#355 – Pro- et Anti- menades

Hier, quelques minutes après le réveil, j’allume machinalement mon ordinateur. Surprise : pas d’internet. Je relance la box. Rien. Bonne excuse pour sortir me promener sans même avoir à penser à ma note de blog.

Je me suis tellement perdu dans la ville de Bruxelles, que j’ai doucement fini par me perdre à Saint Josse. Le quartier dans lequel je me suis retrouvé était sans un doute possible le QG de la communauté turque. En y repensant, j’aurais dû arrêter n’importe quel grand-père sirotant son café pour lui demander s’il ne connaissait pas un bon professeur de bağlama dans le coin. En tout cas, je sais maintenant où aller pour ça.

Quoi d’autre ? Rien. Je me suis baladé, baladé et rebaladé. Y a pas mieux pour les jours de congés. Je ne sais pas vous, mais quand j’en ai assez de la routine, je vais marcher dans des rues que je ne connais pas. Ça me fait un bien fou. J’ai l’impression qu’il suffit d’offrir à mes yeux les images inédites de lieux inconnus pour m’aérer le cerveau. Mon travail est répétitif, mes activités sur mon ordinateur aussi. Mais un simple changement de décor le temps d’une promenade et la lassitude s’en va.

Et puis, en ville du moins, on croise toutes sortes de gens. On imagine quelques secondes ce qu’ils font là, la vie qu’ils mènent. On s’évade encore. Il y a des passants qu’on oublie dans la seconde, d’autres qui marquent l’imaginaire un peu plus longtemps. J’ai par exemple croisé une femme qui, n’ayant sans doute plus toute sa tête, chantait de tous ses poumons des airs d’opéra semble-t-il improvisés. Concert gratuit. À sa manière agressive de brailler à la gueule des passants qu’elle regardait droit dans les yeux, on pouvait sentir qu’elle avait fait le choix de chanter plutôt que de mettre des coups de poings dans la gueule, mais qu’elle pourrait très bien changer d’avis si votre air ne lui revenait pas.

Chose bien étrange, il y a des gens qui ne se promènent pas. J’en ai connu. À quoi sert de se promener ? vous demanderont-ils. Z’ont aucune idée des motivations qui poussent une personne à flâner dans les rues ou les champs, sans aucun autre but que de flâner, faire marcher les jambes, respirer un peu d’air frais, observer l’environnement qu’il soit urbain ou champêtre, se laisser aller à penser une chose puis une autre au gré d’un trajet connu d’avance ou improvisé.

Je ne suis pas sûr de pouvoir vivre avec des gens qui ne sortent jamais se balader.