Musicouillerie #008 – Seven Eighth (Dans Numéro 0.7)

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Comme son nom l’indique, la signature rythmique de ce morceau est : 7/8. C’est l’occasion d’une petite leçon parce que c’est pas la première fois qu’on en parle.

Qu’est-ce que ça veut dire, 7/8, pour les ceusses qui causent pas le jargon musiqueux ? C’est à peu près simple. Approchez, je vous explique.

Prenez une chanson de Patrick Sébastien, au hasard. Battez la mesure. Allez-y, personne ne vous regarde. Voilà, en tapant dans vos mains en continu, comme ça : clap clap clap clap… vous pouvez compter 1 2 3 4 et recommencer. Et ça va, ça marche bien : 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 etc.

La signature rythmique de ce morceau est donc 4/4. Ça veut dire qu’il y a quatre noires dans une mesure. Le premier 4 de 4/4 veut dire qu’il y en a quatre. Quatre quoi ? Ben des noires, je viens de vous le dire. C’est le second 4 qui veut dire que c’est de noires qu’on parle.

Vous vous souvenez des cours de musique de primaire et collège ? Les rondes, les blanches, les noires, les croches ? La ronde c’est la note qui dure toute la mesure, les autres ont des durées moindre. 1 ronde = 2 blanches = 4 noires = 8 croches. Ben voilà z’avez pigé. Bon et maintenant, une signature rythmique en 7/8, qu’est-ce que ça veut dire ?

J’attends. Relisez bien tout lentement si vous n’avez pas trouvé.

Voilà, c’est qu’il y a sept croches dans une mesure. Le premier chiffre dit combien il y en a, le second de quoi on parle. 7/8, sept croches.

Attention plus compliqué : on a dit 4 noires = 8 croches. Okay. Tout à l’heure, vous aviez compté toutes les noires, 1 2 3 4, en tapant dans vos mains sur Patrick Sébastien. Recommencez, sur la même chanson, mais tapez dans vos mains deux fois plus vite (et deux fois plus c’est pas une façon de parler), et au lieux de 1 2 3 4 1 2 3 4… comptez : 1 ET 2 ET 3 ET 4 ET 1 ET 2 ET 3 ET 4 ET 1 etc. Là, vous marquez les croches de chaque mesure, vous comptez en 8/8 on pourrait dire.

Ben voilà. Le morceau Seven eighth, ça veut dire que par rapport à un morceau standard en 4/4 ou 8/8, ce qui est la même chose, il lui manque une croche par mesure. Il n’en a que 7 au lieu de huit, ce qui donne l’impression qu’il « boite ». Il vous faudra compter 1 ET 2 ET 3 ET 4 1 ET 2 ET 3 ET 4 1 etc. pour bien retomber sur 1 au premier temps de chaque mesure, parce qu’il manque un « ET » entre le 4 et le 1.

Pfouu, c’était pas facile sans schéma. Que dire d’autre sur le morceau en lui-même ? Très jeu vidéo, tout synthé… J’ai essayé quelques variations sans trop me casser la tête, j’ai surtout varié les sons de synthé et adapté un poil en fonction du son. Je l’aime quand même pas mal ce morceau.

Quand je l’ai présenté à Numéro 0, la remarque d’un ami a été : « pile quand je me suis dit que ça commençait à être répétitif, le morceau s’est arrêté ». Apparemment, c’est donc un morceau à n’écouter qu’une fois.


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Musicouillerie #007 – Incense (Dans Numéro 0.6)

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Tout ça est parti de la basse. Car j’ai une basse. Une japonaise, cinq cordes. Je me souviens plus la marque. Elle marche bien. Enfin, en ce moment elle marche pas, mais je veux dire qu’en temps normal elle sonne bien. Faut bien la régler quoi. Bon ben là, on a beau la régler y a plus rien qui sort. Faudrait la faire réparer. C’est l’électronique qui merde et… ah oui, je vois, vous vous en foutez. Vous avez bien raison.

Tout est donc parti de cette ligne de basse trouvée alors que je découvrais l’instrument. J’aimais beaucoup la jouer un peu tous les jours comme échauffement. Je l’ai simplement enregistrée, et j’y ai collé une piste batterie trouvée au hasard dans les samples proposés nativement par Logic Pro X. Tout comme la voix de l’Indien d’Inde : sample de base Logic Pro X.

À ce propos, en me rendant sur Dailymotion histoire de voir où il en était de son agonie, c’est mon côté pervers, j’ai découvert qu’OrelSan avait utilisé le même sample dans le clip de sa chanson Dis-moi (1 m 41 s). Je pense qu’il n’y a plus que lui pour faire vivre Dailymotion. OrelSan, cruel opposant de l’euthanasie ? C’est possible.

Tout ça c’est bien beau, que vous vous dites, mais on s’en tape. Voui, moi aussi, je m’en tape. Si vous saviez comme je m’en tape ! Mais en même temps, ce morceau, Incense, c’est trois fois rien. Une ligne de basse en boucle, une guitare avec trop d’effets, trois samples pourris. Et qu’est-ce que vous voulez que je vous raconte avec ça ?


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Musicouillerie #006 – Yet Another Cop Show (Dans Numéro 0.4)

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Le funk ça a jamais été mon truc. Non, c’est pas ça. Disons qu’en explorateur que je suis, dans la jungle des genres musicaux, je suis jamais tombé nez à nez avec le funk. J’ai donc fait un morceau avec tous mes préjugés le concernant et ça a donné ça.

Si je me souviens bien, j’avais acheté la piste batterie sur un site qui proposait des enregistrements de… ben ouais de pistes batteries. Des trucs de qualité et dans différents genres. Le site fournissait aussi des samples de chaque coup sur chaque fût et sur chaque cymbale, isolé. Mais là pour ce morceau j’ai juste collé la piste enregistrée telle quelle et j’ai joué par dessus tout ce qui me passait par la tête.

Pour autant on ne peut pas dire que j’ai fait honneur au batteur dans le mix, mais c’était compliqué. J’ai jamais été bon mixeur, et j’ai jamais eu la patience qu’il faut avoir si on n’est pas bon. Je dis ça parce que j’aime m’auto-flageller, mais en y repensant ce mix je l’ai tourné et retourné dans tous les sens, seulement pas possible de m’en sortir correctement. J’ai fini par l’abandonner dans l’état où vous pouvez l’entendre.

C’était compliqué, je disais, parce qu’il y a beaucoup d’éléments. La batterie et les guitares sont réelles, le reste est synthétique, mais en tout ça fait au moins sept instruments qui jouent en même temps.

Ben voilà, après j’ai refourgué ça à Numéro 0 au printemps 2015. Vous remarquez peut-être qu’en ce moment je vous fais bouffer du « fait pour Numéro 0 » à chaque note de blog, c’est pour rattraper la parution des morceaux sur le site. Ensuite ce sera plus qu’une fois toutes les deux ou trois semaines.


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Musicouillerie #005 – If I Were a Single Man (Dans Numéro 0.2)

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Paroles :

If I were a single man I’d lie
If I were a single man I’d cry
If I were a single man I’d lay
If I were a single man I’d pay
If I were a single man I’d play
If I were a single man I’d stay
If I were a single man I’d sing
If I were a single man I’d sting
If I were a single man I’d think no more
If I were a single man I’d drink no more
If I were the chosen one I’d smile
If I were the fucking devil I’d smite


Ouhlala. Dans celle-là je chante. J’ai un peu honte. J’ai vachement honte même en fait. Du coup si ça vous embête pas on va se concentrer sur autre chose : le contexte.

Ah non, mince. Le contexte aussi il craint… Bon enfin, faut bien que je vous raconte quelque chose. Donc, nous sommes en… devinez ? Bravo, encore 2015, et je me suis fait quitter par ma petite amie depuis six mois environ, après trois ans de vie commune. Me voilà donc tout seul dans mon petit studio trouvé en urgence et qui me coûte chaque mois 50€ de moins que ce que je gagne avec mon travail à mi-temps en crèche. Il me faut faire quelque chose pour Numéro 0, du fond de ma déprime, pendant que ces connards de voisins du dessous font encore la fête à cent personnes pour la troisième fois de la semaine et que c’est comme ça toutes les semaines, alors que moi je suis désespérément seul, et que même mes amis je les vois presque pas. J’allume mon ordinateur pour noyer mon chagrin dans la musique, ça changera un peu de l’alcool.

Je suis parti sur une mesure composée, un petit 7/8 des familles. Dans ces cas-là, en général, je m’attaque directement à la partie percussion, histoire d’avoir un bon support pour tout le reste. J’ai trop de mal à compter les temps et à trouver des rythmes qui vont bien uniquement avec le métronome en 7/8. Je vous ai dit que je faisais semblant d’être musicien non ? Bon, après ça j’ai couché quelques accords au piano (synthé, bien sûr, vous pensiez que j’avais un piano dans ma cage à lapin de célibataire avec mon salaire de misère ?) et la ligne de basse, puis j’ai enregistré la partie mandoline (avec ma vraie mandoline cette fois, c’est pas cher et ça prend pas de place) et enfin les synthés synthés.

C’est pour le mix que ça s’est corsé. J’avais pas fini de mixer les instruments avant d’enregistrer la voix, ce qui fait que j’y ai passé deux jours à m’en arracher les cheveux. Dès que je baissais ou augmentais le niveau d’un instrument ou que je touchais un compresseur, il fallait que je change tout le reste. J’en pouvais plus, j’ai failli abandonner. Bon ben j’ai pas abandonné sinon vous auriez pas pu écouter le morceau.

Bon et puis pour les paroles vous voyez bien, ça dit en anglais « si j’étais célibataire… » et après je mets des trucs qui riment pour lesquels chacun·e pourra bien inventer un sens.

Anecdote : les rires qu’on entend au tout début de la chanson, c’est les connards de voisins qui font la fête en bas pendant que j’essaie d’enregistrer proprement une mandoline. Je l’ai laissé. J’aime bien.


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Musicouillerie #004 – Something very very flat (Dans Numéro 0.1)

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Paroles :

« Generally speaking, you’re free until you’re about four years old. And then five arrives, then you go to grammar school and then you start becoming demented and solved and orientated and shoved into areas. You lose what individualism you have. If you have enough, of course, you retain some of it. But most don’t have enough so you become watchers of game shows, you know, and things like that. Then you work the eight-hour job with almost a feeling of goodness. Like you’re doing something. You get married, like marriage is a victory, and you have children, like children is a victory. But most things most people do are a total grind: marriage, birth, children. It’s something they have to do because there’s nothing else to do. There’s no glory in it, there’s no steam, there’s no fire. It’s very very flat. And the Earth is full of them. Sorry, but that’s the way I see it. »

Charles Bukowski, au cours d’une interview.


Toujours 2015. Toujours pour Numéro 0 (voir note précédente).

Alors celle-ci je l’aime bien. C’est pas souvent. Mais je peux pas trop l’écouter, elle me met instantanément dans une état proche de la défonce et vraiment pas loin de la grosse déprime. Je ne sais pas de quoi ça vient. C’est pas les paroles, c’est la musique. Sûr que quand je l’ai faite j’avais bien fumé et j’étais pas dans mon assiette, mais je ne sais pas si c’est parce que ça me rappelle ce moment ou si c’est juste les sons, le rythme qui fait ça. Je sais pas ce que ça vous fera à vous mais à moi elle me fait pas vraiment du bien, et pourtant je le répète je l’aime beaucoup.

L’idée de départ était encore d’habiller un discours parlé, mais cette fois je ne m’étais pas mis de contraintes musicales particulières. J’ai commencé par laisser trainer cet espèce de note aigüe continue qu’on entend dès le début et qui reste présente jusqu’à la fin, puis j’ai rajouté ces sortes de cloches qui sonnent à un rythme régulier sur la même note, avant de leur faire faire des accords et de développer là-dessus. Pour cette contrebasse vraiment très libre, en dehors des temps et mixée très haut, j’ai beaucoup hésité. Encore aujourd’hui je ne suis pas sûr de ce choix. En même temps rien d’autre ne ressort vraiment dans ce morceaux, il faut bien un élément un peu devant et un qui se comporte étrangement, non ? Sinon on se fait chier. Bon ben là c’est la contrebasse qui fait les deux. Bon et j’aime beaucoup le mellotron, vous aimez le mellotron vous ? Je crois qu’on ne peut pas ne pas aimer le mellotron. Moi j’en foutrais partout du mellotron. En plus le mot est sympa. Mellotron, mellotron, mellotron.

Pour le choix de l’interview de Bukowski… bah, disons que c’était pas ma période la plus sobre et que ça devait encore être un de ces jours où j’en veux à la terre entière. Oui, ça m’arrive. Des fois je trouve que vous êtes tous une belle bande de cons qui m’empoisonnez la vie. Après je pense aux gens que j’aime et je me dis que c’est moi le gros con. Des fois je suis de bonne humeur aussi, mais ces jours-là j’évite de lire du Bukowski. Ça aussi ça peut me faire basculer vite fait bien fait, comme ce morceau.

Maintenant que j’y réfléchis c’est peut-être ce sifflement continu qui me fait déprimer quand je l’écoute.


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Musicouillerie #003 – Who Has the Power ? (Dans Numéro 0)

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Paroles :

« I’m sorry, but I don’t want to be an emperor. That’s not my business. I don’t want to rule or conquer anyone. I should like to help everyone, if possible, Jew, Gentile, black man, white. We all want to help one another. Human beings are like that. We want to live by each other’s happiness, not by each other’s misery. We don’t want to hate and despise one another. In this world there is room for everyone. And the good earth is rich and can provide for everyone. The way of life can be free and beautiful, but we have lost the way. Greed has poisoned men’s souls, has barricaded the world with hate, has goose-stepped us into misery and bloodshed. We have developed speed, but we have shut ourselves in. Machinery that gives abundance has left us in want. Our knowledge has made us cynical. Our cleverness, hard and unkind. We think too much and feel too little. More than machinery we need humanity. More than cleverness we need kindness and gentleness. Without these qualities, life will be violent and all will be lost…. The aeroplane and the radio have brought us closer together. The very nature of these inventions cries out for the goodness in men, cries out for universal brotherhood, for the unity of us all. Even now my voice is reaching millions throughout the world, millions of despairing men, women, and little children, victims of a system that makes men torture and imprison innocent people. To those who can hear me, I say : do not despair. The misery that is now upon us is but the passing of greed, the bitterness of men who fear the way of human progress. The hate of men will pass, and dictators die, and the power they took from the people will return to the people. And so long as men die, liberty will never perish. […] Don’t give yourselves to brutes, men who despise you, enslave you, who regiment your lives, tell you what to do, what to think and what to feel! Who drill you, diet you, treat you like cattle, use you as cannon fodder. Don’t give yourselves to these […] men, machine men with machine minds and machine hearts! You are not machines! You are not cattle! You are men! You have the love of humanity in your hearts! You, the people have the power! The power to create machines. The power to create happiness! You, the people, have the power to make this life free and beautiful, to make this life a wonderful adventure. »

Discours extrait de The Great Dictator, Charlie Chaplin, 1940.


Cette fois on est en 2015, et le morceau fait tout spécialement pour le magazine html underground Numéro 0, premier numéro (c’est-à-dire le numéro 0, suivez).

Au lancement du magazine je me disais que ce serait le lieu idéal pour expérimenter des trucs farfelus, dont le collage musical. Au final, je ne pense pas avoir expérimenté dans Numéro 0 plus qu’ailleurs, vu que je ne me suis jamais vraiment tenu à faire de la musique à formule où que ce soit, mais je reviendrai sans doute sur ce point un autre jour.

Là il s’agit d’une composition qui est partie de l’idée d’accompagner un discours parlé par des accords s’enchaînant selon une certaine séquence de mouvements très brève et répétée sur un Tonnetz néo-riemannien (ça fait mec très intelligent, très qui s’y connait dit comme ça, mais franchement j’ai juste fait mumuse pour la première fois avec de beaux outils que je ne maîtrise pas et auxquels je n’ai jamais retouché depuis) jusqu’à être revenu à l’accord initial. Là je n’ai pas accès à mon projet Logic Pro et je n’ai pas le courage de retranscrire les accords à l’oreille pour vous dire exactement de quelle séquence il s’agit. Ensuite j’ai essayé de dégager des sortes de mélodies pas trop dégueu de tout ces accords contraints.

Représentation animée d’un tonnetz néo-riemannien « toroïdal » ou « en forme de gros donut ». Par Davidwbulger. Enfin allez pas demander un torus à la boulangerie du coin, on va vous regarder bizarre.

Pour le discours, j’ai pris celui du personnage de Chaplin dans son The Great Dictator, non seulement parce qu’il portait grosso modo un message sympa bien que simpliste : « soyez gentils », mais aussi parce qu’il était très simple à trouver et n’était accompagné d’aucune musique de fond. J’ai viré quelques passages du discours que j’aimais moins. Et puis, il y a de l’intention dans la voix, ça aide un peu à tenir cet enchaînement d’accords qui ne semble vouloir aller nulle part. Normalement j’ai pas le droit d’utiliser ça, parce que c’est pas encore dans le domaine public. Chut.

Bon, enfin, pour conclure : j’aime pas trop le résultat.


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