#24 – Montpelliérien #024 – Vous vous êtes perdu·e ?

Lectrice·eur, j’ai une question à te poser : que viens-tu chercher ici ? Ça te dérange si je te tutoie ? Bon. Mais franchement, depuis le temps qu’on se connait maintenant… Enfin, du coup, qu’est-ce que vous venez chercher ici ? Chaque jour je mate les stats de la veille, et chaque jour je suis étonné par le nombre croissant de visiteurs·ses. Moi qui comptait faire ce blog plutôt pour moi et m’entrainer à écrire un peu tous les jours, je commence à ressentir comme l’ombre d’une pression. Rien de trop inquiétant mais quand même. Pourtant je n’ai même pas encore parlé de Delfeil de Ton ! Je veux dire, j’aurais rédigé une note sur l’écriture inclusive, la féminisation des noms de métiers et fonctions, genre un article susceptible de générer du clic et du trafic, comme le disent les plus fins webologues, je comprendrais, mais ce n’est pas le cas. Enfin, ça viendra quand même. Un ami m’a encore demandé hier quand est-ce que ça viendra, je lui ai répondu comme à vous que ça viendrait.

J’ai dit que je comptais le faire pour moi, d’accord, mais bien sûr que j’espérais avoir quelques personnes pour me lire. Donc je suis ravi. Au départ, moi qui me suis désabonné de Facebook et de Twitter il y a un bon moment, je refusais de passer par les réseaux sociaux. J’aime pas du tout l’influence que ces machins-là ont sur notre quotidien. J’aime encore moins qu’aujourd’hui ils soient un passage obligatoire pour diffuser quoi que ce soit. Je vais faire vieux con là, mais je suis nostalgique de l’époque où tout ça n’existait pas et où on voguait de lien en lien, de site en site, tels des tarzans dans la jungle de l’internet 1.0. Sur chaque blog, la personne nous proposait des liens vers d’autres blogs et sites qu’elle affectionnait, et ainsi chaque jour on en découvrait. Ces liens on les gardait en marque-pages ou en liste de flux RSS qu’on allait consulter chaque jour, sans attendre que le blogueur ou la blogueuse nous les envoie sous le nez via la plateforme commerciale de son choix. J’ai voulu faire ça les quinze premiers jours, mais ça ne marchait pas. Je vois par les stats du blog que personne ne va sur les pages liens et RSS. Prenant conscience de ceci et en en parlant avec des amis, je me suis résolu à relancer Twitter. Facebook c’est mort, n’y comptez pas, je chie dessus toute ma colique acide.

Un nouveau compte Twitter, donc. Je ne tweete qu’une fois par jour, pour informer d’une nouvelle note de blog. Ça ne marche pas si bien, ça ne marche pas si mal. En tout cas, au final, vous ne venez clairement pas tous ici par ce biais-là. Le monde est plein de surprises. Tout ça me fait donc chaud au cœur. Mais par contre ça me fait mal aux seins d’avoir craqué, donc si ça continue à bien marcher sans, je le fermerai sans doute un jour. Car oui, dans mes rêves les plus fous, mes amies·s et lectrices·eurs passent le lien vers mon site à leurs amies·s Montpelliériennes·s et de bouche à oreille le blog se fait connaître sans passer par les réseaux sociaux du tout. Un truc un peu underground quoi. Mais hélas, il faut bien se rendre à l’évidence, le bouche à oreille pour les sites, ou le touche à e-mail, ça ne se fait plus beaucoup, c’est un chapitre presque clos de l’histoire des pratiques de l’internet. Je dis presque parce que je sais que certains·es d’entre vous l’ont fait et que d’autres sont venus·es par ce biais. Et ça, ça fait plaisir ! Vous, vous êtes de vrais vieux et vieilles comme moi. On chantera the Hamptser Dance ensemble à la prochaine IRL des blogueurs·ses (vérification faite, cette rencontre IRL a existé à Montpellier mais c’est fini, et je ne parle pas des deux rencontres IRL BlogBD que j’ai organisées en 2006 et 2007, ou 2007 et 2008, me souviens plus, non non, des IRL genre blog mode et tendance où j’aurais parfaitement eu ma place).

Photo par Gwlad (rue Meyrueis)

Montpellier, hein ? Ben hier on est allés à la Petite Scène au final, pour la Jazz Session suivie d’une Jam Session. Je vous avais bien mal orientés·ées, hier, en vous glissant deux lieux où les conso sont obligatoires. Je ne le referai plus. Bon. La Jazz Session était… sympa sans plus. En même temps y avait dégun, les musiciens avaient pas de quoi se chauffer la motivation. C’était un trio, piano, contrebasse, guitare. Le guitariste était sympa, le contrebassiste avait une mèche, le pianiste était discret. C’est mou ? Oui ben j’essaie de rendre honneur à leur style. Eux aussi c’était mou. Pas mauvais, y avait tous les éléments du jazz, mais mollement, pas motivément, puisque-on-est-là-autant-jouer-mais-ça-nous-emballe-pas-plus-que-çament. Enfin, comme je l’ai dit, ça se comprenait on devait être six dans la salle.

Plus tard deux autres musiciens sont montés sur scène pendant la Jam Session et là ça a commencé à envoyer de façon bien sympathique. En premier lieu un batteur qui a apporté l’énergie qui manquait, qui savait écouter, qui improvisait très bien, qui tapait peut-être un peu trop sec à mon goût, manquait de moelleux. Mais vraiment très bon. Puis un saxophoniste, est-ce que c’était vraiment un saxo ? Il commençait à se faire tard et on est partis pas longtemps après. Je dois vous avouer que la soirée au bar, sans alcool, je m’étais habitué, sans clopes, puisque j’ai re-arrêté, c’est beaucoup plus dur, je manque de repères, ça me frustre pas mal. Enfin, ce joueur de peut-être saxo à commencé à relever le tout de petites épices harmoniques, à apporter des solos qui prennent aux tripes et des couleurs variées sans laisser à entendre un seul instant d’hésitation. Je dis ça juste après vous avoir expliqué que j’étais pas assez attentif pour retenir l’instrument dont il jouait, c’est vraiment se foutre de votre gueule. Et vous vous ne dites rien ?

Sinon j’ai rêvé que Pomme de Reinette et Pomme d’Api était en liquidation, et qu’avec Koinkoin (qui nous fera bientôt des photos pour le blog) on entrait dans leur local complètement vide, c’était très étonnant, d’autant que je ne me souvenais pas de cette immense partie où ils vendaient des cuisinières qui pour le coup leur restaient sur les bras. Et oui, il faut être moi pour faire des rêves comme ça, ce n’est pas à la portée de n’importe qui.

Allez, assez de bêtises pour aujourd’hui.

Nostalgique du net pré-réseaux-sociaux

(non, je garde pas ce pseudo non plus, je suis pas nostalgique en vrai, parce que je sais que dans le futur, les réseaux sociaux on les aura foutus par les fenêtres, c’est un truc de vieux les réseaux sociaux)

#23 – Montpelliérien #023 – R.A.S. au R.S.A.

Je vous ai dit que j’avais plus une thune ? Ah, oui. Je vous l’ai dit hier même. Je sens que vous vous êtes inquiétées·s. Il ne fallait pas. Non, vraiment, tout ça est bien mérité. On ne m’a pas volé, on ne m’a pas viré. J’ai décidé de faire la mendicité à la société plutôt qu’à… Ah attendez, j’ai un tout petit texte écrit il y a plus de deux ans, je vais vous le mettre là, il est de circonstance.

La charité

Hier, je sors de chez moi, un mec barbu devant ma porte se précipite pour me demander du pognon. Arrivé au bout de la rue, un mec pieds nus se précipite pour me demander du pognon. Au distributeur, une femme âgée reste assise pour me demander du pognon. Devant les portes du supermarché, un gringalet titube vers moi et me demande du pognon. À la caisse, une fille fatiguée me demande du pognon. En sortant, le même gars qui titube me redemande du pognon. Je vais m’asseoir dans le parc pour manger mon sandwich, un type s’assied à côté de moi pour me demander des clopes. Ou du pognon. Je rentre à l’appartement, j’ouvre mes e-mails, un virement n’est pas passé, mon agent immobilier me demande du pognon. À peine ai-je le temps de répondre au message que mon téléphone sonne, c’est mon banquier, il me demande du pognon. Il faudrait vraiment que je cherche du travail, mais je n’ose pas aller trouver un patron, il va bien se douter que je viens lui demander du pognon.

Voilà, voilà. On peut pas dire que ce soit un grand texte à thèse sur la défense du sans-emploiïsme, mais c’est tout ce que j’avais en stock. En tout cas, on peut pas m’accuser de n’être pas la France qui se lève tôt, comme disait un certain Sarkozy aujourd’hui oublié de l’Histoire et c’est tant mieux. Puisque tous les matins je suis debout à 7h30. Avant c’était 7h45, maintenant c’est 7h30, j’aime être un poil en avance sur le soleil. Vous en connaissez beaucoup vous, des qui se lèvent si tôt alors qu’ils ne travaillent pas et qu’ils ne cherchent pas de travail ? Oui, en fait il y en a beaucoup. Ça s’appelle des « retraités », retenez bien ce mot, un jour vous en rêverez. Oh mais bien sûr, je vous vois venir, 7h30, c’est de la gnognotte. Combien se lèvent à 6h, pour se préparer, déjeuner, lever les enfants, les préparer, les faire déjeuner, les amener à l’école, faire quarante-cinq minutes de voiture jusqu’au boulot, travailler leurs sept heures, et rentrer chez eux, récupérer les enfants, leur faire faire les devoirs, leur faire à manger, manger soi-même, les mettre au lit, se mettre au lit, tomber dans un sommeil sans rêve et rebelote le lendemain ? Tout ça pour un SMIC ? Et ben, si vous croyez que c’est avec des descriptions d’un enfer pareil que vous me donnerez envie d’aller me faire employer… Je comprends que certaines·s aient fait des erreurs au cours de leur vie, ou que d’autres n’aient juste pas eu les moyens de voir le piège se refermer sur eux·elles, mais s’il vous plaît, ne me dites pas que pour vous c’est la seule manière correcte de vivre. Ça c’est pas possible.

En fait, c’est même pas de bosser qui me gène, je crois. C’est de faire ça parce que tout le monde le fait dans des conditions à peu près similaires, dans l’urgence, sans trop se poser de question. Comme si leur survie en dépendait, prennent le premier job qui leur tombe sous la main sans se soucier de ce que ça implique pour eux et pour les autres, d’aller bosser chez McDo par exemple… Ce qui m’ennuie surtout, c’est de faire les choses pour le pognon. Je fais un blocage sur ça. Faire les choses pour de l’argent me paraît sale. Se pourrir la vie, et celle des autres parfois, pour de l’argent… C’est immonde. Travailler à atteindre des objectifs qui nous sont chers, à faire le monde un peu moins moche, à faire que les gens soient un peu moins malheureux, je le conçois et j’admire. Il y a de beaux métiers qui incidemment rapportent à ceux et celles qui les exercent un petit paquet de fric. Ça ne me pose pas plus de problème. Mais il y en a peu dans le genre, et peu de gens qui envisagent le travail de cette façon. Du coup je préfère en rester à mon bénévolat dans les diverses associations qui me tiennent à cœur.

Photo par Gwlad (rue Albert Leenhardt)

Je viens de calculer, là, comme ça pour voir, ces textes que je ponds tous les matins, d’une moyenne de 900 mots par texte, et bien si j’étais payé pour, à 75€ les 1000 mots, ça me ferait un peu plus de 1800€ par mois. Ouais, je sais, faudrait que quelqu’un ose me payer pour ça, sans doute que les autres patrons de presse se moqueraient de lui·elle. Je vais lui économiser ça, je n’irai pas le ou la trouver pour lui demander du travail. Vous voyez, je suis un chômeur altruiste.

Blague à part, ce que je cherche bien maladroitement à vous dire c’est que de ne pas bosser, ce n’est pas simplement le choix du fainéant. Du feignant. Non, définitivement du fainéant. Connaissez la différence ? Oui ? Ben tant pis, je vais la dire quand même, j’ai envie d’étaler ma science. Le fainéant, ou la fainéante, c’est celui ou celle qui fait néant, qui ne fait rien. Au contraire, le feignant ou la feignante, c’est celui ou celle qui feint de faire, qui fait semblant de travailler. Donc soit fait mal la tâche qu’on lui a assignée, soit ne fait rien, seulement il faut démasquer son petit stratagème avant de s’en rendre compte. Le fainéant et la fainéante assument, alors que le feignant et la feignante jouent la comédie. Choisissez votre camp.

Donc, ne pas vouloir gagner de thune, ça va plus loin que de ne pas vouloir bosser. Par exemple je vais bientôt sortir un petit recueil de mes textes écrits pour un magazine gratuit, il y aura d’ailleurs dedans le texte sur la charité que vous avez lu plus haut, ce recueil fera 100 pages, il me coûtera 250€ les cinquante exemplaires. Et il sera gratuit. C’est du suicide me dites vous ? Disons pas du suicide, mais la promesse de ne pas manger équilibré pendant un bon mois pour quelqu’un au RSA. Mais c’est un choix que je fais, un choix motivé par autre chose que l’envie de ne rien glander, vous vous en rendez bien compte ? Enfin, on en rediscutera un jour, si j’ai au moins réussi à vous faire ne serait-ce que pressentir que parfois les gens qui ne travaillent pas, ce n’est pas juste pour profiter des autres, c’est parce que l’argent ne les attire pas ou que l’organisation du travail les repousse, ce sera déjà ça.

Bon. Ce soir il faut bien sortir quand même, on est pas des bêtes. Mauvaise expression. On est des bêtes, mais on n’est pas des bêtes du genre qui vivent au fond des grottes. Bon, z’avez pigé. Et où qu’on va quand on a pas de thunes ? On va là où les concerts sont gratuits et où les patrons·nes nous font pas trop chier quand on consomme pas, j’ai donc repéré pour ce soir cinq [quatre ?] trois concerts gratuits dans le Mama Sound. Ben oui, vous voulez que je les repère où ?

On nous dit que c’est du jazz : Gramophone Stomp à 20h30 à L’Angélus (rue de l’ancien courrier) apparemment c’est un resto, oubliez si vous avez pas la thune, Little Guinguette à 21h au Gazette Café (à deux pas de la gare), et la classique Jazz Session à 21h30 à la Petite Scène (quartier Saint Roch). [On nous dit que c’est du blues : Siryel  à 21h au Willie Carter Sharpe (3 rue Collot, juste à côté de la place Jean Jaurès) Mais paraît qu’ils font chier pour laisser rentrer le gens si y a pas de places assises donc ça voudrait dire qu’il faut absolument consommer, j’irai vérifier ça par moi-même un de ces jours. En attendant, allez-y, allez-y pas, ce sera la surprise]. On nous dit que c’est risqué : soirée Open Mic à 20h30 au Black Out (derière les Halles Castellane).

Voilà. Dites-donc, ils sont de plus en plus longs ces articles. Alors que je n’ai pas de plus en plus de choses à dire. C’est mauvais signe. À demain si je n’ai pas fait un burn-out.

#22 – Montpelliérien #022 – Du Satin Blanc

Alors ça va mieux vous ? C’était pas la forme hier. Comment ça moi ? Moi, ça allait très bien, seulement je ne voulais pas vous laisser seul·e à votre déprime alors, par solidarité, vous voyez quoi… Enfin, aujourd’hui vous avez repris des couleurs, on va en profiter pour causer un peu d’autre chose. On va causer cinéma.

Hier, donc, j’étais au pub. Et oui. Pas pour boire, pour voir un film, faites un effort s’il vous plaît. J’avais lu le matin même dans le e-metropolitain (comme l’article parlait d’autre chose que de gendarmes, de flics, d’affaires scabreuses et de faits divers morbides je n’avais pas reconnu le site au départ) qu’un film Montpelliérien, Du Satin Blanc, devait être diffusé le soir même au pub tendance irlandisante O’Sullivans. Donc, moi quoi faire ? Petite journée petit moral, soirée film : c’est idéal. Je me dis allons-y. S’il est pas bien ça me donnera l’occasion de le critiquer sur mon blog (voyez si je suis vilain quand j’ai pas toutes mes vitamines), s’il est bien je pourrai en parler aussi. Je vous spoile la fin de l’article, au cas où vous n’ayez pas le temps de le lire en entier parce qu’il est long : j’ai passé un très bon moment.

Est-ce que je vous raconte comment je n’avais pas vérifié l’heure avant de partir et que j’étais en avance, et comment je suis allé marcher une heure après avoir pris ma place parce que je n’ai plus une thune et que c’était soit la place pour le film, soit un jus de tomate ? Non, je ne vous le raconte pas, vous n’aurez qu’à l’imaginer. On va passer au film.

Juste avant, je tiens à dire que les spectateurs étaient accueillis par Gloria Rodenas et Camille Amilhat. Gloria Rodenas, c’est la réalisatrice du film, elle est également co-scénariste et actrice. Camille Amilhat est elle aussi co-scénariste et actrice. Si j’ai bien fait mes devoirs, je ne dirai pas de bêtise en racontant qu’elles sont toutes les deux à la base du projet, et donc qu’apparemment elles l’accompagnent attentivement dans les lieux où il est projeté. C’est une preuve que leur film leur tient à cœur. Je ne leur ai pas demandé si elles étaient présentes à chaque fois, mais si c’est le cas elles ont dû voir du pays puisque le film a été sélectionné pour des festivals à Moscou, Calcutta et Aoste, et a même remporté deux fois le prix du meilleur long-métrage indépendant à Londres et à Berlin. Indépendant, il l’est, car le financement s’est fait en bonne partie sur KissKissBankBank (8500€). Le reste du financement ce sont deux aides : une par la ville de Montpellier via la Bourse Initiative Jeune, l’autre par le Crédit Mutuel via le prix Jeunes Qui Osent. Je crois que Gloria a annoncé les chiffres exacts de ces subventions-là, mais j’ai pas été assez rapide pour noter, dommage. Ça, ça aurait pu vous intéresser si vous étiez jeune réalisatrice·teur. Heureusement que je ne suis pas payé pour écrire, ce serait un scandale.

Photo par Gwlad (rue du Grand Saint Jean)

Vous en voulez du Montpellier ? Du Satin Blanc vous en donne. Des rues, des places, des références, ça foisonne. Dès la séquence d’introduction. C’est plaisant. En tant qu’habitant de la ville on s’identifie pas mal. Regardez, les verres dans lesquels les personnages boivent le pinard, c’est ceux des Estivales, comme chez tout le monde ici. On ne les voit pas se briser à peine posés dans l’évier, mais on l’imagine très bien. Ce n’est pas l’essentiel du film, ce Montpelliéranisme exacerbé, mais c’est quand même agréable de voir sa ville comme un décors de cinéma pour une fois, plaisir d’ordinaire réservé aux Parisiens. La dernière fois que j’ai vu Montpellier dans un long-métrage, c’était dans Didier, la comédie d’Alain Chabat dans laquelle il joue un labrador transformé en homme. Hum.

L’histoire… Mais ai-je envie de vous raconter l’histoire ? Non j’en ai pas envie, j’aimerai plutôt vous parler de ce qu’a provoqué le film chez moi. Le synopsis vous pouvez le trouver n’importe où. Enfin on a quand même besoin de parler des personnages avant, ne serait-ce que pour nommer les acteurs principaux. Les personnages, donc : quatre jeunes entre vingt et trente ans, chacun leur genre, chacun leurs soucis. Gloria RODENAS joue Rose, employée d’un salon de coiffure, sur le point de se marier. Camille AMILHAT joue Lily, jeune fille qui semble enchaîner les relations extra-courtes et qui aimerait bien trouver le bon mec. Lise-Dehlia CHEMSSEDDOHA joue Sarah, jeune mère au chômage qui élève seule sa fille de six ans, Amina (jouée par Léna TASSEL). Enfin, David GUERCHON joue Simon, jeune mec qui cherche son homme parfait, en attendant lui est l’ami parfait de Sarah.

Voilà. Qu’est-ce que je voulais en dire de ces personnages ? On écrit, on écrit, et puis on fini par se perdre. Laissez-moi me relire. Ah oui. Les personnages sont tout le film. C’est un film réaliste, il n’y a pas plus d’intrigue qu’il n’y en a dans nos vies. Il y a des évènements, il y a des attentes, de la part des personnages et donc des spectateurs, mais il n’y a pas de dénouement d’une situation attendue depuis le départ dans un grand feu d’artifice. Et ça, ça ! C’est vraiment bon. Ça fait du bien. Attention, je ne dis pas qu’il n’y a pas de progression visible au cours du film. Il y en a. Chaque histoire avance de son côté et notre relation aux personnages se développe, donc on se laisse être de plus en plus touchés·ées par eux. Autrement dit, les évènements prennent de l’importance à mesure que la bande en prend pour nous, mais on ne nous impose simplement pas une histoire principale. Choisissez celle qui vous plaît le plus, et au final laissez-vous séduire par toutes.

Ce qui m’a le plus touché chez ces personnages, c’est, outre le fait qu’ils soient tous extrêmement sympatiques et qu’on aimerait faire partie de leur groupe d’amis, la manière dont chacun·e semble être dans une situation parfaite à un moment donné, mais comme en vérité chacun·e peut se mettre à souffrir une fois seul·e dans son coin. Et de quoi chacun·e souffre-t-il ou t-elle ? De peines de cœur. Évidemment. Pas très original vous allez me dire. Non. Mais c’est bien fait. C’est doucement traité. Oui, c’est ça. D’une, je trouve que c’est un thème important de notre époque. Aujourd’hui, chacun·e se montre sous son meilleur jour, publie son meilleur profil, raconte ses meilleures anecdotes, passe sous silence ses doutes et chagrins. Mais même la nana super mignonne qu’a l’air d’avoir tous les mecs qu’elle désire à ses pieds connaît ses moments de solitude, même la fille qui va se marier avec l’amour de sa vie a ses petites faiblesses dans son rapport aux autres qui finissent par lui nuire, même la bonne pote qu’a toujours la patate et le sourire au bec, qui fait marrer tout le monde, des fois elle chiale le soir quand elle est seule. Et de deux, c’est traité sobrement, c’est très naturel. Rien de plus rien de moins que ce par quoi nos amies·s et nous sommes tous passées·s. Pas de grand drame. Pas de violons en renfort des situations désespérées, de grands cris, de vaisselle qui se brise. Quand les personnages pleurent, ils pleurent en se cachant, avec toute la pudeur qu’on met dans ces instants-là. Quand ils souffrent dans une scène, rien ne vient nous forcer à trouver plus d’intensité à celle-ci qu’à la précédente, celle où le petit groupe passait du bon temps ensemble, où l’on se réjouissait justement des liens forts qui peuvent se tisser entre des personnes qui s’aiment, qui se choisissent comme famille. Il y a pourtant des passages assez poignants, moi en tout cas j’en menais pas large quand j’ai compris ce qu’impliquait la scène tournée à la place de la Canourgue (c’est ma façon de spoiler le moins possible, tant pis si vous comprenez rien à ce que je raconte), mais ce n’est pas parce qu’on m’y a incité en me piquant les côtes avec du piano triste, ni en me découpant des oignons en rondelles de ralentis dramatiques sous le nez (cherchez pas, ça veut rien dire). Non, c’est parce que je m’étais lié au personnage et que je me sentais concerné. J’avais envie de faire quelque chose pour elle, mais en tant que spectateur, hélas, j’étais impuissant.

Photo par Gwlad (rue du Grand Saint Jean)

Sur ce film souffle un petit vent frais, donc. L’histoire n’est pas ultra originale, c’est vrai. Comment le serait-elle puisqu’il s’agit du quotidien de personnages qui pourraient être vous, qui pourraient être moi ? Mais je suis resté dans le film du début à la fin, je n’ai pas décroché un seul instant quand bien même, à l’exception des acteurs principaux, le jeu était parfois approximatif. J’aurais vraiment aimé les connaître ces personnages, ils me semblaient exister pas loin, à deux rues de chez moi. Ils m’ont rappelé ma vie de jeune adulte, la vie en groupe d’amis, des choses qui me manquent un peu aujourd’hui. Parle-t-on du fait que dans les cinq personnages principaux il y a trois jeunes femmes, une petite fille et un seul mec, et qu’il est homo ? Non. On n’en parle pas, l’article est déjà bien trop long pour une simple note de blog comme ça en passant, mais ça fait également du bien cette originalité de plus. Je le déplore bien, que ce soit une originalité, le fait de ne pas avoir un mec hétéro qui finira par séduire une nana en tant que personnage principal, mais dans le monde dans lequel on vit, c’en est une. Message aux producteurs bornés : en tant que mec hétéro moi-même, ça ne m’a pas empêché de m’identifier aux personnages. Osez sortir des modèles habituels, ça fait du bien à tout le monde.

Il y a beaucoup de choses à dire, et j’écris trop mal pour les dire bien. Si je devais résumer mes sentiments là, vite fait : je suis allé voir le film le moral dans les chaussettes et j’en suis sorti apaisé, un petit sourire aux lèvres. Je me suis dit que j’avais pas perdu mon temps. Je me suis dit aussi qu’il y avait des gens qui avaient dû soulever des montagnes pour faire un film qui parle de la simplicité en même temps que de la complexité du quotidien, des joies de la bande de potes et des petites souffrances solitaires, et que ça, ça faisait plaisir. Qu’elles et qu’ils avaient dû faire tout ça avec très peu de moyens et avec une volonté énorme, et c’était émouvant. Je me suis laissé dire par Gloria et Camille, en discutant deux minutes avec elles avant de partir, qu’un nouveau projet était en cours d’étude, on suivra ça de près. J’ai aussi entendu dire que le film existait en DVD, si vous n’avez pas l’occasion d’aller le voir diffusé en salle ou dans un pub, c’est une option. Moi j’avais même pas les cinq euros pour me le payer, tant pis. J’aurais bien aimé les encourager plus, d’autant que les sous récoltés par les entrées et les DVD servent semble-t-il à inscrire le film dans divers festivals autour du monde. C’est comme ça qu’un film indépendant vit. Doit-on le rappeler ? Je le rappelle.

Bon c’est trop long et c’est confus. J’arrête là. Bonne journée à tous et toutes et à demain.

#21 – Montpelliérien #021 – Ça ira mieux demain

Alors, ils vous ont plu les petits films d’hier ? C’était rigolo ? Bien. J’espère que vous en avez profité. Aujourd’hui c’est un lundi. Aujourd’hui c’est pas drôle. Les personnes qui travaillent retournent au travail, les étudiants retournent en vacances, et moi je ne retourne à rien. Si vous voulez de la bonne humeur, il est toujours temps d’arrêter là ou de retourner lire un article plus ancien. Z’êtes prévenus·es.

Hier, je vous disais en passant que j’étais fatigué, comme souvent mais plus encore. Que quelqu’un avait du mettre quelque chose dans mes cigarettes samedi soir. Évidemment c’était faux, j’ai juste tiré sur quelques joints qui passaient devant moi. J’aurais pas dû. J’ai passé la soirée flippé, à pas pouvoir dire un mot, j’ai passé le lendemain au lit et déprimé comme ça faisait très longtemps que ça m’était pas arrivé, submergé par la honte d’avoir cédé alors que je savais que ça se passerait exactement comme ça. C’est toujours le cas maintenant quand je fume. Même une ou deux taffes. Le problème c’est que je n’arrive pas à refuser un joint. J’arrive à ne plus en acheter, à ne plus y penser au cours des journées, mais si on m’en propose je prends. Dans ces soirées-là, toujours avec les mêmes personnes, le résultat est toujours le même. Ça fait des années que ces gens-là ne me voient que dans cet état, puisqu’il y a toujours des joints à ces soirées. J’en éprouve une honte terrible. Parmi eux, que des amis que j’apprécie vraiment mais avec qui on ne se voit jamais qu’à l’occasion de soirées apéro dans lesquelles invariablement on me tend un joint que je prends et boom. D’ailleurs l’une de ces personnes qui sait très bien que ça fait quatre mois que je ne bois plus m’a même proposé de la bière en cours de soirée. Incroyable. Je veux bien avoir une volonté assez solide pour arrêter l’alcool et la fumette, voire la clope en même temps, en tout cas l’alcool sûr et la fumette quand on ne me propose pas de tirer sur un joint en soirée, ce qui n’était pas arrivé en plus d’un mois, mais si même vos amis·es les plus proches ne font pas gaffe, vous êtes mort·e.

Photo par Gwlad (rue du Grand Saint Jean)

Le pire de tout, c’est qu’hier soir, dimanche, je devais voir des amis, dont une personne que je n’avais pas vue depuis un moment et qui n’avait qu’un soir de libre avant de repartir en sa Tchéquie natale. Et ben j’étais encore cramé de la veille, impossible de rester concentré trente minutes d’affilée, impossible de trouver un intérêt au fait d’être là. L’envie de rien. L’envie que ça passe au plus vite pour pouvoir me retrouver chez moi et déprimer sans faire chier personne, sans personne pour me voir dans cet état. Un seul sentiment présent à ce moment-là, la culpabilité d’être dans cet état. Ça y a pas de souci, pas besoin d’en avoir envie, elle est là sur le moment, elle est là le lendemain, elle est même encore là le surlendemain puisque je me sens le besoin de vous en causer.

Y a un rapport avec Montpellier ? Sans doute y en a-t-il un. De mauvaises habitudes prises en venant faire mes études ici. Des habitudes liées aux soirées vraiment marrantes entre amis·es étudiants·es. Les amis·es sont partis·es, les soirées se font rares, les mauvaises habitudes sont tout ce qui reste de cette période. Il faut du temps pour comprendre que pour quelques gorgées d’alcool qui soulagent un peu la nostalgie et la solitude, les quelques litres qui vont suivre seront eux complètement contreproductifs. Ça on y échappe pas, le temps, une bonne volonté, et des amis·es présents·es quand le fond de tout ça c’est le sentiment d’être seul (si ça ne pouvait être qu’un sentiment ce serait génial). Moi ça m’a pris dix ans, et la bonne volonté je l’ai maintenant, même si je me doutais bien qu’il y aurait quelques faux pas sur le chemin de la sobriété totale. Quant aux amis·es, je ne peux rien faire pour moi à leur place. Faut savoir s’aider soi-même, les autres n’y peuvent rien. S’il y a bien une chose à comprendre c’est que les amis·es, faut prendre ce qu’ils veulent bien vous donner, mais ne rien attendre d’eux. Quand on se sent mal et seul c’est ce qu’on a le plus de difficulté à accepter aussi. C’est con comme marchent les choses.

Bon, aujourd’hui encore les effets des spliffs de samedi soir ne se sont pas totalement dissipés. Je suis plus à l’ouest que d’habitude. J’ai pas retrouvé toute ma bonne humeur. Tout ce texte est donc à prendre pour ce qu’il est, une écriture presque automatique, sans correction, un truc motivé par un petit coup de déprime. J’avais envie d’en parler, mais personne pour me tenir le crachoir. Promis demain j’essaie de vous faire marrer à nouveau. Ou de vous parler d’un truc chouette du coin. C’est fou comme on s’observe le nombril quand ça ne va pas bien alors que c’est bien la dernière des choses à faire pour aller mieux.

#20 – Montpelliérien #020 – Choses promises

Vous avez cru que je ne viendrai plus ? On est pas passés loin. Réveil à onze heures pour la première fois depuis un mois, autant dire que j’ai failli ne plus jamais me lever. Du coup on va faire simple. Vous vous doutez que je me suis couché tard et que je suis bien dans le coaltar. Pourtant pas d’alcool, pas une goutte ! Simplement quelqu’un à dû mettre quelque chose dans mes cigarettes sans que je m’en aperçoive. Je n’ai plus l’habitude qu’on me drogue à mon insu. C’est l’âge ça. Donc, simple aujourd’hui, on disait. D’une, une petite sélection de films Kino Montpellier de la dernière session, d’autre part le bouquin de Sylvie Léonard sur le Street Art au centre ville de Montpellier.

Vous : On veut des actes, pas des mots !! Moi : Ah comme vous dites juste, comme je vous comprends ! Je m’exécute.

Quelques films du Kino projetés en salle le 12 février dernier :

Et maintenant que vous avez bien ri, voilà pour le livre de Sylvie Léonard sur le Street Art à Montpellier dont nous parlions ici : #018 : https://www.kisskissbankbank.com/montpellier-street-art-le-livre–2

Je peux pas faire plus simple, plus efficace. C’est parfait pour un dimanche. Ne vous habituez pas trop quand même. Allez, je vais me recoucher. À demain.

#19 – Montpelliérien #019 – Bouquins malins, bouquins radins

Hier, j’avais prévu de vous parler des bouquinistes aujourd’hui, mais vu le temps qu’il fait, ils ont dû rester au lit. Et moi aussi j’aurais dû rester au lit, car au lit on lit, oui, mais aussi au lit il fait chaud et on a pas encore la tête dans le cul. Enfin je sais pas vous mais moi, je l’ai quand je suis debout, la tête dans le cul, la question ne se pose même pas quand je suis au pieu. Encéphalorectumie, disait Alain Chabat. Pour tête dans le cul. C’est plus joli.

Juste avant de me lancer ce matin, par contre, je me disais : il faut surtout pas que tu transformes ton blog en annuaire de lieux et d’évènements, ce serait vraiment pourri. Oui je me tutoie, ça vous choque ? Quand j’ai lancé le blog, mon idée c’était de tartiner de l’article sur ce qui me passait par la tête, d’une manière amusante si possible. Puis je me suis dit que ce serait quand même bien d’avoir plus d’un·e lecteur·rice par jour, et que pour ça faudrait parler un peu plus de Montpellier sinon les gens n’allaient y trouver aucun intérêt. C’est ce que je me suis dit, c’est ce que je vous ai dit. Maintenant vous êtes une dizaine à venir chaque jour, et je me dis que vous allez être bien déçues·s si vous ne trouvez pas un petit quelque chose concernant la ville, mais tant pis. Je garde mon cap. J’ai aucune envie de faire un énième catalogue des évènements. Je n’ai aucune envie de me sentir forcé de parler de Montpellier.

Seulement voilà, j’ai vraiment la tête dans le cul, je vais clairement pouvoir faire aucun effort sur le style. Je suis pas en verve, mais alors pas du tout. Déjà que quand je suis en forme c’est limite… Comme mettre un mot après l’autre m’est bien assez difficile et que j’ai déjà fait le coup du j’ai pas envie d’écrire avant-hier, qu’est-ce qu’on fait ? On fait un catalogue des lieux où trouver des livres pas chers ou gratuits à Montpellier. Me renier c’est ma passion. Plusieurs fois par article si possible.

Photo par Gwlad (rue Meyrueis)

D’abord vous avez Gibert-Joseph, place Martyrs de la Résistance (à côté de la préfecture). Dans les bacs devant et dedans, vous trouverez de bons bouquins (des classiques et des merdouilles) à 20 cents. 20 cents !! Pour 20€ vous vous faites une bibliothèque complète. Ils ont aussi des livres à 1, 3 et 5€. Mais n’exagérez pas, restez dans vos moyens ou vous le regretterez à la fin du mois.

Vous avez ensuite les bouquinistes tous les samedis ! —enfin tous les samedis où il pleut pas— dès l’aurore ! —enfin dix heures plutôt, des fois onze— les bouquinistes s’installent sur l’esplanade Charles de Gaulle et aux Arceaux (juste avant le terrain de boules, à l’entrée du marché, si vous arrivez du côté Peyrou pouvez pas les manquer). Certains vendent des livres hors de prix, ceux-là faites leur la grimace, d’autres font 2€ les trois poches. Pas trois poches de livres, trois livres de poche.

Et enfin, il y a les boîtes à livres et autres systèmes apparentés. Qu’est-ce que c’est ? Ce sont des lieux où l’on vient prendre des livres gratuitement, et où l’on en dépose pour que d’autres personnes puissent également venir y piocher de quoi lire gratuitement. Je vais pas vous dire les lieux exacts, je trouve que c’est marrant de les chercher un peu.  Je vous donne juste des indices. J’en connais trois :

  • Quartier les Aubes, c’est une boîte qui ressemble à une cabane pour oiseaux, devant une boulangerie
  • Quartier Corum, c’est un vélo-charette, souvent sorti devant un espace de co-working
  • Quartier Figuerolles, c’est une bibliothèque, à côté de la porte du bar le plus connu du quartier

Voilà. Et comme le dit le proverbe : samediez autant que vous le pouvez, car il n’est pas sur que vous dimanchiez correctement demain. Non cherchez pas, je vous ai dit que j’étais pas en forme.

#18 – Montpelliérien #018 – Street Art à Montpellier, la conf

tap tap tap tap tap tap tap tap Ouf !! Vous êtes encore là, désolé, ça a pris plus de temps que prévu, mais c’est bon j’ai les photos pour les jours à venir. Bon, ben il ne me reste plus qu’à vous causer d’un truc intéressant. On va causer Art Urbain au centre ville de Montpellier.

C’est vraiment dommage qu’hier matin je me sois perdu en chemin parce que du coup je n’ai pas pu vous partager l’info comme quoi le soir même à 18h30, Sylvie Léonard donnait une conférence sur le Street Art dans l’Écusson à la Salle Bonnet, rue des Étuves. Bon, c’est sans doute aussi parce que j’avais pas pensé à zieuter les programmes et que je ne l’ai moi-même appris que quand mon pote Koinkoin m’en a informé à 15h. Mais allez. On y va, on a rien glandé hier, aujourd’hui ce sera un peu long. Je dis on, je devrais dire moi, vu que c’est pas vous. Même si d’une manière générale vous ne foutez pas grand chose non plus, c’est moi qui doit toujours tout écrire, et le partage des tâches alors ? Remarquez, vous me lisez, c’est déjà pas mal, moi jamais je n’en aurais trouvé la force. Vous êtes des gens bien au final. Mais je m’éloigne. Où en était-on ? Oui. La conférence.

On a fait un grand tour des colleuses·rs avec MaraZoulette, Sunny Jim, Cleps, Madame Moustache, cssJPG, Kirrikoo Pineapple, Noon, Al et Débit de Beau. Des pochtrons pochoiristes : Sunra, Guaté Mao, Ose. Des peinturlureurs : Oups, Loko, Maye, Honk, Mist, Ceno, Zest, Salamech. (Oui je sais les pochoirs aussi, c’est de la peinture, m’interrompez pas à tout bout de champ sinon on va pas y arriver. Je sais aussi que certaines·s artistes franchissent les genres, mais dites-donc, vous allez m’emmerder longtemps avec vos remarques mesquines ?) Des inclassables, en faisant un détour par Mad’Art et leurs trompe l’œil, Invader et son fameux réseau de points d’invasion qui donne un space invader vu du ciel si on les relie, et Monsieur BMX, qui permet à tout un chacun de bluffer ses amis·es ne connaissant pas Montpellier en leur faisant faire le tour des vélos muraux.

Voilà, ça c’était du lâchage de noms en règle. Si le sujet vous intéresse ou que vous êtes assez curieux·se, je suis sûr que vous aurez vite fait de tous bien les noter et de visiter leurs sites pour voir qui fait quoi, si vous vous en foutez au moins c’était compact vous ne vous êtes pas fait·e chier bien longtemps. On va passer au déroulement de la conf, maintenant. Vous inquiétez pas, ce sera court —mensonge—, y a pas grand chose à dire.

Photo par Gwlad, qui aime la mort et les jeux de mots, elle est vraiment irrécupérable (avenue Georges Clemenceau)

Alors, comment ça s’est passé ? Je me pointe un peu à l’avance à la salle, il doit y avoir une dizaine de personnes, je suis le seul de moins de cinquante balais. C’est pas péjoratif, j’aurais pu le rester toute la soirée que ça ne m’aurait absolument pas dérangé. Mais du coup la conférencière qui est déjà là —je vous ai dit son nom ? Non, je l’ai pas dit : Sylvie Léonard (vérification faite je vous l’avais dit)— vient me voir pour me demander si je pratique le Street Art, vu que j’avais pas l’air d’être le public habituel du lieu sans doute. Non, que je lui dis. Ah bon, tant pis. Pas croire qu’elle était déçue ou refroidie, pas du tout, je dis ça comme ça pour la forme, elle voulait juste savoir, elle a l’air d’une personne très sympathique, souriante et enjouée dans sa façon de parler de ce qu’elle aime. Ensuite, les gens sont arrivés, la salle était pleine, tous âges et sexes confondus. Je sens que là vous êtes en train de prendre pleinement conscience de mon génie en matière de description, attendez c’est pas fini. J’étais dans le coin de ceux qui étaient arrivés en premier, avec les personnes les plus âgées (la salle est habituellement un foyer troisième âge), ça sentait un peu le pipi. Un peu beaucoup pendant la conf. Je dis ça parce que j’ai lu un article qui disait que les personnes âgées ont une odeur caractéristique due à certaines molécules qui s’accumulent plus rapidement à la surface de la peau à partir de quarante ans, mais moi qui ai l’habitude de faire des conférences en maison de retraite, je trouve que l’odeur caractéristique des vieux, c’est le pipi, j’ai pas hâte d’atteindre les quatre-vingt balais, si ça devait m’arriver. Mais je digresse encore. Prévenez-moi quand ça me prend, je me rends pas compte.

La conférence était pour une grosse partie un passage en revue des artistes que j’ai nommés·ées plus haut. On était bien, on communiait dans le plaisir de revoir leurs œuvres de ces dix dernières années, qu’on avait toutes aperçues en se promenant ici et là, de choper les noms de ceux et celles qui ne signent pas forcément. On est passé de catégorie en catégorie, comme je l’ai fait plus haut, à chaque fois un genre, collage, pochoirs, graff, et ses origines, ses précurseurs dans le monde. On a détaillé les démarches de certains. Une question intéressante soulevée par la conférencière qui m’est restée : l’employé municipal face au beau. Que fait-il ? Il est sensé tout effacer. Elle ne l’a pas seulement soulevée la question, elle est allée la leur poser. Réponse : « quand on trouve ça beau, on ferme les yeux, on efface pas, on attend de recevoir un ordre qui nous demande expressément d’en effacer un en particulier, là on est bien forcés de s’exécuter. » Espérons que les agents de la ville conservent ce goût du beau encore longtemps. Ça égaye leurs tournées et nos journées. J’ai mis des guillemets autour de la réponse, mais c’est juste une retranscription de l’idée générale. Je suis pas journaliste, je fais ce que je veux. On a causé aussi du Verdanson et de son investissement par le graffiti, si vous n’avez jamais fait gaffe, vous avez vraiment du caca dans les yeux ou vous ne sortez pas de chez vous. Apparemment il y a pas mal d’interactions entre graffeurs·ses dans ce lieu, donc à la fin, j’ai demandé à la conférencière, qui a semble-t-il interviewé pas mal d’ actrices·eurs du milieu, si à l’occasion de leurs « cousinades » ils causaient un peu des bombes de peintures balancées dans le cours d’eau, certains étant un peu militants humanistes, est-ce que la question se posait, de temps en temps, du respect de la faune et flore du coin. J’ai bien senti que c’était une question qui embêtait un peu. Dommage, j’adore ces lieux de graff, je m’émerveille devant dès que j’y passe, je voulais pas basher, j’aurais juste aimé savoir si c’était un sujet discuté dans le milieu. Ça me rend un peu triste tous ces produits balancés à la gueule des poissons et des oiseaux qui n’ont rien demandé et qui ne peuvent même pas profiter des œuvres pour palier un peu ce désagrément. Humaniste ça va, écologiste tant qu’on rentre pas dans le détail, ça peut le faire, animaliste vous faites chier tout le monde.

Bon, l’article commence à être long pour une note de blog, personne ne va la lire jusqu’au bout. J’abrège. La conférence était très bien. Ça c’est dit. Je vais vous parler de la conférencière, parce qu’elle sort un livre sur le Street Art à Montpellier, apparemment il n’en existe pas encore, où il y aura tout ce dont je vous ai très mal parlé dedans. Elle, Sylvie Léonard, était prof d’arts plastiques en collège à Paris ou autour, avant, puis elle est descendue dans le sud, et a encore été enseignante, ou formatrice d’enseignants de ce que j’ai compris. Elle a sortie pas mal d’ouvrages concernant l’art en général,  et sur Montpellier. Elle va lancer une campagne de financement participatif pour son bouquin aujourd’hui, sur KissKissBankBank. J’ai cherché le projet mais il est pas encore en ligne, je rajouterai le lien ici quand ce sera le cas. Si le sujet vous intéresse, hésitez ou n’hésitez pas, c’est pas à moi de vous le dire, je suis pas VRP. Je vous dis juste que ça existe. Que ça va exister.
(Edit du dimanche 18 février: il est là https://www.kisskissbankbank.com/montpellier-street-art-le-livre–2 )

Dernier point et sans transition, pour ceux qui veulent faire des courts-métrages c’est ce soir la réunion Kino pour monter les projets qui seront travaillés au cours des deux prochains mois. Plus d’infos ici : http://kino-mtp.fr/ et là #015 – EnKino core, touKino jours.

Allez, bonne journée à vous mes bichons, merci d’avoir tout lu si c’est le cas, je vous embrasse bien tendrement. À demain.

#17 – Montpelliérien #017 – Non. Non… Non !

Écoutez, n’insistez pas monsieur ! Puisque je vous dis que non. C’est pas possible ça. Non, re-non et re-re-non ! Et si vous persistez, je vous préviens, j’appelle la police. Si je vous dis que je n’ai pas envie d’écrire une note de blog ! Vous pouvez respecter ça ? Vous n’allez pas me forcer quand même ! De toute façon il n’y a aucun lecteur, aucune lectrice ! Personne ne s’en apercevr… AH ! Vous êtes là vous. Hum. Voilà voilà. Justement, j’expliquais à ce monsieur que j’étais impatient de vous voir arriver. Oh la la, oui. Avec toutes les bonnes choses que j’ai à vous raconter, vous imaginez bien. Des choses comme ci, des choses comme ça. Toute une variété de choses les plus diverses les unes des autres. Tout ça très intéressant, on s’ennuie rarement avec ce genre de choses. Bon je dis choses, on pourrait dire machins, trucs, bidules. Mais bon, il faut bien s’arrêter sur un mot. Tant de choses. Les meilleures choses. En plus, j’attends l’arrivée des photos de notre reporter Gwlad d’une minute à l’autre. Comme si je n’avais pas assez de choses à vous raconter, ça va encore me donner des idées en plus. Mais qu’est-ce que je vais faire avec tout ça ?! On se le demande, hein ? Hein, qu’on se le demande… Sinon vous ça va ? Enfin, je pose la question comme ça, c’est pas… Je veux dire, si vous trouvez que je dépasse mon rôle de blogueur et que je n’ai pas à vous poser de telles questions je comprendrai très bien. Vous n’êtes pas obligé·e de répondre. C’était surtout par politesse. Enfin allez pas croire que je m’intéresse pas à vous non plus. Si vous me répondez ça sera très bien aussi… Voilà, on attend les photos et… AH ! je crois que ça a fait *ding*, je pense que c’est le facteur internet qui vient m’apporter mon courrier électronique contenant les photos numériques.
Bougez pas, je reviens. tap tap tap tap tap tap tap tap

#16 – Montpelliérien #016 – La Saint vous savez bien

Aujourd’hui, c’est la Saint Vacherin, contraction de Saint Valentin et de vache à lait. Oh la la, que vous vous écriez, il va pas nous faire le coup de la fête pompe à pognon pour consommateurs chevronnés ! Non, en effet, je vais pas vous le faire, le coup. Mais vous êtes pas passés·ées loin.

Enfin quand même, vite-fait en passant si vous me le permettez, vous laissez pas bouffer le cerveau par les vendeurs de parfums qui puent, de crottes en chocolat, de mauvaises tables labellisées maison alors qu’en fait c’est du Métro micro-ondé. Un peu de dignité, merde.

Baisez plutôt. Baisez, baisez, baisez beaucoup. Ça coûte pas cher, juste le prix des capotes et c’est bon pour la santé, contrairement aux trois cochonneries citées plus haut. Baisez pour vous. Baisez pour moi. Moi je n’ai personne avec qui baiser. Il y a 999 raisons à cela, et seulement deux bonnes dans le tas. Tiens. J’ai écris neuf cent quatre-vingt-dix-neuf en chiffres et deux en lettres. C’est aussi bien. C’est plus joli.

La première, de ces deux raisons, c’est que je ne cherche pas activement de partenaire. Je ne dis pas que je ne suis pas pro-actif en la matière pour ne pas susciter d’angoisse chez les chercheuses·eurs d’emploi. Tourner toute mon attention vers ça, c’est pas mon truc, la drague, c’est pas mon truc, la séduction c’est de l’imposture, et j’aime ni les postures ni payer des impôts. Faudrait que je tombe au hasard sur une nana à mon goût et moi au sien, ou ses seins aux miens et les miens aux siens. Ah le bon mot ! On se régale.

Ce qui nous amène à la seconde raison. Quelle est-elle ? C’est que je ne rencontre pas assez de gens. Dommage, c’était la seule chose qui aurait pu m’arracher à l’isolement intime. Peu habitué aux grosses soirées à musique forte, pas danseur pour un cent, à l’aise plutôt dans les petits groupes où ça tchatche et surtout dans les tête-à-tête, ça ne favorise pas. On pourrait ajouter un manque cruel de confiance en soi comme millième raison, mais j’ai appris qu’il ne fallait pas se dévaloriser en public alors chut. On causerait même plus justement si on disait que je n’aimais plutôt pas me mettre en valeur, si ce n’est pour déconner. Mais je ne vais pas m’étendre sur le sujet parce que tout ça me rend quand même un peu triste et que les claviers électroniques n’apprécient pas bien l’eau salée.

Je vous avais dit que je parlerai de mon cul hier, parce que, justement, le billet d’hier était carencé en moi. C’est pas que ça m’amuse, vous savez, simplement j’aime tenir mes promesses.

Photo par Gwlad (rue du Général Lafon)

Que dire de plus ? Toujours des lieux communs, des relents de romantisme de mec un peu frustré : les petites attentions, les beaux cadeaux, c’est un peu triste quand c’est un publicitaire qui vous en donne l’idée, l’envie. Ni plus ni moins que pour la fêtes des parents et grands-, vous me direz. C’est juste un peu sec. Ça sent le couple en vitrine, l’amour sous blister, le désir en rayon chez Carrefour. Mais les gens vont toujours chez Carrefour par défaut, même ceux qui se disent qu’ils devraient pas finissent toujours par y retourner. On s’en sortira pas.

Si comme moi vous avez personne avec qui partager un petit moment d’intimité, je suis sûr que vous avez tout de même des amis·es. N’allez pas les voir juste pour pas rester seul·e ce soir-là précisément. Allez-y parce que se sont vos amies·s et que vous vous sentez bien en leur compagnie. Les amis·es traditionnellement c’est pas fait pour se faire suçotter le zizi, ni pour se faire bécoter le clicli, mais c’est de l’amour quand même.

Putain c’était vraiment niais à souhait cette fin d’article, moi qui comptait mettre du foutre, de la mouille et de la merde à tous les paragraphes. Je m’excuse bien envers vous, lectrice·teur. Promis je ferai mieux la prochaine fois.

Un loup solitaire, tendance mâle bêta, voire gamma ou delta.

(pour le coup je l’aime bien ce pseudo, mais il est un peu long et il ne conviendra pas à tous les articles. Tant pis, on y était presque.)

#15 – Montpelliérien #015 – EnKino core, touKino jours

Et bien, c’était une chouette soirée. La première partie surtout. Je parle de la soirée Kino d’hier. Rapport au billet d’hier. Il y a eu un entracte de quinze minutes. Pas d’apéro à l’arrivée comme les dernières fois où j’étais venu, j’aurais bien pris un jus de fruits mais ce n’est pas très important. La seconde partie c’était des films réalisés lors d’un Kino Kabaret à Marseille. Y a plus d’apéro parce qu’il faut faire des soirées à six-cent. C’est ce qu’on m’a dit. J’ai pas compris si c’était six-cent places ou six-cent euros pour la location de la salle. Un jour j’essaierai de mettre mes idées en ordre dans ma tête avant de les écrire mais c’est pas pour tout de suite. Le Kino Kabaret, c’est comme le Kino normal sauf qu’au lieu d’avoir deux mois pour les réaliser les films, on a trois jours. Enfin sept à trois jours. Eux ont eu trois jours. Ça se voyait. Mais comment ne se serait-ce pas vu. Je suis pas serein sur le premier se. Vous me direz vu le nombre de lectrices·eurs ça choquera personne. De toute façon j’irai pas vérifier. La première partie était bien. Mon ami qui réalisait ses premiers montages s’en est très bien tiré. J’ai même pas grincé des dents. J’ai même ri. C’était pas la perfection niveau rythme, mais c’était tout de même très fluide et bien marrant. On a eu en tout un roman-photo filmé, un film sur l’arrivée devant dieu, un film sur nous vivons dans une simulation, un film sur une conversation, un film sur la construction d’un grand bateau, un film sur les mecs qui étouffent leur femme au sens figuré, et une interview de Dieu. Ça c’était la première partie, donc. Quand tous les films seront mis en ligne quelque part sur le net, je vous ferai une petite sélection regardable d’ici. Pour la seconde partie, z’avez qu’a trouver un·e blogueur·euse provençal·e pour vous en causer. C’est pas que j’ai la flemme, c’est que je voudrais pas retirer le pain de la bouche à mes petites·s camarades, et quiconque dira le contraire n’est qu’une mauvaise langue.

Bon tout ça est bien bordélique mais je suis à l’ouest aujourd’hui. Remettez les phrases dans l’ordre vous-même, ça vous fera votre petit jeu du matin, style puzzle. Vous prononcez peuzeul, peuzle ou puzle, c’est votre affaire.

Photo par Gwlad (rue Enclos Fermaud)

Allez, pour finir quelques indications sur les prochains évènements Kino et on s’en tiendra là.

Le thème de la prochaine session choisi hier par la salle est :

STEAMPUNK

  • Si vous souhaitez participer à l’un des courts-métrages à un niveau ou un autre, il vous faut venir à : La Friche de Mimi, 42 rue Adam de Craponne, ce vendredi 16 février à 19h30. On va se rencontrer, discuter, former les équipes autour d’un apéro. Chacun·e ramène à manger et à boire. Pensez-y sinon on se contentera d’avaler notre salive en espérant qu’elle ait du goût.
  • Si vous ne voulez pas mettre les mains dans le cambouis mais que vous voulez quand même exploiter le résultat des travailleurs, ce qui est tout à votre honneur, c’est-à-dire assister à la projection gratuite des travaux finis : la session se déroulera le lundi 7 mai, toujours au Centre Rabelais, normalement toujours à 20h. Mais j’aurai bien le temps de vous en reparler d’ici-là.

Bon, c’est tout pour aujourd’hui. Vous avez remarqué ? Je n’ai pas parlé de moi. C’est un tort. Je me rattraperai demain.