#159 – Montpelliérien #159 – Retour en bus

Voyant que le tarif et le temps de trajet étaient les mêmes en bus ou en covoiturage, j’ai opté pour un retour en bus à Montpellier. Ça en dit long sur ma prétendue sociabilité. J’aime bien écouter les gens, mais pas parce que j’y suis obligé, enfermé avec eux pendant trois heures et demie dans une cage en métal lancée à toute berzingue sur l’autoroute. Dans le bus, au moins, il est entendu que votre voisin·e n’a pas à vous faire la conversation si elle ou il n’en a pas envie, et que cela n’entraînera pas une mauvaise note, sur l’un de ces multiples sites internets où l’on vous note maintenant que vous êtes un produit comme les autres. Sur les sites de covoiturages, on vous note en tant que service mais également en tant que personne. Je ne sais pas ce que je déteste le plus. Décidément, ces derniers temps, je me concentre vraiment sur le négatif. Je dois être un peu stressé par ces déplacements et ce déménagement en cours. Heureusement, je vois fréquemment mon amie, ce qui a pour effet de m’apaiser. Si j’avais déménagé seul, je me serais peut-être déjà jeté par la fenêtre. Est-ce que je déteste plus le covoiturage ou les déménagements ? Je n’en sais rien. Misère, j’apprécie assez le jeu du qu’est-ce que tu détestes le plus, mais je n’y suis pas très bon.

Enfin, me voilà de retour à Montpellier. Arrêté à Sabines, j’ai pu constater comme cette partie de la ville où je ne vais jamais est moche. Du béton devant, du béton au milieu, du béton derrière. Vraiment, j’aime la pierre. Pourtant je suis né dans un village tout de béton et de routes en goudron. Où est-ce que je vais chercher cet amour du vieux caillou taillé ? Sans doute dans les illustrations de livres d’histoire. Dans les films. Dans la fantasy que je me plaisais à lire adolescent. Comment se fait-il que je rêve si souvent de ces ruelles japonaises dans lesquelles je n’ai jamais mis les pieds ? Les manga, les jeux vidéo. J’ai eu la chance, ces sept dernières années, de pouvoir vivre au centre ville, soit directement dans les rues les plus anciennes, Trésoriers de France, Aiguillerie, soit, comme aujourd’hui, à cinq minutes d’elles, avec vue sur le Peyrou et les Arceaux. Aurai-je la chance ça l’avenir de visiter les petites rues cozy du Japon ? Je l’espère. Entre temps il y aura Lyon, les immeubles haussmanniens et ses escaliers fabuleusements tortueux donnant sur des passages à colonnes, et le vieux Lyon à pas bien loin non plus de chez moi. J’espère ne jamais finir dans une cité de béton. Pourtant, un jour où l’autre, je le sens bien, ce sera le seul lieu où je pourrai me loger. C’est tout ce à quoi peut s’attendre un dégoûté du 35h/semaine comme moi. Ne parlons même pas de vivre au Japon. Le pays où le travail est au centre de tout. Brrr. Rien que d’en parler, ça me fait froid dans le dos.