre de Cavanna : Crève, Ducon ! Décidément l’un des grands amours de ma vie, ce mec. J’avoue avoir été pris d’une légère mélancolie lorsque m’apercevant qu’ayant lu tous ses livres précédents et venant de lire le dernier qu’il écrirait jamais (puis qu’il est décédé en 2014, en janvier ou février (moi et les dates…)), je n’aurai plus jamais un ligne inédite de sa plume à découvrir. Cela dit, le coup de blues est vite passé. C’est comme ça, lire Cavanna vous pousse à vivre et à aimer vivre tout en regardant la mort bien dans les yeux. C’est chouette.

Voilà comment se sont passés mes premiers jours de vacances. Alors, salut les morts ! et maintenant foutez la paix aux vivants, on n’a pas que ça à faire de pleurnicher à vos mémoires. Avec toutes ces bières à boire, ces baisers à donner, ces fou-rire à fou-rirer, vous pensez pas que vous êtes un peu égoïstes à réclamer autant d’attention ?

#292 – J’ai trois minutes pour vous causer de mon cul

C’est une image. Mon cul en lui-même n’a rien à déclarer, sinon les ordinaires hauts et bas qu’un cul peut expérimenter dans le cadre de ses fonctions lorsqu’il change brusquement de pays et donc de régime. Passons.

La série sur le Fantastique Japonais de Félix Régamey était prête depuis plus de deux mois, il ne manquait que quelques notes de bas de page à terminer et quelques images à trouver, et je n’ai pu la poster qu’il y a deux semaines. J’vous essplique.

Vous vous rappelez peut-être comme je fanfaronnais d’avoir refusé un emploi à l’école Montessori de Prague car le contrat était bidon, eh bien j’ai signé un autre contrat encore plus bidon. Disons que j’ai tout de même bien moins de responsabilités et de travail pour le même salaire et la même absence totale d’assurance chômage et maladie. Quand je dis moins de travail, ça veut dire que je peux tirer au flanc quelques heures par nuit sur le lieu de travail, pas que je travaille moins d’heures. Par nuit ? vous dites-vous. Eh oui. Je suis désormais réceptionniste de nuit dans une auberge de jeunesse en plein centre de Prague, 12h par nuit, 7 nuits toutes les deux semaines. Je suis également prof de français quelques heures par semaine dans une école Britannique internationale, ça c’est les après-midi, histoire d’être bien sûr de n’avoir absolument aucun rythme de sommeil régulier.

Vous allez me dire que même si on rajoute les déplacements, cela ne fait toujours que 50h hebdomadaires (pour 800€), et que donc ça laisse bien du temps pour rédiger quelques notes de blog. Vous auriez raison si je n’avais eu à déménager mes affaires de Lyon à Prague en bus. Ce qui nous rajoute 36h de bus aller-retour à chaque fois, plus 24h à faire des valises et des cartons.

Je connais bien la Suisse maintenant. Enfin surtout les douanes.

Pour venir compléter cette emploi du temps que certains macronistes d’entre-vous trouveront un peu light, n’oubliez pas qu’il me faut également dormir un peu, faire les courses, les repas et le ménage. Tâches toutefois partagées par mon amie, elle occupée à travailler 40h/semaine avec des personnes porteuses de handicap, rédiger un mémoire à distance avec allers/retours Prague-Bruxelles et passer son permis de conduire.

Apparemment le traducteur ou la traductrice n’a pas touché un centime sur les prunes.

Voilà donc pourquoi je n’ai pas donné signe de vie depuis tout ce temps. Mais je suis toujours là, le déménagement est maintenant terminé et je commence (très doucement) à m’adapter à mon rythme de travail (beurk), je vais donc à nouveau pouvoir m’occuper du site.

Je me rends d’ailleurs compte qu’il doit désormais être indexé par les gros moteurs de recherche car je dois supprimer environ 50 spams dans les commentaires tous les deux jours depuis deux semaines, ce qui me fait me demander si c’est une bonne ou une mauvaise chose.

Dans les choses prévues pour la suite : un portrait de Félix Régamay pour venir compléter le dossier de son Fantastique Japonais, me remettre à alimenter le blog indépendant de la section musicouilleur, et si possible même composer quelques nouveaux morceaux.

À bientôt, donc, et merde au travail.

#267 – C’est sûrement la batterie

Qu’est-ce qui alimente un blog ? Facile. Un blogueur. Qu’est-ce qui alimente un blogueur ? Difficile. Une multinationale qui donne dans la mode ou la cigarette, un agacement authentique mais néanmoins de spectacle, une envie de briller socialement ? Que sais-je… Appelons ça la batterie. La mienne semblait à plat. Oh, semblait, vraiment ? Au passé ? Non, vous avez raison, n’allons pas trop vite. La mienne semble défaillante en ce moment. C’est mieux comme ça. Les posts vont continuer à se succéder lentement si j’arrive à retrouver un peu de motivation mais je ne promets rien.

Quoi de beau aujourd’hui, donc ? J’ai changé mon téléphone portable. L’ancien n’allait pas ? Non, il n’allait plus. C’était la batterie ? Non, mais ça aurait pu. Après avoir conservé mon précédent téléphone 7 ans, j’avais été horrifié par les réponses aux nombreuses question sur les forums du genre : « quel modèle de téléphone a la plus grande longévité ? » Les réponses en général ressemblaient à ça : « celui-ci il a une durée de vie de ouf, j’en avais un il a tenu 2 ans ! »

Bon, mais on s’en fiche car ce n’est pas une question de batterie. Enfin si. Enfin… Laissez-moi trois secondes pour m’expliquer. Depuis longtemps, je travaille sur moi pour atteindre un niveau de consommation de produits technologiques qui me convienne éthiquement. Après m’être, au cours des années, débarrassé de tout produit et service Facetruc, Gmachin, iBidule (vous pouvez allez (re)lire cet article où je cause de tout ça) la dernière étape était de me séparer du smartphone. Ce machin est un fléau pour la planète comme pour les esclaves qu’on envoie aux mines chercher les matières premières, souvent un chauchemar aussi pour les ouvriers exploités des usines de fabrication. Autre problème du smartphone qui fonctionne sous android, c’est que le systeme android était opensource mais a depuis longtemps été récupéré par Gmachin et que je ne veux plus aucun lien de près ou de loin avec cette entreprise et ses filiales.

Seulement, mon smartphone marchait bien, je n’allais pas le jeter, ç’aurait été du gaspillage. Et là, coup de bol ! La solution est arrivée toute seule, miracle de l’obsolescence programmée. La batterie a foiré. Non, je vous l’ai dit, pas la batterie de mon téléphone. La batterie du téléphone de mon amie. Fastoche, donc : elle récupère le mien, puisqu’elle n’est pas prête à lâcher ce genre de machines, et moi j’en achète un, le plus basique, le moins complexe.

Et c’est ce qu’on a fait. Aujourd’hui, je suis le fier possesseur d’un téléphone à clapet, sans appareil photo, sans même une prise casque, avec 1Mo d’espace de stockage de médias mais aucun moyen de transférer quoi que ce soit dessus. Je peux stocker jusqu’à 40 sms d’un coup sur ce téléphone. 40 !! C’est beaucoup trop. J’ai repris la bonne habitude de les effacer à mesure qu’ils arrivent. Pas de MMS, pas d’emoji, pas d’e-mails. Pour tout ça il y a l’ordinateur.

Une seule question maintenant, tiendra-t-il au moins trois ans ? Je l’espère parce que le but n’est pas d’avoir un téléphone jetable dont on se fiche. C’est d’avoir un téléphone qui ne vous fiche pas et qui ne fiche pas la planète en l’air non plus. Donc, il doit durer le plus longtemps possible.

La prochaine question sera : chez quel opérateur prendre son forfait pour avoir le moins l’impression de participer à la destruction de l’état social et de financer la campagne du prochain président de droite ? Là, vous pouvez m’aider, je suis complètement perdu.

Voilà. Vivre aujourd’hui sans ces services et sans ces machines, c’est possible. J’ai un blog et une adresse e-mail qui tournent sur des serveurs pensés de manière à ne pas détruire la planète à grande vitesse, je refuse de laisser exploiter mes données par des multinationales dont le seul principe est le profit, réseaux sociaux et autres services gratuits piège-à-cons c’est de vous que je parle, et je souhaite que mon confort ne s’établisse pas au prix de l’esclavages d’autres êtres, humains ou pas, à l’autre bout de la planète. Pour autant, je ne vis pas dans une grotte ni dans une forêt, mais en plein centre de Lyon, j’écris, je fais de la musique, je dessine, je bois des verres et des limonades en terrasse en compagnie d’amis ou de bouquins, je ris plusieurs fois par jour et rarement tout seul, je me déplace où je veux par les transports en commun, il m’arrive même de travailler si je trouve un emploi qui me convienne éthiquement. Je ne manque de rien, je me prive parfois quand je sais que pour un petit plaisir instantané je participe à pourrir la vie d’autres, et parfois la mienne, à long terme, c’est tout, et je n’en suis que plus heureux. Hésitez donc pas à faire tous ces changements dans vos vies, vous ne vous retrouverez pas seuls ou isolés pour autant, si c’est votre crainte. Je pense également que l’avenir des populations sera grandement déterminée par le pouvoir acquis par ces multinationales ayant fait fortune dans les technologies et que, que ce soit au niveau du climat, de la vie privée ou de la paix globale, notre avenir paisible, c’est aujourd’hui et sur ce terrain aussi qu’il se joue.

#257 – Lyonniais #082 – Fatiguance

Soyons bref. Depuis hier 16h30 nous crapahutons, mon amie et moi, dans tout Lyon pour faire visiter la ville à mes parents. Guillotière, Bellecour, Vieux Lyon, Fourvière, Croix Rousse, Terreaux, Cordeliers… Trois repas pris ensemble, trois restaurants, aucun plat végétarien. Disons que ça me fait une pause dans mes habitudes. C’était l’occasion de goûter les spécialités Lyonnaises que je m’interdis d’ordinaire. Bon mais là c’est trop d’un coup. Pâté en croute et saucisson Lyonnais dans un même repas, je suis au bord de la crise de foie. Pardon, les autres animaux, si un jour vous me bouffez, je n’aurais vraiment pas de quoi crier à l’injustice. Si vous m’enfermez en cage et me torturez une vie entière avant de me bouffer non plus.

Bon je voulais particulièrement vous parler du petit vieux de Fourvière, mais ça attendra demain ou après-demain. Ça fait deux journées de dix heures de marche et de grosses bouffes dont j’ai pas l’habitude, je suis éclatouille. Disons que j’ai appris pas mal de trucs sur Lyon grâce à un papy croisé au hasard et que ça m’a un peu redonné le goût de découvrir la ville. Il est donc bien possible que vous appreniez enfin quelque chose sur la ville de Lyon sur ce blog. Enfin… dans deux trois articles avant que ça ne me gonfle à nouveau quoi.

J’aurais également pu vous parler du fait que pour la première fois depuis plus de vingt ans je ne me suis pas pris la tête avec mes parents, mais ça ne vous regarde pas vraiment, et puis je ne les raccompagne à la gare que demain midi, il y a donc largement le temps de ne pas homologuer ce record.

Bon allez, il est 23h, je vais me coucher. Sur le dos. Sur le ventre je pense que je pourrais exploser.

#256 – Lyonniais #081 – Tracassage

Aujourd’hui est un jour d’angoisse. Non seulement mes parents arrivent pour trois jours à Lyon, et nos rapports sont, disons, tendus, mais en plus de ça j’ai un rendez-vous pour justifier mes droits RSA auprès d’un organisme mandaté pour me trouver un travail dont je ne veux pas. Je me retrouve, mais vous en avez l’habitude, sans savoir quoi dire. Hein ? Non, pas ici, pour une fois, mais sans savoir quoi dire ni à mes parents ni à l’organisme décrit ci-dessus.

Pour vous donner une idée de mon niveau d’angoisse, ça fait trois jours que je n’ai pas bandé. Ben oui. Ça peut vous paraître anecdotique, mais c’est un signe qui ne trompe pas. Même pas un peu le matin au réveil, même pas en caressant le corps nu de mon amie. Rien. Que dalle. Mon sang est trop occupé à irriguer les glandes de la peur et l’estomac là où il lui faut du sang pour se nouer comme se nouent les estomacs quand un canon est posé sur la tempe de leur propriétaire. J’ai juste envie de me cacher dans un coin en attendant que le monde s’effondre.

Si je n’ai rien a dire à mes parents, c’est que le dialogue a longtemps été rompu et que nous sommes maintenant quasiment des étrangers l’un pour l’autre. Si je n’ai rien à dire au fâcheux organisme, c’est que je n’ai jamais véritablement pensé à élaborer de discours justifiant mon droit à la survie. Poète contemplateur que je suis. Même si j’y avais pensé, je n’aurais sans doute pas accepté d’utiliser les termes clés qui sont de bon ton à notre époque de broyage des individus au profit du profit. Je ne suis pas proactif comme garçon, plutôt amateuractif.

Je crois que famille et travail sont les deux concepts qui me posent le plus de soucis dans la vie de tous les jours. Hein ? Ah oui, patrie aussi, puisque je ne suis pas patriote pour un sous, mais enfin, là, pour une fois, je me dis que je suis né à la bonne époque puisque personne n’exige de moi que je le sois. C’est marrant comme quand on cite travail et famille le troisième terme vient toujours immédiatement en tête, hein ? Ouais, ben là j’ai pas la tête à me marrer.

Bref, c’est une journée de l’angoisse. C’est pas la mort, mais il faudra bien laisser passer trois jours avant que mon organisme l’ait intégré. Dans le cas où l’on me fiche la paix pour mon rendez-vous.

#254 – Lyonniais #079 – Inside Out

Aujourd’hui, alors que je ne me promenais pas, je ne décidai pas de m’asseoir sur les berges du Rhône pour y griffonner quelques mots dans un carnet en profitant du soleil. Et cela je ne le décidai d’autant pas qu’il ne faisait pas soleil aujourd’hui. Au bout de quelques minutes qui n’arrivèrent donc pas, personne ne vint se pencher sur mon épaule me demander ce que je pouvais bien écrire, personne ne fut rendu hilare par le texte humoristique que je n’écrivais pas ni ne me demanda par curiosité si ce texte allait être publié et où. Je ne répondis donc jamais que je ne savais pas encore si j’allais fonder un chouette magazine papier underground ou si je comptais simplement l’imprimer et le placarder à des emplacements stratégiques en ville, mais qu’en tout cas celui-là ne finirait pas perdu sur internet comme autant de 0 et de 1 emportés par les flux de la consommation en ligne et que personne ne lirait jamais dans cet océan numérique désormais plus vaste et profond que le Pacifique. Personne ne s’écria alors que c’était génial, que lui·elle aussi écrivait, dessinait, rêvait de participer à un chouette beau nouveau magazine ou à un collectif underground d’afficheurs d’art gratuit, et qu’en plus il·elle était plein·e de fric à ne plus savoir qu’en foutre et cherchait justement comment le dépenser dans un projet ne rapportant rien. Aussitôt, je ne bondis pas en m’exclamant que tout ça était un sacré coup de pot alors ! Et que quand est-ce qu’on commençait ? Et comment tu t’appelles ? Et montre-moi ce que tu fais toi ? Waah, mais c’est génial ! Vite, faut qu’on se mette au travail ! Tiens voilà mon numéro, tu peux m’appeler de jour comme de nuit, on va le faire ce putain de magazine, relié ou éparpillé sur les murs ! Ne nous étant pas quittés ainsi gonflés à bloc et pleins d’espoir pour l’avenir de l’art vivant (à opposer aux cadavres d’art en vitrine dans les musées qu’on doit pas toucher avec les doigts, les cadavres c’est sale), je ne rentrai pas chez moi pour me mettre illico à bosser comme un acharné, l’esprit en feu, les rêves en ébullition, la libido regonflée à m’en faire craquer le bouton du calcif et écarte-toi de là si tu veux pas te le prendre dans l’œil.

Non. Rien de tout ça ne s’est passé. Aujourd’hui, j’ai fait le ménage.