#326 – Constantin 1er a fait des choses dans sa vie

Constantin 1er n’était pas un con. Né d’une mère prostituée et d’un futur empereur romain, quand on lui demande à l’école s’il veut faire comme papa ou comme maman, il répond, à la surprise générale, comme papa.

Je dis empereur pour plus de simplicité. En vérité, à l’époque, règnent plusieurs Augustes (qui n’étaient pas encore devenus clowns, parlez d’un déclassement) secondés par des Césars. Remarquez la majuscule à Augustes et Césars. Met-on une majuscule à prostituée ? Non. C’est pour ça qu’en devenant César, et avant de finir Auguste, le père de Constantin, Constance Chlore, qu’on voyait souvent trainer aux abords des piscines et fontaines, dut se séparer de la mère du petit. Cette différence de majuscules n’aurait pas fait joli sur les papiers officiels.

Bref, une petite dizaine d’Augustes ayant péri par les armes ou la maladie (mais pas de vieillesse en tout cas), Constantin 1er se retrouve enfin Auguste. Et le seul, de surcroit.

Que fait-il une fois au pouvoir ? D’abord, il fonde une nouvelle Rome. Il ne la nomme pas Nouvelle Rome, ce qui aurait relevé d’un manque cruel d’imagination, mais Constantinople, qui signifie « ville de Constantin ». Constantinople qui, rappelons-le, n’est pas Istanbul puisque c’est littéralement Byzance. Une fois installé dans un beau siège, dans un beau palais, dans une belle ville, voilà qu’il s’attaque aux lois.

Comme un air de Sylvester Stallone, en plus pale. Photo de Jean-Christophe BENOIST

Il abroge celle qui sanctionnait durement et financièrement les personnes non mariées et sans enfant, il autorise l’affranchissement des esclaves, il interdit qu’au cours de la vente d’esclaves on sépare les familles, il fait appliquer des lois contre l’enlèvement des femmes dans le but de les marier, et des lois qui obligent à traiter plus dignement les prisonniers. Il promulgue également des lois contre la prostitution, que ça c’est vraiment un nid à engueulades, il faut être bien courageux pour s’y risquer, mais enfin, sa mère était pute, il savait peut-être de quoi il parlait.

Évidemment, il fait également appliquer des lois qui nous semblent moins reluisantes depuis notre époque. Par exemple, si une femme commet l’adultère avec son esclave, ce qui, disons-le tout de même, ne doit être agréable ni pour l’esclave ni pour le mari, c’est la peine de mort. Quant à l’homme qui trompe sa femme avec un esclave, bon, il y a tout à parier qu’il se fait au moins gronder un peu.

Mais vous savez ce que c’était, la meilleure chose qu’ait décidé Constantin 1er ? Je vais vous le dire, écoutez-moi bien : Constantin 1er commence à imposer le repos les dimanches. Oui. En l’an 321. Il y a mille-sept-cents ans tout pile.

Et vous savez quoi ? Nous sommes dimanche. Et aujourd’hui je ne travaille pas. Malheureusement, ce n’est pas souvent, mais là je vais en profiter et brûler un bâton d’encens à la mémoire de Constantin 1er.

Vous vous dites, tout de même, il dit qu’il travaille pas, mais il a pris le temps d’écrire cet article de blog ! Eh bien non. Je vous ai dupé. Au moment où j’écris ces lignes, nous sommes vendredi. Demain, samedi donc, pas lundi, suivez, je travaille toute la journée de 7h à 18h, et le soir, hasard du calendrier, je vais boire un verre avec un Antoine et un Constantinos. Je vais voir s’il peut pas faire un truc pour que j’aie tous les dimanches, mais j’ai peu d’espoir car s’il est empereur il me l’a bien caché. Je vous tiens au courant demain. Lundi, pas samedi. Décidément vous avez du mal. Vous devriez vous reposer. C’est dimanche, profitez-en.

#6 – Montpelliérien #006 – Le dimanche à Montpellier, c’est le jour de balayage

Le dimanche matin à Montpellier, on peut dire : soit que les rues sont vides, soit qu’elles sont pleines de merde. Ça dépend de comment on voit le verre, et selon que c’est un verre d’eau ou de mojito.

Si vous vous baladez à l’extérieur de l’Écusson avant 13h, alors la ville est à vous. Les chances de rencontrer un·e flâneur·se sont quasi nulles, et si vous en rencontrez un·e, c’est sans doute votre reflet dans la vitrine d’une boulangerie fermée. Même au centre ville, si vous évitez la place de la Comédie et la rue de la Loge, vous pourriez rester le nez collé sur votre portable sans trop risquer vous emboutir dans un·e autre lève-tôt. Mais ce serait quand même dommage de ne pas lever les yeux. Ces petits matins calmes sont idéals pour lancer son regard au loin et voir la ville comme elle est, sans le mouvement parasitaire des foules. On redécouvre vraiment les lieux quand ils baignent dans le silence, si rare en semaine.

Ce que vous ne manquerez pas de voir non plus, se sont les trottoirs dégueulasses où s’étalent vomis et coulures de pisse, contenus de conteneurs à l’air libre qui volettent, tessons verts et taches rouge coagulé. Demain est un jour nouveau, à condition qu’on n’ait pas à emprunter les rues de la veille qui, ayant bien tout consigné, au cas où vous auriez un trou de mémoire, vous rappellent vos instants les plus honteux et vos gloires les plus vaines. Enfin, on est presque tous·tes passés·ées par là. Ne vous flagellez pas pour si peu. Dès lundi, tout aura été emporté par Nicollin. Véritable père Noël inversé qui, du plus haut des cieux, envoie ses petits elfes vert et jaune emporter par milliers les cadeaux qu’on s’était offerts la nuit précédente. Le père Dimanche en quelque sorte.

Photo par Gwlad (avenue du Pirée)

Par contre, si vous voulez voir du beau linge ces matins-là, vous pouvez toujours aller faire un tour à la brocante du Peyrou. C’est là que vous pourrez observer les antiquaires et brocanteurs des abords de la rue Foch vendre leurs vieilleries aux divers avocats, notaires, commerçants et nobles des abords de la rue Foch. Après tout c’est une place royale, une place royale en bas de chez eux, ils n’ont pas à marcher très loin. C’est pratique en revenant de la messe, ou quand le Krug reste encore un peu sur l’estomac. C’est un peu comme un vide-grenier dans leur jardin. On peut les voir s’acheter pierres et jouets les lendemains de Perrier-Jouët. Attention, on chine avec les yeux, pas avec les doigts. Cassé c’est payé, et clairement ce n’est pas dans votre budget.

Non je suis pas jaloux.

Louis Frêche

Georges Nicollin

Et puis merde. On verra plus tard pour le pseudo.