#64 – Montpelliérien #064 – C’est quoi ça déjà ?

La musique du générique de l’émission Strip Tease, interprétée par la fanfare Combo Belge, s’appelle Batumanbe, et ça tout le monde le sait. Mais saviez-vous que c’est une reprise d’un morceau de l’Orchestre Régional de Ségou ? Je vous laisse aller écouter vous-même.

Saviez-vous que le sample principal du fameux Next Episode de Dr Dre et Snoop Dog, qui commence sur un « La da da da da » et fini sur un « smoke weed everyday », est tiré du morceau The Edge, de David McCallum ? Le mec qui joue Ducky dans NCIS, pour ceux et celles qui ont des colocataires qui regardent la télé. En fait vous le saviez peut-être, car ça commence à se savoir, mais peut-être que non, et peut-être que vous vous en fichez aussi.

Bubamara d’Émir Kusturica et le No Smoking Orchestra me fait étrangement penser à Moja mala nema mane de Zvonko Bogdan. Ça vous ne pouviez pas le savoir, que ça m’y faisait étrangement penser, vous voyez que je peux vous surprendre.

Photo par Koinkoin (lieu inconnu)

On remarquera sur cette photo que Willy Wonka semble s’être installé à Montpellier. Mais je me suis promis de ne plus reparler de doigts d’enfants en chocolat. Profitez du magnifique ciel que nous avons depuis quelques jours.

Dans Mr. Blue Sky de Electric Light Orchestra, on peut entendre quelques notes du Gloria de la Messe en si mineur de Bach. Lily Allen a repris ce morceau. On entend donc la Messe en si mineur de Bach dans un morceau de Lily Allen.

Scott Ross a enregistré Das Wohltemperierte Klavier de Bach, les livres de pièces de clavecin de Rameau, et les 555 sonates de Scarlatti. Cela il l’a fait à Assas entre autre, donc tout près de Montpellier. Et il se trouve que pour le festival RadioFrance Occitanie 2018, trente clavecinistes joueront, à l’occasion de trente-cinq concerts dans la région Montpelliéraine, les 555 sonates de Scarlatti.

Il faut que j’écrive d’ici quatre jours une conférence sur Beethoven, dont je ne sais à peu près rien. J’ai fini ma tournée de conférences sur Bach, dont je savais plus que je n’avais le temps d’en dire. Ça m’angoisse un peu. Surtout qu’au lieu d’écouter du Beethoven et de me plonger dans sa biographie, j’écoute du 寺内タケシ. En boucle.

寺内タケシ, ou Takeshi Terauchi en rōmaji, c’est un homme qui fait de la surf music au Japon depuis 1962. Un jour, des amis·es qui participaient à une game jam —un évènement où l’on s’enferme pendant un week-end ou plus pour fabriquer des jeux vidéo en équipes improvisées ou pas et suivant des contraintes de thème, de genre, de type— m’ont appelé pour que je leur concocte en urgence une bande son qui devait mélanger surf music et musique japonaise, car il n’y avait pas assez de compositeurs sur place. J’ai donc dû, en quatre heures, faire une connexion qui ne s’était jamais établie d’elle-même entre deux façons de faire de la musique, puis composer, enregistrer et presque-mixer le tout. Je trouvais à l’époque qu’avec tant de contraintes et si peu de temps, je ne m’en étais pas si mal tiré. Mais la vérité c’est que je n’aurais jamais osé faire ça..:

…si j’avais eu la chance de découvrir Terauchi un peu plus tôt, par cet album, avec son groupe The Bunnys.

#63 – Montpelliérien #063 – Cannibalisme

Hier, j’ai mangé des petits doigts d’enfants. Non, non, n’appelez pas tout de suite la police. Attendez les détails. Nous avons même mangé des petits doigts d’enfants à plusieurs, autour d’une table, très calmement.

Il était impensable que je ne vous en parle pas après l’article que j’ai pondu hier. Je me suis retrouvé embarqué chez des amis voir d’autres amis qu’on avait pas vu depuis longtemps. Arrêtez-vous là, prenez le temps de relire la phrase précédente, et appréciez la richesse du vocabulaire, la légèreté de la tournure. Voilà, je voulais être sûr que vous ratiez pas ça. C’est là-bas, donc, que nous avons mangé des doigts d’enfants. Des fingers, avec un F majuscule, parce que c’est une marque, mais je mets pas de majuscules aux marques. Des biscuits fins et longs recouverts de chocolat. Et il y avait aussi, je ne vous mens pas, des twix. Des twix, deux doigts machin machin… disait la pub. Et tout en mangeant ces biscuits, le soir même de la rédaction de l’article d’hier, hier donc, je me suis rappelé de Victor Hugo presque-cité par Henri Guillemin. Il aurait écrit que dans les dîners mondains et les fêtes, pendant qu’on employait des enfants de cinq à douze ans dans les manufactures, et puisqu’on ne les payait que le quart du salaire accordé aux adultes en leur faisant faire des douze heures de travail par jour, tous ces braves gens bien habillés ne se rendaient pas compte que, quand ils mangeaient leurs petits fours, ils mangeaient des enfants vivants. Je vous mets un lien vers la vidéo avec repère temporel ici, sur tontube, mais ça me donne l’impression d’inviter le diable à entrer chez moi.

Enfin, bref, tout ça pour vous dire que j’ai pas pu m’empêcher de penser que je mangeais des petits doigts d’enfants. Et je me suis dit que non content de faire culpabiliser mes lecteurs, j’arrivais aussi à me gâcher un moment censé être plaisant. En même temps, effectivement, quelque part dans le monde des enfants qu’on se vend cueillent actuellement les fèves de cacao qui se retrouveront dans mon chocolat, ils sont des centaines de milliers, je suis pas certain d’avoir envie de m’en foutre.

Photo par Gwlad (rue Cité Benoit)

Bon, enfin, vous avez remarqué, j’étais pas chez moi. Je sais absolument pas ce qui a bien pu se passer à Montpellier, ni ce qui se passera ce soir. J’étais à quelques minutes du lac de Salagou, chez des amis qui viennent d’acheter une baraque sur un hectare de terrain boisé. Oui, y a des gens comme ça. Apparemment, le coin est pas mal radioactif, le sol est bourré d’uranium. L’un des plus grands gisements d’Europe, selon mes potes. Il y avait des mines avant. Le toit du poulailler et du cabanon sont en amiante. C’est vraiment campagne et air pur.

Bref, après avoir couru faire ce que je fais dans l’une des associations dans lesquelles je fais ce que je fais, je rentre à peine chez moi. Et donc billet du soir. Et donc brièveté. Quoi, j’avais pas parlé d’un ordi pour permettre de poster même quand je dormais pas chez moi ? Flûte, vous ne laissez rien passer. Y a des gens qui disent flûte ? Je crois que c’est un truc que je dis qu’à l’écrit. Enfin, oui, effectivement, je l’avais même pris, mais pas le temps, pas l’envie. Et donc brièveté. Et donc, qu’est-ce que je me fais à bouffer ce soir ?

#62 – Montpelliérien #062 – Ça me brise les œufs

Aujourd’hui on est dimanche de Pâques, demain, on sera lundi de Pâques, et moi je n’ai jamais bien pigé ce que c’était, Pâques. Pâques est un de ces mots avec un accent circonflexe PLUS un « s » silencieux à la fin. Je sais qu’on est pas là pour juger mais quand même. Pâques, ça m’étonnerait pas qu’il y ait encore le petit Jésus planqué là-dessous. C’est sans doute le jour où il s’est pincé les doigts dans l’une des portes du tramway de Bethléem, ou alors c’est le jour où sa maman lui a fait un bisou sur le bobo et lui a acheté des sucreries pour le consoler. Vous m’excuserez mais quand j’étais petit y avait que les œufs qui m’intéressaient, ceux en chocolats. Les autres je les bouffais qu’à la coque avec des mouillettes.

En fait j’ai vérifié, on fête la résurrection de Jésus. Enfin, on… Vous peut-être, mais moi je fête rien du tout.

Maintenant même les œufs ne m’intéressent plus. Les récits d’enfants esclaves qui bossent quinze heures par jour sans pause pour aller chercher le bon petit cacao qu’on se baffrera comme si de rien n’était, ça me coupe l’envie. Ça me donnerait même plutôt envie de chier sur l’humanité. Pas le journal. La partie de l’humanité, pour être précis, des gens qui sont fiers de manger du nutemerde par exemple, et qui ne se rendent pas compte d’à quel point ils sont bêtes, d’à quel point ils sont laids. Ah je sais bien, ils ont fait tellement de pub pour séduire les gamins et leurs parents depuis des décennies qu’il y a de fortes chances que vous, vous qui me lisez, soyez accro au merdella. Ben écoutez, que vous dire, je veux pas vous vexer, mais quand même… En parlant de journal, Libération, avait très bien titré, enfin très bien, disons bien, il y a fort longtemps : « Pas d’enfants esclaves, pas de chocolat ». Vous trouvez qu’on exagère, Libé et moi ? Il y a sans doute des marques qui, vous vous dites. Mouais, y en a pas beaucoup. Les petites mains propriétés d’entreprises, c’est surtout à la base qu’elles sont là, dans les plantations, à ramasser les fèves. Ensuite, où ça part et qui en fait quoi… Entre 300.000 et un million d’enfants, ils et elles sont, à « bosser » dans le cacao, rien qu’en Côte d’Ivoire. Bosser ça veut dire ne pas avoir le temps d’aller pisser parce que pas de pause, être logées·s comme des merdes à vingt dans une cabane, et acheté·e vendu·e ou échangé·e par les exploitants, être donc possédé par un privé, n’être nourri que ce qu’il faut pour avoir la force de bosser. Vous reprendrez un nœunœuf de Pâpâques ? Gouzi gouzi. Tenez, votre œuf de Pâques, et étouffez-vous avec. On verra lundi si vous avez ressuscité.

Photo par Gwlad (avenue du Pont Juvénal)

Voilà, je suis énervé pour rien maintenant. Enfin pas pour rien, mais à part ne pas en manger soi-même de chocolat, ne pas en acheter, je ne vois pas quoi faire d’autre. Oui, je gueule mais moi aussi ça m’arrive d’en croquer un carré, et je vais pas aller vérifier par quelle filière il est passé. Et s’il n’y avait que le chocolat, ce serait tellement facile. Il n’y a quasiment rien que l’on puisse acheter aujourd’hui qui n’ait pas, de sa fabrication à sa distribution, nécessité que certains·es se fassent exploiter copieusement pour que d’autres puissent en tirer bénéfice. Mais, d’une, c’est pas parce que c’est partout que ça doit être une excuse pour ne faire d’effort nulle part et, de deux, à part ne pas filer de blé à ces filières en évitant d’en consommer du cacao, la seule chose à ma portée, c’est d’en parler. Comment voulez-vous qu’avec du chocolat partout dans les rayons et sur les affiches depuis une semaine, je puisse ne pas penser à la manière dont ces choses sont faites ?

Alors, c’est bien gentil Pâques, mais si j’étais croyant, je me dirais que tout ça doit faire pleurer le petit Jésus.

#61 – Montpelliérien #061 – Ça va bieux

Fini la sensation d’avoir la tête comme une pastèque, je retrouve peu à peu mon melon habituel. J’avais oublié cette sensation de vivre à l’intérieur de soi comme à l’extérieur. Quand les oreilles sont tellement bouchées que les seuls sons audibles sont les battements du cœur. Quand on a des ziguigui presque invisibles qui gigotent devant les yeux tels le plancton des profondeurs qui s’irise mais pas trop, et qu’on a beau cligner mais rien n’y fait, et qu’on regarde dans l’autre coin de la pièce, mais non, c’est toujours là. Quand on sent ce qui passe où ça passe, et si ça file plutôt droit dans les tuyaux ou si les angles touchent le bord. Je parle de boire et de manger, bande de sales. À mesure que je progresse en tâtonnant dans mes sensations internes qui s’imposent à ma conscience comme de réels stimulus extérieurs, alors que d’habitude je les ignore tout simplement, je sens qu’autour de moi les parois sont de moins en moins gluantes, que ça renifle moins au bout du couloir, que les oursins fichés dans le secteur du larynx commencent à tomber leurs piquants, ça doit être le printemps. Enfin bref, je le sens, je commence à voir la lumière de derrière le rideau de mucus, le bout du tunnel quoi. J’en suis sûr, la sortie c’est par là.

Photo par Gwlad (rue Cité Benoit)

Si j’avais le temps d’aller voir un concert ce soir, ce serait les Gramophone Stomp au Broc’ Café, 2 boulevard Henri IV. C’est gratuit, ce qui en soit pourrait suffire, mais surtout le dernier concert que j’ai vu là-bas, celui des Canibal Dandies, ma donné envie d’y retourner histoire de confirmer s’ils avaient toujours autant de goût pour choisir les artistes qui passent chez eux. En plus, on aura peut-être droit à une coupure de courant, et laissez-moi vous dire que si vous n’avez jamais vécu une coupure de courant au Broc’ Café, c’est que vous n’êtes jamais allés au Broc’ Café. Moi j’aime bien les coupures de courant, je trouve que ça met l’ambiance.

Mais je n’en aurais pas le temps, vous me direz comment c’était. Ce soir, c’est la soirée bouclage de Numéro 0. Si vous savez pas de quoi je cause, vous pouvez vous mettre à jour en lisant cet article d’avant la Grande Crève : Connaissez-vous Numéro 0 ?

Je vous rappelle également que les bouquinistes sont installés, comme chaque samedi, aux Arceaux et sur l’esplanade Charles du Gaulle, qu’ils ont des livres à pas cher du tout, à trop chers pour moi, à juste le bon prix pour qu’on hésite une bonne demi-heure avant de céder.

Allez, à demain, en espérant avoir retrouvé toutes mes facultés d’ici là, parce que je vous raconte pas comment je rame pour écrire trois mots ces derniers jours…

#60 – Montpelliérien #060 – Debirenbire

La crève ne m’a pas lâché. Elle n’a pas faibli non plus. J’ai l’impression de vous écrire depuis le cœur d’un blizzard, j’ai froid et j’ai du mal à penser plus de cinq mètres devant moi. Quand on est crèveux·se, Montpellier ou l’Antarctique, c’est la même chose. Je pionce, je me réveille, je gère les appels pour l’association, je repionce. Maintenant, suite et fin de la correction d’un mémoire, je suis même pas sûr d’arriver à les voir, les fautes. On peut plus caner en paix.

J’ai vu vite fait aux infos qu’on parlait encore de la fac de droit, j’aurais bien dit quelque chose d’intelligent à ce sujet, malheureusement mon état m’en empêche. Vous avez vraiment pas de chance. J’aurais également bien dit un mot à propos de ce cher édito de Delfeil de Ton dont tout le monde causait il y a deux mois, comme je l’avais annoncé dans mon premier article, mais franchement, vous voyez bien que ce n’est pas le moment. Promis, j’en parlerai un jour.

Bref, j’aurais pu dire bien des choses qui vous auraient bouleversées·s, mais je vais plutôt aller moucher ma morve et me mettre à ce mémoire avant d’aller m’écrouler au lit.

Bonne fin de journée.

 

 

#59 – Montpelliérien #059 – Badhébadigues

Connaissez-vous le célèbre conte de « Celui qui voulait fermer les yeux vingt petites minutes, c’est tout, et qui se réveilla à 22h » ? Là d’où je viens, tout le monde le connaît, mais peu savent qu’il y a une fin alternative. Laissez-moi vous raconter.

Dans une ville lambda d’un pays mu sur le continent nu d’une planète xi dans un système omicron d’une galaxie pi d’un univers rhô, on considère un homme iota dans un appartement kappa qui se sentait fatigouse depuis plusieurs jours. Bien décidé à faire une petite sieste pour rattraper un sommeil qui lui avait manqué ces derniers temps, et faisant fi des avertissements de ses amis et mies qui lui disaient « le sommeil en retard ne se rattrape pas » car ils l’avaient lu sur internet, il s’allongea sur un canapé, lança 平成狸合戦ぽんぽこ dans une langue epsilon ou Pompoko dans une langue zêta, et ferma les yeux à t = 0. Lorsqu’il les rouvrit il était t = 18000 secondes. Je vous laisse un peu de temps pour calculer combien ça fait en minutes et en heures. Bref, il était maintenant 22h au système standardisé de fragmentation de la durée d’une rotation complète de la planète xi. Notre homme iota se dit qu’il n’arriverait jamais à se rendormir. Mais il le put, quelques heures plus tard à peine, après n’avoir véritablement prêté attention ni à 平成狸合戦ぽんぽこ ni à 進撃の巨人.

  • La première fin possible à cette histoire, et la plus courante, est celle-ci : iota se rendormit à t = 25200s et se réveilla à nouveau à t = 39600s sans plus être capable de refermer l’œil de la nuit. Dépité, il se leva et se maudit d’avoir voulu dormir vingt petites minutes, c’est tout. Le reste de sa vie fut un enfer car, non-seulement il était plus fatigué encore qu’avant cette mésaventure étant donné que le sommeil, non vraiment, ça ne se rattrape pas, et en plus il était tout décalé, et c’est vachement difficile de reprendre le rythme quand on est tout·e décalé·e. Mais, aujourd’hui, on va essayer d’être un peu originaux :
  • La seconde fin, c’est celle ou en fait, en se réveillant à t = 99999s, notre homme se rendit compte qu’on avait remplacé sa gorge par un brasero au dessus duquel quelque virus ou bactérie sans domicile fixe était en train de se chauffer les mitaines, qu’on lui avait coulé de la pâte à crêpe dans les sinus, et remplacé le cerveau par des touffes de coton imbibées d’éther.  Il décida que tous ses plans pour la journée étaient annulés, qu’il allait, comme il le pouvait, remplir un blog thêta et retourner au plus vite se coucher.

Moralité : vous n’êtes décidément pas très fort·e quand il s’agit de convertir des secondes en heures.

Photo par Gwlad (rue du Guesclin)

Cet article manque sans doute un peu de rigueur scientifique, mais comme je ne suis pas en état de me rappeler ni de relire ce que je viens tout juste d’écrire, je compte sur vous pour relever les erreurs et incohérences qui s’y seront glissées avant que je l’envoie pour être publié dans Folklores algébriques.

Ce soir moi je serai au chaud dans mon lit, comme cet aprem, mais je suis sûr que vous trouverez tout un tas de choses à faire à Montpellier.

#58 – Montpelliérien #058 – モンペリエ

Non, ne vous inquiétez pas. Ce n’est pas un problème d’affichage. Le titre. C’est simplement Montpellier écrit en japonais. Pourquoi que je l’ai écrit en japonais ? Parce que demain, enfin aujourd’hui, je ne pourrai-peux pas écrire d’article, faute de temps. Ce n’est pas pourrai-peux, la faute de temps. Je voulais simplement dire que je ne disposerai pas d’assez de temps pour écrire l’article d’aujourd’hui, que j’ai donc rédigé hier. Hier pour vous, aujourd’hui pour moi. Je sens qu’on va pas s’en sortir. D’autant que c’est un mensonge. Il est 00h25, donc techniquement déjà mercredi 28 mars, c’est donc bien le billet d’aujourd’hui que je rédige aujourd’hui. Ouf. Un problème de réglé.

Pourquoi モンペリエ en katakana, donc, qui est l’un des deux systèmes d’alphabets syllabiques japonais ? Avec l’autre, les hiragana, ça aurait donné もんペリえ, mais ça n’aurait pas été correct. Les hiragana sont réservés à l’écriture des mots japonais. Pour les mots étrangers ou empruntés à d’autres langues on utilise les katakana. モンペリエ, donc. L’explication que j’en ai eue est qu’à l’époque où l’on traduisait en japonais les textes bouddhiques, les moines auraient trouvé que les caractères arrondis des hiragana se mariaient mal aux illustrations et autres aspects esthétiques de ces documents. Ils auraient donc créé cet alphabet syllabique alternatif aux traits plus droits. Je ne sais pas si c’est vrai. J’irai vérifier plus tard. Pour celles et ceux qui se demandent si on peut écrire Montpellier en kanji, c’est-à-dire avec les caractères chinois tels que ceux avec lesquels on écrit Japon en japonais, 日本 (ça se lit nihon), vous croyez vraiment qu’il y a des caractères chinois pour dire Montpellier ? Sans déconner, faites un effort, c’est assez compliqué comme ça.

Donc, aujourd’hui, je n’aurai pas le temps de rédiger ma note de blog le matin car je présente l’une des associations dans lesquelles je suis bénévole à quatre jeunes en service civique de neuf heures à midi. C’est pourquoi je la rédige dans la nuit. Je ne voulais pas chercher un sujet trois heures, parce que j’aimerai quand même me coucher avant que le soleil ne se lève et, ô comme le hasard a cette fois-ci fait les choses pas trop mal, il se trouve que je viens juste de corriger une partie du mémoire d’une amie qui cause des questions identitaires dans les écrits francophones d’auteurs·es non-Français·es. J’y ai découvert l’existence d’Akira Mizubayashi, 水林章 (水林: Mizubayashi, 章: Akira) en kanji, みずばやし あきら en hiragana, qui a vécu ses premières années d’exilé volontaire en France. Et où ça, en France, précisément, messieurs-dames ? Parce qu’il parle du « Bonjour messieurs-dames », qu’il ne se sent pas être en position de dire en entrant dans une boulangerie en tant que non natif. À Montpellier ! Et il a même étudié à l’Université Paul-Valéry, comme moi ! Voilà voilà. Et comme en ce moment j’étudie le japonais et j’essaie de trouver tous les liens trouvables entre cette langue et moi pour m’en faciliter l’accès et baigner dans la culture du pays où on la parle le plus, nul doute que je vais acheter ses bouquins dans les semaines qui viennent. En vérité, j’ai pas grand chose à vous en dire, puisque je n’ai lu son nom qu’aujourd’hui pour la première fois, et puis je ne vais pas recopier des passages d’un mémoire qui n’a pas encore été soutenu, ça ne se fait pas. Mais je vous en reparlerai certainement très bientôt.

Photo par Gwlad (rue du Bastion Ventadour)

Ce soir, que pouvez-vous faire à モンペリエ, justement ?

À 19h30, au Barricade, 14 rue Aristide Ollivier : projection du film Stalker de Andreï Tarkovski, dans le cadre du cycle sur le cinéma soviétique, suivie d’un débat. Adhésion à l’association 2€ pour l’année, puis entrée à prix libre ou gratuite, et consommations non-obligatoires très peu chères.

ou

À 20h, au Centre Rabelais, sur l’esplanade Charles de Gaulle, dans le cadre de l’Agora des Savoirs, conférence Cocktail toxique. Comment les perturbateurs endocriniens empoisonnent notre cerveau ? par Barbara Demeneix. C’est gratos, mais vaut mieux arriver un peu à l’avance si on veut être sûr·e d’avoir des places.

ou

Débrouillez-vous, vous êtes grand·e, vous trouverez bien de quoi occuper votre soirée.

Allez, bisous, et à demain.

#57 – Montpelliérien #057 – Connaissez-vous Numéro 0 ?

Salut à toutes, salut à tous. Ah, l’humeur ! à quoi ça tient. Hier c’était ouin ouin, aujourd’hui c’est pas ha ha, mais ça va tout de même mieux. Je vais vous dire à quoi ça tient parce que je le sais très bien. Avant hier, j’ai picolé. Pas beaucoup, mais assez pour me mettre dans un état de déprime intense le soir-même et le lendemain. Ça faisait cinq mois que j’avais pas bu une goutte. Bon, ben voilà. On est reparti pour se surveiller à chaque seconde, se trouver des activités qui fassent qu’on se laisse pas le temps d’avoir l’envie de, voir des gens parce que c’est le meilleur palliatif aux paradis artificiels (ou aux enfers, c’est selon le point de vue) d’être entouré·e de personnes qu’on aime. En tout cas pour moi.

En attendant, je vais vous parler d’un magazine confidentiel. Si confidentiel que vous n’en avez jamais entendu causer. Enfin, je l’ai vite fait évoqué ici, une fois, pas plus. Il s’agit de Numéro 0. Hein ? Qu’est-ce que c’est ? Et bien, c’est un peu compliqué à expliquer. Le concept est un peu tordu, et si vous demandiez à chaque participant·e ce qu’est Numéro 0 pour elle ou lui, il y a de grandes chances que vous récoltiez une réponse différente à chaque fois.

Je vais donc vous dire ce que c’est Numéro 0, en tentant de rester technique. On y va. C’est un magazine au format HTML qui est distribué uniquement aux personnes y ayant participé. Ce format permet de faire à peu près ce qu’on veut (texte, dessin, photo, collage, vidéo, musique, etc.), et ce mode de distribution permet à chacun·e de s’exprimer librement. Pourquoi ? Parce qu’on peut détourner d’autres œuvres protégées sans se soucier de se voir coller un procès, parce qu’on peut parler de son intimité en sachant que ça ne sortira pas d’un tout petit cercle de personnes bienveillantes, et enfin parce qu’on peut bénéficier d’un public réel mais restreint pour se lancer dans l’exploration de nouveaux domaines artistiques sans trop s’exposer, sans avoir trop peur de se ridiculiser totalement si ce qu’on fait n’est pas très bon. Il n’y a aucune ligne éditoriale. Aucun tri n’est effectué parmi les œuvres proposées, tout ce qui est soumis et inclus. Le magazine est à chaque fois différent, en fonction des thèmes et des média choisis par les autrices·eurs présents·es à chaque opus. Tout ce qu’on demande, c’est que les participants·es donnent au mag un travail inédit, qui n’ait jamais été publié ou montré ailleurs. Pour autant, chacun·e reste évidemment propriétaire de son œuvre et une fois celle-ci mise dans le magazine, il ou elle peut en faire exactement ce qu’il ou elle veut, la diffuser où et comme bon lui semble.

Numéro 0 est un mensuel. Chaque mois (oui, car mensuel signifie qui sort une fois par mois, décidément vous en apprenez des choses ici, vous avez bien fait de venir) est fixée une date limite de participation, un mardi généralement, avant laquelle chacun·e envoie les machins qu’il ou elle a fait aux autres. Puis ensuite vient la soirée dite de bouclage, le samedi suivant, qui n’est pas du tout un bouclage de quoi que ce soit, mais plutôt un apéro géant durant lequel on commente chaque participation. On se retrouve chez l’un·e d’entre nous pour les Montpelliériennes·s, et sur skype pour les autres. Le magazine existe depuis février ou mars, je me souviens pas bien, 2015. On vient donc de ne pas fêter ses trois ans, parce qu’on s’en fout un peu.

Photo par Gwlad (rue du Guesclin)

Si l’envie vous prend de participer à Numéro 0, envoyez-moi un message via la page de contact sur le blog et je transmettrai votre demande au reste du groupe. Pour ce mois-ci, c’est raté. La date limite de participation, c’est ce soir à minuit. Mais pour le mois prochain ou le suivant, qui sait, on étudiera votre dossier (en fait on ira juste discuter en buvant une mousse ou un jus de tomate, simplement histoire de s’assurer que vous êtes pas un·e néo-nazi qui compte salir notre joli petit magazine avec ses idées de merde, ou un·e putain de psychopathe qui veut tous nous buter. On est très libres mais faut pas déconner).

Si l’envie ne vous prend pas de participer à Numéro 0, je ne sais pas trop quoi vous dire. Aujourd’hui, c’est mardi, et mardi à part les scènes ouvertes et autres jam sessions le soir, il ne se passe pas grand chose. Pas de vernissage en vue, pas particulièrement de théâtre, pas de diffusion de films indépendants dont j’aurais eu écho. Un mardi, quoi. Démerdez-vous ! (Démerdez-vous ! c’est le nom du hors-série papier Numéro 0, 76 pages, 200 exemplaires, trouvable au hasard, à gauche à droite, en ville.)

Allez, sur ce, restez créatifs et à demain !

#56 – Montpelliérien #056 – J’espère que vous étiez pas venu·es pour vous marrer

Le genre humain excelle dans deux domaines : souffrir et mourir. Parfois, il n’est pas mauvais pour rire non plus. S’il est dur de rire lorsqu’on souffre, et qu’on n’a que rarement vu des gens mourir de rire ou rire en mourant, on peut en tout cas très bien mourir en souffrant et souffrir en mourant, ce qui est rigoureusement la même chose. C’est pourquoi ces deux-là vont de pair et pas les autres. On peut également se donner la mort à cause d’un excès de souffrance, ou bien souffrir en excès de la mort d’un congénère ou de la disparition d’un être ou d’une chose. En revanche, on se suicide rarement de ne plus en pouvoir de rire à longueur de journée, bien qu’on puisse en ressentir de lancinantes douleurs aux joues.

Pourquoi je vous dis tout ça ? Parce qu’alors que j’étais parti marcher au soleil de bon matin pour voir un peu si mes idées noires allaient se faire pulvériser par la pluie de photons, un homme, juste à côté de l’Opéra Comédie, arrivé pile à mon niveau, hurle : « VIVE LA FRANCE !!! » et, s’accompagnant du geste des conducteurs de locomotives relâchant la vapeur et pliant les genoux, pète deux fois : prout, prout ! Je n’ai pas tout de suite compris ce à quoi je venais d’assister. C’est monté au cerveau quelques mètres plus loin. J’étais trop triste pour rire franchement, mais au fond de moi quelque chose a remué, et pendant quelques secondes j’ai dû sourire un peu. C’est toujours ça de pris.

Oui, je sais, je devrais pas écrire ce genre de choses. Je veux dire ma tristesse, pas le gars qui fait vive la France prout prout. Des trucs comme ça, justement, faudrait que j’en écrive plus. Mais là j’ai beau fouiller dans ma mémoire, le seul truc y ressemblant c’est un mec qui, en passant à vélo à côté de moi, a gueulé : « que la mort emporte toute l’humanité, qu’est-ce que j’en ai à foutre moi ? », alors vous voyez… Je peux même vous donner la date, j’avais noté ça sur mon téléphone, c’était le 14 août 2016. C’était juste à côté de l’arrêt Pompignane de la ligne 4 du tramway. Il faisait super chaud, je me souviens. Dire que déjà ce jour-là j’étais sorti marcher en espérant que ça irait mieux au soleil. C’est désespérant.

Photo par Gwlad (place Auguste Gibert)

Aujourd’hui, j’ai pas noté de choses à faire. Ni concerts, ni expo, ni pièces de théâtre, ni pique-nique, ni rien. Aujourd’hui, j’attends qu’on soit demain. On verra bien, les choses y paraîtront peut-être un peu moins moches. Passez donc une bonne journée pour moi si vous le pouvez, sinon dites-vous qu’on est au moins deux à se triturer l’humeur si ça peut vous soulager. Allez, salut.

#55 – Montpelliérien #055 – Dormir jusqu’à pas d’heure

Aujourd’hui, je n’ai pas mis le réveil.

Je me suis lâché la grappe, comme on dit. J’avais accumulé pas mal de sommeil en retard ces dernières semaines. Évidemment, j’ai quand même pensé au blog, je me suis dit c’est pas sérieux. Mais en vérité, même quand je me dépêche pour sortir un article à 9h30, je remarque que la plupart d’entre vous ne commence à débouler que vers midi environ, et puis je n’ai jamais promis de publier les articles à une heure précise, en fait. Hier, j’ai donc décidé de ne pas mettre le réveil pour ce matin.

Ce matin, parlons-en. Je suis dans mon lit, en train de me sortir du sommeil tout seul comme un grand, les idées encore un peu embrumées, et je sens bien qu’il est exactement la même heure que d’habitude, que quand je le mets, mon réveil. Je me dis tiens, je vais leur raconter ça sur mon blog. Bien sûr ça n’intéressera personne, mais il faut bien que je leur raconte quelque chose à ces braves gens. Là, à ma grande surprise, le réveil sonne. Tout en décidant de ne pas le programmer, je l’avais quand même fait. Sans doute par réflexe. Je l’arrête et je jette un bref coup d’œil à mon écran : il est effectivement exactement la même heure que d’habitude. Sur ce, je me lève un peu déçu, j’enfile un froc, me ramène dans le salon, je dis bonjour à mon ami qui a dormi là et qui en est déjà à son second café. Je lui dis aussi putain, même quand je mets pas le réveil (ce n’était qu’un demi-mensonge) je me lève à la même heure ! Et il me dit, mais non, on est passé à l’heure d’été.

Des dimanches qui commencent comme ça…

C’était la rubrique « Si t’as rien à dire, te force pas ! Enfin… maintenant qu’on est là… »

Photo par Gwlad (rue de la Méditerranée)

De nos jours, tous les appareils se mettent à l’heure automatiquement, on peut plus savoir. La dernière fois, ma mère m’a appris à l’occasion d’un de nos appels presque mensuels qu’on avait changé d’heure deux semaines auparavant, je ne m’en étais toujours pas aperçu.

Bon, passons à autre chose. En ce dimanche 25 mars se déroule toujours le festival des jeux de rôle Au-delà du Dragon, salle Pagezy, de 9h à 20h, entrée gratuite. Sinon, avec le printemps, c’est le retour des vide-greniers. Aujourd’hui, vous en avez un de 7h à 17h, allée Artémesia Gentileschi et allée Donatello. Voilà un très bon sites pour savoir où et quand trouver ces marchés de l’occasion : https://vide-greniers.org/. Il y a aussi les antiquaires et brocanteurs d’objets inutiles et trop chers pour moi au Peyrou, jusqu’à 14h environ. Et ce soir, Neil Conti & the Lazy Sundaze à la Pleine Lune, je vous en avais déjà causé ici : Neil Conti & Paul & Valerie & The Lazy Sundaze. C’est de 18h à 22h à la louche, et c’est gratos aussi. Ou alors vous avez soirée open mic à l’O.D.B. à partir de 21h. Alors venez pas me dire que vous avez larvé parce qu’il n’y avait rien à faire.

Sur ce bon dimanche grisailleux et à demain !