#387 – Norge, on te sonne

Norge est un poète Belge. Je dis est… Était.

Depuis que j’ai acheté une anthologie de ses textes, Poésies (1923-1988) chez Gallimard, il ne se passe pas deux semaines sans que j’aille en lire quelques pages, sans que je sois ébloui par son humour autant que par son style. Avez-vous déjà ressenti ça ? Lisant quelques pages d’un auteur, vous vous rendez immédiatement compte qu’il s’agit d’un lointain cousin que personne dans la famille ne vous avait présenté ? Les veaux. Parce que c’est ce que je ressens dès que je lis Norge. C’est le cousin inconnu, et celui qui a réussi, avec ça. Pas la réussite qui écrase tous ceux qui viennent après lui, non, la réussite qui inspire. Celle qui montre aux petits jeunes qu’ils peuvent faire quelque chose de beau et de pas prétentieux, avec un peu d’encre et du papier.

Norge est mort, mais trop récemment. Je ne peux pas, légalement, vous partager ses œuvres ici. Pas encore tombées dans le domaine public. Ce n’est qu’à l’âge de nonante-deux ans, en 1990, qu’il a claboté. Il aurait pu se presser un peu, car si aujourd’hui ses ayants droits ne font pas un tapage à la Hergé, et que ses textes ne circulent pas librement, j’ai bien peur que d’ici cinquante ans il soit oublié de tous. Dans mon entourage direct, il ne se trouve pas une seule personne de moins de trente ans qui connaisse son nom ni le moindre de ses poèmes. Ça me rend triste.

Alors voilà. Je vais faire une petite entorse à la légalité. Une seule. Il y a quelques mois, j’ai enregistré l’un de ses textes sur une petite piste instrumentale de mon cru dont je ne savais que faire. C’était en décembre je crois. Entre un moment où je me trouvais très mal et une période où je n’allais pas me sentir bien du tout. Durant cette éclaircie de quelques jours, m’étant remis à la musique, je cherchais ce que je pourrais bien raconter dans mon micro nouvellement acquis. J’ai ouvert mon recueil de poèmes de Norge, et le premier texte sur lequel j’ai posé les yeux était : On sonne. Je me souviens avoir fait ça en quelques minutes, avoir trouvé que l’ambiance convenait bien à ce texte, qui est l’un de mes préférés d’ailleurs, et m’être dit que je le retravaillerai plus tard avant de l’oublier au fond d’un tiroir.

Je ne le retravaillerai pas. Je n’ai rien mixé, il n’y a aucun travail du son effectué sur la voix, j’ai enregistré et c’est resté tel quel, brut, depuis six mois. C’est trop tard maintenant. Je ne me sens pas la force de revisiter tout ça. Je viens de le réécouter une fois. De la voix à la guitare, tout me fait grincer des dents. Je me contenterai donc de déposer cette chose ici et de ne plus jamais la réécouter. Ce qui compte, c’est que ce sont les mots de Norge. Ça vous donnera peut-être envie de lire davantage de ce qu’a écrit ce monsieur. Si ce n’est pas le cas, dites-vous que c’est ce montage audio qui n’y fait pas honneur, et lisez-le quand même.

Ah oui, dernière chose. Qu’on m’excuse d’avoir ajouté un s à chiens-et-chat, je ne m’en suis rendu compte qu’après avoir enregistré, je recommence pas tout pour un s. Fainéant un jour… Qu’on m’excuse également, à moi comme à tous les gens originaires du sud de la France, de ne faire absolument aucune distinction entre les différents sons « o ». Nous ne les entendons tout simplement pas. Jusqu’à ce que nous rencontrions un Parisien, en général c’est un Parisien, qui nous le fasse remarquer en se moquant bien, nous n’avons pas conscience que cette diversité de « o » existe. Ensuite on est au courant, mais on n’entend toujours pas la différence. Je sais que ça choque l’oreille de beaucoup de francophones. Soyez donc gentils, et concentrez-vous sur mes autres défauts de diction.

Voici donc :

ON SONNE

Cher univers, tu m’étonnes.
Tu dis blanc, mais tu dis noir.
Excuse-moi, car on sonne.
Oui, j’y cours, oui, j’y vais voir.

Me revoici, que disais-je ?
Ah oui : je comprends bien mal
Ton feu froid, ta chaude neige
Et tes trois règnes en al.

Pardon, mais l’on sonne encore.
Une seconde ! J’arrive.
(Elle insiste, la pécore.)
Attends-moi, tiens prends ce livre.

Ouf ! tu répondais, je crois
Que l’habitant de la lune…
Je parlais de croix, de croix ;
Ah oui, tu parlais de prune.

Je ripostais cependant…
Tonnerre, encor la sonnette !
Je disais : le mal aux dents…
Non, je disais : l’alouette…

Ces escaliers me tueront.
Tu réponds : ta voie lactée,
Tes soleils et tes nuitées,
Que tout ça tourne assez rond.

Bien, bon, c’est joli à voir,
Mais pour nous, c’est du spectacle
Si tu crois nous émouvoir,
Nous renâclons, je renâcle !

Je te parle chien et chat,
Je te parle messieurs-dames,
Vie et mort, amour, crachat,
Je te parle corps et âme.

Tudieu, la sonnette encore.
Qui sonne ? La mer, l’azur,
Les siècles, Nise, un centaure ?
Mais on sonne, c’est bien sûr.

On sonne, on sonne, on re-sonne.
Univers, excuse-moi.
Tu disais : chaud, je dis : froid !
J’ouvre et je ne vois personne.

#312 – Ça colle dans les rues d’Ixelles (5)

Et voici quelques stickers de plus aperçus aux alentours des places Fernand Cocq et Flagey à Ixelles :

Précédents articles de la série :
#311 – Ça colle dans les rues d’Ixelles (4)
#310 – Ça colle dans les rues d’Ixelles (3)
#309 – Ça colle dans les rues d’Ixelles (2)
#308 – Ça colle dans les rues d’Ixelles (1)

#311 – Ça colle dans les rues d’Ixelles (4)

Je me dis qu’il faudra intercaler quelques articles sur d’autres sujets entre deux séries de stickers, mais bon. Là j’ai flemme.

Ah, j’ai rajouté 318 stickers pris au mois de mars sur cette page.


Précédents articles de la série :
#310 – Ça colle dans les rues d’Ixelles (3)
#309 – Ça colle dans les rues d’Ixelles (2)
#308 – Ça colle dans les rues d’Ixelles (1)

#310 – Ça colle dans les rues d’Ixelles (3)

Vous reprendrez-bien une fournée de stickers ? Oh que oui, vous en reprendrez. Alors voilà. On n’est pas arrivés au bout, ce matin j’en ai photographié encore 150, et j’ai pas encore attaqué la chaussée d’Ixelles (enfin presque pas).

Comme d’hab si vous n’aimez pas l’aspect feuilletonnant de ces articles, vous pouvez vous rendre sur cette page pour voir tous les stickers que j’ai pu prendre jusqu’à aujourd’hui.

Et maintenant place aux artistes-publicitaires-supporters-militants :

Vous l’avez vu passer, le « je te rembourse lundi » est sans doute le plus célèbre des stickers récurrents de Bruxelles et l’un de ceux qui m’a le plus fait rire quand je le vu la première fois. Il a également été aperçu dans d’autres villes un peu partout dans le monde et son origine reste un mystère. Je vous laisse mener l’enquête, moi j’ai la flemme.

C’est tout pour aujourd’hui, la suite bientôt.


Précédents articles de la série :
#309 – Ça colle dans les rues d’Ixelles (2)
#308 – Ça colle dans les rues d’Ixelles (1)

#309 – Ça colle dans les rues d’Ixelles (2)

On continue ! Nouvelle fournée de stickers aperçus dans les rues d’Ixelles. Vous pouvez trouver la précédente ici, et si la patience n’est pas votre truc, la totalité des stickers photographiés jusqu’à aujourd’hui se trouvent ici.

La suite bientôt.

#308 – Ça colle dans les rues d’Ixelles (1)

Faut dire qu’on pose nos sacs poubelles directement devant nos portes, ça ne devrait pas nous étonner. Mais ce n’est pas de ça que je vais vous parler aujourd’hui. D’ailleurs je ne vais pas vous parler beaucoup. Je vais vous montrer de jolies photos.

Oui, je me permets de ne pas revenir sur mes six mois de silence, ni sur ce qui s’y est passé. J’ai décidé de ne pas vous plomber le moral. On en causera quand j’aurai bien digéré.

Aujourd’hui, donc, début d’une série d’articles-galeries de stickers qu’on trouve dans les rues d’Ixelles. Pour les Français qui se demandent, Ixelles est une commune de Bruxelles, un peu comme les grandes villes ont leurs arrondissements, et j’invite les francophones non-Belges de l’Algérie, de l’Andorre, de l’Angola, du Bénin, du Brésil, du Burkina Faso, du Burundi, du Cameroun, du Canada, des Comores, de la république du Congo, de la république démocratique du Congo, de la Côte d’Ivoire, de Djibouti, de la Dominique, du Gabon, de la Guinée, de la Guinée équatoriale, d’Haïti, du Liban, de la Louisiane et du Maine, du Luxembourg, de Madagascar, du Mali, du Maroc, de Maurice, de la Mauritanie, de Monaco, du Niger, de la Province de Gérone, de la République centrafricaine, du Rwanda, de la Sarre, du Sénégal, des Seychelles, de la Suisse, du Tchad, du Togo, de la Tunisie, de la Vallée d’Aoste, de Vanuatu, et du Vatican à nous raconter à quoi ça correspond par chez vous. Je vais pas faire tout le boulot non plus.

Quelques mots de présentation très rapidement et ensuite je la boucle et place aux images.

À Ixelles, on en trouve, des autocollants, une quantité folle. Sur les poteaux, les panneaux, les transformateurs, les boîtes aux lettres, les portes, les vitrines… Ils peuvent être purement esthétiques, ou bien publicitaires, militants, sportifs, ou encore un peu tout ça à la fois. Je dois d’ailleurs vous dire que je n’effectue aucun tri. Je les prends tous en photo, tous. Dès que j’en trouve un que je n’ai pas, clic ! Et je vous les montre tous. C’est un état des lieux, je n’en ferai aucun commentaire, c’est pas moi qui les colle, et je ne connais pas les personnes qui les ont collés. Je ne les classe même pas, je vous les livre dans l’ordre où je les ai photographiés (sauf quand je retrouve un même sticker mais de meilleure qualité plus tard, il pourra m’arriver de remplacer l’image d’origine, pour une sombre histoire de pas avoir à se retaper la numérotation tout en évitant les doublons, mais ce sera des cas rares et vous vous en foutez en plus).

Comme en trois heures de balade j’en ai accumulé plus de quatre-cent, je vais être sympa et n’en publier que vingt à quarante par article, à un rythme plus ou moins régulier. Mais, j’uploade dès à présent tout ce que j’ai sur cette page que je mettrai à jour au fil de mes balades. Attention, plus de 400 photos sur une page, ça peut mettre du temps à s’afficher. Au milieu, certaines affichettes également, qui ne sont pas à proprement parler des stickers, mais hein bon, soyez tolérants.

Dernier détail, les photos sont prises avec mon téléphone portable dont l’objectif est couvert des miettes et poussières qui vivent au fond de ma poche, et dont la coque de protection tordue recouvre également un partie de l’objectif. Comme vous le savez, j’aime faire les choses bien. On est perfectionniste ou on ne l’est pas.

Alors allons-y.

Le sticker art à Ixelles – Partie 1 :

Et voilà. La suite dans quelques jours (ou tout tout de suite ici).

Et mention spéciale à mes potes Feldo et Gwlad, qui m’ont redonné l’envie d’arpenter les rues pour archiver l’art temporaire qui s’y expose avec leur site sur le street art à Montpellier !

#302 – Repartir sur des bases malsaines

Depuis que j’ai quitté le domicile familial il y a quinze ans, des déménagements, j’en ai fait. Mais alors, pfoulala, qu’est-ce que j’en ai fait…

En moyenne, un tous les ans et demi.

À Montpellier d’abord : un petit studio (deux ans), une grande colocation (deux ans). Puis direction l’Angleterre, Canterbury (un an). Retour ensuite à Montpellier dans un nouveau petit studio (un an), puis un faux F3 en couple (trois ans), puis un F2 tout seul (deux ans), puis re-grande coloc (deux ans), puis un tout petit studio en couple à Lyon (un an), et me voici actuellement à Prague dans un grand appartement en couple et en colocation (un an). Et finalement, d’ici trois mois, la Belgique, Bruxelles, en vue.

Comptez donc, ça fera dix déménagements en quinze ans. On est bien à un déménagement tous les un an et demi en moyenne. Je suis pas trop mauvais en maths. Les Tchèques disent de ceux qui ont ainsi la bougeotte qu’ils ont une hélice au cul. Je leur laisse la responsabilité de ces propos.

Ainsi, j’ai déménagé en avion, j’ai déménagé en train, j’ai déménagé en tramway, j’ai déménagé en bus, j’ai déménagé en voiture, j’ai déménagé à pieds. Si vous avez fait plus complet, laissez-moi un commentaire, vous avez gagné.

Mais quel est donc le point commun entre tous ces déménagements ? Hein, lequel est-il ?

La bonne réponse était : je déteste les déménagements.

Vue kaléidoscopique d’un cimetière de Prague. Ça n’a aucun rapport avec le sujet d’aujourd’hui sinon que toute cette situation me fait tourner la tête.

Enfin non. Ce n’est pas exactement ça. Je ne déteste pas les déménagements, je déteste les recherches d’appartement. Voilà. Vraiment. De toute ma haine. Ça me fout en vrac. J’ai l’impression que je vais mourir chaque jour tant que je n’ai pas trouvé. Je ne sais pas encore comment ça se passe en Belgique, mais en France c’est l’horreur. S’il vous fallait une preuve de ma détestation des recherches d’appartement, voici un petit texte sur le sujet, écrit il y a quatre ans et tout juste publié sur le site pour l’occasion :

Les recherches d’appartement

Ça y est ? Vous l’avez lu ?

Bien. Maintenant, donc, on se comprend.

Ajoutez aux recherches d’appartement le fait que je vais, en même temps, devoir trouver un travail qui nous permette à la fois de nous loger et de vivre mon amie et moi pendant qu’elle sera occupée à ses études, et vous aurez à peu près pigé quel est mon niveau d’angoisse actuel.

Ajoutez encore à cela la situation d’instabilité au niveau des frontières, et le chômage massif qui se prépare à la rentrée prochaine, à cause de la pandémie, et vous aurez encore mieux pigé.

Je pourrais encore vous demander d’ajouter sur le tas l’idée que je serai un étranger à la recherche d’un bon emploi dans un pays que je ne connais pas et dont les habitants natifs seront sans doute eux-même en lutte contre le chômage, mais je ne voudrais pas vous accabler.

Bref, mon amie et moi repartons pour de nouvelles aventures, sur des bases qu’on aurait du mal à qualifier de bonnes. Pas le choix.

#301 – Saint Machin Du Coin De La Rue

En voilà des manières ! Le cochon ! Le vilain ! Il donne pas de nouvelles pendant plusieurs mois ! Il a chopé le virus ? Ce serait bien fait ! Est-ce qu’il en est crevé ?

Non.

C’est un peu ma spécialité, voyez-vous, de ne pas donner de nouvelles. Et autant vous dire que quand on tient une spécialité comme ça, il faut bien la choyer. C’est ce qui nous distingue du vulgaire. Oh, évidemment, ça ne se voyait pas quand je rédigeais une note de blog quotidienne, mais c’était le tout début du blog, de notre relation. On ne se connaissait pas trop encore. Je vous laissais croire que, moi aussi, j’écrivais chaque jour à tout le monde, je passais des coups de téléphones pour dire « je suis bien arrivé » à chacun de mes mouvements. Je ne peux pas jurer que c’était conscient, mais sans doute ne voulais-je pas vous éclabousser de toute ma spécialitude. Se prendre en pleine gueule les qualités exceptionnelles des autres, ça ne fait de bien à personne.

Enfin, là, je ne peux plus vous le cacher. Je suis un de ces êtres hors du commun. Il faut l’accepter. Ne soyez pas jaloux ou -louses.

Qu’est-ce qui me motive donc à m’adresser à vous aujourd’hui ?

Rien.

J’avais simplement envie d’écrire quelques mots. Je pourrais vous raconter le confinement, mais vous en avez soupé. Je pourrais vous raconter ce qui s’est passé avant le confinement, ou ce qui se passe après le confinement, mais ça resterait du confinement, et honnêtement, moi aussi, j’en ai eu ma dose.

Je peux vous dire que le reste de mes aventures se déroulera sans doute (on croise les doigts pour chasser le fantôme de cette fameuse seconde vague, même si ça sert à rien) en Belgique, à Bruxelles même. Je suis actuellement en recherche d’un emploi et d’un logement dans la capitale de ce pays où je n’ai jamais mis les pieds. Ça risque d’être drôle. Mais ne vous inquiétez pas, tel Saint Machin Du Coin De La Rue, je terrasserai le Dragon de la SDFerie.

Quelque part dans le centre-ville de Prague, je sais plus où. (Si c’est bon j’ai retrouvé, c’est 11 rue Široká)

Je dis drôle, mais en y pensant sérieusement, ce serait sans doute surtout drôle pour vous de me voir tétanisé devant la bête. D’ailleurs l’idée me vient que je pourrais peut-être vous narrer quotidiennement le déroulement de mes démarches. On ne sait jamais que ça me permette de retrouver l’aspect un tout petit peu créatif de ma vie, que je perds de vue ces derniers temps, tout en décompressant un peu. Je n’ai pas fait de musique à proprement parler depuis plus de deux ans, je n’ai pas écrit quoi que ce soit digne d’être publié ici depuis près de trois mois (et c’était une sorte de jeu, pas véritablement un texte), je n’ai même pas farfouillé dans les loufoques revues anciennes depuis bientôt deux mois. À un moment, il faut bien s’y remettre.

Bon, ben… Pourquoi pas. Allons-y donc. Mission : « Un taf, un toit – édition Bruxelles » sur ce blog pour les prochaines semaines, voire les prochains mois. J’espère que ce sera pas trop chiant.

Eh, matez ça, je commence une note de blog sans avoir quoi que ce soit à vous raconter, et me voilà en train de prendre des résolutions. Vous voyez que vous ne servez pas à rien !