#277 – Lapis serpentinus § III.

Quatrième note de blog concernant les pierres et les serpents. Troisième réellement consacrée à la pierre serpentine, et je commence à sentir que, plutôt que de me lancer dans cette recherche à l’emporte-pièce, j’aurais dû tout préparer à l’avance et tout publier d’une manière ordonnée, pour votre confort et pour la clarté du propos. C’est vrai. Mais si j’avais procédé autrement, je ne l’aurais pas faite du tout, cette recherche.

Ce que je vous propose donc c’est que, puisque j’ai commencé comme ça, je continue ces notes brouillonnes à mesure que je rassemble des éléments, et qu’une fois que je serais passé à autre chose, je fasse une belle section sur le site ou sera résumé clairement le résultat des recherches, où sera retracée la chronologie de chaque témoignage ou intervention sur le sujet, et où seront disponibles tous les textes.

Donc c’est reparti. La note qui n’a rien à voir mais qui a tout déclenché, la note où je découvre la fameuse pierre serpentine, la note où je réalise que je ne vais pas m’en sortir aussi facilement que prévu. Z’avez tout lu ? Z’êtes à jour.


Hans Sloane disait donc, dans sa lettre du 19 avril 1779 à la Royal Society, qu’à sa connaissance, le premier à avoir parlé des Pierres Serpentines (oui, je pourrais les appeler pierres de serpent, mais j’aime trop écrire serpentine. Serpentine, serpentine, serpentine…) était Francesco Redi :

« I think the firſt who gives any Account of them (les pierres) is Franceſco Redi at Florence, who had them from the Duke of Tuſcany‘s Collections, and who, in his Eſperienze Nat. tells great Virtues of them »

Plusieurs problèmes :

  1. Parle-t-il des pierres supposées êtes extraites de la tête des fameux Cobra de Cabelo (celle que Kircher dit « naturelle »), ou de la version artificielle à partir d’os carbonisés qu’il cite un peu plus haut ?
  2. Il cite l’ouvrage de Redi : Esperienze intorno a diverse cose naturali qui n’a été publié qu’en 1671, alors que nous avons vu que la première occurence de cette pierre dans cette même revue de la Royal Society citait une traduction française du Flora Sinensis de Boym, livre publié originairement en latin en 1656.
  3. Esperienze intorno a diverse cose naturali n’est qu’une publication sous forme de lettre écrite à Kircher pour l’entretenir de cette histoire de « Pietra del Serpente » dont il cause dans son China Illustrata de 1667, et dans lequel il précise déjà que certaines de ces pierres sont artificielles.
  4. Francesco Redi écrit en italien, et je ne lis que très mal l’italien, je n’arrive donc pas bien à comprendre s’il ne remet pas plutôt en doute les vertues supposées de la pierre. C’est un grand expert des viperes pour avoir travaillé dessus et leur avoir consacré un ouvrage : Osservazzioni intorno alle vipere en 1664 qui a déjà balayé beaucoup de croyances concernant leur venin, et où il n’est nullement fait mention de la pierre suspecte.

Conclusion hâtive : Hans Sloane ne devrait pas écrire ses lettres à la Royal Society après l’apéro.

Bon, mais il va falloir que je lise en détail et que je traduise cet Esperienze intorno a diverse cose naturali avant de m’avancer plus sur l’opinion de Fransesco Redi à ce sujet. Ce que je vous propose aujourd’hui, c’est de publier ici les passages relatifs à la pierre dans les deux autres textes auxquels Sloane fait allusion, celui de Biron et celui de Kämpfer.

Voici quand même un dessin des pierres qu’on trouve dans le livre de Redi:


Curiositez de la nature et de l’art, Aportées dans deux Voyages des Indes ; l’un aux Inders d’Occident en 1658. & l’autre aux Indes d’Orient en 1701. & 1702. Avec une relation abregrée de ces deux Voyages. de Claude Biron, publié en 1703.

Chap. II, pp. 72–77

Les Pierres de Serpent

Ces pierres ſont de couleur d’ardoiſe ; elles ſont plates, & de la grandeur d’un ſoû marqué. Elles s’apellent dans les Indes Pierres de Serpent, à cauſe qu’elles ont la vertu de guerir les morſures de couleuvres, viperes, ſerpents, &c. Ces pierres, qui ſont le plus ſouverain remède, qu’on ait encore trouvé contre les morſures des Serpents, viennent du Royaume de Camboya. Quelques-uns diſent qu’elles ne ſont point naturelles ; mais factices, & compoſées de pluſieurs ingrediens, dont ceux du pays font un grand ſecret aux Etrangers. Il y en a qui les croient naturelles. Et M. Boyle dit qu’on lui a aſſuré, qu’on les trouve dans la tête de certains Serpents qui ſont vers Goa. Quoi qu’il en ſoit voici comme on s’en ſert.

Si la plaie n’a point ſaigné, après la morſure, ou piqure du Serpent, il faut piquer legérement l’endroit qui a été bleſſé, de maniere que le ſang en ſorte. Après quoi il faut y appliquer la pierre, qui s’y attache incontinent. Elle attire, & ſucce le venin. Il la faut laiſſer deſſus la plaie, juſqu’à ce qu’elle ſe détache d’elle-même : après cela, il faut laver la pierre dans du lait qui ſe charge incontinent du venin ; & ſi on n’avoit pas de lait, on la lave dans de l’eau. Après l’avoir bien eſſuyée, on la remet ſur la plaie ; ce que l’on continuë de faire juſqu’à ce qu’elle ne s’y attache plus. Ce ſera alors une marque évidente, que tout le venin ſera ſorti.

Il y en a qui croient qu’elle auroit la même vertu pour la morſure des chiens enragez, en pratiquant la même choſe, que nous venons de dire. Ce qu’il y a de plus aſſuré, c’eſt que cette pierre eſt généralement eſtimée dans tout l’Inde. M. Boyle qui ne revoque point en doute la vertu de la pierre de Serpent, en tire un argument pour prouver que l’aplication extérieure de certains amulettes peut fort bien opérer des guériſons. Voici ce qu’il raconte au ſujet de ces pierres. Je me rangerois volontiers au parti de ces habiles Médecins, qui ne reconnaiſſent nulle vertu dans les pierres ; même dans celles qu’on tire des Serpents ; & je me joindrois en cela au docte, & curieux M. Rédi, qui dans ſes expériences n’a obſervé dans ces pierres aucune faculté. Peut-être que tout ce qu’on nous vante comme étant des Indes, n’en vient pas. Il faut pourtant avoüer, après avoir rejetté tous les contes fabuleux, qu’on debite dans le monde ſur les pierres, qu’il y en a, dont il n’eſt pas poſſible de nier la vertu. Et en éfet un Savant tout pétri de la Philoſophie de Deſcartes, & qui par conſequent étoit fort en garde contre les qualitez occultes, & ſur les traditions populaires des Orientaux, m’a aſſuré que dans le tems qu’il étoit dans les Indes, il a guéri par la ſeule aplication de la pierre de Serpent plus de ſoixante perſonnes qui avoient été morduës, ou piquées par des Serpents. Et moi-même, ajoûte M. Boyle, j’en ai fait l’expérience ſur des animaux, que j’avois fait mordre par des Vipéres. Ce qui m’induit à ne pas rejetter comme faux tout ce que l’on dit ſur les vertus des pierre. Quodque ſumpſi ipſe experimentum cum genuino ejuſmodi Lapide è corporibus brutorum, fecit omninò, ut buic rei fidem non negem. Simplic. medicam. util. & uſus, p.62.


AH ! Je le savais ! Francesco Redi ne « raconte » pas les « grandes vertus » des pierres, monsieur Sloane ! Vous lisez encore moins bien l’italien que moi, monsieur Sloane. Et toc.

Bon. Qui est ce monsieur Boyle cité par Biron ? Robert Boyle. Oui, oui, le célèbre. L’ouvrage de Boyle dont il est question est son De specificorum remediorum cvm corpvscvlari philosophia concordia : Cui accessit Dissertatio de varia simplicivm medicamentorvm utilitate et usu., publié en 1687. En latin. Je comprends moins encore le latin que l’italien, mais je peux vous dire qu’il n’y raconte rien de plus que ce que paraphrase Claude Biron. Comment je le sais ? Parce que le livre a été traduit en français en 1689 par M. Jean de Rostagny, de la Société Royale de Paris, sous le titre : Nouveau traité de Monsieur Boyle sur la convenance des remèdes spécifiques de la philosophie des corpuscules, & sur l’usage & les propriétés des médicamens simples.

Comme il n’y a aucune information supplémentaire à en tirer, je me contenterai pour l’instant de vous mettre le texte dans sa version originale à la fin de cette note. Le jour où je ferai le gros dossier final sur un espace dédié du site, j’y mettrais les deux versions.


Voici maintenant ce qu’en dit Engelbert Kaempfer dans son Amœnitatum exoticarum politico-physico-medicarum Fasciculi V, Quibus continentur Variæ Relationes, Observationes et Descriptiones Rerum persicarum & ulterioris Asiæ, multâ attentione, in peregrinationibus per universum Orientum, collectæ, ab Auctore Engelberto Kaempfero, publié en 1712

Fasciculus II. Relatio IX. § III.
pp. 395–396

Pedra de Cobra : ita dictus lapis, vocabulô à Luſitanis impoſito, adverſus viperarum morſus præſtat auxilium, externè applicatus. In ſerpente, quòd vulgò credunt, non invenitur, ſed arte ſecretâ fabricatur à Brahmenis. Pro dextro & felici uſu, oportet adeſſe geminos, ut cum primus veneno faturatus vulnuſculo decidit, alter ſurrogari illico in locum poſſit ; Proinde poſſidere indigenæ niſi geminos cupiunt ;quos cum goſſypio capſulæ incluſos probè aſſervant. Aliam obtineo ophitidem, inſar ſilicis duriſſimam ponderoſamque, uncialis longitudinis, figuræ quodammodo tornatilis, & quaſi ex annulis compactæ ; quales inveniri in capitibus maximorum ſerpentum credulus perſuadetur vulgus : ego apophyſin alius petræ, vel in ipſâ petrâ molliori genitam judico, velut lapides bufonius, aëtites, lyncius, oculus catti, gloſſo-petra, & ſi quos alios vulgi error tranſcribit ex animalibus. Fidem mihi fecit collis petroſus, quem bidui itinere ab Iſphahano urbe offendimus, cujus ſabulum ex petrâ diſſolutum, innumeros exhibebat variæ figuræ bufonios & Judaicos, quibus vel plauſtrum impleviſſem. Quo ipſo feror, ut iſtis lapidibus nihil efficaciæ ineſſe credam, niſi quam actuali frigiditate ſuâ, vel abſorbendo præſtant.


Bon, je dois vous avouer que j’y pige que couic. Enfin, à part les information qui étaient déjà mentionnées dans d’autre textes. Mais je l’ai quand même mis ici, pour celles et ceux qui s’en sortent mieux que moi en langues mortes.

Je pense que ça suffit pour aujourd’hui. Dans la prochaine note sur le sujet, je m’attaquerai au texte de Francesco Redi, mais ça risque de ne pas être tout de suite. J’ai quand même pu apercevoir en le feuilletant qu’on y parle d’une autre pierre de serpent, venue d’afrique, elle, et à laquelle on prête d’autres pouvoirs. Encore tout une aventure, mais je promets de boucler celle-ci en premier lieux. Je vais quand même sans doute poster sur d’autres sujets d’ici-là, il vous faudra un peu de patience.

Voici donc les liens vers les ouvrages dont j’ai causé ici et que je n’ai pas déjà donnés dans les articles précédents, puis l’article du journal des scavants résumant l’ouvrage concernant les vipères de Redi, et enfin l’extrait en latin du texte de Robert Boyle :


PDF : Osservazzioni interno alle vipere, Francesco Redi, 1664 (MDZ)
PDF : Esperienze intorno a diverse cose naturali, Francesco Redi, 1671 (MDZ)
PDF : Résumé du Osservazzioni interno alle vipere dans le Journal des Sçavans du lundi 4 janvier 1666, p.9-12 (Gallica)
PDF : Curiositez de la nature et de l’art, Aportées dans deux Voyages des Indes ; l’un aux Inders d’Occident en 1658. & l’autre aux Indes d’Orient en 1701. & 1702. Avec une relation abregrée de ces deux Voyages, Claude Biron, 1703 (Gallica)
PDF : De specificorum remediorum cvm corpvscvlari philosophia concordia : Cui accessit Dissertatio de varia simplicivm medicamentorvm utilitate et usu., Robert Boyle, 1687 (Archive.org)
et sa traduction :
PDF : Nouveau traité de Monsieur Boyle sur la convenance des remèdes spécifiques de la philosophie des corpuscules, & sur l’usage & les propriétés des médicamens simples., 1689 (Gallica)
PDF : Amœnitatum exoticarum politico-physico-medicarum Fasciculi V, Quibus continentur Variæ Relationes, Observationes et Descriptiones Rerum persicarum & ulterioris Asiæ, multâ attentione, in peregrinationibus per universum Orientum, collectæ, ab Auctore Engelberto Kaempfero, Kaempfer, 1712 (BIU Santé)


Extraits du résumé de Osservazioni intorno alle vipere de Redi, dans le Journal des Sçavans du Lundy IV. Ianvier 1666, pp.9–12 :

OSSERVATIONI INTORNO ALLE VIPERE
fatte da Fanciſco Redi, in Firenze. in 4.

Les anciens Naturaliſtes ont dit beaucoup de choſes ſurprenantes des Viperes ; & comme il n’y a pas plaiſir à faire l’experience de ce qu’ils ont auancé, ceux qui ſont venus apres eux ont mieux aymé les croire ſur leur parole, que d’en faire l’eſpreuue. Mais depuis peu vn Gentilhomme Italien ayant trouué l’occaſion de quantité de Viperes, que l’on auoit apportées au grand Duc de Toſcane pour compoſer la Theriaque, a examiné ce qui concerne cette matiere auec beaucoup d’exactitude, & l’a deſcrite auec toute l’elegance dont cette matiere eſt ſuſceptible.

Premierement, il a remarqué que le venin des Viperes n’eſt point dans leurs dents, comme quelques vns diſent ; ny dans leur queuë, comme d’autres pretendent ; ny dans leur fiel, comme les plus ſçavans Naturaliſtes ſe ſont imaginez : mais qu’il eſt dans deux veſicules qui couurent leurs dents, & qui venant à ſe reſſerrer lors que les Viperes mordent, font ſortir vne certaine liqueur iaunaſtre qui coule le long des dents & enuenime la playe. (…)

Ce que quelques Autheurs ont encore aſſeuré, que c’eſtoit vne choſe mortelle que de manger de la chair des animaux tuez par les viperes, boire du vin dans lequel les Viperes ont eſté eſtouffées ou ſuçer les playes de ceux qui en ont eſté mordus, ſe trouue auſſi peu veritable. Car cét Autheur aſſeure que pluſieurs perſonnes ont mangé des poulets & des pigeonneaux mordus par des Viperes, ſans qu’en ſuite leur ſanté en ait receu la moindre alteration. Au contraire, il dit que c’eſt vn ſouuerain remede contre la morſure des Viperes que de ſuçer la playe, & il rapporte l’experience d’vn chien qu’il fit mordre ſur le nez par vne Vipere, lequel à force de lécher ſa playe ſe ſauua la vie. Ce qui eſt encore confirmé par l’exemple de ces gens qui eſtoient autrefois appelez Marſi & Pſilli, dont le meſtier eſtoit de guerir ceux qui auoient eſté mordus par les ſerpens, en ſuçant leurs playes.

Cét Autheur adiouſte que quoy que Galien & pluſieurs modernes aſſeurent qu’il n’y a rien qui altere tant que la chair de Vipere, il a neantmoins experimenté le contraire, & qu’il a connu des gens qui mangeoient de la Vipere à tous leurs repas, & qui cependant aſſeuroient qu’ils n’auoient iamais eu moins de ſoif qu’au temps qu’ils gardoient ce regime de viure. (…)


Extrait du De specificorum remediorum cvm corpvscvlari philosophia concordia : Cui accessit Dissertatio de varia simplicivm medicamentorvm utilitate et usu. de Robert Boyle, concertant la pierre de serpent

Parænesis ad usum simplicium medicamentorum
§ VIII.

Hanc, inquam, ob cauſam, duo alia obſervatu digna ſuperaddam exempla efficaciæ ſiccorum etiam, atque ſolidorum corporum licèt exteriùs tantùm applicatorum adverſus morbos, quos varia nec conſuera comitabantur ſymptomata, quorum quantumvis innocuas viperas noſtras anglicanas homines ſentiant, varia tum in hominibus, tum in brutis exempla novi : atque etiam, qui ab India orientali veniunt, magnam concretionum quarumdam lapidearum, quæ dicuntur reperiri in capitibus quorumdam ſerpentum circa Goam, aliaſque Regiones orientales, virtutem extollunt : quamvis enim plerique Medici, rejiciant, aut dubitent de poreſtate iis lapidibus aſcripta, poteſtate, inquam, curandi morſus viperarum ; & quamvis eorum hac in re hæſitationem minimè mirer, quòd reipſa lapidum plurimi ex India allati genuini non ſint, iiq́ue qui re verâ ſerpentibus eximuntur, ob rationem hîc non commemorandam nihil proſint, cujuſmodi fortè ii erant, quibus doctus, curioſuſq́ue, Redy, ſua experimenta fecir : alia tamen ſunt, quorum virtutes negari nequeunt : ne enim vulgaribus traditionibus plerumque fallacibus fides habeatur, quidam è præcipuis Collegii Londinenſis Doctoribus mihi aſſeruir, ſe hujuſcemodi cujuſpiam lapidis ope periculoſum quemdam morbum præter opinionem curâſſe : rem mihi ipſe ut geſta eſt, pluribus narravit : atque quiſpiam è præcipuis Anglicanis noſtris Chirurgis alium ſe dixit eodem remedio curâſſe : merâ ſcilicet lapidis parti, quam vipera momorderat, applicatione ab utroque curatus uterque morbus eſt : atque vir quidam magnæ notæ inſigni Societati Mercatorum mercaturam in Indiis ubi diu vixerat orientalibus exercenti præfectus, mihi aſſeruit curâſſe ſe ope hujus lapidis multos à venenatis animalibus læſos : ſed hujus rei veritati longè majus adhuc pondus addit peregrinatus quidam per meridionales Indiarum orientalium plagas : quamvis autem hic utpote à celebri Carteſiano quopiam Philoſopho inſtructus vulgaribus Regionum quas peragrabat, & in quibus vivebat traditionibus vix fidem haberet, cùm tamen vel idcirco à me rogaretur, quid tutò de lapidibus hiſce, ſentire deberem, ſeriò mihi reſpondit curâſſe ſe ſexaginta, & plures morſos, aut ſtimulatos à venenoſis quibuſdam animalibus : & pleroſque quidem merâ exteriori lapidis hujuſce applicatione : quem quòd præpollentem, experiretur, ſervabat ſecum, ut ubi res exigeret, ad manum eſſet : quodque ſumpſi ipſe experimentum cum genuino ejuſcemodi lapide, è corporibus brutorum, fecit omnino ut huic rei fidem non negem.



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