Musicouillerie #010 – À propos des Pupi (et sa version piano)

Et voilà ! C’est enregistré, mixé, masterisé.

Contrairement à mes habitudes, je vous laisse découvrir le morceau tranquillou et j’en discute ensuite. Enfin, les morceaux. Prenez votre temps.

À propos des Pupi

Composé sur un air original de Alexandre ASTIER pour la série Kaamelott.

Guitare classique, guitare portugaise : Michele BONI
Percussions : Maciej GIŻEJEWSKI
Contrebasse : Kentaro SUZUKI
Mix et mastering : Francesco MONTRONE pour InABagRecords
Composition : Alexandre ASTIER / MUSICOUILLEUR

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À propos des Pupi – pour clavier

Toujours composé sur un air original de Alexandre ASTIER pour la série Kaamelott, vu qu’il s’agit seulement d’une « réduction » pour clavier du même morceau.

Piano et mastering : Roman STARKMAN (Starkmanmusic)
Composition : Alexandre ASTIER / MUSICOUILLEUR

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Que m’a-t-il pris ? Pourquoi faire enregistrer cette musique basée sur un air dont je ne possède pas les droits ? Comment ? Notre envoyé spécial nous fait parvenir les dernières nouvelles du bordel qui règne dans mon cerveau.

Pour la genèse du morceau, je vous invite à lire cet article. Je vais maintenant aborder l’aspect pratique de la mise en œuvre.

Pourquoi et comment enregistrer ce morceau ?

La première question que je me suis posée était : comment faire enregistrer son morceau par des musiciens professionnels quand on n’a absolument aucune relation dans le monde de la musique, qu’on ne connaît pas le pays dans lequel on habite depuis presque deux ans, ni les milieux artistiques qu’il abrite ?

Naturellement, dans ces cas-là, on se tourne vers internet. Et il se trouve qu’un site permet effectivement de se payer les services d’artistes, d’artisans et de techniciens de tous niveaux dans à peu près tous les domaines imaginables : Fiverr.

On peut y fouiner à loisir, comparer en quelques clics les savoir-faire, l’expérience et les tarifs des artistes avec lesquels on envisage de travailler, afin d’obtenir un résultat qui soit un bon compromis entre ce qu’on a en tête et ce qu’on peut effectivement se payer.

Pour les petits budgets cela dit, deux choses à savoir : les prix affichés sur les annonces ne tiennent pas compte de la TVA, et il est de coutume de laisser un pourboire aux artistes une fois la commande livrée. À prévoir dès le départ dans le budget donc, pour éviter les surprises.

Surtout ne pas hésiter à bien discuter des spécificités de votre projet avec les artistes avant de les engager. La plupart vous proposeront des offres sur mesure, cela leur permettra d’ajuster leurs tarifs en fonction de la charge de travail estimée.

Je dois dire que je n’ai eu que de bonnes expériences en bossant par le biais de cette plateforme-là depuis un mois.

Et voilà donc le comment. Le pourquoi… me le suis posé qu’ensuite. Mais c’est venu. Je crois que j’avais vraiment envie de voir si tout ça sonnait bien, avec de vrais instruments, de bons musiciens, ou si c’était joli seulement dans ma tête. Après un petit paquet d’années passer à musicouiller tout seul dans mon coin, voir si j’arrivais à sortir un truc qui vaille le coup que ce soit joué par des humains.

À propos de la version originale

Guitares

Une fois la plateforme trouvée. Faut se lancer.

Par où commencer. Percussions ou cordes ? Je ne suis pas très sûr. Qui a le plus besoin de quoi comme support pour faire du beau boulot. Comme à ce moment-là je me dis encore que je n’aurais peut-être pas le budget pour me payer un percussionniste et que je m’occuperais peut-être moi-même de cette partie, je choisis de faire enregistrer la guitare et l’instrument encore inconnu pour la mélodie principale. Le musicien devra s’accompagner de la démo pourrie.

Je contacte Michele. Un Italien vivant en Espagne si je ne me trompe pas. Cet homme joue de tout un tas d’instruments à cordes pincées. J’écoute ses démos, il joue bien, on sent qu’il a de l’expérience, du feeling. Je sens directement qu’il sera capable de jouer ce que j’imagine comme je l’imagine et même mieux. Il va jouer la guitare classique et aussi l’instrument principal. Je ne sais pas lequel. Mais je sais que si je peux engager une seule personne pour jouer cette section mélodique, j’y gagnerai en cohérence.

Si c’était de la musique cubaine pure, pour l’instrument encore indéterminé, on aurait immédiatement opté pour un tres cubain. Mais là, j’avais en tête un truc un peu plus coloré. Dans ma démo l’instrument que j’avais fabriqué sonnait parfois même un peu comme un clavecin. Michele me propose la guitare portugaise. Instrument que je ne connaissais pas vraiment. J’écoute. Parfait. C’est exactement le son que je cherchais. On a simplement dû faire le deuil d’une note trop grave pour être jouée sur cet instrument. Ca m’a rendu très triste, mais Michele a habilement tourné l’affaire pour qu’à part lui et moi personne ne remarque rien.

J’écris les partitions. Mal. Je décide à passer du tempo magique de 55.5 bpm (non c’est pas magique, c’était juste le « sweet spot) à 56 bpm, trahison envers mon intuition profonde que je ne me pardonnerai peut-être jamais, mais qui me garantit que quelque soit le logiciel sur lequel enregistre chaque musicien, ils sera capable d’obtenir le bon tempo, certains n’acceptant pas les décimales. Je prie de ne pas avoir fait d’erreur en écrivant les partitions, puisque que je ne sais pas les lire moi-même à la volée.

Je les envoie donc à Michele. Je lui donne mes indications et m’excuse d’avance pour la guitare classique qui passe la moitié du morceau à jouer des bêtes octaves à la noire, puis je le laisse travailler. Quelques jours plus tard, il m’envoie ses deux pistes. Jeu impeccable, beau feeling, son magnifique. Je vois des petits anges, je peux passer à la suite.

Contrebasse

Je contacte Kentaro. Un Japonais vivant en France. Remarquez qu’en deux musiciens et trois instruments nous couvrons déjà quatre pays. Cinq avec moi Français vivant en Belgique. C’est beau l’internet.

Je lui écris une aussi mauvaise partition qu’aux autres, il n’y a pas de raison. Je lui donne mes indications. Je suis un peu gêné qu’il n’ait pas grand chose à se mettre sous la dent en terme de jeu. Les notes sont longues et peu nombreuses. Il me demande s’il peut modifier des parties pour les rendre plus dynamiques. Je lui réponds que pas trop. Je lui explique que je travaille en composant sur un morceau déjà existant et que s’il peut ajouter quelques notes et effets ici ou surtout là, il peut, mais qu’il ne faut rien enlever et qu’il ne peut pas modifier drastiquement le contrepoint. Il comprend très bien et enregistre sa partie en respectant de très près la partition, tout en ajoutant ici et là quelques effets percussifs, ou en choisissant de jouer une partie à telle octave plutôt qu’à telle autre. Bref, il trouve les moyens de s’amuser dans les limites du bac à sable, qui fait que tout le monde passe un bon moment à jouer.

Les contrebasses, c’est difficile à enregistrer. Et comme c’est difficile à enregistrer, c’est également difficile à mixer. Kentaro a très bien joué et très bien enregistré sa partie, cela dit, elle a eu un peu du mal à se faire sa place au mixage. Comme quoi, ça n’est pas une science exacte. Mais on en reparlera un peu plus bas. J’ai dans tous cas passé quelques belles heures à écouter le son de la contrebasse toute seule. Je voudrais toujours plus de contrebasse. Vous ne pourriez laisser au monde comme seuls instruments que des contrebasses et des clavecins que je m’en porterais très bien.

Bref, j’ai les guitares, j’ai la contrebasse. Passons aux percussions.

Percussions

Devant la qualité des pistes que j’ai reçues jusque là, je me dis que je ne peux pas tout gâcher avec des percussions virtuelles qualité merde. D’autant que si j’ai appris très vite fait les rudiments des rythmes traditionnels afro-cubains, je n’ai absolument pas le feeling et la connaissance profonde des percussions qui me permettraient d’imaginer et réaliser de jolis breaks, transitions, variations, et autre embellissements qui donnent toute la vie à un morceau. Je me résous donc à faire appel à un pro. Et je me prépare à casser la tirelire vu le nombre de percussions que j’imagine nécessaires.

Sur ce, je contacte Maciej. Fabuleux percussionniste Polonais touchant à tous les styles et possédant une collection énorme de percussions des quatre coins du globe. Le son de ses démos est impeccable. Je lui explique le concept, je ne lui écris pas de partition. Des partitions pour les percussions ? C’est bien au delà de ce dont je suis capable à ce jour. Je me contente de lui envoyer piste par piste les percussions que j’ai programmées pour la démo du morceau.

En quoi ? Un, deux échanges, Maciej comprend exactement ce que je veux, exactement ce qu’on peut ajouter ou retrancher, il me donne toutes les références que j’ai en tête et même celles inconscientes. On cause Buena Vista old school, danzón, musique andalouse. Bim boum badaboum. Quelques jours plus tard, Maciej ne m’envoie pas les 6 pistes de percussions que j’attendais, mais 15 pistes (enfin 24 si on compte les prises de sons multiples sur certaines percu). Tout un univers est là. C’est juste parfait. Je ne vous mens pas, j’ai dû écouter les percussions seules presque autant que le morceau finalisé.

À ce stade, ma seule angoisse est : vais-je réussir à mixer tout ça avec mon matos moisi.

Mix et mastering

La réponse est non. Je ne saurais pas faire. Et puis je ne veux pas. Je veux pousser l’expérience jusqu’au bout. J’ai fait enregistrer chaque partie par des musiciens professionnels, je veux un mix et un mastering professionnel. Le mixage, c’est l’étape où on peut tout consolider ou tout gâcher. Au choix.

Alors c’est reparti. Si sur Fiverr vous trouvez des centaines d’ingé son amateurs prêts à mixer vos morceaux trap, drill et hip hop, c’est une autre paire de manches de dénicher un professionnel spécialisé dans la musique acoustique/classique à des prix abordables pour moi.

Mais il s’en trouve ! Au moins un. C’est le cas de Francesco pour InABagRecords. Francesco et un ingénieur du son Italien, spécialisé donc dans la musique classique et acoustique.

Pour ceux qui ne savent pas, et il n’y a aucune honte à ça, le mix dont on parle ici n’a pas de rapport avec le travail de DJ. Pour résumer très vite, il s’agit de travailler le volume et le son de chaque instrument, ainsi que leur placement dans l’espace sonore, pour donner un tout satisaisant. Le mastering est l’étape suivante, qui sert à ajuster le volume global et parfois même la couleur d’un morceau, afin qu’il sonne à peu près de la même manière quelque soit la plateforme sur laquelle vous l’écoutez, et assurer une belle cohérence entre tous les sons. C’est le coup de vernis final quoi.

Eh ben quoi, le résultat du travail de Francesco, c’est ce que vous avez écouté. Évidemment, nous avons échangé durant tout le processus. Cet élément un peu plus fort, celui-ci un peu moins, là plus de punch, ici plus de douceur pour produire tel ou tel effet. Ce genre de choses. Ce qui était sympa avec Francesco, c’est que je lui fournissais une page de feedback à chaque fois qu’il m’envoyait une démo, et au lieu de répondre quoi que ce soit sur le moment par écrit, sa réponse était la démo suivante qui intégrait, avec goût, toutes les modifications que j’avais suggérées. C’était un régal. Zéro blabla, comme disait la pub.

À propos de la version pour clavier

Pour la version piano, j’ai simplement contacté Roman Starkman, lui ai refilé la partition horrible que j’avais préparée à la hâte, sans armure, avec des dièses et des bécarres dans tous les sens, en lui demandant de jouer le morceau comme il le sentait lui, jusqu’au tempo qu’il pouvait choisir. Roman a d’ailleurs eu la gentillesse de m’aider à réécrire la partition pour la rendre plus lisible. Il a lui-même enregistré et masterisé le morceau.

Quelques jours après la publication de cet article, je rendrai disponible toutes les versions du morceau dans la partie Grand Bazar du site, ainsi que les partitions. Laissez-moi quelques jours pour mettre de l’ordre dans tout ça.

Je dois vous dire que j’ai une pensée toute spéciale pour Roman, qui a appris le morceau et a enregistré son interprétation entre le 22 et le 24 mars 2022 depuis son logement à Kiev, en Ukraine, tout juste un mois après le début de l’invasion du pays par l’armée Russe. Je ne sais pas comment tu fais pour continuer à travailler et jouer dans cet environnement, Roman. Mais merci pour le morceau.

Le coût

Un tout petit peu moins de 500€ tout compris, enregistrements, mixage et masterisation des versions originale et piano, TVA et pourboires. Honnêtement, c’est pas cher vu la quantité de travail fournie, étalée sur cinq collaborateurs. Je me sens même un peu coupable, mais la vérité c’est que je n’aurais pas su débourser plus. Je m’en remets à ma conscience en me disant que j’ai bien détaillé les spécificités de chaque partie à chaque artiste avant de commencer, qu’ils m’ont chacun proposé leur offre sur mesure en fonction, et que je n’ai pas marchandé un seul centime sur les propositions qu’ils m’ont faites, ni tenté de les influencer en leur avouant que j’étais fauché. J’ai donc payé ce que chacun a estimé être le prix correct pour son service. Faut que j’arrête de me torturer. Vous inquiétez pas ça va passer.

Le résultat ?

Bah il me plaît beaucoup. Évidemment si j’avais tout su faire moi-même, ç’aurait été un poil différent, mais ça correspond quand même à 90% à ce que j’avais en tête. Je dis 90% (prononcer nonante pour cent), parce que je n’ai pas voulu jouer les control freaks, comme on dit. Tout en étant précis sur mes intentions et le résultat que je souhaitais, j’ai à chaque étape essayé de donner le maximum de liberté à chaque artiste, persuadé que le résultat ne serait que meilleur s’il trouvait à s’amuser en travaillant, s’il avait moyen de mettre sa touche personnelle là dedans, de s’approprier un peu le truc.

Deux regrets. Enfin, pas regrets, deux choix que j’ai dû faire et dont je ne sais pas encore si je les regrette ou pas. La basse passant mal au mix, on a dû forcer un peu sur l’égaliseur et la compression. Ça lui fait perdre de son naturel, mais ça confère le punch qu’il faut au morceau. Triste compromis, mais il faut en faire. Seconde chose, la guitare portugaise qu’on entend trop faiblement à la fin du morceau, tout ça parce qu’on a un peu trop poussé la basse, parce qu’il le fallait. Mais je ne voulais trop pousser la guitare portugaise, pour que ça reste le plus naturel possible (ce qui ne veut pas dire grand chose). Compromis, donc, résultant d’un précédant compromis. Je ne mens pas quand je dit que le mixage c’est l’enfer.

Pour la version piano, elle ne ressemble en rien à ce que j’aurais pu imaginer, et tant mieux ! Pour le coup il s’agissait d’avoir la surprise d’entendre l’interprétation personnelle qu’en ferait un pianiste habitué à divers genres. Comment allait-il comprendre le morceau. Quand il m’a envoyé sa piste, il avait nommé le fichier « fuga », ce qui m’a beaucoup fait rire, un peu flatté, et un rien culpabilisé de ne pas savoir véritablement composer une fugue dans les règles de l’art.

Que dire d’autre ? Je retravaillerai volontier avec chacune des personnes que j’ai pu rencontrer sur Fiverr. Faut juste me laisser quelques mois pour économiser à nouveau et trouver un encore plus chouette morceau à composer (là c’est peut-être en années que ça se compte). Un sur lequel je possèderais les droits à 100%, accessoirement.

Et Alexandre Astier dans tout ça ?

Eh oui. Maintenant comment et où diffuser ce morceau ? Composer un morceau sur la base d’une autre composition… Quelle connerie, hein ? Il va me falloir contacter le monsieur. Pas que j’envisage de faire le moindre sou avec ça, mais j’aimerais tout de même bien le diffuser gratuitement ici ou là (ici, c’est ce site, et là sans doute bandcamp, pas plus), sans avoir le gros nuage menaçant de l’illégalité au dessus de ma tête.

Par exemple, le percussionniste m’a demandé s’il pourrait faire figurer la piste sur son album de percussions et guitares en cours de réalisation, sur lequel il souhaite collaborer avec des musiciens d’un peu partout dans le monde. Bon ben, je peux pas lui dire oui. J’ai pas les droits. Je ne sais pas s’il souhaite le vendre, par exemple, son album. Si c’était le cas, et même si je ne lui demandais jamais rien en retour, ça impliquerait certaines démarches. Comprenez que j’aimerais simplement lui dire oui, bien sûr, tu peux l’utiliser autant que tu veux, fais-toi plaiz ! C’est pas tous les jours qu’on trouve un de mes morceaux si cool qu’on veuille le faire figurer où que ce soit.

Je vais donc essayer de contacter Alexandre Astier pour lui demander ce qu’il est possible de faire ou pas. Cela dit, quand un morceau est protégé et que son auteur est enregistré à la SACEM… la tâche devient ardue. Même Hugues Aufray a dû lui-même payer la SACEM pour que les enfants d’une petite école des campagnes aient le droit de chanter gratuitement ses chansons à la fête de fin d’année. Et oui, c’est qu’un pourcentage revient à la SACEM, ils ne lâcheront rien. Alors je ne me fais pas trop d’illusions sur les possibilités de parvenir à quoi que ce soit, même avec un éventuel accord direct du compositeur. Mais faut essayer.

Et puis comment le joindre, hein ? Fini le temps où il me suivait sur twitter, puisque j’ai supprimé mon compte il y a des années et changé de pseudo entre temps. Si c’était les années 90, je contacterais directement TV magazine, et ils me répondraient quelque chose du genre : pour joindre monsieur Astier, veuillez écrire à Alexandre Astier, 212 rue des grandes machines, M6, Paris CEDEX quelque chose. Mais nous sommes en 2022. Sans compte facebook, twitter, instagram, ça me semble bien compromis.

En attendant, vous pouvez toujours écouter ça ici. C’est déjà ça.

J’ai dû oublier plein de choses en chemin. Mais ça fait deux mois que je bosse sur ce morceau, je n’en peux plus. Je suis pressé de le partager et de passer à autre chose.


Musicouillerie #009 – À propos des Pupi – Démo

Hier, je parlais de musique chiante. Aujourd’hui, je vous partage un peu de ma propre musique chiante, mais une petite introduction s’impose.

Aux alentours de 2010, alors que je vivais à Canterbury, je redécouvrais Kaamelott. Par là je veux dire que c’était la première fois que je ne m’arrêtais pas juste 3 minutes devant un épisode qui passait par hasard à la télé. Je matais toute la série du livre I au livre V. C’était à peu près ma seule source de français en audiovisuel. Au cours de ce marathon, voilà qu’arrive le livre II et son épisode 83 : Pupi.

Pour ceux qui ne savent pas, les Pupi sont les marionnettes du traditionnel théâtre de marionnettes sicilien (Opera dei Pupi). Je savais pas avant d’aller voir sur Wikipédia.

L’épisode est particulier. Arthur, incognito sur une place de marché, assiste en bonne compagnie à un spectacle de marionnettes narrant les péripéties survenant à la cour de Kaamelott. Lorsque le spectacle est terminé, et alors que les marionnettistes remballent leur théâtre, Arthur reparaît, un enfant dans les bras. Vêtu de sa tenue de cour cette fois-ci, couronne sur la tête, il use de son autorité royale et fait rejouer le spectacle à la demande de l’enfant, payant tout de même les artistes d’une bourse.

On pourrait passer des heures à causer de cet épisode sous divers angles, mais ce qui a contribué à la place toute particulière que je lui accorde, en plus de son étrangeté, c’est en grande partie la musique. Et je ne suis pas le seul.

Il s’agit d’un thème, composé par Alexandre Astier, évidemment, qu’on peut entendre uniquement dans cet épisode, et que je me trimballe dans la caboche depuis maintenant plus de 12 ans. Il va, vient. Il vit sa vie d’air au creux de mes synapses. Un matin je me réveille, il est là. Le lendemain il a disparu, mais ce n’est que pour mieux reparaître quelques semaines plus tard à l’occasion d’un grand soleil, ou d’un soir qui tombe, ou d’une voiture qui passe. Bref, cet air est devenu un compagnon fidèle.

J’ai bien essayé d’en faire une ou deux reprises au cours des dernières années mais bof. D’autres l’ont déjà si bien joué au piano, à l’accordéon, en mode one man band… Et moi, rien. Que vous voulez que je fasse avec mes petits VST tout pourris et mon inaptitude à jouer du clavier ?

Mais il y a deux mois, vlà-t-y pas que je transcris le morceau et que je décide de diviser le tempo par deux à la louche et d’y ajouter une ligne mélodique. J’y ajoute aussi des parties de basse aux endroits où il n’y en avait pas dans l’original, ou là où je n’en ai pas entendu, je transcrivais à partir d’un enregistrement de qualité piètre.

Et voilà. J’avais accouché d’un petit caca musical de plus, et je l’aimais bien. J’ai pas su tirer la chasse et lui dire au revoir. Je ne sais pas pourquoi je me suis dit celui-là, je vais le partager. Ce n’est que l’air des Pupi joué très lentement avec une mélodie plus rapide greffée là-dessus et des percussions derrière. D’autant que je me suis ensuite rendu compte que plus tôt dans l’épisode on l’entendait déjà à un tempo très lent. Mais je sais pas. Je l’aime bien.

Le voilà donc ce morceau, version démo, À propos des Pupi. Essayez de pas être trop impressionnés par la qualité de tous ces instruments virtuels gratuits, ça vous divertirait du génie de mon œuvre.

À propos des Pupi – version démo – Alexandre Astier/Musicouilleur

Je ne sais pas ce qui, de la basse, des percussions originales ou des harmonies, me faisait ça, mais ça me grattait la partie de la tête où sont rangées les mélodies et les rythmiques afro-cubaines. Peut-être parce que ça faisait déjà un mois que je tentais de composer (sans que rien de formidable n’en sorte) des son cubanos et des boleros. Parce que j’adore certains types de musiques cubaines traditionnelles.

Pour autant, je crois vraiment que ma musique en dit moins sur mes goûts musicaux en tant d’auditeur, que sur les outils que j’ai utilisé, sur mes connaissances et mes lacunes musicales au sens large, sur les contraintes dans lesquelles je me crois obligé de travailler, sur ma curiosité, et sur ma fascination pour des sons inattendus qui se produisent par hasard et/ou par erreur et autour desquels j’essaie de broder quelque chose. C’est pour ça que ce ne sont jamais de très bons morceaux. Pas des trucs qu’on mettrait dans une playlist. C’est toujours des mélanges étranges. Rien de très marqué. Ça sonne bizarre, on ne sait pas trop dans quel slip on habite. C’est comme ça, je m’y fais.

Je vois souvent mes morceaux davantage comme de petits dessins animés sans images qu’autre chose. Voire simplement comme des génériques parfois. Des années 80-90, évidemment.

Ça n’a pas de rapport, mais vous savez quoi, je me demande si ce n’est pas simplement parce qu’il y a l’air des Pupi en boucle tout au long du morceau que je l’aime vraiment bien celui-là.

Musicouillerie #008 – Seven Eighth (Dans Numéro 0.7)

Audio :


Comme son nom l’indique, la signature rythmique de ce morceau est : 7/8. C’est l’occasion d’une petite leçon parce que c’est pas la première fois qu’on en parle.

Qu’est-ce que ça veut dire, 7/8, pour les ceusses qui causent pas le jargon musiqueux ? C’est à peu près simple. Approchez, je vous explique.

Prenez une chanson de Patrick Sébastien, au hasard. Battez la mesure. Allez-y, personne ne vous regarde. Voilà, en tapant dans vos mains en continu, comme ça : clap clap clap clap… vous pouvez compter 1 2 3 4 et recommencer. Et ça va, ça marche bien : 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 etc.

La signature rythmique de ce morceau est donc 4/4. Ça veut dire qu’il y a quatre noires dans une mesure. Le premier 4 de 4/4 veut dire qu’il y en a quatre. Quatre quoi ? Ben des noires, je viens de vous le dire. C’est le second 4 qui veut dire que c’est de noires qu’on parle.

Vous vous souvenez des cours de musique de primaire et collège ? Les rondes, les blanches, les noires, les croches ? La ronde c’est la note qui dure toute la mesure, les autres ont des durées moindre. 1 ronde = 2 blanches = 4 noires = 8 croches. Ben voilà z’avez pigé. Bon et maintenant, une signature rythmique en 7/8, qu’est-ce que ça veut dire ?

J’attends. Relisez bien tout lentement si vous n’avez pas trouvé.

Voilà, c’est qu’il y a sept croches dans une mesure. Le premier chiffre dit combien il y en a, le second de quoi on parle. 7/8, sept croches.

Attention plus compliqué : on a dit 4 noires = 8 croches. Okay. Tout à l’heure, vous aviez compté toutes les noires, 1 2 3 4, en tapant dans vos mains sur Patrick Sébastien. Recommencez, sur la même chanson, mais tapez dans vos mains deux fois plus vite (et deux fois plus c’est pas une façon de parler), et au lieux de 1 2 3 4 1 2 3 4… comptez : 1 ET 2 ET 3 ET 4 ET 1 ET 2 ET 3 ET 4 ET 1 etc. Là, vous marquez les croches de chaque mesure, vous comptez en 8/8 on pourrait dire.

Ben voilà. Le morceau Seven eighth, ça veut dire que par rapport à un morceau standard en 4/4 ou 8/8, ce qui est la même chose, il lui manque une croche par mesure. Il n’en a que 7 au lieu de huit, ce qui donne l’impression qu’il « boite ». Il vous faudra compter 1 ET 2 ET 3 ET 4 1 ET 2 ET 3 ET 4 1 etc. pour bien retomber sur 1 au premier temps de chaque mesure, parce qu’il manque un « ET » entre le 4 et le 1.

Pfouu, c’était pas facile sans schéma. Que dire d’autre sur le morceau en lui-même ? Très jeu vidéo, tout synthé… J’ai essayé quelques variations sans trop me casser la tête, j’ai surtout varié les sons de synthé et adapté un poil en fonction du son. Je l’aime quand même pas mal ce morceau.

Quand je l’ai présenté à Numéro 0, la remarque d’un ami a été : « pile quand je me suis dit que ça commençait à être répétitif, le morceau s’est arrêté ». Apparemment, c’est donc un morceau à n’écouter qu’une fois.


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Musicouillerie #007 – Incense (Dans Numéro 0.6)

Audio :


Tout ça est parti de la basse. Car j’ai une basse. Une japonaise, cinq cordes. Je me souviens plus la marque. Elle marche bien. Enfin, en ce moment elle marche pas, mais je veux dire qu’en temps normal elle sonne bien. Faut bien la régler quoi. Bon ben là, on a beau la régler y a plus rien qui sort. Faudrait la faire réparer. C’est l’électronique qui merde et… ah oui, je vois, vous vous en foutez. Vous avez bien raison.

Tout est donc parti de cette ligne de basse trouvée alors que je découvrais l’instrument. J’aimais beaucoup la jouer un peu tous les jours comme échauffement. Je l’ai simplement enregistrée, et j’y ai collé une piste batterie trouvée au hasard dans les samples proposés nativement par Logic Pro X. Tout comme la voix de l’Indien d’Inde : sample de base Logic Pro X.

À ce propos, en me rendant sur Dailymotion histoire de voir où il en était de son agonie, c’est mon côté pervers, j’ai découvert qu’OrelSan avait utilisé le même sample dans le clip de sa chanson Dis-moi (1 m 41 s). Je pense qu’il n’y a plus que lui pour faire vivre Dailymotion. OrelSan, cruel opposant de l’euthanasie ? C’est possible.

Tout ça c’est bien beau, que vous vous dites, mais on s’en tape. Voui, moi aussi, je m’en tape. Si vous saviez comme je m’en tape ! Mais en même temps, ce morceau, Incense, c’est trois fois rien. Une ligne de basse en boucle, une guitare avec trop d’effets, trois samples pourris. Et qu’est-ce que vous voulez que je vous raconte avec ça ?


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Musicouillerie #006 – Yet Another Cop Show (Dans Numéro 0.4)

Audio :


Le funk ça a jamais été mon truc. Non, c’est pas ça. Disons qu’en explorateur que je suis, dans la jungle des genres musicaux, je suis jamais tombé nez à nez avec le funk. J’ai donc fait un morceau avec tous mes préjugés le concernant et ça a donné ça.

Si je me souviens bien, j’avais acheté la piste batterie sur un site qui proposait des enregistrements de… ben ouais de pistes batteries. Des trucs de qualité et dans différents genres. Le site fournissait aussi des samples de chaque coup sur chaque fût et sur chaque cymbale, isolé. Mais là pour ce morceau j’ai juste collé la piste enregistrée telle quelle et j’ai joué par dessus tout ce qui me passait par la tête.

Pour autant on ne peut pas dire que j’ai fait honneur au batteur dans le mix, mais c’était compliqué. J’ai jamais été bon mixeur, et j’ai jamais eu la patience qu’il faut avoir si on n’est pas bon. Je dis ça parce que j’aime m’auto-flageller, mais en y repensant ce mix je l’ai tourné et retourné dans tous les sens, seulement pas possible de m’en sortir correctement. J’ai fini par l’abandonner dans l’état où vous pouvez l’entendre.

C’était compliqué, je disais, parce qu’il y a beaucoup d’éléments. La batterie et les guitares sont réelles, le reste est synthétique, mais en tout ça fait au moins sept instruments qui jouent en même temps.

Ben voilà, après j’ai refourgué ça à Numéro 0 au printemps 2015. Vous remarquez peut-être qu’en ce moment je vous fais bouffer du « fait pour Numéro 0 » à chaque note de blog, c’est pour rattraper la parution des morceaux sur le site. Ensuite ce sera plus qu’une fois toutes les deux ou trois semaines.


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Musicouillerie #005 – If I Were a Single Man (Dans Numéro 0.2)

Audio :

Paroles :

If I were a single man I’d lie
If I were a single man I’d cry
If I were a single man I’d lay
If I were a single man I’d pay
If I were a single man I’d play
If I were a single man I’d stay
If I were a single man I’d sing
If I were a single man I’d sting
If I were a single man I’d think no more
If I were a single man I’d drink no more
If I were the chosen one I’d smile
If I were the fucking devil I’d smite


Ouhlala. Dans celle-là je chante. J’ai un peu honte. J’ai vachement honte même en fait. Du coup si ça vous embête pas on va se concentrer sur autre chose : le contexte.

Ah non, mince. Le contexte aussi il craint… Bon enfin, faut bien que je vous raconte quelque chose. Donc, nous sommes en… devinez ? Bravo, encore 2015, et je me suis fait quitter par ma petite amie depuis six mois environ, après trois ans de vie commune. Me voilà donc tout seul dans mon petit studio trouvé en urgence et qui me coûte chaque mois 50€ de moins que ce que je gagne avec mon travail à mi-temps en crèche. Il me faut faire quelque chose pour Numéro 0, du fond de ma déprime, pendant que ces connards de voisins du dessous font encore la fête à cent personnes pour la troisième fois de la semaine et que c’est comme ça toutes les semaines, alors que moi je suis désespérément seul, et que même mes amis je les vois presque pas. J’allume mon ordinateur pour noyer mon chagrin dans la musique, ça changera un peu de l’alcool.

Je suis parti sur une mesure composée, un petit 7/8 des familles. Dans ces cas-là, en général, je m’attaque directement à la partie percussion, histoire d’avoir un bon support pour tout le reste. J’ai trop de mal à compter les temps et à trouver des rythmes qui vont bien uniquement avec le métronome en 7/8. Je vous ai dit que je faisais semblant d’être musicien non ? Bon, après ça j’ai couché quelques accords au piano (synthé, bien sûr, vous pensiez que j’avais un piano dans ma cage à lapin de célibataire avec mon salaire de misère ?) et la ligne de basse, puis j’ai enregistré la partie mandoline (avec ma vraie mandoline cette fois, c’est pas cher et ça prend pas de place) et enfin les synthés synthés.

C’est pour le mix que ça s’est corsé. J’avais pas fini de mixer les instruments avant d’enregistrer la voix, ce qui fait que j’y ai passé deux jours à m’en arracher les cheveux. Dès que je baissais ou augmentais le niveau d’un instrument ou que je touchais un compresseur, il fallait que je change tout le reste. J’en pouvais plus, j’ai failli abandonner. Bon ben j’ai pas abandonné sinon vous auriez pas pu écouter le morceau.

Bon et puis pour les paroles vous voyez bien, ça dit en anglais « si j’étais célibataire… » et après je mets des trucs qui riment pour lesquels chacun·e pourra bien inventer un sens.

Anecdote : les rires qu’on entend au tout début de la chanson, c’est les connards de voisins qui font la fête en bas pendant que j’essaie d’enregistrer proprement une mandoline. Je l’ai laissé. J’aime bien.


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Musicouillerie #004 – Something very very flat (Dans Numéro 0.1)

Audio :

Paroles :

« Generally speaking, you’re free until you’re about four years old. And then five arrives, then you go to grammar school and then you start becoming demented and solved and orientated and shoved into areas. You lose what individualism you have. If you have enough, of course, you retain some of it. But most don’t have enough so you become watchers of game shows, you know, and things like that. Then you work the eight-hour job with almost a feeling of goodness. Like you’re doing something. You get married, like marriage is a victory, and you have children, like children is a victory. But most things most people do are a total grind: marriage, birth, children. It’s something they have to do because there’s nothing else to do. There’s no glory in it, there’s no steam, there’s no fire. It’s very very flat. And the Earth is full of them. Sorry, but that’s the way I see it. »

Charles Bukowski, au cours d’une interview.


Toujours 2015. Toujours pour Numéro 0 (voir note précédente).

Alors celle-ci je l’aime bien. C’est pas souvent. Mais je peux pas trop l’écouter, elle me met instantanément dans une état proche de la défonce et vraiment pas loin de la grosse déprime. Je ne sais pas de quoi ça vient. C’est pas les paroles, c’est la musique. Sûr que quand je l’ai faite j’avais bien fumé et j’étais pas dans mon assiette, mais je ne sais pas si c’est parce que ça me rappelle ce moment ou si c’est juste les sons, le rythme qui fait ça. Je sais pas ce que ça vous fera à vous mais à moi elle me fait pas vraiment du bien, et pourtant je le répète je l’aime beaucoup.

L’idée de départ était encore d’habiller un discours parlé, mais cette fois je ne m’étais pas mis de contraintes musicales particulières. J’ai commencé par laisser trainer cet espèce de note aigüe continue qu’on entend dès le début et qui reste présente jusqu’à la fin, puis j’ai rajouté ces sortes de cloches qui sonnent à un rythme régulier sur la même note, avant de leur faire faire des accords et de développer là-dessus. Pour cette contrebasse vraiment très libre, en dehors des temps et mixée très haut, j’ai beaucoup hésité. Encore aujourd’hui je ne suis pas sûr de ce choix. En même temps rien d’autre ne ressort vraiment dans ce morceaux, il faut bien un élément un peu devant et un qui se comporte étrangement, non ? Sinon on se fait chier. Bon ben là c’est la contrebasse qui fait les deux. Bon et j’aime beaucoup le mellotron, vous aimez le mellotron vous ? Je crois qu’on ne peut pas ne pas aimer le mellotron. Moi j’en foutrais partout du mellotron. En plus le mot est sympa. Mellotron, mellotron, mellotron.

Pour le choix de l’interview de Bukowski… bah, disons que c’était pas ma période la plus sobre et que ça devait encore être un de ces jours où j’en veux à la terre entière. Oui, ça m’arrive. Des fois je trouve que vous êtes tous une belle bande de cons qui m’empoisonnez la vie. Après je pense aux gens que j’aime et je me dis que c’est moi le gros con. Des fois je suis de bonne humeur aussi, mais ces jours-là j’évite de lire du Bukowski. Ça aussi ça peut me faire basculer vite fait bien fait, comme ce morceau.

Maintenant que j’y réfléchis c’est peut-être ce sifflement continu qui me fait déprimer quand je l’écoute.


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Musicouillerie #003 – Who Has the Power ? (Dans Numéro 0)

Audio :

Paroles :

« I’m sorry, but I don’t want to be an emperor. That’s not my business. I don’t want to rule or conquer anyone. I should like to help everyone, if possible, Jew, Gentile, black man, white. We all want to help one another. Human beings are like that. We want to live by each other’s happiness, not by each other’s misery. We don’t want to hate and despise one another. In this world there is room for everyone. And the good earth is rich and can provide for everyone. The way of life can be free and beautiful, but we have lost the way. Greed has poisoned men’s souls, has barricaded the world with hate, has goose-stepped us into misery and bloodshed. We have developed speed, but we have shut ourselves in. Machinery that gives abundance has left us in want. Our knowledge has made us cynical. Our cleverness, hard and unkind. We think too much and feel too little. More than machinery we need humanity. More than cleverness we need kindness and gentleness. Without these qualities, life will be violent and all will be lost…. The aeroplane and the radio have brought us closer together. The very nature of these inventions cries out for the goodness in men, cries out for universal brotherhood, for the unity of us all. Even now my voice is reaching millions throughout the world, millions of despairing men, women, and little children, victims of a system that makes men torture and imprison innocent people. To those who can hear me, I say : do not despair. The misery that is now upon us is but the passing of greed, the bitterness of men who fear the way of human progress. The hate of men will pass, and dictators die, and the power they took from the people will return to the people. And so long as men die, liberty will never perish. […] Don’t give yourselves to brutes, men who despise you, enslave you, who regiment your lives, tell you what to do, what to think and what to feel! Who drill you, diet you, treat you like cattle, use you as cannon fodder. Don’t give yourselves to these […] men, machine men with machine minds and machine hearts! You are not machines! You are not cattle! You are men! You have the love of humanity in your hearts! You, the people have the power! The power to create machines. The power to create happiness! You, the people, have the power to make this life free and beautiful, to make this life a wonderful adventure. »

Discours extrait de The Great Dictator, Charlie Chaplin, 1940.


Cette fois on est en 2015, et le morceau fait tout spécialement pour le magazine html underground Numéro 0, premier numéro (c’est-à-dire le numéro 0, suivez).

Au lancement du magazine je me disais que ce serait le lieu idéal pour expérimenter des trucs farfelus, dont le collage musical. Au final, je ne pense pas avoir expérimenté dans Numéro 0 plus qu’ailleurs, vu que je ne me suis jamais vraiment tenu à faire de la musique à formule où que ce soit, mais je reviendrai sans doute sur ce point un autre jour.

Là il s’agit d’une composition qui est partie de l’idée d’accompagner un discours parlé par des accords s’enchaînant selon une certaine séquence de mouvements très brève et répétée sur un Tonnetz néo-riemannien (ça fait mec très intelligent, très qui s’y connait dit comme ça, mais franchement j’ai juste fait mumuse pour la première fois avec de beaux outils que je ne maîtrise pas et auxquels je n’ai jamais retouché depuis) jusqu’à être revenu à l’accord initial. Là je n’ai pas accès à mon projet Logic Pro et je n’ai pas le courage de retranscrire les accords à l’oreille pour vous dire exactement de quelle séquence il s’agit. Ensuite j’ai essayé de dégager des sortes de mélodies pas trop dégueu de tout ces accords contraints.

Représentation animée d’un tonnetz néo-riemannien « toroïdal » ou « en forme de gros donut ». Par Davidwbulger. Enfin allez pas demander un torus à la boulangerie du coin, on va vous regarder bizarre.

Pour le discours, j’ai pris celui du personnage de Chaplin dans son The Great Dictator, non seulement parce qu’il portait grosso modo un message sympa bien que simpliste : « soyez gentils », mais aussi parce qu’il était très simple à trouver et n’était accompagné d’aucune musique de fond. J’ai viré quelques passages du discours que j’aimais moins. Et puis, il y a de l’intention dans la voix, ça aide un peu à tenir cet enchaînement d’accords qui ne semble vouloir aller nulle part. Normalement j’ai pas le droit d’utiliser ça, parce que c’est pas encore dans le domaine public. Chut.

Bon, enfin, pour conclure : j’aime pas trop le résultat.


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Musicouillerie #002 – I Have No Idea What I’m Doing

Avec vidéo :

Audio seulement :


Voilà. Je suis bien d’accord avec vous, c’est n’importe quoi. La musique autant que la vidéo.

Ben oui. Là, contrairement au morceau précédent où je visais un genre (certains diront sous-genre), je me laissais aller complètement. C’est de l’abstrait comme on dit. Comme souvent je pars d’une ligne mélodique et j’empile, et j’entasse, et à la fin ça donne un truc chelou.

Comme pour Midnight Scavenger, le morceau date de 2014 et le clip de 2019. Si vous vous souvenez bien, en 2014, j’étais en train de m’empiffrer de la musique dite « baroque ». D’où contrepoint, d’où présence d’un clavecin au milieu de tous les synthés. Ouais d’accord, c’est une clavecin synthé. Commencez pas, on va pas s’en sortir.

Bon mais je galérais tellement avec la théorie musicale, j’avais tellement mélangé d’éléments venus au hasard, et au final le résultat ne ressemblait tellement à rien d’habituel qu’au moment de trouver un titre m’est revenu ce fameux mème en tête :

J’avais VRAIMENT l’impression d’être ce chien en « terminant » le morceau. Je crois que j’avais fumé beaucoup de pétards aussi, ça peut expliquer des trucs.

Le clip est donc également venu dans la même foulée que celui de Midnight Scavenger, quatre ans plus tard. J’ai dû réaliser quatre clips en cinq jours en comptant la recherche d’images libres de droits, perfusé au café et profitant de l’absence de mon amie. C’est parce que je venais de découvrir qu’il y avait une démo de logiciel de montage pré-installée sur mon ordi et qui me laissait faire pas mal de choses malgré l’état de démo.

Pour celui-ci je suis allé chercher des images d’anciennes vidéos médicales de la Wellcome Library (que j’ai trouvé sur the Internet Archive sous licence Creative Commons CC BY-NC 3.0 US). Je voulais un truc de savant fou pour coller à l’image du mème, un truc genre créature de Frankenstein pour le côté assemblage de pleins de bouts de machins qui ne vont pas ensemble et finissent par donner un truc assez… monstrueux. Pas dans le sens de « c’est monstrueux » des anciens jeunes et qui voulait dire « c’est trop cool ». Monstrueux dans le genre qu’on monstre du doigt et dont on se moque.

Bon ben je crois que j’ai tout dit.


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Musicouillerie #001 – Midnight Scavenger

Et voilà, on est partis pour un second blog sur le site. Celui-ci est dédié à toutes les petites merdouilles musicales que j’ai pu produire ces treize dernières années et à celles que je continuerai de produire par la suite. J’appelle ça des merdouilles, mais c’est avec beaucoup d’affection. Vous verrez la plupart du temps je n’ai visé aucun résultat particulier et ça se sent. Ce ne sont, pour la majorité des morceaux, que des bouts de machins, de bonnes idées pas développées, des musicouilleries quoi.

J’ai décidé de créer cette partie-là pour pouvoir la mettre à jour aussi souvent que je le veux sans trop polluer le blog principal. À terme j’espère bien que ce sera un catalogue exhaustif de tous mes machins, détaillé morceau par morceau et mini-album par mini-album. Avec notes de non-intention et anecdotes de production.

En bas de chaque note de ce nouveau blog, vous trouverez les liens de téléchargement des morceaux (et des vidéos s’il y en a).


C’est parti ! On commence par :

MIDNIGHT SCAVENGER

Avec vidéo :

Les images proviennent du Nosferatu, eine Symphonie des Grauens de Murnau et Galeen de 1922, et du Dracula de Fort et Browning de 1931. Selon certaines personnes c’est une hérésie d’avoir mélangé les deux. J’en sais rien, le Nosferatu je l’ai vu et j’ai trouvé ça excellent, le Dracula j’ai maté juste ce qu’il fallait pour faire le clip et ça a l’air bien pourri. Voilà, c’était mon analyse détaillée.

Audio seulement :


Alors, que dire ? Ça date de la période où je commençais à me frotter à la théorie musicale, en 2014, et où je me farcissais du Bach (Johann Sebastian) toute la journée. Et pourquoi que je faisais ça ?

Ben déjà parce qu’un mec qui s’appelle Alexandre Astier avait fait un spectacle sur le Jojo et évoquait des notions dont je n’avais jamais entendu parler. Faut savoir (ou peut-être qu’on s’en fout) que je n’ai jamais appris la musique par des cours formels. J’ai appris en triturant des instruments, en me faisant montrer des machins par des potes, et en chopant toutes les informations que je pouvais glaner sur internet, et je me disais depuis un moment qu’il fallait que je m’attaque à la théorie, sans ça je ne pourrais jamais vraiment composer.

Ensuite, j’écoutais du Bach parce que je venais de comprendre que sur la plupart des musiques que j’adorais depuis l’enfance planait son ombre. Le générique des Contes de la Crypte, la musique des jeux Castlevania… Voyez le genre ? Ouais, je faisais une obsession sur les monstres et les vampires quand j’étais gamin… Et il se trouve que la musique dite baroque et en particulier le son de l’orgue ont été adoptés comme LA musique flippante qui claque pour illustrer les vampirouilleries.

Où je voulais en venir ? Je sais plus. Toujours est-il qu’à cette période je commençais à m’essayer au contrepoint, j’avais en tête de faire de la musique de jeux vidéo, et je venais de faire l’acquisition de Logic Pro X qui dispose de beaux sons d’orgues modernes et anciens. Alors c’était l’occasion de faire un morceau à mi-chemin entre le générique de dessin animé d’horreur et la bande son d’un Castlevania. De toute façon, à ce moment-là je n’avais que des sons synthétisés à disposition, même pas de quoi enregistrer une vraie guitare, alors j’aurais difficilement pu faire autre chose que du son cartoon.

C’est aussi parce que j’avais le jeu vidéo en tête que ce morceau est une boucle.

Pour le clip, il est de 2019.


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