#190 – Lyonniais #016 – Voilà qu’il nous refait son cinéma

« Qu’est-ce qu’il faut faire, chantait Nino Ferre, quand on ne sait rien faire ? On devient un homme à tout faire, on a les embêtements les plus divers. » Eh bien, à mon tour, je pose la question : qu’est-ce qu’il faut dire quand on n’a rien à dire ? Et j’ajoute : on devient un homme ou une femme à tout dire, on a les embêtements les plus divirs.

Eh oui, à peine plus de deux semaines à tenir ce blog et je ne sais déjà plus quoi raconter. Je me demande comment j’ai tenu sur plus de 170 articles sur Montpelliérien.com. En disant tout et n’importe quoi sans doute, mais je ne suis pas assez masochiste —pourtant je le suis— pour relire tout ça et élucider ce mystère qui ne taraude que moi. Alors voilà, aujourd’hui, je vais raconter ce qui me passe par la tête à mesure que ça vient, tout et n’importe quoi, car avec mon amie nous avons dans l’idée de nous faire un petit ciné ce soir si j’en termine assez rapidement avec le blog. Eh ben, vous dites-vous, pour quelqu’un qui dit ne jamais aller au ciné, ça va devenir une habitude ! C’est qu’avec des places à 4€ pour les assistés du RSA que nous sommes, ça devient attractif. Qu’allons-nous y voir ? Nous n’en savons rien. Nous n’avons pas regardé ce qui est à l’affiche. Un autre film coréen ou un film japonais me tenterait bien. À ce sujet, quand je vous exhortais pour rire à ne pas regarder The Spy Gone North dans mon article critique sous prétexte que ça manquait d’urètres, c’était pour rire. Je viens de vous le dire. Suivez.

Ce qui est bien avec le cinéma, c’est qu’il y a à la fois les images, à la fois le son et la musique, et à la fois l’écriture. Ce qui nous donne trois raisons de nous plaindre à la sortie du film. Et qu’est-ce qu’on aime ça, se plaindre ! Les petits malins et les petites malignes (si vous n’êtes pas sûres·s du « gne », vérifiez sur internet, c’est encore une de ces sources inépuisables de débats, moi je n’ai pas le temps pour ça. Au passage, en allant copier le « es·s » d’un ancien article pour le coller dans celui-ci —car je suis un masochiste fainéant, je me fouette mais j’ai le bras mou— je m’aperçois que j’avais écrit « malines·s. » Que voulez-vous, je suis systématiquement incohérent. Où j’en étais ? Ah oui, fermons la parenthèse.) qui ne le sont pas tant que ça dirons qu’il n’y a pas d’écriture dans un film. Mais moi je vous assure que si. Et je ne parle pas des sous-titres ou des génériques. D’ailleurs, pour peu qu’on en ait vu assez, on peut très bien ne voir qu’un long script qui se déroule quand on regarde un film.

Hein ? C’est vrai. Je me contredis encore car je vous avais assuré ne pas m’y connaître en cinéma. Me voilà pris à mentir. Disons que, des films, j’en ai vu une chiée dans ma jeunesse, mais je n’en regarde plus beaucoup depuis sept-huit ans. Et quand je dis que j’en ai vu, je matais surtout ceux qui me passaient sous le pif ou ceux dont des amis·es me parlaient, mais je n’ai jamais véritablement fouiné du côté des classiques, noir et blanc, muet, bien que j’en ai quand même également vu dans le tas… enfin bref, je n’ai jamais développé un savoir encyclopédique du cinéma en tant qu’art, avec son histoire, ses techniques, ses génies et ses humbles artisans. Cela dit, en écriture, je m’y connais un peu, et en mise en scène également (c’est souvent le cas pour les enfants des années 80 qui nous sommes tapés de l’audiovisuel non-stop depuis la naissance —pour peu que nous ayons un peu pratiqué l’analyse d’œuvres au lycée ou à la fac, nous sommes de vrais pro—) et je peux vous dire que devant la plupart des films qui me passent sous le nez, ou devant les yeux plutôt, je me fais super chier parce que, justement, je ne vois qu’un script si cliché et des dialogues si plein d’informations —qui ne sont que des clés pour deviner à l’avance ce qui va se passer dans les trente prochaines minutes— que les images et la musique me passent souvent au dessus de la tête car elles ne font que réitérer un message qu’on avait déjà reçu. Alors, je m’agace sur mon siège, je m’impatiente. Chaque lumière, chaque plan, chaque note sont si souvent tellement pleines d’intentions qu’on n’est plus surpris par rien quand le dénouement arrive. Tout nous est annoncé, faudrait jamais qu’on soit dans le flou on dirait. Ben moi je veux être dans le flou. Je veux ne pas comprendre tout à chaque instant et trois plombes à l’avance. Je veux me laisser le temps de ressentir, de développer des émotions devant une belle photographie, devant un grain d’image, je veux que mes sens soient frappés. Je veux être surpris.

Si la tendance actuelle n’allait pas à l’opposé de ça, je serais sans doute moins demandeur de ce genre de cinéma, et on pourra d’ailleurs me dire que ce style de films existe et qu’il ne tient qu’à moi de les regarder. On pourra également me dire qu’après avoir maté The Spy Gone North et écrit que je l’avais beaucoup aimé car tout n’était que dialogues, c’est un peu fort de chicorée. Ah oui ? Et bien, je vous l’ai dit, je ne suis que contradiction. Et comme j’avoue n’être que contradiction, que voulez-vous bien m’opposer maintenant ? Que parfois je suis cohérent ? Ah ! Si vous faites ça, vous allez être bien embêtées·s , car je vous répondrai encore qu’en étant cohérent je contredis le fait de n’être que contradiction, et un grand trou noir s’ouvrira sous nos pieds et engloutira le monde. C’est ça que vous cherchez ? Allons, soyez raisonnables. Taisez-vous donc, ça vaudra mieux pour tout le monde.

Bon, voilà pour aujourd’hui. Je n’ai peut-être pas tout dit, mais j’estime n’avoir pas lésiné sur le n’importe quoi. C’est déjà la moitié du contrat de rempli, ce dont je me satisferai car, décidément vous n’écoutez rien il faut tout vous répéter, je suis un fainéant. Allez, c’est tout pour moi. À demain.


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