#150 – Montpelliérien #150 – J’ai toujours dit que l’attente ne me dérangeait pas, mais vous savez, ce que je dis…

Petit à petit, l’emploi du temps arrête de se remplir. Enfin, pas tout seul. J’arrête de le remplir, plutôt. À quoi et envers qui suis-je encore engagé à Montpellier ? Eh bien, à plus grand chose et envers plus grand monde. J’ai encore quelques réunions associatives auxquelles assister, les dernières, prévues ce soir et demain soir, puis une ultime conférence à donner vendredi, une séance d’adieux d’échange franco-japonais à caser la semaine prochaine et puis… c’est à peu près tout. Le reste de l’aventure Montpelliérienne n’est qu’emballage, ménage, attente et au revoirs. Ah oui, chaleur caniculaire et pollution, aussi. Pas oublier.

Évidemment, depuis que je sais que je vais partir, je ne m’implique plus autant ni dans les associations, ni dans les sorties et autres évènements culturels. Ni dans le blog, d’ailleurs, mais ça, ça avait déjà commencé un peu avant. Non, mais là, vraiment, mon esprit est ailleurs. Le jour, je pense à mes cartons, à comment les déplacer. La nuit, je rêve de déménagements. J’anticipe avec angoisse les transferts de dossiers CAF et CPAM… Ce n’est pas la période la plus agréable. Évidemment, la perspective de vivre avec mon amie m’enthousiasme, mais nous ne savons pas encore dans quelle ville nous allons atterrir en septembre. Ce sera peut-être Lille, peut-être Lyon. On ne saura pas avant la mi-juillet, et encore, si tout se passe bien. Alors, aucun moyen de me projeter réellement, de faire des plans. C’est l’aventure. La partie chiante de l’aventure, l’attente avant le départ. Et cette attente va durer quinze jours à deux mois.

Je lis au hasard des extrait de la revue de jurisprudence pour me changer les idées.

« Homme, 29 ans au jour de l’accident et 34 ans au jour de la consolidation, animateur des ventes. Accident de la circulation.

Traumatisme crânien et facial avec perte de connaissance, traumatisme thoracique avec épanchement pleural liquidien compliqué d’une rupture de la coupole diaphragmatique gauche avec hernie diaphragmatique post-traumatique, traumatisme abdominal, traumatismes étagés des membres inférieurs.

Séquelles : syndrome subjectif des traumatisés crâniens se traduisant par des céphalées, des sensations vertigineuses, des acouphènes et des phosphènes, troubles de la digestion nécessitant le fractionnement des repas, lente décompensation de la rupture du ligament croisé postérieur du genou droit avec des sensations de dérobement, gonarthrose post-traumatique du genou gauche, pseudarthrose de la diaphyse fémorale gauche avec raccourcissement de 20 mm.

IPP 25%

Déficit fonctionnel permanent • 43 500€ (État des genoux n’étant pas une contre-indication avec son activité professionnelle mais licenciement en raison de l’absence d’opération du fémur gauche, déduction de la rente accident du travail servie par la CPAM = 222 360€)

Souffrances endurées 6/7 • 30 000€

Préjudice esthétique 3/7 • 5 000€ (Cicatrices, boiterie nécessitant l’usage d’une canne.)

Préjudice d’agrément • 5 000€ (Impossibilité de pratiquer la course, le ski et de longues marches.)

ITT ou déficit fonctionnel temporaire 4 ans et 10 mois

Perte de gains professionnels actuels – 90 000€ (Déduction des indemnités journalières versées par la CPAM = 30 131€)

Dépenses de santé actuelles réglées par la CPAM • 69 561€ »

Étrangement, ça marche. Je ne pense plus à mon déménagement. Je pense à la sécurité sociale qui disparaîtra sans doute bientôt, et comment, en cas d’accident, il nous faudra avoir assez de pognon au départ pour pouvoir porter plainte et espérer que la partie adverse paie tous les frais de santé pour nous. Le futur, y a pas à dire, ça fait rêver.

Photo par Gwlad (espace Pitot)