#120 – Montpelliérien #120 – De l’herbe qui serait plus verte selon où on se trouve

Partir. Rester. Rester. Partir. Bof.

Longtemps j’ai voulu quitter Montpellier. Je ne m’y plaisais plus. Je n’y trouvais plus rien à faire. C’était la mauvaise période. Depuis combien d’années est-ce que j’y habite ? Depuis septembre 2005. Bientôt treize ans. Moins une année en Erasmus à Canterbury. Douze ans de Montpellier. C’est en revenant d’Angleterre que j’ai commencé à m’y sentir comme en cage. Je vivais mal. J’avais détruit un peu tous mes repères en bon iconoclaste que j’ai longtemps été, sans prendre le temps de m’en créer de nouveaux. Et puis quasiment tous mes amis étaient partis. Ce n’était pas vraiment une question de ville, en fait. C’était une question de ce que je faisais de ma vie et avec qui. Ayant pris conscience de ça, j’ai décidé que cet ici n’était sans doute pas pire qu’un autre, et qu’en plus il y faisait beau. J’ai appris à me renseigner un peu sur ma ville. Les rues, les bars et autres commerces, les évènements, les milieux créatifs. Je m’y suis fait. Des amis sont revenus. J’ai commencé à bosser en bénévole dans quelques associations, ça m’a aussi pas mal aidé à me sentir plus en prise avec ce qui se passait dans ma région du monde. J’ai développé mes hobbies d’une manière un peu plus structurée que par le passé, participer à quelques projets artistiques collectifs dans la ville m’y a également bien aidé. Enfin, j’ai décidé d’ouvrir un blog, en me disant que les jours de rien-à-dire, j’aurais toujours assez de choses à raconter sur la cité pour combler les vides. C’est ce que je fais.

Photo par Gwlad (rue Catalan)

Et si je devais en partir aujourd’hui ?  En y réfléchissant bien, je ne crois pas que ça me chagrinerait beaucoup. Puisqu’on ne sait pas de quoi l’avenir est fait, je parlerai seulement de ce que je  devrais abandonner si j’en partais. Eh ben, ma foi, je n’abandonnerais pas grand chose. Mes activités, je peux les exercer où je veux. Que ce soit la musique, l’écriture ou le dessin, je n’ai besoin de rien à part d’un bureau, un ordinateur, quelques feuilles et un pinceau. Pour les cours que je donne tous les quatre mois, c’est pareil. Ici ou ailleurs… la clientèle est inexistante. En ce qui concerne le milieu associatif, il y a partout des associations en manque de bénévoles. Les causes pour lesquelles s’impliquer ne manquent pas, nulle part. Vraiment, à part pour mes vingt cartons de livres et mon home studio, je suis très nomade-friendly : on peut me trimballer n’importe où, je trouverai toujours quelque chose à faire. Non, ce qui me manquerait le plus, si je devais partir, se serait les gens bien sûr. Ne plus voir les amis que par webcams interposées, c’est-à-dire jamais, puisque je n’aime pas ça les webcams, ce serait dur. Enfin, ce serait dur. Je pourrais toujours venir leur rendre visite le temps d’un week-end. Après tout, Lyon, ce n’est pas si loin de Montpellier.