#137 – Montpelliérien #137 – Anti-cipation

Demain, c’est la fin de la semaine allégée. Demain, j’aurai le temps de me creuser la tête pour essayer de vous trouver un truc pas trop chiant à lire. Voire d’essayer de vous faire rire. Mais tout ça, ce sera demain, n’anticipez pas. Procipez ? Mouais, ça ne marche pas pour tout cette opposition pro-/anti-. Enfin bon, pour l’heure, je languis juste de manger et de m’écrouler dans mon lit, et surtout, SURTOUT, de ne pas mettre de réveil.

La conférence est passée, pour ceux et celles qui se le demandaient. La conférence est passée et s’est très bien passée, même. Elle devait durer une heure, elle en a duré deux. Personne n’est parti en cours de route, personne ne s’est endormi. Mieux, tout le monde a applaudi. Il y en a qui ont chanté. Une dame de quatre-vingt-neuf ans était tellement heureuse qu’elle a tenu à faire un aller-retour avec son déambulateur pour me ramener et m’offrir une plaquette de chocolat commerce équitable. Elle a aussi ramené une photo de sa famille. Elle m’a expliqué qui était chaque personne, m’a dit chaque prénom, vingt prénoms, et encore, il en manquait vingt qui n’étaient pas là. Elle m’a montré une photo toute petite, dans un minuscule cadre, en noir et blanc, de son père, qui était Allemand. Elle m’a serré dans ses bras et elle a un peu pleuré. De joie et de souvenirs qui revenaient. Ça fait ça la musique. Ça fait ça quand on la raconte avec passion et que ça remue des sentiments et des souvenirs. C’est pour ça qu’on écoute de la musique. C’est pour ça que je veux l’emmener dans des lieux où parfois ça manque un peu. Je veux aussi installer ce temps durant lequel les personnes peuvent venir me dire tout ce qu’elles veulent bien me dire, tout ce que cela a bien pu leur faire ou même d’autres choses, c’est le plus important en réalité. En discutant avec cette dame, on s’est même rendu compte qu’on avait plus de points communs qu’on ne le pensait, je suis bénévole dans une association dont le créateur a monté des structures afin que les frères et sœurs placés en foyers car orphelins ou autre ne soient pas séparés, elle y a travaillé pendant des années. C’était fou. Et en plus j’avais le même prénom que son petit fils. Elle avait le cœur qui battait très fort, elle était très vieille, j’avais un peu peur. Mais j’étais très ému aussi. J’en ai bien bavé ces derniers jours, et j’ai bien stressé, mais je sais maintenant que c’était pas pour rien. Les gens étaient vraiment contents. Bon, mais ça, c’était tout à l’heure, maintenant je ne pense plus qu’à une seule chose : mon lit.

Photo par Gwlad (espace Pitot)