#240 – Lyonniais #066 – On rigole, on rigole…

…quand on raconte parfois qu’on a presque oublié d’écrire sur le blog, mais aujourd’hui c’est vrai. Il est 23h35 et mon amie me dit : « Tu as écrit ta note de blog ? » Euh… Non. C’est qu’après les logiciels de montage, que je continue d’utiliser bien que l’inspiration s’amenuise, j’ai encore trouvé un nouveau joujou. Je vous en avais peut-être déjà causé ici ou là, il s’agit des vocaloids. Ce sont des synthétiseurs qui permettent de faire chanter votre ordinateur d’une manière plus ou moins naturelle. Pour l’instant surtout en japonais et en anglais. Je connaissais de nom, mais là… Je n’en avais jamais eu sous la main jusqu’à aujourd’hui. Vous imaginez donc qu’avec un truc pareil à expérimenter je n’ai pas pensé au blog. J’étais trop occupé à faire chanter à v4flower : カカアアアアアアア, ピピイイイイイイイ. Cherchez pas. C’est phonétiquement « caca » et « pipi » dans l’un des syllabaires japonais. Ben oui, je m’y connais pas encore assez en japonais pour fignoler des paroles comme il faut en même temps que je compose et que je teste toutes les possibilités du machin, alors je fais avec ce qui me vient. Ouais… Ce qui me vient tout de suite, c’est caca et pipi… Ben je sais pas quoi vous dire. Je fais chanter des polyphonie à mon ordinateur sur des paroles scato et, honnêtement, je trouve ça fabuleux.

À demain.

#239 – Lyonniais #065 – Discussions

Hier, mon ami Feldo m’a dit qu’il n’avait pas pu poster de commentaire sur l’un de mes articles. Il aurait eu un message comme quoi il lui fallait créer un compte, ou un truc du genre. C’est la deuxième fois qu’on me rapporte ce problème. Mon amie Gwlad (qui prenait des photos pour mon ancien blog), elle non plus n’a jamais réussi à poster de commentaire ici. Voilà qui est bien fâcheux. Pourtant, les commentaires sont autorisés pour tout le monde sur chaque article, je reçois même assez de spams. Je ne demande même pas à ce que les commentaires d’un·e utilisateur ou -trice soient validés manuellement une première fois par moi pour qu’ils soient ensuite validés d’office. Je viens donc de retirer la dernière couche de protection anti-spam possible, c’est-à-dire que vous n’avez même plus besoin de fournir un pseudo et une adresse mail pour pouvoir commenter. Mais franchement, je ne vois pas ce que ça va changer, puisque nulle part je n’ai coché une option qui demanderait d’avoir un quelconque compte pour commenter.

Donc, si vous aussi vous recevez un message du genre, s’il vous plaît, faites une capture d’écran ou copiez-collez-moi ça, et envoyez-moi le tout dans les comment… heu, non, envoyez-moi ça par la rubrique contact, en haut à droite. Que je sache de quoi il s’agit et que je puisse trouver une solution. Franchement, je commence à en avoir ma claque de wordpress. Vraiment.

Bon, voilà pour les détails du fonctionnement. Des endroits où l’on peut discuter tranquillement en tout cas, ce sont les serveurs discord. Oh, non, je ne vais pas créer un serveur discord lié à ce blog, ça n’aurait aucun intérêt. Par contre ils fleurissent bel et bien dans tous les domaines : musique, langages, jeux vidéo, pâtes à crêpes… Tous, je vous dis. Tous. Pour celles et ceux qui ne connaitraient pas encore, ce sont des salons de chat ([TshaT] comme disent les phonétistes) écrit, vocal, et même vidéo maintenant. Chacun·e peut créer ses serveurs, et salons sur ses serveurs, et inviter qui il ou elle le désire à le ou la rejoindre pour converser.

Ça tombe bien car j’avais pris, très récemment, la décision de quitter reddit. Non seulement parce que j’y ai passé assez d’années comme ça, l’ambiance commence à me déplaire, mais surtout parce qu’ils ont reçu cent cinquante millions de dollars d’une des principales entreprises chinoises responsable de la censure de l’internet dans leur pays. N’en étant plus à mon coup d’essai, je prends mes responsabilité d’internaute : un service qui se prétend l’étendard de la liberté d’expression et qui empoche une somme colossale de la part d’une telle entreprise, je le quitte. Puisque c’est mon seul pouvoir en tant qu’utilisateur de service gratuit que de devenir un non-utilisateur, je le fais. Je voyais donc en discord une fabuleuse alternative à cela. Pensant aux discussions sur des sujets variés que ce service allait pouvoir m’offrir, avec des utilisatrices et -teurs des quatre coins de notre planète… plate ET carrée donc (ben oui, soyez un peu logique, si elle avait été cubique, ç’aurait été le huit coins du monde, réfléchissez). Eh bien,je vous le dis tout de suite, mon enthousiasme s’est vite raplaplatisé. La même entreprise chinoise qui a balancé cent cinquante millions dans reddit possède 10% de discord. Ai-je mentionné que, grâce à cette même entreprise, reddit et discord sont inaccessibles depuis la Chine ? Non, je ne l’avais pas mentionné. C’est réparé.

Fin de la rubrique « On sait plus où marcher sans casser des œufs, ça va finir par faire une grosse omelette mais y aura plus personne pour la manger. »

À demain.

#238 – Lyonniais #064 – Travail, passion = pièges à cons

Vous êtes nombreux et nombreuses à me demander si j’aurais préféré être écrivain, musicien ou dessinateur… Enfin non, personne ne me le demande, mais il faut bien que je fasse semblant d’avoir un lectorat. C’est paraît-il ainsi qu’on fait venir des gens. Faut faire croire que vous êtes lu, comme ça on se dit « mince alors, tout le monde le lit et pas moi », et l’humain étant moutonnier (ou le mouton étant humanier, ça marche dans les deux sens du coup), on se met à vous lire. Vous êtes donc extrêmement nombreux et nombreuses —oh la la ! si vous saviez, des dizaines de milliers chaque jour, peut-être plus—, à me demander si j’aurais préféré être écrivain, musicien ou dessinateur. Je vous réponds, donc.

En fait, j’ai d’abord voulu être paléontologue, ou au pire archéologue si ce premier choix de carrière n’aboutissait pas. Enfin, pas au tout tout début, au tout tout début je voulais être policier-kinésithérapeute, mais on m’a fait comprendre que c’était bouché comme secteur. Donc paléontologue ou archéologue. Seulement j’étais allergique à la poussière, ce qui me fit rapidement changer d’avis, ça et le fait que c’était bouché aussi. Ensuite, j’ai voulu ne jamais travailler. Ce que je réussis assez bien jusqu’à aujourd’hui finalement, comme quoi parfois les vœux de jeunesse se réalisent…

Oui mais voilà, je sentais bien qu’on attendait de moi une quelconque envie de participer à la société, alors je me suis dit qu’artiste, c’était pas mal. À eux on leur foutait la paix. Quand un·e artiste rêvasse le nez en l’air au lieu de travailler, on dit : « ah la la, c’est un·e artiste ! » et tout le monde rigole. Alors, pas con, je me suis dit que j’allais être dessinateur. Je dessinais depuis tout petit, bien que très mal, et l’un de mes meilleurs amis dessinait lui aussi. Lui disait vouloir être chara-designer. Ça voulait dire créateur de personnages dans le milieu du jeu vidéo japonais de l’époque. C’était un terme un peu compliqué, ça faisait sérieux, ou du moins ça faisait personne qui sait ce qu’elle veut. À ces gens-là aussi on leur fout la paix en général. Donc j’ai dit : moi aussi, pareil, je veux faire chara-designer. Mais ça m’avait l’air un peu trop rigoureux à la vérité.

À la même époque, le prenais des cours de bande dessinée. C’est donc tout naturellement que j’en suis venu à me dire : oh dessiner des histoires, c’est pas mal non plus, Akira Toriyama dit qu’il dessine en regardant la télé, franchement peinard ! En plus on dessine les personnages qu’on veut, y a pas de patron pour te dire mets des gros muscles ici, ou rajoute-moi des nichons là. Ma B.D., mes personnages ! C’est ça que je veux faire. Malheureusement, je n’étais pas assez persévérant pour ça. On m’appelait le Prince du Brouillon parce que je ne dépassais jamais cette étape. Une fois le crayonné vaguement terminé, je passais à autre chose. Je ne savais pas encore que ce serait un bon résumé de tout ce que j’entreprendrai dans ma vie par la suite. Au bout d’un moment, j’ai dû me résoudre à l’idée qu’étant incapable de terminer le moindre dessin il valait mieux me tourner vers une carrière de scénariste. C’est toujours de la BD, mais c’est quand même moins chiant que le dessin. Alors j’inventais des histoires, mais j’avais du mal à faire dans l’original. C’était nul. À treize-quatorze ans, rien de moins normal.

Puis j’ai eu ma première guitare. J’allais être rock star, cette fois c’était sûr. Enfin, peut-être reggae star, le rock ça avait l’air fatiguant, même si c’était le genre qui me plaisait le plus et que je n’avais jamais écouté de reggae. Mais les groupes de musique c’était dur à monter, surtout pour moi qui n’aime pas jouer en public. Un peu plus tard, heureusement, j’ai eu un ordinateur sur lequel je faisais de la musique d’ambiance électronique à base de samples tout seul dans mon coin. Je me disais que mouais, ça pouvait marcher mais j’y croyais pas fort. Entre temps, j’avais pris l’habitude d’écrire des paroles de chansons et des poèmes. Au bout de quelques années, voyant que ce que je faisais n’intéressait pas grand monde, même si moi j’aimais vraiment ça, j’ai décidé que ce ne serait qu’un hobby de plus. Et puis, de ne rien avoir à vendre, c’est toujours plus pratique pour expérimenter des machins tranquillou plutôt que de devoir se contraindre à faire quelque chose qui marche et se détester pour ça.

Pour finir est donc venue l’écriture, mais bon, pareil. Je ne suis pas un énorme lecteur, j’écris donc assez mal. De plus je manque de sujets. Je n’ai sans doute pas été assez maltraité par la vie pour qu’il me semble essentiel de parler longuement de ceci, inévitable de traiter de cela. Et puis c’est long et ça fait mal aux yeux d’écrire. Déjà que je suis hyper myope…

Tout ça est donc bien compromis. C’était quoi la question que vous ne m’aviez pas posée déjà ? Ah oui, musicien, dessinateur ou écrivain ? Ben aucun des trois. Je préfèrerai ne rien glander et que ça me suffise, mais comme la pression sociale est toujours là, très forte, il se peut qu’un jour je sois malheureusement obligé de me résoudre à devenir l’un des trois.

#237 – Lyonniais #063 – Encore un dimanche ? C’est que ça deviendrait une habitude…

Aujourd’hui, contrairement à hier, je n’ai pas passé plus de dix minutes sur l’ordinateur, et c’était très bien. Le soleil est revenu depuis mercredi dernier et il paraît qu’il restera là jusqu’à mercredi prochain. Une semaine de printemps. De vrai printemps. Grand ciel bleu, pigeons et canards en rut, températures élevées. Je suppose que ce n’est qu’une trêve au cœur de l’hiver, mais ça fait vraiment du bien.

Avec mon amie, nous en avons donc profité pour nous rendre au parc de la Tête d’Or, où je n’avais pas encore foutu les pieds depuis notre arrivée à Lyon il y a bientôt six mois. Comme on me l’avait dit c’est immense. On n’en a pas vu la moitié. Il y a des îlots mystérieux et des animaux partout… Enfin, des animaux partout… On a vu des canards et des oies qui n’attaquaient même pas les enfants. Des animaux donc. Il y a un zoo aussi paraît-il, mais on n’y est pas allés. J’ai également vu un panneau poney et senti une odeur qui à eux deux me laissaient comprendre que quelque part non loin de là de pauvres animaux trimbalaient des mômes à longueur de journées sur leur dos fatigué.

On s’est assis sur un banc un moment et on s’est demandés ce qu’on pourrait bien faire de nos vies avec mon amie. Je crois que mon idée de vendeurs de falafels au Japon ne l’a pas convaincue, alors en attendant de trouver mieux je pense que je vais prolonger mon RSA encore un peu. Puis nous avons repris notre marche et nous sommes rentrés bien tranquillement.

Aujourd’hui, je n’ai pas bu un seul café, j’ai fumé seulement trois cigarettes (même pas entières), je n’ai pas travaillé à un quelconque projet, j’ai bien mangé, j’ai même fait une sieste, bref ! c’était une journée complètement différente de celle d’hier, pourtant rien de tout ça ne vous intéresse, je le sais bien. Vous voyez que vous êtes vraiment difficiles.

#236 – Lyonniais #062 – La curiosité n’est pas le défaut qui vous perdra à ce que je vois.

J’avais presque oublié que je devais poster ici moi, c’est mon amie qui vient de me le rappeler. Vous avez de la chance, il est 22h passé, j’étais bien parti pour zapper totalement ce coup-ci. Alors alors, quelque chose d’intéressant… Quelque chose d’intéressant… Je n’ai pas foutu le nez dehors aujourd’hui. C’est intéressant ? Non. J’ai encore fait des clips toute la journée. C’est intéressant ? Non. Enfin, ça aurait pu l’être, mais puisque je ne peux pas vous les montrer ni vous expliquer le comment du pourquoi, disons non. Hmm… J’ai bu du café. C’est intéressant ? Non. J’ai fumé des clopes, c’est intéressant ? Non. J’ai bossé mon japonais. C’est intéressant ? Non. Enfin, si, pareil, ça pourrait l’être, mais vous n’en avez rien à faire du japonais, et de toute façon vous n’y biteriez rien pour la plupart d’entre vous. Donc, pareil, non. J’ai fait des patates au four avec du brocoli. C’est intéressant ? Non. Je les ai mangées avec un peu de poivre, de sel et un filet d’huile d’olive, et mon amie les a mangées avec du beurre. C’est intéressant ? Non. Vous êtes un peu difficiles à contenter aussi. Si rien ne vous intéresse comment voulez-vous que je fasse. J’ai interagi avec des gens sur internet. C’est intéressant ? Non. J’ai enlevé le linge de l’étendoir. C’est intéressant ? Non. Bon, franchement, je ne sais pas ce que vous avez aujourd’hui mais vous n’y mettez vraiment pas du votre. Moi j’abandonne. On verra demain si vous avez envie d’entendre ce que j’ai à vous dire parce que là c’est pas possible.

À demain.

#235 – Lyonniais #061 – Regarde maman je suis pas tombé

« Regarde maman je suis pas tombé », c’est ce que j’ai entendu un petit garçon répéter à sa mère alors que je marchais le long d’un parc en rentrant chez moi. Trois fois. « Regarde maman je suis pas tombé. Regarde maman je suis pas tombé. Regarde maman je suis bas tombé. » J’imagine qu’au moment même où sa mère a tourné la tête vers lui le mioche s’est lamentablement gaufré, comme il est de coutume. En tout cas, après, il s’est tu ou alors j’étais trop loin pour l’entendre.

Tout en marchant, je me suis fait plusieurs réflexions en repensant à cette phrase. La première, c’est qu’en général on attire l’attention de quelqu’un sur quelque chose qu’on a fait, pas sur quelque chose qui ne s’est pas produit. Vraiment aucune logique ces mômes. La deuxième, c’est, comme je vous l’ai dit, que ce que vous voulez montrer marche toujours très bien jusqu’à ce qu’une personne y porte enfin le regard sur vous, ce qui est vraiment étrange. M’est avis que si on voulait trouver la preuve que nous existons dans une simulation, c’est de ce côté-là qu’il faudrait fouiller. La troisième, c’est que j’ai la cruelle sensation que nous sommes tous des enfants qui, par chacun de nos actes, passons nos vies à répéter dans un néant d’attention total : regarde maman je suis pas tombé·e.

Hein ? Oui, c’est tout pour aujourd’hui. Bonne déprime à vous également.

#234 – Lyonniais #060 – Hé, psst, tu cherches pas du sirop par hasard ?

La semaine dernière, mon amie était malade. Vraiment malade. Trois jours à tenir le lit. À cette occasion, on lui a prescrit tout un tas de produits divers à s’avaler chaque jour. Évidemment, dans ces cas-là, on achète le tout, au cas où, et on n’utilise que ce qui est vraiment nécessaire. Les antibiotiques, on les prend bien tout comme il faut sur la durée prescrite, le reste on jauge. On va pas se cortisonner la gueule pour rien pendant des semaines, sinon faut s’empêcher de bouffer sulé et sacré, et ça c’est vraiment trop. Bon, mais voilà, dans le tas des produits prescrits, il y avait un sirop. Un sirop pour calmer la toux. C’est qu’avec les bronchites non seulement vos poumons vous font mal, mais à force de tousser votre pharynx finit par prendre cher également, et du coup vous toussez de plus belle, et c’est le cercle vicieux. Hein ? Est-ce que j’ai fait médecine ? Pas du tout, je vous conseille même de mettre tout à fait en doute ma parole lorsque je cause anatomie ou pathologies. Mais revenons en à ce sirop. Ce sirop pour la toux. Ce sirop contenant de la codéine…

La codéine, ça faisait un moment que j’en entendais causer. Le genre de trucs qu’est, dit-on, censé vous plonger vite fait bien fait dans le sommeil. Mais aussi le genre de machins qui rend facilement accro, toujours selon les ouï-dire. Bon. Ben j’ai voulu tester. Je voulais pas mourir bête, j’aurais eu l’air bête. Moi j’étais pas malade, évidemment, mais j’ai respecté la posologie quand même. Une cuillère à soupe avant de dormir.

Alors, comment vous dire… Je n’avais pas bu depuis un an (d’ailleurs il y a un peu d’alcool dans le sirop, mais très peu), je n’avais pas fumé de cannabis depuis un mois, j’étais donc assez sobre —si on ne compte pas toutes les cochonneries dans la cigarette que je m’enfile une dizaine de fois par jour— et donc disposé à ressentir pleinement les effets de toute drogue ingérée. J’ai donc pris ma cuillère à soupe de sirop et je me suis allongé dans le lit, attentif à ce qui allait se passer dans mon organisme. Il n’a pas fallu longtemps, dix à vingt minutes, et c’est monté tout doucement. Une sensation de chaleur agréable m’a envahie, pas trop forte mais clairement discernable, par petites vagues. Puis une certaine décontraction a suivie, une très très légère euphorie —mais peut-être était-ce seulement dû à la petite voix dans ma tête qui me disait : « eh ben mon cochon, toi t’es irrécupérable », tout en sachant qu’en vérité ce n’était pas grave—, et finalement un engourdissement des membres, léger aussi. Il y avait définitivement un cousinage avec la défonce procurée par le cannabis, mais moins intense, sans que ça perturbe autant la concentration, sans cette espèce de petite excitation, ce petit stress qui accompagne toujours la fumette pour moi. Comme avec le cannabis, quelques émotions m’ont traversé fugacement, semblables en intensité et en durée à celles que je ressentais durant l’enfance quand j’étais frappé par certaines luminosités, certaines ambiances. Très agréables également. Bref, j’étais serein et je me suis endormi. Le lendemain, je me suis réveillé deux heures plus tard que d’habitude, et je suis resté dans le brouillard jusqu’à assez tard. Comme un lendemain de soirée fumette, mais sans que ne se fasse sentir l’envie d’en reprendre tout de suite. Cette descente un peu chiante, un peu tristounette, qui donne envie de s’en refumer un pour faire passer tout ça, vous savez ? Ben là non, pas d’envie de recommencer dans l’après-midi. Pour ça, il a fallut attendre le soir.

Ouais, le soir même, je me tâtais, j’avais envie. J’étais un peu stressé. Hmm, oui, non, oui, non… J’avais quand même en tête le côté dépendance rapide que ce genre de produits entraîne et le fait que, moi-même, j’ai une tendance à être vite dépendant. J’en ai pas repris. J’ai bien fait. Le lendemain soir, j’en avais encore envie. Le surlendemain aussi. Le sur-surlendemain, toujours. Puis c’est enfin passé. Pfiou. C’était il y a une semaine. J’ai attendu hier soir pour en reprendre.

La journée avait été agréable, je n’étais pas stressé, pas angoissé, il était deux heures du matin, j’allais me coucher, sans y penser le moins du monde. Et puis j’ai vu la boîte et je me suis dit, tiens, c’est maintenant que tu n’en as pas envie qu’il faut en reprendre pour voir si tu ressens les mêmes effets ou pas. Oui, parce que mon amie m’avait mis le doute. Elle, ça la fait dormir et ça l’empêche de tousser, point. Elle dit ne ressentir aucun des symptômes que j’ai décrit plus haut. J’en étais venu à me demander si du coup, la dernière fois ce n’était pas une petite fièvre dû à la proximité des bactéries dans mon lit qui m’avait fait me sentir comme ça.

Non non, je vous assure, c’était bien la codéine. Cette fois, j’en ai pris deux cuillères à soupe. Mêmes effets, un poil plus intense, mais vraiment la même chose. Une très grande décontraction, une chaleur agréable, des sentiments agréables… Pendant quelques secondes, par exemple, j’ai eu l’image d’un enfant Japonais qui traçait un kanji avec un grand pinceau, et j’ai ressenti moi-même une intense joie que j’ai analysée comme venant de la satisfaction de l’enfant à voir son trait apparaître d’un noir extrêmement dense. C’était très rapide, très intense. Ça m’a laissé une forte impression jusqu’à maintenant. Quelques pensées, impressions comme ça, donc, et puis je me suis endormi. J’ai encore dormi plus longtemps que d’habitude ce matin, et je me suis senti très détendu toute la journée d’aujourd’hui également, c’était bien agréable. Voilà, et maintenant, la codéine, c’est terminé.

Je ne ressens pas l’envie d’en reprendre, mais ce soir au moment d’aller au lit, demain soir si je suis un peu stressé, ou après-demain soir… Mais stop, faut pas rigoler avec ça. Je vais pas m’accrocher une mauvaise habitude de plus. Je vous l’ai dit, c’est sérieux. La codéine, ça passe par le foie où 10% de la substance est transformée en morphine. Ah, là ça rigole moins hein ? Ben ouais. Sérieux, je vous dis. J’ai fait ma petite expérience, j’ai réitéré une semaine plus tard alors que ça ne me taraudait plus pour vérifier, c’est bon, j’ai eu mon compte. Je sais ce que ça fait, je sais que je pourrais facilement en abuser si je m’en laissais l’occasion. Heureusement, si aujourd’hui j’ai une histoire personnelle de la dépendance, j’ai aussi une histoire personnelle de vigilance envers la dépendance. Je sais quand il ne faut pas pousser plus loin.

« Le processus de dépendance à la codéine est plus discret, moins rapide que celui de la morphine. La codéine provoque néanmoins, quand son usage est détourné à des fins récréatives, ou dans un usage thérapeutique à long terme, une dépendance psychique et physique forte. Les symptômes de sevrage les plus fréquents sont : diarrhée, sudation, tremblements, douleurs musculaires, anxiété, insomnie, dépression. Les symptômes physiques de sevrage durent, comme pour les autres opiacés, en moyenne une semaine à 10 jours. L’addiction psychologique, néanmoins, perdure dans la plupart des cas de dépendance à la codéine pendant un à plusieurs mois. » nous dit Wikipédia.

Je sais donc à quoi m’en tenir. Si jamais je sens que c’est un peu chaud, que l’envie est un peu trop forte, je me ferais plutôt des space cakes. C’est ma bonne résolution de cette année, ne plus fumer le cannabis. Enfin, moi je la trouve bonne, vous je sais pas.

#233 – Lyonniais #059 – C’est pas très ranormal tout ça.

Ne me demandez pas comment, mais il se trouve qu’aujourd’hui, je me suis retrouvé par hasard à lire la page Wikipédia de Jacques Pradel. Dis-donc, les POG, Jacques Pradel, ce serait pas devenu un blog nostalgie ici, que vous vous demandez ? C’est vrai que ces derniers temps, sur le blog comme dans ma vie, je suis tourné vers le passé plus que vers l’avenir. Y a des périodes comme ça. Donc qu’est-ce que je lis sur Jacques Pradel ? Je lis qu’il animait L’Odyssée de l’étrange, émission qu’il avait co-créée avec Marie-Christine Thomas. J’avais oublié. J’apprends que l’émission devait s’appeler Le Troisième œil, mais que ça ne s’est pas fait car une plainte avait été déposée par le producteur de l’émission Mystères, présentée, elle, par Alexandre Baloud. Là, vous vous dites que nous sommes tombés dans les bas-fonds des productions audiovisuelles françaises, et je ne peux pas vous donner tort.

Ces émissions, je les ai matées étant gamin, j’avais entre cinq et huit ans. Ça m’a marqué. Et pas forcément dans le bon sens. Quelques épisodes dont je me souviens en en relisant les titres : La maison qui saigne, Les pommes volantes, Le monstre du Loch Ness, La forêt de Brocéliande, Les hommes sauvages, Le suaire de Turin, Le poltergeist et un que je n’oublierai jamais car il m’a traumatisé pour des années : Le vampire de Highgate. Je n’ai pas revu la plupart depuis mais ils m’avaient fortement impressionnés. C’est peut-être la raison pour laquelle j’ai longtemps été porté par une passion sans borne pour les monstres et l’horreur. En tout cas, il est tout à fait certain que c’est la raison pour laquelle j’ai tiré ma couverture jusqu’au dessus de ma tête tous les soirs jusqu’à mes neufs ans environ, afin qu’aucun vampire ne puisse accéder à mon tendre cou lorsque je dormais. Ce qui, en fait, à cause de la chaleur et du manque d’air, m’empêchait de m’endormir pendant des heures durant lesquelles j’étais submergé par des vagues de paranoïa, imaginant des personnages livides qui sentaient la chair pourrie et munis de longues crocs avançant à pas feutrés dans le couloir qui desservait ma chambre. Bon, d’accord, c’était pas seulement à cause de l’émission, c’était également à cause de mes cousins, bien plus âgés que moi, qui m’avaient fait une très mauvaise blague le soir où l’épisode du vampire de Highgate passait à la télé et que nos parents étaient trop occupés à bouffer et à picoler pour nous surveiller.

Ce que je déplore le plus avec ce genre d’émissions, c’est qu’ils laissent planer le doute quant à la plausibilité des phénomènes paranormaux qu’ils traitent. Le sommet de la mauvaise foi ayant été atteint avec le dossier Roswell. Pour attirer un audimat de crédules, jamais on n’ose dire que tout ça c’est du divertissement. Je m’en foutais pas mal avant, mais c’était avant. Avant quoi ? Avant de bosser dans une crèche et d’entendre de la bouche de certaines collègues que, par exemple, les enfants pouvaient voir des choses que les adultes ne pouvaient pas voir, par exemple encore, des fantômes. Celle qui m’a raconté ça disait également que si tu avais une angine il fallait simplement déposer des demi-citrons aux quatre coins de ta maison et hop, ça passait. Mais pour le coup des fantômes, où l’avait-elle vu ? Pourquoi y croyait-elle si fort ? Parce que c’était passé chez Cauet. C’était des experts qui l’avaient dit chez Cauet, donc c’était vrai. Forcément, puisque c’était à la télé, chez Cauet. Sinon Cauet les aurait pas invité, si c’était pas vrai, tu penses bien. Ben ouais. Un jour elle a voulu faire venir un « magnétiseur » à la crèche sans prévenir la direction, pour qu’il épure un peu les lieux des mauvaises ondes qu’elle pouvait ressentir. Continuons donc à faire du divertissement sur les sujets paranormaux en présentant ça comme une exposition de faits comme les autres, ça ne peut pas faire de mal, hein ?

Les articles Wikipédia sur ces émissions insistent sur le fait que la sauce n’a pas pris en France, contrairement aux États-Unis et à la Grande-Bretagne qui fournissaient bon nombre d’épisodes à nos programmes copiés sur les leurs. Pfiou. Qu’est-ce qu’on a évité…


#232 – Lyonniais #058 – Demain est un autre jour, du moins on l’espère, sinon y a quelques horlogers qui vont faire un peu la gueule

Aujourd’hui je suis au ralenti. C’est bâillement sur bâillement. Je n’ai pas quitté le pantalon de jogging qui me sert de pyjama, puisque je ne fais pas de jogging. J’ai traîné sur l’internet japonophone, ça m’a grillé le cerveau. Hein ? Non, vous ne me ferez pas dire que c’est parce qu’ils et elles sont foufou et fofolles ces Japonais·es, le sont pas plus que les Français·es ou que d’autres. Je me suis grillé le cerveau parce que je dois aller chercher chaque mot dans le dictionnaire, chaque tournure de phrase sur un site de grammaire. C’est épuisant. À lire déjà, c’est épuisant, mais à écrire… Une toute autre logique que les langues indo-européennes. Après des journées comme ça, je fais généralement des rêves peu agréables remplis de caractères japonais et chinois que je ne comprends même pas. Je les vois, et je me vois tenter de les déchiffrer. C’est pas les rêves les plus reposants. Mais enfin, c’est sans doute signe que quelque chose se passe là haut dans le cerveau, et on ne progresse pas sans se faire un peu violence dans ce genre de domaines.

Vous le sentez ce qui arrive, hein ? C’est que je vais arrêter ma note de blog là. Je n’ai aucune énergie. Je serais même peut-être un peu malade. Au minimum un chouïa déprimé. J’étais bien à fond depuis une semaine et demie, ce doit être le contrecoup. Ce blog me permet d’ailleurs de m’apercevoir de ces phases qui alternent sur des périodes très courtes. Il y a peut-être des périodes plus longues, mais je ne relis en général pas les articles datant de plus d’une semaine, je me fais à l’idée qu’il restera des fautes et que c’est comme ça. Et oui, si vous lisez le blog au jour le jour, vous vous tapez plus de fautes que ceux et celles qui lisent les articles tous les deux trois jours, c’est comme ça. Allez, j’ai dit que j’arrêtais là, j’arrête là avant de me répandre plus en phrases aussi alambiquées qu’inintéressantes.

#231 – Lyonniais #057 – Peut-On Gagner (sans tricher) ?

Un certain commentateur persévérant remet tous les deux jours le sujet sur le tapis, et mon amie m’a également fait part de son envie de me voir traiter la question. Alors voilà : parlons POG, parlons bien.

Selon votre âge, le terme réactualisera chez vous de nostalgiques images de cour d’école ou ne vous dira absolument rien. De mon côté, le simple fait de lire ces trois lettres fait surgir de ma mémoire sacs bananes et croûtes aux genoux. J’appartiens donc à la première catégorie, celle qui était à l’école primaire quelque part entre 1990 et l’an 2000.

Pour les autres, de quoi parle-t-on ? On cause de petits disques de carton d’environ 5 cm de diamètre. Côté face, un dessin, côté pile, une marque. On peut les collectionner, les échanger, mais on peut également jouer aux POG. Dans ce cas, chacun·e ramène ses POG —de préférence dans un sac banane, comme je vous le disais, dont on aura vidé quelques unes des billes qui s’y trouvaient pour faire un peu de place à ce nouveau passe-temps—, puis on discutaille afin de décider lesquels chacun·e met en jeu : « moi je mets mon POG tête de mort qui brille, donc il vaut beaucoup, donc il faut que toi tu mets au moins deux POG qui brillent pas pour que ça le vale ». Ensuite, on monte une petite colonne en empilant les POG choisis par chaque participant·e, côté face vers le sol. C’est là qu’on sort les kinis. Un kini est un disque de plastique, cette fois, de même diamètre qu’un POG mais plus épais. Chacun·e va se servir de son kini en le balançant à tour de rôle sur la pile de POG. Après chaque lancé, la joueuse ou le joueur récupère les POG qu’il a réussi à faire se retourner côté face en l’air : elle ou il les a gagnés. On refait la pile, et on recommence jusqu’à ce que tous les POG aient trouvé un·e propriétaire.

Pour gagner plus facilement des POG, une technique consistait à ne pas jouer soi-même, mais à faire discrètement le tour des bananes restées ouvertes et sans surveillance par les joueurs et joueuses trop concentrés·es sur leur partie. Seulement il ne fallait pas oublier de se sentir un peu coupable ensuite, et surtout se souvenir de ne pas rejouer ces POG-là, sans quoi on se faisait pincer. Au propre comme au figuré.

Il y a quelques années, plein de nostalgie que j’étais, j’avais acheté sur eBaie une machine à fabriquer des POG ainsi qu’une dizaine de planches officielles de POG vierges. C’était encore l’époque où les blogs BD foisonnaient, et je comptais demander à plusieurs dessinateurs et -trices de réaliser des séries d’une dizaine de POG chacun·e. Les POG auraient ensuite était vendus, et la somme récoltée aurait servie à me rembourser de ces achats ainsi qu’à rémunérer les artistes. POGU, que ça devait s’appeler. U pour Underground. Ç’aurait été un peu noir, un peu adulte, monstres et cul. Évidemment, ce projet, comme tout projet digne de ce nom, a fini au fond d’un tiroir. Je ne saurai même plus me souvenir d’où se trouve ce matériel ou si je ne l’ai pas tout simplement jeté.

Tout à l’heure j’ai parlé des années 90, mais par souci d’exactitude il faudrait préciser que ce jeu existe depuis les années 20 ou 30. Dans les pays anglophones, il est mieux connu sous le nom de Milk caps. Pourquoi ? Parce qu’à la base ces petits disques de carton se trouvaient dans des bouchons de bouteilles. Bouteilles de jus de fruit ou de lait. Tout cela aurait débuté à Hawaii quelques décennies après le début du siècle donc, bien qu’un jeu très similaire existait déjà au japon au XVIIe (men’uchi 面打 ou menko 面子). Le nom qu’on connait par chez nous vient d’ailleurs de la marque de jus très descriptive Passion fruit-Orange-Guava créée en 1955 par une entreprise de Maui. Et s’il y a effectivement eu un regain d’intérêt pour le jeu dans les années 90, c’est sous l’impulsion de deux entreprises marchandes ayant flairé le juteux filon: la World POG Federation et la Canada Games Company (qui fit faillite en 1997 quand la mode s’essouffla).

Il y avait, selon les dires des experts, un avantage au POG original, celui sortant d’une bouteille, qui venait de l’irrégularité des disques de carton, ce qui permettait d’intégrer un peu plus d’aléatoire au jeu. Moi avec le recul j’aurais plutôt dit que c’était de ne pas se faire, une fois de plus, taxer son argent de poche par des commerçants peu scrupuleux qui vous vendaient des bouts de carton à prix d’or par l’intermédiaire du tabac-presse du coin. Mais après on va encore raconter que je vois le mal partout.

D’ailleurs, maintenant que j’y repense, je me demande si Passion fruit-Orange-Guava Underground, ça n’aurait pas été un poil ridicule.