#76 – Montpelliérien #076 – Au soir du crépuscule

Ce soir, puisqu’on est le soir, parlons de soirs. Celui-ci est orange et bleu pastels. Je ne connais pas la règle d’accord des adjectifs de couleur. Si vous n’êtes pas sûr·e du s à pastel, ça vous fera une recherche utile. Mais ça s’assombrit vite. J’ai beau détester la nuit —j’en ai passé trop sans sommeil— j’aime beaucoup les soirs. Les lumières sont souvent très particulières, elles me renvoient parfois à des sensations agréables de l’enfance, pas vraiment des images, des états. Ça me l’a fait un peu ce soir, quand je suis sorti fumer sur le balcon. Assis sur le béton, je me suis rappelé la manière dont je ressentais les choses les soirs d’été, quand on zonait dans le village, ou quand on posait nos culs sur les trottoirs, avec le petit groupe de mecs et de meufs qu’on était vers nos seize, dix-sept ans. Le temps que j’écrive ces quelques pauvres phrases, il n’y a déjà quasiment plus d’orange dans le ciel. Ma chambre est déjà dans le noir complet.

Je vous parle de soir, mais au début je voulais vous parler de mort. Remarquez, dans la poésie c’est fréquent d’utiliser le soir pour la mort qui se pointe. Mais là c’était pas le cas. C’était le soir parce que la mort, j’avais la flemme de me documenter. J’ai voulu trouver le nombre de morts par an à Montpellier, et dès que je ne l’ai pas trouvé sur Wikipédia, j’ai abandonné. Je voulais effectuer une liste assez complète des façons de mourir, mais ne retrouvant pas la page que j’avais utilisée alors que je fabriquais le jeu de société Ci-Gît, dans lequel j’en ai évoqué pas mal, j’ai abandonné aussi. Et pourquoi je voulais vous parler de la mort avant de décider que non, c’était trop de travail ? Parce qu’il faisait beau aujourd’hui. Et oui. Je m’étais donc dit que j’allais aller faire un tour dans un cimetière et que comme ça je pourrais enfin utiliser la jolie photo que nous a prise Gwlad en racontant quelque chose en rapport.

Photo par Gwlad (cimetière Saint Lazare)

Au final vous voyez on n’a pas parlé de morts, ni à Montpellier, ni ailleurs en France, en Syrie, au Yémen ou en Chine. Est-ce qu’on a vraiment parlé de soirs pour autant ? Non évidemment. J’en ai encore profité pour ne rien écrire. De toute façon, ça y est, même dehors, plus une seule lueur à l’horizon. C’est la nuit. Brrr.