Très rapidement : en quelques jours, j’ai pu apprendre les bases du toki pona. C’est une langue construite grammaticalement simple et ne comptant qu’environ 130 mots de vocabulaire. Ça me fait des vacances dans l’apprentissage du japonais.
La phonétique du toki pona est également simple et s’adapte assez bien à ce que sont capables de produire les vocaloids japonais, alors je me suis dit que j’allais tenter un petit quelque chose. Une quinzaine d’heures plus loin voilà un résultat provisoire :
jan ale jan ala
jan ale li ijo pakala utala li nasin nasa jan ala li sona e pona kon la telo loje li lon
sewi pimeja li lon o kama wile apeja li kon o weka monsi la lete li lon o kama mu moli pini li kon o weka
J’ai préparé ce mini-mini-album au mois d’avril 2022. Je n’ai pas voulu le sortir de suite, pensant l’améliorer. Rendre tout ça plus cohérent, faire une petite pochette pour l’accompagner… Je n’en ai rien fait. Je n’en ferai rien.
J’espère que ça vous plaira. Ou qu’au moins vous arriverez à l’écouter sans trop grimacer. Je vous conseille de le télécharger et de l’écouter comme il se doit dans votre lecteur favori.
Il se peut que j’écrive une note détaillée de l’histoire de chaque morceau dans la partie Musicouilleur du site un de ces jours. En attendant, vous êtes livrés à vous-mêmes pour cette écoute.
Je suis au Strof. Encore ? La dernière fois que j’y étais c’était la semaine dernière. Calmez-vous. J’ai simplement posté aujourd’hui l’article sur le concert d’il y a cinq jours.
Et voilà, on m’a dit que j’exagérais dans mon premier article, et qu’il n’y avait pas des concerts absolument chaque soir dans ce bar. Alors, en rentrant du travail il y a deux heures, je mate viteuf la programmation sur le net, et c’est vrai qu’il n’y a rien de prévu. Mais je me dis : ils vont pas m’avoir comme ça, je vais aller m’assurer de mes propres oreilles qu’il n’y a rien de rien.
22h30, j’arrive au Strof, il y a un concert. Un pianiste de jazz accompagné alternativement d’une chanteuse et d’un chanteur…
Je me sens tellement trompé.
En fait, il y a en ce moment un festival de jazz à Bruxelles. Deux affiches en plus de celle de la progra habituelle du bar sont placardées à la porte avec des dates supplémentaires pour le festoche. Je mate attentivement, histoire de savoir à qui j’ai affaire ce soir sans avoir à demander au patron cette fois-ci. Il n’y a pas la date de ce soir, sur aucune des trois affiches.
Moi, j’abandonne. Je passerai chaque soir où je le peux, en sachant très bien que d’une manière ou d’une autre, il y aura un concert. Désormais personne ne saura me convaincre du contraire.
Et oui, j’écris cette note directement depuis le bar, parce que je sais pas quoi faire d’autre maintenant que le concert est fini et que j’ai un verre devant moi. Non, je n’ai pas d’ami, oui, vous pouvez arrêter de vous moquer.
Samedi dernier, je suis allé voir Alliance of the Billing au Strof. Une semaine n’étant toujours pas passée depuis, il est encore temps que je vous raconte.
J’avais croisé deux des membres du groupe la veille, au concert de Maple Paper. Ils étaient là pour voir à quoi ressemblait la scène, à quelle sauce ils allaient se faire becqueter. C’est qu’ils ont du matos et qu’ils sont cinq, ça demande un minimum de place. On avait causé un brin et le moment avait été bien agréable, même si comme je vous l’ai raconté j’avais commencé à boire plus que de raison. Me rappelle plus de tout dans les détails, du coup. Ce dont je me souviens, c’est de n’avoir pas pigé le nom du groupe tout de suite.
« Et c’est quoi votre nom ? « xxx of the Billing « Pardon ? « Alliance of the Billing. C’est un jeu de mots, par rapport à la coalition of the willing. « Ah oui… Tout à fait. « Rapport à la politique de désarmement de l’Irak et son invasion par les Américains, sous l’ère Bush. « Ah mais oui ! » C’est dans ce genre de moments que je regrette de n’avoir pas été attentif à mes cours de civilisation américaine à la fac, j’avais clairement pas la réf.
Et enfin bref, ils me demandent si je passerai le lendemain voir leur concert, et que oui ! je réponds, avec plaisir.
Le lendemain est un cauchemar. Je me lève avec la gueule de bois après quatre heures d’un mauvais sommeil, je mets quatre autres heures à écrire ma note de blog, je file au travail le bide en vrac, la tête dans le brouillard. Je termine à 20h30. Deux collègues veulent qu’on aille boire un verre. Je sais que le concert ne commencera qu’à 22h et que ce n’est qu’à quinze minutes de là, alors j’accepte de boire un iced tea en mangeant une grande assiette de frites des lendemains de cuite, et à 21h45 je pars en flèche au Strof.
Quand je débarque, le concert n’a pas commencé, comme prévu. Je repère direct Clément, le bassiste de Maple Paper qui est également revenu. Il y a aussi les mecs du groupe qui sont là avec des amis venus les voir. En me voyant débarquer ils s’écrient : « il est venu !! » On sent qu’il y avait du pari dans l’air. Ils m’accueillent chaleureusement, ont l’air d’être sincèrement contents que je me sois pointé et amusés de voir qu’un mec bourré peut tenir parole. Ne savent pas à quel point il s’en fallait de peu que je choisisse d’aller plutôt m’écrouler dans mon pieux, d’autant que le lendemain je devais me lever à 6h du mat pour ouvrir le magasin, puis partir à Soignies dès la matinée de boulot terminée pour fêter l’anniversaire d’une amie. Mais si je dis à quelqu’un que je viens à sa petite kermesse, je viens. Surtout si je le dis quand j’ai picolé. J’aime pas me bourrer la gueule, alors que ce soit une excuse pour ne pas tenir mes engagements, c’est hors de question.
Et donc je suis là. C’est la même serveuse que la veille. Première chose qu’elle me dit en me voyant : « j’ai plus de Stella. » Merde alors, j’aurais vidé le fût à moi tout seul ? Peu probable. Je ris un peu honteusement en lui annonçant que ce soir c’est thé glacé jusqu’au bout de la nuit.
Et le concert alors ? J’en parle du concert ou je vous raconte mon panaris ? J’ai pas de panaris, c’est une façon de causer, mais merci de vous inquiéter. Bon. Le concert commence. Le rez-de-chaussée est plein. Heureusement que Clément, moins dans les choux que moi, a su détecter le moment pile où il nous fallait nous avancer pour avoir notre place au premier rang.
J’entends le premier coup de grosse caisse, poum. L’impression que quelqu’un m’a balancé un coup dans le bide. J’étais pas prêt, le son de la batterie est monstrueux. Le jeu est clair. Le guitares mixées un peu trop bas. J’ai pas de bouchons, contrairement à mon voisin venu bien équipé. Je regrette un peu, mais ça fait aussi parti du plaisir de te prendre un gros son brut direct dans tes petits tympans, à un concert de rock.
D’ailleurs, est-ce du rock ? Il y a un batteur qui tape duraille, deux guitaristes saturistes autant qu’arpègistes, un bassiste qui connait bien son rôle de super glue des sections rythmiques et mélodiques et n’hésite pas à dissoner sévèrement sur certains passages qui l’y invitent, et il y a un claviériste qui crée de l’espace, texture les interstices, et apporte ainsi de la couleur à chaque morceau. L’un des gratteux chante un peu, rarement, ici et là. La voix utilisée comme un instrument occasionnel, j’aime ça. Ici pas de riffs joués bien en chœur, mais des ambiances, des moments qui gonflent et dégonflent, des orages, des éclaircies. Hé, patate, vous allez me dire, ça porte un nom ce genre de musique et c’est pas du rock, c’est du post-rock. Et vous n’aurez pas tort, mais que voulez-vous, je connais mal les frontières musicales. Je suis déjà post-genres, rendez-vous dans le turfu.
Alors, qu’est-ce que ça donne au final ? Un truc un peu sombre. Rêche et planant. Une invitation au voyage dans une variété de friches industrielles s’étendant jusqu’à l’horizon, par temps de ciel rouillâtre, dans la poisseur des brumes de gaz toxiques. Une phrase, deux mots qui n’existent pas. C’est un peu ce que j’ai ressenti en écoutant ce concert. Des éléments de vocabulaire et de syntaxe dont je suis familier dans d’autres contextes, mais utilisés d’une manière qui m’est assez inconnue. Je ne crois pas avoir vraiment écouté de post-rock auparavant, et encore moins en concert. Je dis que j’ai écouté le concert, par opposition à aller voir un concert, car oui, j’ai pas mal fermé les yeux. La scène était trop petite, la salle trop exigüe, pour me laisser vraiment apprécier les visions de vastes étendues ravagées par un monde ayant laissé les industries l’avaler et le recracher ensuite. Et, les yeux fermés, j’ai bien voyagé.
Quels éléments de la musique d’Alliance of the Billing m’ont provoqué ces visions ? Les nappes de synthé, les guitares sombres qui font krr krr, les guitares cleans qui sont pure mélancolie, les samples, la voix parfaitement posée véhiculant impuissance, tristesse et un brin de hargne ont certes chacun joué leur rôle. Mais cela venait également du fait que chaque voix, possédant en général sa rythmique propre, contrastait et complétait les autres, formant en se superposant une texture complète et régulière qui évoquait un très curieux mélange d’organique et de mécanique, comme un flux continu constitué d’éléments discrets. Là j’allais évoquer la physique des photons pour compléter l’image, et les fugues de Bach qu’on joue au clavecin, mais sur internet mieux vaut éviter de causer des deux au même endroit, sans quoi vous attirez toutes les psychoses du quartier dans votre section de commentaires.
Eh bon, j’aurais aimé vous parler plus longtemps de la musique d’Alliance of the Billing, mais voilà que je dois partir bosser dans moins d’une heure. Il me faut boucler l’article.
Quand le concert s’est terminé, j’étais vraiment heureux d’avoir été invité au voyage en ces contrées musicales sauvages, inquiétantes et évocatrices de paysages désolés. C’est beau un paysage désolé. En art. Je suis reparti en ayant eu l’impression d’avoir assisté à un mini-festival du court-métrage post-apocalyptique. M’a bien aéré les neurones tout ça. Pas regretté le déplacement.
J’ai redemandé à l’un des musiciens : « Au fait, c’est quoi déjà le nom du groupe ? Rise… of the… Willing ? « Alliance of the Billing. C’est un jeu de mots avec coalition of the willing. « Okay, cette fois je crois que c’est bon, je l’ai. »
Je l’avais pas, j’ai dû rechercher sur internet en rentrant chez moi. Mais après avoir écrit cet article et écouté trois fois leur album enregistré en 2019 sur Spotify, puisqu’il y est disponible, je pense que c’est rentré une fois pour toutes.
Vous aussi, donc, retenez leur nom en le répétant plusieurs fois d’affilée et lentement, et allez les voir quand ils passent près de chez vous avant que le monde entier ne soit devenu une friche industrielle dans laquelle il sera difficile de trouver une salle de concert.
Je vais être en retard au travail, je corrigerai les fautes plus tard.
Avant-hier au Strof, il y avait concert. Hier au Strof, il y avait concert. Ce soir au Strof, il y a concert. Et demain ? J’en sais rien, mais au doigt mouillé je vous répondrais bien : il y aura concert.
Pourtant, le Strof n’est pas une salle de concert. C’est un bar aux chiottes atypiques. Seulement il se trouve qu’à partir de 22h, la playlist n’est plus assurée par une quelconque application mais par des êtres humains ayant fait le curieux choix de vie de monter sur scène, un morceau de bois ou de ferraille entre les saucisses, pour voir si leur manière de faire vibrer l’air déclenche plutôt une marée de déhanchés ou une pluie de légumes pourris. Certains aiment vivre dangereusement, que voulez-vous que je vous dise.
Kike Perdomo Quartet
Avant-hier, jeudi donc, alors que je faisais ma petite balade du soir, me perdant totalement dans les rues du centre-ville comme à mon habitude, j’entends au loin un groupe qui joue. Fort. Et sacrément bien. Alors, à l’oreille, je me dirige vers cette batterie qui tape des rythmes ultra-syncopés, et je finis par tomber sur le Strof. Sur scène, c’est le Kike Perdomo Quartet. Piano, basse, batterie et saxophone. Nom de nom ! Il était tard et je n’ai assisté qu’à la dernière demi-heure du concert, mais c’était laisser bien assez de temps à cette bande de jazzeux sauvages pour qu’elle me prenne par la croupe et me retourne comme une crêpe. Avouons-le, on flippe tous de se retrouver coincés dans un concert de jazz aussi technique que chiant. Tout le contraire ici. C’était technique et jouissif. Les tours de passe passe, les ruptures, les sinuosités, tout au service de l’ambiance et du feeling. Si vous étiez là et que vous ne vous êtes pas surpris à hocher la tête à un moment ou à un autre, c’est que vous avez un problème de cervicales. Contactez un kiné.
J’ai donc pris une petite mousse et me suis posé sur la terrasse avec vue sur le concert, par les fenêtres ouvertes du rez-de-chaussée. Le rez-de-chaussée, c’est là que tout se passe. Les concerts et les cocktails. Il y a l’étage, mais il est aussi ouvert sur le rez-de-chaussée. En vérité, je crois qu’il n’y a que les chiottes qui ne donnent pas sur le concert, mais enfin elles sont déjà bien croquignoles, n’en demandons pas trop. Je dis que j’ai pris une mousse, mais j’en ai vu qui ne prenaient rien. J’en suis venu à me demander comment il était possible qu’on soit là, quasi gratos et tout à fait gratos pour certains, à écouter ce quartet de folie qui aurait sa place dans n’importe quel bon festoche de jazz. C’était tellement bon. Et puis voilà, le concert s’est terminé, j’ai vidé mon verre et j’ai décarré.
Maple Paper
Hier, vendredi, alors que je faisais ma petite balade d’après-midi, je décide de passer devant le Strof, voir si par hasard y aurait pas re-concert. Aucun suspense, je vous l’ai dit en début d’article : y avait. Je décide de revenir plus tard.
22h. C’est Maple Paper qui joue. Trois jeunes gens talentueux. Ils disent faire du rock psyché aux influences progressives et des ambiances chill. Et ils ne mentent pas. Oui. Vous avez tout à fait raison. De même qu’à un concert de jazz abstrus, on peut tout à fait se faire chier à en crever dans un concert étiqueté rock prog psyché. Eh bien pas avec Maple Paper. Les atmosphères s’enchainent, les transitions sont bien senties, bien bossées aussi, il y a plus d’instruments que d’instrumentistes sur scène, ce qui est toujours sympa et permet de varier véritablement les ambiances. De chill à pêchu, tout y passe. Les sons qui sortent de la guitare sont impeccablement sculptés. Je ne sais pas comment font ces gratteux avec leur vingtaine de pédales d’effets pour, premièrement, avoir la patience de trouver LE son qu’il faut et, deuxièmement, réussir à ne pas juste appuyer sur huit des vingt pédales en même temps dans le feu de l’action, le tout sans se prendre les pieds dans leur câble jack, évidemment. En tout cas ce guitariste-ci s’en est très bien sorti. Bon et puis en dehors de ça, les mélodies sont belles, les harmonies de voix aussi. La batteuse chante divinement bien. C’est déjà pas simple de faire les deux séparément, alors en même temps, ça m’impressionnera toujours. N’oublions pas le bassiste-guitariste-clavieriste qui saute d’un instrument à l’autre tout en maniant ces enfers de machines que sont les pédales de boucle.
Puisqu’on cause de ça, je sens bien que je pédale dans la semoule pour vous décrire le concert. C’est que j’ai picolé plus que je ne me l’étais autorisé, quatre pintes de trop à la louche, et ce matin j’ai bien du mal à remettre mes neurones en ordre de travail. Maple Paper fait donc de la musique qui pousse à boire. C’est une bonne excuse pour moi, et une belle occasion de faire fortune pour les patrons d’établissements qui les inviteront à se produire sur leur scène.
Quand le concert s’est terminé, j’ai entendu une bonne partie de mes co-imbibés se demander pourquoi musique déjà finie ? C’est bon signe. Ça vous arrive souvent quand vous vous taisez que les gens soient un peu déçus ? Voyez. Maple Paper a sans doute plus d’avenir que vous.
Est-ce que je viens de décrire un groupe qui pousse à l’alcoolisme et frustre son public ? Si vous préférez voir le verre à moitié vide, ça n’engage que votre côté pervers. Je ne me suis pas privé de faire des retours sans enrobage au groupe après le concert, car je suis un sale con quand j’ai bu. Mais je leur tire vraiment mon… allez, chapeau, j’ai pas la force de trouver mieux, parce qu’ils ont vraiment bien géré les problèmes de sono advenus durant la première partie. Pas de son sur le clavier, ni sur un des trois micros, et une basse sans basses. Eh ben roule ma poule, ils ont continué à jouer et je suis sûr que les gens qui n’avaient pas les yeux rivés sur la scène ne se sont rendus compte de rien.
Heureusement l’ingé son du Strof a réglé tout ça pendant l’entracte, et la seconde partie s’est déroulée sans accroc. Et au Strof, quand le son est bon, le son est bon.
Le Strof
Et donc le Strof. Boissons un peu chères à mon goût, mais bon, les concerts sont gratos et vous pourriez en profiter depuis la rue. Le lieu est convivial, les gens discutent entre eux facilement. Le patron a l’air d’être souvent là, même s’il laisse son équipe gérer. On le sent sincèrement heureux quand on le voit sourire en contemplant son bar et ses clients qui passent un bon moment. On sent qu’il veut en faire un beau lieu de vie, de musique, de fête et d’échanges. Eh ben ça fait plaisir, je vous le dis. On a trouvé là le coin parfait pour passer les soirées d’été qu’on espérait à peine après ces satanées confinettes. Ah, et j’oubliais. Il doit y avoir une quinzaine de jeux d’échecs à disposition !
Vous pouvez donc, selon vos besoins, vous faire paraître bien plus intelligent que vous ne l’êtes en jouant aux échecs pendant un concert de jazz tout en sirotant votre cocktail préféré, ou vous lâcher au son d’un bon rock et renverser toute votre bière sur votre pantalon. C’est vous qui décidez. Remarquez, vous pourriez également vous poser tout simplement au soleil, l’après-midi, quand il n’y a pas de concert, et siroter un thé en bouquinant, personne ne vous l’interdira.
Bref, le Strof est bien parti pour être l’un des lieux les plus agréables et conviviaux de Bruxelles, à mon goût en tout cas. Je suis bien content d’être tombé dessus.
Et d’ailleurs, j’ai rencontré hier les membre du groupe qui doit jouer ce soir, j’y retourne donc dès que je sors du travail. Ce soir, par contre, je reste à l’iced tea. Ça va bien les gueules de bois, mais j’ai plus dix-huit ans. Et puis j’ai pas arrêté de fumer de joints à l’excès pour me vautrer dans la picole aussi tôt. Faut que je me surveille.
(Je dis toi car je ne sais pas qui tu es, désolé de ne pas t’écrire un message personnalisé pour te donner l’impression que nous sommes proches. Je te rappelle que pour que tes données, habitudes en ligne et autres éléments de ta vie privée ne fuitent pas chez des entreprises qui s’en serviraient pour les revendre à d’autres entreprises qui elles-mêmes les revendraient à d’autres entreprises et ainsi de suite jusqu’à ce qu’un fabriquant de merdouilles inutiles autant que nocives à l’écosystème de notre planète se rende compte que tu es le pigeon parfait pour sa marchandise dont personne d’autre ne voulait, je ne dispose d’aucun outil de mesures statistiques sur ce blog. Je ne sais donc pas si tu viens de France, de Belgique ou du Togo, je ne sais pas quels articles tu as lu, ni quelles pages tu as consulté, je ne sais pas si tu es venu depuis lesblogsdantan.fr ou si DuckDuckGo t’as mené à moi. Je ne sais pas qui tu es, donc. A part Feldo, évidemment, qui lit tous les articles de peur qu’un jour je l’interroge et lui dise qu’il n’est pas un bon ami s’il ne connaît pas sur le bout des doigts l’intégralité de mes œuvres, mais je le tutoie également donc tout va bien. J’aurais pu, à la rigueur, écrire très cher toi ET Feldo, mais enfin bon.)
Très cher toi, donc,
Si tu me connais un peu par ce blog, tu sais que lorsque mes articles commencent par de grandes digressions absurdes, il y a peu de chances que les paragraphes qui suivent rattrapent l’affaire d’une quelconque manière. Mais puisque ce genre d’articles constitue 90% de ce site, j’imagine que c’est ce que tu cherches en venant ici. En y réfléchissant bien, je m’en veux presque d’avoir écrit ici et là quelques articles un tant soit peu intéressants ou utiles, car ce faisant j’ai gâché l’unité de ce qui aurait pu être une grande œuvre d’art contemporain. Je suis passé à deux doigts de proposer quelque chose en ne proposant strictement rien. C’est rageant. Je fais un bien piètre artiste.
Enfin, venons en à ce à quoi je voulais en venir. C’est à dire rien mais ne t’en fais pas, je vais finir par trouver quelque chose. Laisse-moi poster une image pour gagner du temps.
Tiens voilà !
Gwlad, que tu ne connais pas si tu n’étais pas encore là durant la période montpelliérienne du site (elle photographie des animaux morts mais tu verras elle est sympa je te la présenterai un jour), m’a appris qu’aujourd’hui, à 14h41 sortait un nouveau single de Stupeflip. Je suis curieux de voir ce que le vieux Ju va nous tirer de sa cagoule cette fois-ci. Le fait que la diffusion soit planifiée à 14h41 le 13 mai, et non pas le 14, ou non le 13 mais à 13h31, me provoque déjà un léger vertige. Je n’ai pas encore écouté ce titre, puisqu’il n’est que midi, mais j’anticipe déjà l’album, en espérant qu’il y en ait un, car pour moi Stupeflip est une affaire d’albums, pas vraiment de singles.
J’espère, comme à l’écoute des trois premiers albums, être dérouté et ne pas tout apprécier tout de suite, pour me laisser avoir avec le temps. Le dernier en date, et quatrième album, était sympa sans plus. Sympa sans plus veut dire que je ne l’ai écouté qu’une à cinq fois par jour les premiers mois puis simplement une dizaine de fois par mois l’année qui a suivi, et enfin une chanson en particulier de temps en temps, les jours de nostalgie.
Là, tu vois, j’avais commencé à tartiner sur mon rapport à Stupeflip, mais je viens de tout effacer. J’espère que tu ne m’en veux pas. Ayant découvert ce « groupe » à mes 15 ans et l’écoutant toujours 20 ans plus tard, il me paraît clair que je devrais y consacrer un article à part entière, voire une série d’articles. Trop de souvenirs. Le Stup a accompagné les années les plus marrantes et les plus dures de ma vie d’ado et de jeune adulte.
En attendant que je n’écrive donc pas cette fantastique série d’articles, car je ne fais quasiment jamais ce que j’annonce, je te souhaite, très cher toi, une bien agréable journée, et je m’excuse platement de t’avoir apostrophé de la sorte sans raison valable.
Toujours composé sur un air original de Alexandre ASTIER pour la série Kaamelott, vu qu’il s’agit seulement d’une « réduction » pour clavier du même morceau.
Piano et mastering : Roman STARKMAN (Starkmanmusic) Composition : Alexandre ASTIER / MUSICOUILLEUR
Que m’a-t-il pris ? Pourquoi faire enregistrer cette musique basée sur un air dont je ne possède pas les droits ? Comment ? Notre envoyé spécial nous fait parvenir les dernières nouvelles du bordel qui règne dans mon cerveau.
Pour la genèse du morceau, je vous invite à lire cet article. Je vais maintenant aborder l’aspect pratique de la mise en œuvre.
Pourquoi et comment enregistrer ce morceau ?
La première question que je me suis posée était : comment faire enregistrer son morceau par des musiciens professionnels quand on n’a absolument aucune relation dans le monde de la musique, qu’on ne connaît pas le pays dans lequel on habite depuis presque deux ans, ni les milieux artistiques qu’il abrite ?
Naturellement, dans ces cas-là, on se tourne vers internet. Et il se trouve qu’un site permet effectivement de se payer les services d’artistes, d’artisans et de techniciens de tous niveaux dans à peu près tous les domaines imaginables : Fiverr.
On peut y fouiner à loisir, comparer en quelques clics les savoir-faire, l’expérience et les tarifs des artistes avec lesquels on envisage de travailler, afin d’obtenir un résultat qui soit un bon compromis entre ce qu’on a en tête et ce qu’on peut effectivement se payer.
Pour les petits budgets cela dit, deux choses à savoir : les prix affichés sur les annonces ne tiennent pas compte de la TVA, et il est de coutume de laisser un pourboire aux artistes une fois la commande livrée. À prévoir dès le départ dans le budget donc, pour éviter les surprises.
Surtout ne pas hésiter à bien discuter des spécificités de votre projet avec les artistes avant de les engager. La plupart vous proposeront des offres sur mesure, cela leur permettra d’ajuster leurs tarifs en fonction de la charge de travail estimée.
Je dois dire que je n’ai eu que de bonnes expériences en bossant par le biais de cette plateforme-là depuis un mois.
Et voilà donc le comment. Le pourquoi… me le suis posé qu’ensuite. Mais c’est venu. Je crois que j’avais vraiment envie de voir si tout ça sonnait bien, avec de vrais instruments, de bons musiciens, ou si c’était joli seulement dans ma tête. Après un petit paquet d’années passer à musicouiller tout seul dans mon coin, voir si j’arrivais à sortir un truc qui vaille le coup que ce soit joué par des humains.
À propos de la version originale
Guitares
Une fois la plateforme trouvée. Faut se lancer.
Par où commencer. Percussions ou cordes ? Je ne suis pas très sûr. Qui a le plus besoin de quoi comme support pour faire du beau boulot. Comme à ce moment-là je me dis encore que je n’aurais peut-être pas le budget pour me payer un percussionniste et que je m’occuperais peut-être moi-même de cette partie, je choisis de faire enregistrer la guitare et l’instrument encore inconnu pour la mélodie principale. Le musicien devra s’accompagner de la démo pourrie.
Je contacte Michele. Un Italien vivant en Espagne si je ne me trompe pas. Cet homme joue de tout un tas d’instruments à cordes pincées. J’écoute ses démos, il joue bien, on sent qu’il a de l’expérience, du feeling. Je sens directement qu’il sera capable de jouer ce que j’imagine comme je l’imagine et même mieux. Il va jouer la guitare classique et aussi l’instrument principal. Je ne sais pas lequel. Mais je sais que si je peux engager une seule personne pour jouer cette section mélodique, j’y gagnerai en cohérence.
Si c’était de la musique cubaine pure, pour l’instrument encore indéterminé, on aurait immédiatement opté pour un tres cubain. Mais là, j’avais en tête un truc un peu plus coloré. Dans ma démo l’instrument que j’avais fabriqué sonnait parfois même un peu comme un clavecin. Michele me propose la guitare portugaise. Instrument que je ne connaissais pas vraiment. J’écoute. Parfait. C’est exactement le son que je cherchais. On a simplement dû faire le deuil d’une note trop grave pour être jouée sur cet instrument. Ca m’a rendu très triste, mais Michele a habilement tourné l’affaire pour qu’à part lui et moi personne ne remarque rien.
J’écris les partitions. Mal. Je décide à passer du tempo magique de 55.5 bpm (non c’est pas magique, c’était juste le « sweet spot) à 56 bpm, trahison envers mon intuition profonde que je ne me pardonnerai peut-être jamais, mais qui me garantit que quelque soit le logiciel sur lequel enregistre chaque musicien, ils sera capable d’obtenir le bon tempo, certains n’acceptant pas les décimales. Je prie de ne pas avoir fait d’erreur en écrivant les partitions, puisque que je ne sais pas les lire moi-même à la volée.
Je les envoie donc à Michele. Je lui donne mes indications et m’excuse d’avance pour la guitare classique qui passe la moitié du morceau à jouer des bêtes octaves à la noire, puis je le laisse travailler. Quelques jours plus tard, il m’envoie ses deux pistes. Jeu impeccable, beau feeling, son magnifique. Je vois des petits anges, je peux passer à la suite.
Contrebasse
Je contacte Kentaro. Un Japonais vivant en France. Remarquez qu’en deux musiciens et trois instruments nous couvrons déjà quatre pays. Cinq avec moi Français vivant en Belgique. C’est beau l’internet.
Je lui écris une aussi mauvaise partition qu’aux autres, il n’y a pas de raison. Je lui donne mes indications. Je suis un peu gêné qu’il n’ait pas grand chose à se mettre sous la dent en terme de jeu. Les notes sont longues et peu nombreuses. Il me demande s’il peut modifier des parties pour les rendre plus dynamiques. Je lui réponds que pas trop. Je lui explique que je travaille en composant sur un morceau déjà existant et que s’il peut ajouter quelques notes et effets ici ou surtout là, il peut, mais qu’il ne faut rien enlever et qu’il ne peut pas modifier drastiquement le contrepoint. Il comprend très bien et enregistre sa partie en respectant de très près la partition, tout en ajoutant ici et là quelques effets percussifs, ou en choisissant de jouer une partie à telle octave plutôt qu’à telle autre. Bref, il trouve les moyens de s’amuser dans les limites du bac à sable, qui fait que tout le monde passe un bon moment à jouer.
Les contrebasses, c’est difficile à enregistrer. Et comme c’est difficile à enregistrer, c’est également difficile à mixer. Kentaro a très bien joué et très bien enregistré sa partie, cela dit, elle a eu un peu du mal à se faire sa place au mixage. Comme quoi, ça n’est pas une science exacte. Mais on en reparlera un peu plus bas. J’ai dans tous cas passé quelques belles heures à écouter le son de la contrebasse toute seule. Je voudrais toujours plus de contrebasse. Vous ne pourriez laisser au monde comme seuls instruments que des contrebasses et des clavecins que je m’en porterais très bien.
Bref, j’ai les guitares, j’ai la contrebasse. Passons aux percussions.
Percussions
Devant la qualité des pistes que j’ai reçues jusque là, je me dis que je ne peux pas tout gâcher avec des percussions virtuelles qualité merde. D’autant que si j’ai appris très vite fait les rudiments des rythmes traditionnels afro-cubains, je n’ai absolument pas le feeling et la connaissance profonde des percussions qui me permettraient d’imaginer et réaliser de jolis breaks, transitions, variations, et autre embellissements qui donnent toute la vie à un morceau. Je me résous donc à faire appel à un pro. Et je me prépare à casser la tirelire vu le nombre de percussions que j’imagine nécessaires.
Sur ce, je contacte Maciej. Fabuleux percussionniste Polonais touchant à tous les styles et possédant une collection énorme de percussions des quatre coins du globe. Le son de ses démos est impeccable. Je lui explique le concept, je ne lui écris pas de partition. Des partitions pour les percussions ? C’est bien au delà de ce dont je suis capable à ce jour. Je me contente de lui envoyer piste par piste les percussions que j’ai programmées pour la démo du morceau.
En quoi ? Un, deux échanges, Maciej comprend exactement ce que je veux, exactement ce qu’on peut ajouter ou retrancher, il me donne toutes les références que j’ai en tête et même celles inconscientes. On cause Buena Vista old school, danzón, musique andalouse. Bim boum badaboum. Quelques jours plus tard, Maciej ne m’envoie pas les 6 pistes de percussions que j’attendais, mais 15 pistes (enfin 24 si on compte les prises de sons multiples sur certaines percu). Tout un univers est là. C’est juste parfait. Je ne vous mens pas, j’ai dû écouter les percussions seules presque autant que le morceau finalisé.
À ce stade, ma seule angoisse est : vais-je réussir à mixer tout ça avec mon matos moisi.
Mix et mastering
La réponse est non. Je ne saurais pas faire. Et puis je ne veux pas. Je veux pousser l’expérience jusqu’au bout. J’ai fait enregistrer chaque partie par des musiciens professionnels, je veux un mix et un mastering professionnel. Le mixage, c’est l’étape où on peut tout consolider ou tout gâcher. Au choix.
Alors c’est reparti. Si sur Fiverr vous trouvez des centaines d’ingé son amateurs prêts à mixer vos morceaux trap, drill et hip hop, c’est une autre paire de manches de dénicher un professionnel spécialisé dans la musique acoustique/classique à des prix abordables pour moi.
Mais il s’en trouve ! Au moins un. C’est le cas de Francesco pour InABagRecords. Francesco et un ingénieur du son Italien, spécialisé donc dans la musique classique et acoustique.
Pour ceux qui ne savent pas, et il n’y a aucune honte à ça, le mix dont on parle ici n’a pas de rapport avec le travail de DJ. Pour résumer très vite, il s’agit de travailler le volume et le son de chaque instrument, ainsi que leur placement dans l’espace sonore, pour donner un tout satisaisant. Le mastering est l’étape suivante, qui sert à ajuster le volume global et parfois même la couleur d’un morceau, afin qu’il sonne à peu près de la même manière quelque soit la plateforme sur laquelle vous l’écoutez, et assurer une belle cohérence entre tous les sons. C’est le coup de vernis final quoi.
Eh ben quoi, le résultat du travail de Francesco, c’est ce que vous avez écouté. Évidemment, nous avons échangé durant tout le processus. Cet élément un peu plus fort, celui-ci un peu moins, là plus de punch, ici plus de douceur pour produire tel ou tel effet. Ce genre de choses. Ce qui était sympa avec Francesco, c’est que je lui fournissais une page de feedback à chaque fois qu’il m’envoyait une démo, et au lieu de répondre quoi que ce soit sur le moment par écrit, sa réponse était la démo suivante qui intégrait, avec goût, toutes les modifications que j’avais suggérées. C’était un régal. Zéro blabla, comme disait la pub.
À propos de la version pour clavier
Pour la version piano, j’ai simplement contacté Roman Starkman, lui ai refilé la partition horrible que j’avais préparée à la hâte, sans armure, avec des dièses et des bécarres dans tous les sens, en lui demandant de jouer le morceau comme il le sentait lui, jusqu’au tempo qu’il pouvait choisir. Roman a d’ailleurs eu la gentillesse de m’aider à réécrire la partition pour la rendre plus lisible. Il a lui-même enregistré et masterisé le morceau.
Quelques jours après la publication de cet article, je rendrai disponible toutes les versions du morceau dans la partie Grand Bazar du site, ainsi que les partitions. Laissez-moi quelques jours pour mettre de l’ordre dans tout ça.
Je dois vous dire que j’ai une pensée toute spéciale pour Roman, qui a appris le morceau et a enregistré son interprétation entre le 22 et le 24 mars 2022 depuis son logement à Kiev, en Ukraine, tout juste un mois après le début de l’invasion du pays par l’armée Russe. Je ne sais pas comment tu fais pour continuer à travailler et jouer dans cet environnement, Roman. Mais merci pour le morceau.
Le coût
Un tout petit peu moins de 500€ tout compris, enregistrements, mixage et masterisation des versions originale et piano, TVA et pourboires. Honnêtement, c’est pas cher vu la quantité de travail fournie, étalée sur cinq collaborateurs. Je me sens même un peu coupable, mais la vérité c’est que je n’aurais pas su débourser plus. Je m’en remets à ma conscience en me disant que j’ai bien détaillé les spécificités de chaque partie à chaque artiste avant de commencer, qu’ils m’ont chacun proposé leur offre sur mesure en fonction, et que je n’ai pas marchandé un seul centime sur les propositions qu’ils m’ont faites, ni tenté de les influencer en leur avouant que j’étais fauché. J’ai donc payé ce que chacun a estimé être le prix correct pour son service. Faut que j’arrête de me torturer. Vous inquiétez pas ça va passer.
Le résultat ?
Bah il me plaît beaucoup. Évidemment si j’avais tout su faire moi-même, ç’aurait été un poil différent, mais ça correspond quand même à 90% à ce que j’avais en tête. Je dis 90% (prononcer nonante pour cent), parce que je n’ai pas voulu jouer les control freaks, comme on dit. Tout en étant précis sur mes intentions et le résultat que je souhaitais, j’ai à chaque étape essayé de donner le maximum de liberté à chaque artiste, persuadé que le résultat ne serait que meilleur s’il trouvait à s’amuser en travaillant, s’il avait moyen de mettre sa touche personnelle là dedans, de s’approprier un peu le truc.
Deux regrets. Enfin, pas regrets, deux choix que j’ai dû faire et dont je ne sais pas encore si je les regrette ou pas. La basse passant mal au mix, on a dû forcer un peu sur l’égaliseur et la compression. Ça lui fait perdre de son naturel, mais ça confère le punch qu’il faut au morceau. Triste compromis, mais il faut en faire. Seconde chose, la guitare portugaise qu’on entend trop faiblement à la fin du morceau, tout ça parce qu’on a un peu trop poussé la basse, parce qu’il le fallait. Mais je ne voulais trop pousser la guitare portugaise, pour que ça reste le plus naturel possible (ce qui ne veut pas dire grand chose). Compromis, donc, résultant d’un précédant compromis. Je ne mens pas quand je dit que le mixage c’est l’enfer.
Pour la version piano, elle ne ressemble en rien à ce que j’aurais pu imaginer, et tant mieux ! Pour le coup il s’agissait d’avoir la surprise d’entendre l’interprétation personnelle qu’en ferait un pianiste habitué à divers genres. Comment allait-il comprendre le morceau. Quand il m’a envoyé sa piste, il avait nommé le fichier « fuga », ce qui m’a beaucoup fait rire, un peu flatté, et un rien culpabilisé de ne pas savoir véritablement composer une fugue dans les règles de l’art.
Que dire d’autre ? Je retravaillerai volontier avec chacune des personnes que j’ai pu rencontrer sur Fiverr. Faut juste me laisser quelques mois pour économiser à nouveau et trouver un encore plus chouette morceau à composer (là c’est peut-être en années que ça se compte). Un sur lequel je possèderais les droits à 100%, accessoirement.
Et Alexandre Astier dans tout ça ?
Eh oui. Maintenant comment et où diffuser ce morceau ? Composer un morceau sur la base d’une autre composition… Quelle connerie, hein ? Il va me falloir contacter le monsieur. Pas que j’envisage de faire le moindre sou avec ça, mais j’aimerais tout de même bien le diffuser gratuitement ici ou là (ici, c’est ce site, et là sans doute bandcamp, pas plus), sans avoir le gros nuage menaçant de l’illégalité au dessus de ma tête.
Par exemple, le percussionniste m’a demandé s’il pourrait faire figurer la piste sur son album de percussions et guitares en cours de réalisation, sur lequel il souhaite collaborer avec des musiciens d’un peu partout dans le monde. Bon ben, je peux pas lui dire oui. J’ai pas les droits. Je ne sais pas s’il souhaite le vendre, par exemple, son album. Si c’était le cas, et même si je ne lui demandais jamais rien en retour, ça impliquerait certaines démarches. Comprenez que j’aimerais simplement lui dire oui, bien sûr, tu peux l’utiliser autant que tu veux, fais-toi plaiz ! C’est pas tous les jours qu’on trouve un de mes morceaux si cool qu’on veuille le faire figurer où que ce soit.
Je vais donc essayer de contacter Alexandre Astier pour lui demander ce qu’il est possible de faire ou pas. Cela dit, quand un morceau est protégé et que son auteur est enregistré à la SACEM… la tâche devient ardue. Même Hugues Aufray a dû lui-même payer la SACEM pour que les enfants d’une petite école des campagnes aient le droit de chanter gratuitement ses chansons à la fête de fin d’année. Et oui, c’est qu’un pourcentage revient à la SACEM, ils ne lâcheront rien. Alors je ne me fais pas trop d’illusions sur les possibilités de parvenir à quoi que ce soit, même avec un éventuel accord direct du compositeur. Mais faut essayer.
Et puis comment le joindre, hein ? Fini le temps où il me suivait sur twitter, puisque j’ai supprimé mon compte il y a des années et changé de pseudo entre temps. Si c’était les années 90, je contacterais directement TV magazine, et ils me répondraient quelque chose du genre : pour joindre monsieur Astier, veuillez écrire à Alexandre Astier, 212 rue des grandes machines, M6, Paris CEDEX quelque chose. Mais nous sommes en 2022. Sans compte facebook, twitter, instagram, ça me semble bien compromis.
En attendant, vous pouvez toujours écouter ça ici. C’est déjà ça.
J’ai dû oublier plein de choses en chemin. Mais ça fait deux mois que je bosse sur ce morceau, je n’en peux plus. Je suis pressé de le partager et de passer à autre chose.
Il y a deux mois, alors que je commençais à bosser sur ce visual novel dont je causais dans les articles de blog précédents, je sentais la motivation baisser à mesure que j’écrivais le scénario. Je me suis donc dit et si tu commençais à composer la bande son pour changer un peu. Et puis de bande son n’ai point composé. Je ne sais pas comment, mais j’ai bifurqué. Je me suis mis à apprendre les rudiments de certains styles de musique cubaine, et puis j’ai commencé à faire des trucs et des machins divers quand j’ai pigé qu’il était trop tard pour sortir un son cubano qui devienne un classique.
D’entre les trucs et les machins faits, je vous partage un petit morceau, qui n’a absolument aucun rapport avec le visual novel en cours de fabrication.
C’est dans la partie musicouilleur que ça se passe, ici précisément. Je vous y présente la version démo d’un morceau.
Je suis également en train de faire enregistrer ce même morceau par de vrais musiciens, un autre article suivra donc pour vous montrer ce que ça a donné, si ça a donné quelque chose, pour expliciter un peu la démarche car elle est nouvelle pour moi et un peu particulière, vous partager les partitions, ou simplement me justifier de mon incompétence musicale s’il s’avère que le résultat est vraiment catastrophique. Bref allez-y voir et n’hésitez pas à me faire des retours.
Hier, je parlais de musique chiante. Aujourd’hui, je vous partage un peu de ma propre musique chiante, mais une petite introduction s’impose.
Aux alentours de 2010, alors que je vivais à Canterbury, je redécouvrais Kaamelott. Par là je veux dire que c’était la première fois que je ne m’arrêtais pas juste 3 minutes devant un épisode qui passait par hasard à la télé. Je matais toute la série du livre I au livre V. C’était à peu près ma seule source de français en audiovisuel. Au cours de ce marathon, voilà qu’arrive le livre II et son épisode 83 : Pupi.
Pour ceux qui ne savent pas, les Pupi sont les marionnettes du traditionnel théâtre de marionnettes sicilien (Opera dei Pupi). Je savais pas avant d’aller voir sur Wikipédia.
L’épisode est particulier. Arthur, incognito sur une place de marché, assiste en bonne compagnie à un spectacle de marionnettes narrant les péripéties survenant à la cour de Kaamelott. Lorsque le spectacle est terminé, et alors que les marionnettistes remballent leur théâtre, Arthur reparaît, un enfant dans les bras. Vêtu de sa tenue de cour cette fois-ci, couronne sur la tête, il use de son autorité royale et fait rejouer le spectacle à la demande de l’enfant, payant tout de même les artistes d’une bourse.
On pourrait passer des heures à causer de cet épisode sous divers angles, mais ce qui a contribué à la place toute particulière que je lui accorde, en plus de son étrangeté, c’est en grande partie la musique. Et je ne suis pas le seul.
Il s’agit d’un thème, composé par Alexandre Astier, évidemment, qu’on peut entendre uniquement dans cet épisode, et que je me trimballe dans la caboche depuis maintenant plus de 12 ans. Il va, vient. Il vit sa vie d’air au creux de mes synapses. Un matin je me réveille, il est là. Le lendemain il a disparu, mais ce n’est que pour mieux reparaître quelques semaines plus tard à l’occasion d’un grand soleil, ou d’un soir qui tombe, ou d’une voiture qui passe. Bref, cet air est devenu un compagnon fidèle.
J’ai bien essayé d’en faire une ou deux reprises au cours des dernières années mais bof. D’autres l’ont déjà si bien joué au piano, à l’accordéon, en mode one man band… Et moi, rien. Que vous voulez que je fasse avec mes petits VST tout pourris et mon inaptitude à jouer du clavier ?
Mais il y a deux mois, vlà-t-y pas que je transcris le morceau et que je décide de diviser le tempo par deux à la louche et d’y ajouter une ligne mélodique. J’y ajoute aussi des parties de basse aux endroits où il n’y en avait pas dans l’original, ou là où je n’en ai pas entendu, je transcrivais à partir d’un enregistrement de qualité piètre.
Et voilà. J’avais accouché d’un petit caca musical de plus, et je l’aimais bien. J’ai pas su tirer la chasse et lui dire au revoir. Je ne sais pas pourquoi je me suis dit celui-là, je vais le partager. Ce n’est que l’air des Pupi joué très lentement avec une mélodie plus rapide greffée là-dessus et des percussions derrière. D’autant que je me suis ensuite rendu compte que plus tôt dans l’épisode on l’entendait déjà à un tempo très lent. Mais je sais pas. Je l’aime bien.
Le voilà donc ce morceau, version démo, À propos des Pupi. Essayez de pas être trop impressionnés par la qualité de tous ces instruments virtuels gratuits, ça vous divertirait du génie de mon œuvre.
Je ne sais pas ce qui, de la basse, des percussions originales ou des harmonies, me faisait ça, mais ça me grattait la partie de la tête où sont rangées les mélodies et les rythmiques afro-cubaines. Peut-être parce que ça faisait déjà un mois que je tentais de composer (sans que rien de formidable n’en sorte) des son cubanos et des boleros. Parce que j’adore certains types de musiques cubaines traditionnelles.
Pour autant, je crois vraiment que ma musique en dit moins sur mes goûts musicaux en tant d’auditeur, que sur les outils que j’ai utilisé, sur mes connaissances et mes lacunes musicales au sens large, sur les contraintes dans lesquelles je me crois obligé de travailler, sur ma curiosité, et sur ma fascination pour des sons inattendus qui se produisent par hasard et/ou par erreur et autour desquels j’essaie de broder quelque chose. C’est pour ça que ce ne sont jamais de très bons morceaux. Pas des trucs qu’on mettrait dans une playlist. C’est toujours des mélanges étranges. Rien de très marqué. Ça sonne bizarre, on ne sait pas trop dans quel slip on habite. C’est comme ça, je m’y fais.
Je vois souvent mes morceaux davantage comme de petits dessins animés sans images qu’autre chose. Voire simplement comme des génériques parfois. Des années 80-90, évidemment.
Ça n’a pas de rapport, mais vous savez quoi, je me demande si ce n’est pas simplement parce qu’il y a l’air des Pupi en boucle tout au long du morceau que je l’aime vraiment bien celui-là.