#248 – Lyonniais #074 – Retours à l’anormal

Cela doit bien faire trois semaines que je n’ai pas pris des nouvelles du monde. Je reste dans ma bulle. Où en est le grand débat national ? Y a t-il eu de nouvelles élections au Venezuela ? La Corée a-t-elle été réunifiée ? Je n’en sais rien. Je suis quand même sorti faire quelques courses, j’ai vu que ce n’était toujours pas la révolution.

Quand je passe quelques semaines à fumer des pétards du matin au soir, il y a toujours le moment où, me remettant à la sobriété, je redeviens super dynamique. Je ressors marcher et observer le monde, je lis les journaux, à l’affut de tout ce que j’ai pu manquer, et j’écris sur ce blog avec plaisir, tous mes sens me reviennent et j’en profite. J’ai l’impression de me retrouver. Seulement ça fait bien longtemps que je n’ai pas fumé. Pas le pognon pour. Alors je cherche ce regain d’énergie, mais je ne sais pas où le trouver. Je macère dans mes petites activités créatives. Je manque d’un effet de contraste pour me remettre d’aplomb, pour me redonner l’envie de changer les habitudes.

J’ai bien l’impression que ces périodes de repli sur moi-même, que je mettais sur le compte de la verte, sont en fait là quoi qu’il en soit. Fallait simplement rester sobre assez longtemps pour m’en rendre compte. Il y a des périodes où je me sens complètement nul de ne me concentrer que sur mes petits passe-temps et d’ignorer le reste de la planète, où j’ai l’impression que la vie se passe à l’extérieur, au contact des autres. Et puis il y a les périodes où je ne peux rien faire d’autre que de me noyer dans mes hobbies tous plus solitaires les uns que les autres, je commence à faire un peu de musique, et puis finalement j’y passe douze heures par jour sans même penser à manger, sans vouloir aller me coucher, sans vouloir rien faire d’autre le lendemain que de recommencer. Faire durer cet état étrange. Seulement en général, ces périodes-ci s’accompagnent de fumette et quand il n’y a plus rien à fumetter, je me ressaisis. Je me relance dans ce que je sens être la vraie vie, la bonne vie. Celle où on n’évite pas de croiser ses voisins parce qu’on anticipe de ne rien avoir à leur dire, tout ça parce qu’on a passé trop temps enfermé dans son propre petit monde et que tout ça ne nourrit pas les sujets de conversations. Parce qu’on est trop absorbé par ses idées. C’est un peu pareil pour le blog d’ailleurs.

Bon, ben là y a rien à arrêter. Je me demande quand je vais ressentir de nouveau ce plaisir à aller vers l’extérieur. Ça n’a pas l’air de venir tout seul. Vivement que je puisse refumer pour arrêter.