#304 – Prague-Avignon sur le balcon

Le koláč a dû faire son effet parce qu’aujourd’hui ça va mieux.

Depuis ce matin je fouille tous les sites d’annonces belges pour trouver les offres d’emploi auxquelles je peux répondre. Y en a pas beaucoup, des offres auxquelles je peux répondre. Je cherche donc aussi tous les endroits cools où envoyer des candidatures spontanées.

Et je refais tous mes C.V.

À un moment, je suis allé fumer une cigarette sur le balcon pour faire une pause —je vous avais dit que j’avais repris ?— et un type, au loin, je sais pas où au juste, jouait au piano et chantait Sur le pont d’Avignon. Avec plein de variations au milieu avant de revenir à chaque fois à l’air d’origine. Je n’arrivais pas à entendre s’il chantait en français ou pas, mais parfois on aurait dit que oui.

Je suis retourné faire mes C.V.

Je suis ressorti sur le balcon une heure plus tard, un orchestre et plusieurs personnes en chœur chantaient et jouaient Sur le pont d’Avignon. Mais qu’est-ce qu’ils ont avec cette chanson sans déconner ? Je sais pas s’ils faisaient les balances pour un concert uniquement de reprises de Sur le pont d’Avignon ou quoi ou qu’est-ce, mais c’était fort étrange. Ça se transformait parfois en chants presque grégoriens, parfois chants quasi bulgares, parfois en fanfare de bal du 14 juillet. J’ai cru deviner que les paroles n’étaient pas en français ce coup-ci, mais rien de sûr. Je vous ai dit, c’était au loin.

Je suis retourné faire mes C.V.

Sur les coups de 14h mon amie a préparé un petit gratin de courgettes que nous avons mangé tranquillement, puis je me suis enfilé un quart de pastèque. Après le koláč d’hier, fallait bien équilibrer un peu.

Maintenant je dois retourner faire mes C.V.

Je crois que je vais plutôt sortir acheter des cigarettes et retourner sur le balcon écouter Sur le pont d’Avignon encore un peu.

#298 – Le bleu du cimetière

S’il y a bien une chose que je prouve à chaque fois que je poste un mot sur ce blog, c’est à quel point je ne suis qu’un gros paquet de contradictions. Dans mon dernier message je m’exclamais « salut les morts ! », aujourd’hui je vous présente un jeu qui se déroule dans un cimetière.

Bon.

C’est un petit jeu que je viens tout juste de terminer de bricoler, sous l’impulsion de la NaNoRenO édition 2020, une game jam qui invite chacun·e à produire un jeu de type visual novel en trente jours. Bon, moi j’en ai pris que douze parce qu’il m’est trop difficile de rester concentré sur un même machin trente, mais normalement les gens prennent leur temps et font ça bien.

Je sais bien que le paragraphe précédent est truffé de mots barbares pour le néophyte mais… Oui alors là je me suis tâté à dire le et la néophyte, mais le néophyte est une plante, vous êtes donc cette fois-ci, mesdames, dans le le. Moi j’ai l’habitude d’être dans le le, mais pour qui est souvent désignée par le la et pas que le le, je conçois que ce soit déroutant. On pourrait en faire une chanson tiens :
« Il est le le et que le le,
Elle est le la, pas que le le,
Laï laï laï laï, laï laï !
Laï laï laï laï, laï laï ! »

À chanter accompagné·e d’un ukulélé, bien entendu.

Où j’en étais ? Vous voyez ce que ça me fait de bosser douze jours d’affilée sur un même machin… Ah oui ! Le jeu, le néophyte, tout ça. Donc les termes barbares.

  • Game jam : évènement invitant tout un tas d’individus à créer des jeux dans un temps imparti, le plus souvent autour d’un thème défini.
  • Visual novel : genre de jeu basé sur le texte (novel signifiant roman en anglais), agrémenté d’images, de musiques et de sons.
  • NaNoRenO, une game jam à l’occasion de laquelle on est invité·e à créer une visual novel.

Je devrais dire un game jam et un visual novel puisque on doit supposément employer le neutre devant les termes étrangers, mais hein, bon. C’est moche. Un Game Boy, une Game Boy. Même débat.

Bon mais dites quelque chose vous, sans rire ! Vous voyez que je me perds en digressions et vous faites même pas un signe. Vraiment on se demande à quoi vous servez.

Allez, passons au jeu. Il s’appelle :

Le bleu du cimetière

Et il est disponible au téléchargement, gratuitement, pour Windows, Linux et Mac, à cette adresse : https://ecrivouilleur.itch.io/le-bleu-du-cimetiere

Il a été réalisé par moi-même sur le moteur de jeu Ren’Py entre le 14 mars et le 26 mars 2020.

Il vous tiendra occupé·e environ 1h00 ~ 1h30.

Si vous avez ce temps à consacrer à de la lecture agrémentée de musique et d’images, allez-y. Sinon téléchargez-le quand même et gardez-le sous le coude pour plus tard. Ou encore troisième option, ne le téléchargez pas et n’y jouez jamais. Tout est possible dans la vie.

Si jamais j’arrive à compresser un peu mieux le contenu média du jeu, il est possible qu’à terme vous puissiez même y jouer directement depuis ce site. Enfin, je serais vous je compterais pas trop là-dessus. Si jamais c’était le cas je mettrais à jour cette note de blog et vous pourrez également le trouver dans la partie Trucouilleur du site, plus exactement ici.

  • Les photos pour ce jeu ont été prises à Prague, dans le cimetière d’Olšaný, dont je vous avais déjà parlé ici.
  • La police d’écriture utilisée pour l’interface est celle que j’ai réalisée il y a quelques mois et dont je vous avais parlé . Vous la retrouverez également dans la partie Typographouilleur du site.
  • Quant à la bande-son, j’ai allègrement pioché dans mes archives personnelles, et vous pourrez retrouver tous les morceaux ici ou là dans le grand bazar.

Voilà. Je crois que je vous ai tout dit.

Bon ben maintenant je vais aller me reposer que ça m’a fatigué tout ça.

Laï laï laï laï, laï laï…

#295 – Allez voir ailleurs si j’y suis. SPOILER : j’y suis pas.

Mais Feldo y est. Oui, encore Feldo, toujours Feldo. Heureusement que j’ai des amis qui font des trucs, ça me permet de vous occuper pendant que mon blog est en jachère.

Et où est-il donc, Feldo ? En République Tchèque. Enfin non, il est en France. C’est moi qui suis en République Tchèque, mais c’est lui qui en parle. Et où en parle-t-il donc ? Eh bien sur le site fiction-interactive.fr, dans l’article : Films interactifs – Kinoautomat.

Ici pas de conseils touristiques, mais un très intéressant article sur un film produit il y a une cinquantaine d’année, précurseur d’un certain procédé cinématographique.

Sur ce, je retourne me faire exploiter par les stakhano-capitalistes que sont mes patrons, et j’espère que d’ici quelques semaines j’aurais à nouveau le temps d’enrichir le site plus fréquemment, vu que je viens de donner ma démission.

#285 – La police des cimetières : Rodina Nesselová

Alors aujourd’hui, non seulement je vous annonce l’ouverture de la section TYPOGRAPHOUILLEUR du site (qui comporte déjà plus de 400 photos de lettrages repérés à Prague, soit dans les rues soit dans les cimetières) mais je vous présente aussi la version démo de ma première police d’écriture informatique : Rodina Nesselová.

Il s’agit d’une reproduction/adaptation au format OpenType du style de lettrage qu’on trouve sur la tombe de la famille Nessel, au cimetière VII d’Olšany, à Prague.

Téléchargements / Downloads

Pour télécharger la police directement depuis le site c’est ici :

Rodina_Nesselova-Demo_version.otf

Depuis 1001 Fonts, c’est par là :

Rodina_Nesselova_Demo-version on 1001 Fonts

Le PDF démo :

typographouilleur-rodina_nesselova-demo_version-2019_09_19.pdf

Le modèle

Avant de balancer les images je précise que vous pouvez cliquer sur chacune d’entre elles pour l’afficher à sa taille originale.

Voici le tombeau mastoc de la famille Nessel :

« Rodina » ça veut dire « famille ». On ajoute -ová après le nom, parce que famille c’est féminin en tchèque, et qu’en tchèque même les noms se déclinent.

Sympa non ? Maintenant, voici ce qu’on peut y lire quand on s’approche un peu :

C’est qu’il y en a du monde là-dedans, hein ?

Bon, eh bien j’ai dû choisir certaines lettres pour les tracer façon vectorielle. Un choix effectué selon la qualité de la gravure, mais aussi selon la qualité de la photo. Parce qu’évidemment je ne suis pas aussi grand que le tombeau, une partie des inscriptions est donc prise en contre-plongée, ce qui déforme les lettres. Et puis vous remarquez que le granit noir poli, ça brille… Ajoutez à ça le fait qu’aucune lettre n’est absolument identique à l’autre car gravée à la main… Bref, autant de contraintes qui font que j’ai sélectionné les lettres qui me semblaient bien passer et qu’un meilleur choix aurait sans aucun doute été possible.

Voilà donc les caractères sur lesquels je me suis basé pour créer ma police numérique.

Lettres :

Vous remarquez qu’il y a plusieurs P et R ? Là aussi, j’ai du faire un choix. On y revient plus tard.

Accents et signes divers :

Et enfin, les chiffres :

Le procédé de fabrication

Qu’est-ce qui m’a poussé à choisir cette tombe plutôt qu’une autre ? C’est simple : le M.

M

Je n’en avais jamais vu de ce genre au moment où je l’ai pris en photo, et après avoir fait 10 fois le tour de ce cimetière énormissime, eh bien je ne l’ai pas retrouvé ailleurs. Puisque cette combinaison avait l’air rare, j’ai décidé de commencer par reproduire celle-ci.

Sélection du P et du R en fonction du B.

Comme je l’ai dit tout à l’heure, j’avais plusieurs styles de P et de R à disposition. J’imagine que le style dépend du graveur et donc de l’époque. Le problème a été réglé grâce au B. Je n’en avais que d’un style sous la main, et il se trouve qu’il s’accordait avec un type de R. Il ne me restait plus qu’à dériver le P de tout ça.

Inventions : le Q et le X. Et les autres…

Eh oui, en République Tchèque il y a des P, des Z et des Y en-veux-tu-vas-y que-j’t’en-fous, mais les Q et X sont quasiment introuvables. Il me fallait donc les inventer. Les G et les W sont pas courants non plus.

Pour le X, j’ai gardé le fût du Z (si je fais une erreur dans le vocabulaire n’hésitez pas à me corriger) qui a cet ondulation reconnaissable, et puis j’y ai collé une grosse barre oblique bien droite dessus. Et paf.

X Z

Pour le Q, j’ai pris un O, j’ai repris ce fût du Z, je l’ai fait pivoter à 90° et re-paf, je l’ai collé dans le O.

Q

J’ai été bien soulagé quand j’ai eu tout mon alphabet, mais ce n’était pas fini. Il m’a fallu ré-inventer tous les symboles à partir d’éléments de lettres ou des quelques accents et symboles présents sur la tombe. Mais ça m’a plutôt amusé.

J’ai pas encore fait tous les symboles que je voulais dans la version démo, ce sera pour la version définitive.

La galère du vectoriel

Quand je dis ça comme ça, ça à l’air simple, sauf que c’était la première fois de ma vie que je touchais au dessin vectoriel. Enfin, je veux dire c’était la première fois que j’y touchais plus de cinq minutes sans coller une grande claque dans la gueule de mon ordinateur et me casser ruminer ma rage ailleurs.

Le dessin vectoriel C’EST DE LA MERDE. Voilà.

Pourtant dans FontForge 2.0 (c’est le logiciel Open Source et gratuit que j’ai utilisé) on a le choix entre deux modes de dessin vectoriel : le mode ce-que-tu-touches-d’un-côté-tu-le-détruits-de-l’autre et le mode ça-fait-des-jolis-ziguiguis-mais-moi-je-voulais-une-ligne-droite.

On peut donc penser que le plus dur c’est la partie invention et le plus simple la partie traçage de la police par dessus la photo façon papier calque. On peut le penser, oui, mais en vérité le plus dur c’est les deux. Vachement plus dur même.

Bref, je suis pas content du résultat. Je vais essayer de retravailler le dessin pour la version définitive.

Des erreurs de débutant

Si vous testez la police, selon le logiciel que vous utiliserez pour taper votre texte, vous risquez d’avoir des problèmes avec les accents. Pourquoi ? Parce que je suis un gros nul de débutant.

Il fallait tout dessiner dans un carré qu’on appelle le cadratin (ou em square en anglais). Tout, ça voulait aussi dire les accents. Ben quand j’ai eu fini de bien remplir complètement la hauteur du cadratin avec mes majuscules, j’avais plus de place pour les signes diacritiques (nom savant et générique des accents, trémas, cédilles… ). Et voilà.

Ce sera corrigé dans la version finale, mais ça ne devrait pas poser trop de souci cela dit. La plupart des logiciels les afficheront normalement. De toute façon c’est pas une police faite pour être utilisée dans un traitement de texte mais plutôt pour créer des titres, sur des couvertures, affiches… pierres tombales…

Le crénage

AH. Pardon, le plus chiant, c’est ça. Le crénage, voyez-vous, c’est l’ajustement de l’espace entre les lettres. Ben ouais, vous pensiez que c’était automatique ? Non, c’est manuel. Vous pensiez qu’entre le A et le H il y avait le même espace qu’entre le A et le Y ? Re-non ! Décidément, vous êtes mauvais·e en typographie. Regardez bien :

AHA

AYA

Vous voyez ? Non. Ben les A rentrent dans l’espace vide sous les bras du Y. Ça, par exemple, ça doit être réglé manuellement.

Pareil ici, on vient rapprocher le O du creux du R et du K pour que ce soit joli :

RO – KO

Voilà, ben amusez-vous à ajuster chaque paire de lettres comme ça. Ah oui, et y a pas forcément le même espacement entre HN et NH, par exemple. Histoire d’illusion optique, paraît. Je vous expliquerai quand moi-même j’aurai fini de comprendre…

La suite

La suite, donc, c’est la version finale de cette police d’écriture informatique qui comprendra la majorité des caractères latins utilisés en Europe, en Afrique et ailleurs. Malheureusement pas de cyrillique, trop éloigné du lettrage original. Je ne saurais pas inventer ces caractères à partir des l’alphabet latin. Peut-être dans quelques années, mais ne comptez pas trop là-dessus.

Le version finale comprendra également les corrections concernant les signes diacritiques qui dépassent du cadratin.

Ensuite, la suite, c’est aussi toute la ponctuation et tous les symboles qu’il me sera possible de dériver des formes et motifs déjà présents. J’essaierai d’en faire un max. C’est aussi quelques ligatures originales découlant logiquement de la forme des caractères originaux.

La suite, enfin, c’est un gros dilemme. J’ai, à ce jour, passé plus de 80 heures à bosser sur cette police d’écriture. Alors, est-ce que je la vends, la version complète qui m’en prendra 80 de plus, ou est-ce que je la distribue gratuitement ? Est-ce que je la distribue toute seule ou est-ce que j’attends d’en avoir adaptées d’autres pour les distribuer en pack ?

J’en sais rien. Je vais prendre le temps d’y réfléchir. En tout cas la version démo est gratuite et le restera, vous n’avez pas de souci à vous faire en l’utilisant.

C’est qu’en ce moment je suis bien en galère de thunes et je trouve pas de travail, alors c’est tentant de me faire marchand…

Bref.

R.I.P.

Enfin à bientôt quoi.

#283 – Comment j’ai refusé le poste de professeur assistant à l’école Montessori internationale de Prague

Ou plutôt pourquoi. Dans l’ordre on verra : ce qu’est le živnostenský list, puis l’annonce passée par l’école Montessori et ses demandes réelles, ensuite un point sur ce qu’on appelle le salariat déguisé et enfin ce que je pense de ces méthodes.

Bon, vous le savez peut-être si vous lisez le blog depuis le début, l’emploi c’est pas mon truc. Pas mon truc du tout. Je peux passer des heures à travailler sur des bouts de machins tout seul dans mon coin pour ma gueule, mais dès qu’il s’agit de se mettre au service des autres en échange de pognon, en règle générale, je suis plus là.

Seulement il y a des moments où quand faut y aller faut y aller au charbon. Et en ce moment c’est un de ces moments. Ouais, me cherchez pas sur la qualité de l’écriture aujourd’hui, je viens de me réveiller et c’est la première fois en trois semaines que je dors plus de six heures, j’ai encore les traces du drap imprimées sur la gueule, alors allez médire ailleurs.

Je suis en République Tchèque donc, et ici point de sécurité sociale universelle. Si tu taffes pas, ben tu te la payes avec les sous que t’as pas ta sécu. De plus, à Prague la vie n’est pas beaucoup moins chère qu’en France. Me faut donc bosser.

Travailler en République Tchèque

Il y a quelques semaines, alors que j’épluchais les annonces entre autres sur expats.cz (un site correct pour celles et ceux qui cherchent du taf mais ne savent pas bien ou pas du tout parler tchèque), je tombe sur quelques offres concernant des postes de prof d’anglais et de français, bien planquées au milieu des centaines d’annonces pour du télémarketing et des postes de chargé·e de recouvrement (le beau métier).

Problème : si la plupart des écoles de langues qui passent des annonces daignent vous répondre, c’est pour vous proposer un premier entretien MAIS AUSSI vous préciser (ce qui n’est jamais sur l’annonce) qu’ils n’emploient pas leurs professeurs, mais travaillent avec eux, ces derniers devant travailler sur živnostenský list (comprenez être auto-entrepreneur (et le « ž » tchèque se prononce comme le « j » en français)).

Exactement comme en France, si vous travaillez sur živnostenský list/êtes auto-entrepreneur, cela vous permet de monter votre micro-entreprise très aisément, avec des responsabilités réduites, il vous suffit de bien déclarer chacune des activités que vous effectuez par ce biais-là (par exemple ce pourrait être enseignement et traduction). Pour être payé, vous facturez un service à vos clients. Pour ce qui est des cotisations sociales, ben c’est pour votre pomme, évidemment, que ce soit santé, retraite ou chômage.

Pour la santé vous en aurez à peu près pour 3000Kč (≈ 115€)* et c’est obligatoire. Aussi obligatoires sont les impôts, évidemment. Ensuite à vous de trouver votre organisme privé de retraite si vous en voulez une, et si vous voulez vous payer l’assurance chômage bon courage, il ne vous restera pas grand chose de votre salaire. En France c’est pareil, on ne cotise pas à l’assurance chômage quand on est auto-entrepreneur. On met simplement des sous de côté si on peut.

* dans cet article tous les prix seront calculés sur la base de 1€ = 26Kč

Ah, les joies d’un pays qui a goûté au communisme appliqué et qui, n’ayant pas franchement apprécié la purée, s’est tourné vers l’ultra-libéralisme !

Eh ben non, moi je veux pas courir à droite à gauche, donner soixante cours par semaine et me perdre en comptabilité pour me payer mon beefsteak végétarien et m’assurer de pas avoir à faire hypothéquer la baraque de mes parents si je me chope un cancer. D’autant que je ne vais sans doute rester qu’un an ou deux ici. Je veux être employé, c’est tout.

Heureusement cependant, certaines bonnes écoles (pas des écoles de langues) emploient véritablement leurs professeurs. Et nous allons maintenant parler de l’école Montessori internationale de Prague que je croyais faire partie de cette catégorie, mais en fait non.

L’école Montessori internationale de Prague : l’annonce

Je ne savais pas si je devais être content ou pas devant la perspective de bosser pour l’école Montessori. À la base, je ne voulais 1) pas faire d’enseignement 2) plus jamais bosser avec des enfants en bas âge (j’avais déjà bossé 18 mois en crèche). Mais 3) j’avais besoin de tunes et d’une assurance maladie et 4) quitte à bosser dans l’éducation des tout petits autant que ce soit dans les conditions relax que propose, en théorie, la méthode Montessori.

L’annonce était la suivante (je traduis vite fait):

Professeur assistant en maternelle

Langages requis : anglais
Salaire : CZK 26,000 – 28,000
Expérience requise : expérience dans l’enseignement serait un plus
Diplôme requis : diplôme universitaire.
Type de job: plein temps
Catégorie : enseignement et métiers de l’éducation
Bonus:

  • Cours et formations
  • Jours d’arrêt maladie
  • Évènements d’entreprise et de team-building
  • Plus de 5 semaines de vacances
  • Budget alloué au développement personnel

L’école Montessori internationale de Prague recherche actuellement des candidats qualifiés pour travailler en tant que professeurs assistants dans nos classes d’école maternelle (âges 3-6ans).

Les candidats doivent parler anglais OU tchèque couramment et être en capacité de vivre légalement en République Tchèque. Avoir une expérience dans le domaine serait préférable mais n’est pas exigée. Les candidats doivent être capable de travailler en équipe et avoir une excellente attitude professionnelle.

Description du travail :

  • Assistance dans les classes de maternelle durant le jour
  • Supervision du programme de garderie après les cours, ce qui inclu la planification des activités et jeux, arts et activités manuelles ainsi que jeux dans la cour
  • Participation active aux évènements, activités, voyages, etc. organisés par l’école
  • 30-38 heures par semaine, du lundi au vendredi

Conditions nécessaires :

  • Anglais OU tchèque courant avec de fortes compétences de communication à l’oral et à l’écrit
  • Diplôme de Licence minimum, Master dans les métiers de l’éducation préféré
  • Avoir une expérience dans l’enseignement serait un grand avantage
  • Prêt à signer un engagement de deux ans

J’ai donc envoyé un super C.V. et une belle lettre de motivation, et j’ai décroché un premier entretien après un bref échange d’e-mails.

L’école Montessori internationale de Prague : la réalité

Au cours du premier entretien, on me décrit brièvement l’école et je pose tout un tas de question, je me montre très motivé blabla bliblou… On m’évoque le fait qu’il me serait possible de me faire « employer » en tant que živnostník (auto-entrepreneur), que c’est très avantageux pour les personnes en dehors de l’Union Européenne, pour les questions de visa tout ça, mais bon on évoque le fait que moi ça va, puisque je viens d’un pays de l’Union Européenne. Vous sentez le flou ? L’entretien dure une heure, mais on est incapable de me dire exactement le salaire que je pourrais toucher ni si je dois passer une visite médicale et si oui est-ce que je dois y aller tout seul ou attendre que l’école m’y envoie.

L’entretien s’étant très bien passé, on me convie à un journée d’essai (payée, m’avait-on dit durant l’entretien) le mardi suivant. Entre-temps, quelques échanges d’e-mail supplémentaires. Je demande si je peux avoir des informations concernant la visite médicale car si je suis pris je commencerai sous moins de dix jours. Et voilà ce qu’on me répond :

« I asked about the medical checkup and it seems that if you work on zivnostensky list, you are not required to have medical examination prior to employment. »

Moi, je suis plutôt naïf, je me dis juste : oui d’accord, mais si j’y suis pas sur ta machin-list, comment je fais ? Seulement mon entourage sent l’entourloupe venir et me dit : « ils ne vont accepter de t’embaucher que comme ça, » et ajoute : « et en plus c’est illégal. Ou presque. »

Je réponds donc à l’e-mail précédent, nous sommes le dimanche soir 9h, en écrivant :

When we briefly exchanged about the employment methods during our past interview, I was under the impression that whether to be on zivnostensky list or not was a choice I had, but your last message makes me doubt about it. I would like to be sure because after having studied zivnostensky list purposes I don’t think it is legally allowed for me to work for the school under this status. I know for sure that in France it would not be allowed and would be assimilated to « disguised employment. »
Is it still possible to work for you as an employee or are you only looking for a person on zivnostensky list ?

[Traduction vite fait de la phrase en gras : après avoir étudié les buts du živnostenský list je ne pense pas qu’il me soit légalement permis de travailler pour l’école sous ce statut.]

On ne m’a pas répondu. Jamais.

Ma journée d’essai s’est très bien déroulée le mardi suivant. Lorsque je suis arrivé le matin à 10h, c’était le second jour d’école. Celui-ci avait débuté à 8h00, c’était un peu la pagaille, ce n’était pas le moment de poser des questions techniques. À 16h30, entretien post-journée d’essai. On est très content, les personnes avec qui j’ai travaillé ont dit du bien de moi. Il me manque juste à passer dans le bureau de la directrice pour prendre un rendez-vous avec elle pour un dernier entretien avant de signer le contrat si tout est bon. Cette dernière propose qu’on se voit le lendemain à 9h, parce que, me dit-elle, ils veulent remplir le poste au plus vite. J’accepte, mais j’en profite pour lui demander si c’est possible d’être employé normalement, sans travailler sur živnostenský list, elle me répond que non.

Codes du travail tchèque et français. L’un est légèrement plus volumineux que l’autre. Lequel ?

Pour comprendre le très bref échange que nous avons eu et pourquoi j’ai refusé le travail, il faut maintenant qu’on parle de :

Švarc systém, misclassification of employees as independent contractors ou salariat déguisé

  1. La loi tchèque prévoit qu’une entreprise doit favoriser des employés salariés pour mener à bien ses buts déclarés. Le truc c’est que la loi est floue, elle permet de justifier très facilement le recours à des indépendants. Par exemple, une entreprise a le droit d’avoir recours à des auto-entrepreneurs pour les tâches qui n’ont pas trait à son but principal, disons pour illustrer : le nettoyage des sols peut être effectué par un auto-entrepreneur s’il s’agit d’une entreprise de vente de papiers peints. C’est une exception parmi d’autre. Au fur et à mesure que le code est remanié le texte devient d’ailleurs de plus en plus flou. § 3 du code du travail.
  2. Les écoles, écoles maternelles et les universités agréées par le Ministère de l’éducation nationale et du sport n’ont pas le droit d’avoir recours à des travailleurs sur živnostenský list pour l’enseignement et l’éducation. (Loi encadrant le travail sur živnostenský list, partie sur l’enseignement: § 3, (3), t).)
  3. Un živnosteník doit avoir plusieurs employeurs, et non un seul employeur à temps plein, sans quoi il est suspecté d’être un salarié déguisé. Si vous lisez le tchèque (sinon faites-vous le traduire), vous pouvez lire cet article traitant des manières de reconnaître le salariat déguisé ou švarc systém, comme on dit par ici. Il existe également un article sur wikipédia à ce sujet.

Voilà pour les précisions d’ordre technique. Maintenant, pourquoi je pense que l’école Montessori internationale de Prague n’est pas dans l’illégalité, mais joue avec la limite :

  1. On veut m’engager en tant que professeur assistant pour les classes et comme surveillant et organisateur d’activités pour la partie crèche/garderie, non comme décorateur ou comme balayeur. La loi voudrait que l’école favorise les emplois salariés pour atteindre ses objectifs principaux, et il me semble que dans une école/crèche, les tâches décrites concourent à atteindre l’objectif déclaré. Seulement il y a beaucoup de manières de justifier des contrats passés sur un autre mode, et j’imagine que l’école a la sienne.
  2. En tant que personne travaillant sur živnostenský list, on doit vendre un service. Or l’éducation et l’enseignement dans une école ne sont pas considérés comme étant un service. Coup de bol pour l’école Montessori internationale de Prague, ELLE N’EST PAS AGRÉÉE par le Ministère de l’éducation nationale et du sport ! Et donc cette loi ne s’applique pas à elle. Certaines écoles Montessori le sont, agréées, pas celle-ci.
  3. Dans l’offre d’emploi à laquelle j’ai répondu il est précisé qu’il s’agit d’un emploi à temps plein pour l’école, mais on va voir par la suite que la directrice reviendra sur cette information.

Voilà donc. Pas dans l’illégalité, mais pas loin. Et en tant qu’étranger souhaitant rester à Prague un moment et éventuellement revenir y vivre plus tard, je ne veux pas travailler à la limite de la légalité.

J’ai donc quitté le bureau de la directrice en précisant bien que le travail avait l’air très intéressant, et que je serais très heureux de travailler pour eux, mais pas avec ce type de contrats. La directrice m’a dit qu’ils faisaient TOUJOURS comme ça avec les professeurs assistants et le reste du personnel, qu’il n’y avait que les professeurs qui étaient employés normalement, et seulement après avoir travaillé deux à trois ans pour l’école sur živnostenský list.

Elle m’a également dit qu’elle connaissait les directeurs et -trices de la plupart des écoles de langue de Prague et quelle savait que, de toute façon, dans ces écoles c’était également comme ça qu’on procédait (sauf que la International Montessori School of Prague n’est pas une école de langue à ce que je sache).

Quand je lui ai dit que ce n’était pas possible de travailler à plein temps pour un seul employeur en étant sur živnostenský list, elle m’a répondu qu’en fait ce n’était pas un plein temps qui était proposé, que c’était plutôt 35h quand on faisait le calcul, et que de toute façon leurs employés ne travaillaient pas QUE pour l’école. Alors là, j’avoue que j’essaie toujours de comprendre, et j’ai du mal parce que :

  1. 35h, temps partiel, c’est pas du tout ce qui est écrit sur l’annonce ni ce qu’on m’a annoncé pendant l’entretien (à un moment on m’a donc menti, mais quand ?)
  2. après 35h de taf à l’école du lundi au vendredi, école dont on ne sait pas à quelle heure on sort car c’est en fonction de l’heure à laquelle les parents viennent chercher les enfants et que des retards sont toujours possibles (et d’expérience ils sont inévitables), après ça, donc, comment fait-on pour se trouver un autre job ? Voire pour trouver une clientèle pour des cours, préparer les cours et les donner ?

Après mûre réflexion, je pense que le truc, c’est qu’ils proposent aux profs assistants de donner des cours d’anglais aux enfants dont les parents le désirent le matin avant les cours, et à ce moment-là ce sont les parents les employeurs. Je pense que c’est comme ça qu’ils se couvrent mais je ne suis sûr de rien.

Elle me dit enfin, pour la forme je pense, qu’elle demandera à la propriétaire de l’école si elle acceptait de changer la façon de faire pour moi mais qu’elle en doutait fortement, et que du coup ce n’était pas la peine de prendre un rendez-vous pour le lendemain. Elle lisait dans mes pensées : si j’avais posé la question c’était bien parce qu’on m’avait déjà fait venir travailler toute la journée sans avoir pris le temps d’y répondre, à ma question, depuis trois jours, ce qui aurait réglé l’affaire. Alors j’allais pas me retaper le chemin pour rien.

À ce jour je n’ai toujours pas été recontacté, ni en ce qui concerne l’emploi en lui-même ni en ce qui concerne le paiement de la journée d’essai. Sur ce dernier point je dis rien, j’ai d’autres choses à foutre de ma vie que de courir après 30€.

(Im)morale de l’histoire

Maintenant, je vais vous dire ce que j’en pense, moi, personnellement, de cette façon d’employer les gens.

Lors du premier entretien d’embauche, on m’a fait comprendre qu’on cherchait quelqu’un qui puisse rester un moment (dans l’annonce il était indiqué 2 ans, ce à quoi j’étais prêt à m’engager) et que dans cette école, tous les membres du personnel formaient une petite famille, et que la personne qui me faisait passer l’entretien était donc à la recherche d’une personne qui s’intègre bien à ce cadre familial, qui puisse en devenir, donc, un nouveau membre.

Alors je vais vous dire ce que m’a semblé signifier être un membre à part entière de la famille de l’école Montessori internationale de Prague :

Si tu es professeur assistant, contrairement aux autres professeurs, on ne te paiera pas l’assurance chômage, ni l’assurance maladie, ni la retraite, ni les vacances, on pourra te licencier sans préavis et sans indemnité. Sur ton revenu de 26 000Kč (≈ 1 000€) par mois, tu déduiras environ 5 000Kč à reverser à la sécurité sociale (mais ce sera pour une version light) et aux impôts, et bien sûr tu prendras sur ton petit temps personnel pour faire la compta, entre deux cours particuliers, évidemment, puisque les membre de la famille comme toi ne sont pas employés uniquement par l’école. Si tu veux une meilleure sécurité sociale, une retraite et un chômage, tu grapilleras sur ce qu’il te reste. À la fin il te restera 300€ par mois pour vivre pour avoir bossé 40h (ou 35, on va pas chipoter) par semaine.

Tu seras membre de la famille donc, mais tu dormiras dans la niche du chien et tu mangeras les restes quand tout le monde se sera servi. Non, non, chut, ne dis rien, la famille, c’est fait pour ça.

Non, sérieusement, quand on demande aux gens de s’investir à long terme et qu’on leur propose de faire partie d’une « famille », la moindre des choses serait quand même de ne pas les faire se sentir comme une pièce rapportée. De leur montrer qu’on va les considérer comme les autres et pas qu’on va faire des économies minables sur leur dos.

J’ai d’autant plus de mal à comprendre cette apparente radinerie qu’on m’a fait savoir que les clients de l’école étaient des familles fortunées. Ben oui, à 300 000Kč (≈ 11 540€) l’année en moyenne (en comptant les repas et les activités de l’après-midi), il faut avoir un peu de thune. Alors pourquoi ne pas offrir la même sécurité à tous ses employés ? Hein ? Pourquoi ? Puisqu’on m’a assuré que l’école, pour conserver son aspect familial (encore une fois), ne souhaitait pas s’agrandir, faut l’investir dans l’humain tout ce pognon, non ? C’est pas ça qu’elle chérit, l’école Montessori, l’humain ? Ben non, ce doit être le pognon alors.

Autre chose, pour une école qui se targue d’épandre sur ses élèves une philosophie supposée aider à construire les futurs citoyens engagés et responsables qui feront la société de demain, embaucher ses professeurs assistants d’une manière qui fait qu’ils sont obligés de payer une retraite privée et non de mettre de l’argent dans la caisse nationale, c’est pas un peu moyen, non ? Et la sécurité sociale ? L’auto-entrepreneur la paie, oui, mais pas autant que si l’entreprise avait elle aussi cotisée une partie, du coup : moins de pognon pour la sécu. Et le chômage, hein ? Alors comme ça on pousse les gens à mettre de côté sur leur compte en banque perso, et pas à mettre dans le gros pot commun qui doit servir à tout le monde en cas de coup dur ? C’est pas une très belle leçon de partage ça.

Le fait qu’on n’ait pas répondu à l’e-mail dans lequel je demandais s’il fallait forcément travailler sur la živnostenský list alors que tous les autres échanges se faisaient rapidement (et qu’après la journée d’essai personne ne m’en parlait si je ne ramenais pas le sujet sur la table) m’en dit long sur le fait que certaines personnes devaient quand même se sentir le cul merdeux sur ce coup-là.

Bon allez, j’arrête ici. J’en ai plein les paluches de taper tout ça.

J’espère que ç’aura été informatif pour les futurs francophones en recherche d’un travail dans le domaine de l’enseignement à Prague ou ailleurs en République Tchèque. Si vous avez des questions, posez-les dans les commentaires, j’essaierai d’y répondre. Moi je retourne chercher du taf.

#281 – Du soleil au cimetière

Hier était un jour ensoleillé comme je n’en avais jamais vu à Prague. J’en ai profité pour aller visiter la ville à la recherche de polices d’écritures originales sur les enseignes de boutiques et autres (oui d’ailleurs, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, je suis en train de bosser sur les polices présentes sur le site (qui va grossir, grossir… dans les mois à venir (plus d’info à ce sujet en fin d’article))), puis, en fin d’après-midi, je me suis rendu aux cimetières d’Olšany (Olšanské hřbitovy en version originale) qui forment aujourd’hui un seul immense cimetière. Non mais vraiment, immense. Pensez à un cimetière immense… voilà. Ben deux ou trois fois ça. D’ailleurs je n’en ai visité qu’un tout petit dixième durant les deux heures que j’y suis resté. J’y retournerai dès que possible.

Et dans ce cimetière, j’ai pris quelques photos (je rappelle d’ailleurs à tout le monde que je ne suis absolument pas photographe, la plupart sont donc floues ou moches ou les deux), que voici donc. Je vous les ai séparées en trois catégories, la première sur le cimetière au soleil, la deuxième sur les tombes délabrées, et la troisième sur les tombes dans la nature et la nature sur les tombes. Évidemment beaucoup de photos pourraient se trouver dans plusieurs catégories, mais comme j’ai fait ça vite fait mal fait faudra vous faire une raison.

Du soleil au cimetière

Des tombes délabrées

Des tombes qui poussent au milieu des herbes et des herbes qui poussent sur des tombes

Et voilà. Comme je vous l’ai dit, je ne sais ni prendre de photos correctes, ni les retoucher sur un logiciel, ni les compresser pour qu’elles ne prennent pas trop de place mais restent jolies, vous avez donc là ce que mon appareil a bien voulu faire en mode auto et des images mal compressées et toujours trop lourde. Va falloir que je bosse là-dessus.

Un petit plan pour que vous vous fassiez une idée de la taille du cimetière :

Carte OpenStreetMap (© les contributeurs d’OpenStreetMap). Police Linux Libertine par Philipp H. Poll.

Les quelques allées que vous pouvez voir représentées sur la carte sont loin d’êtres les seules et clairement je n’ai peut-être arpenté qu’un cinquième de la « zone de ma balade ». J’ai erré en zigzaguant et je serais bien incapable de me rappeler exactement par où je suis passé.

Sinon, en ce qui concerne les typographies, j’en ai recueillies pas mal ici aussi, mais ça ferait beaucoup de photos pour une seule note. Je ferai une page à part où je les mettrai toutes. Enseignes + pierres tombales.

D’ailleurs, pour ce qui est du site qui va grossir, grossir, comme je le disais un peu plus haut, ça va se faire doucement. Je suis en plein milieu de candidatures et d’entretiens d’embauche, et si jamais je suis pris quelque part je vais sans doute me taper un bon 40h/semaine, puisque c’est le plein temps tchèque. Donc, on va y aller surement mais doucement. Dans le planning il y a :

  • rapatrier ici (presque) tout ce que j’ai fait depuis 15 ans et qui est disséminé ici et là sur le net sous différents pseudos (pas d’impatience, tout ça est d’un bien piètre intérêt)
  • ouverture donc de parties dédiés aux textes, dessins, musiques, clips et fictions interactives et autres trucs que j’ai pu commettre et que je commettrai à l’avenir
  • ouverture d’une partie dédiée aux textes anciens
  • ouverture dédiée à divers domaines de recherche
  • remaniement du site du coup, où le blog ne sera qu’une toute petite partie de l’ensemble
  • trouver de vraies bonnes polices d’écriture pour le site, et même peut-être me mettre à la typographie moi-même et donc ouvrir une partie dédiée
  • d’autres trucs encore secrets
  • compléter la page source que j’ai créé il y a quelques jours et qui est pour l’instant bien maigre.

Je voulais encore dire un truc mais j’ai oublié. Bises.

#280 – Quattuor equites apocalyptici pragensis

Eh oui. Ce matin, profitant du beau soleil d’août que ça va pas durer, je me promenais tranquillement dans les rues de Prague sans me demander pourquoi je croisais un T-shirt Metallica toutes les deux minutes (un T-shirt avec quelqu’un dedans, entendons-nous bien, mais là on s’en fout du quelqu’un dedans). Non, je ne me le demandais pas, pourquoi, car je savais. Vendredi, un ami habitué de la ville apprenant que j’allais y arriver hier me demandait : « Tu vas voir Metallica dimanche ? Avec Ghost en première partie. C’est à l’Aéroport Letňany. » Je lui répondais que je n’en avais même pas entendu parler. Il me répondait à son tour que de toute façon il n’y avait sans doute plus de places.

Ce qui était faux. Le concert est ce soir et il y a encore des places. Des places à 160€. Vous me voyez donc bien désolé James, Lars, Kirk et Robert, mais je ne viendrai pas vous faire coucou depuis les gradins. Quant à vous, les musiciens de Ghost, je ne sais déjà pas ce que vous jouez comme musique, alors vos prénoms… Mais ne soyez pas fâchés, j’apprécie que les titres de vos albums soient en latin. Puisque j’essaie d’apprendre le latin. D’une manière générale, j’apprécie tous les efforts faits pour que la langue ne tombe pas totalement en désuétude avant que j’aie fini de l’apprendre.

Va donc falloir se faire une raison, ce soir je n’entendrai pas en direct les doux CRH-CRH-CRH-CRH-CRH-CRH qui ont bercé mon adolescence, et je ne découvrirai pas non plus ce groupe concept suédois dont on m’a tant vanté les costumes de scène (étonnamment jamais la musique). Ben allons-y, donc, faisons-nous une raison : Metallica, c’est peut-être sympa, mais leur merchandising de masse à la con qui fait qu’on retrouve de leurs T-shirts non seulement aujourd’hui dans tout Prague, mais également chaque jour jusque dans les coins les plus reculés du monde, me fait gerber. Metallica, si on regarde les choses en face, c’est 10% de musique, 90% de marketing. James Hetfield, si on regarde bien les choses en face, c’est un mec qui, mis à part faire de la musique, préfère plus que tout rouler en pseudo-dragster au dessus des limites de vitesse et aller braconner des ours en Sibérie complètement pété à la vodka. Lars Ulrich, si on regarde bien les choses en face, c’est Lars Ulrich.

Ah ! Voilà voilà, je me sens mieux. Ce soir, peuvent bien s’électrocuter avec leurs guitares de merde ces petits cons quinquagénaires ! Peuvent bien taper des poings et des pieds sur le sol, me supplier à genoux, non, non, non, j’irai pas les voir. Cavaliers de l’apocalypse, ça ? Dresseurs de poneys de fête foraine à gros budget, ouais.

Okay, okay. Je suis bien dégouté. Je dis des méchancetés et je les pense, mais si les places avaient été à moins de 50€, j’aurais fait mon tour de chapiteau, comme tout le monde.

On reparlera un jour de pourquoi les artistes peuvent bien souvent être classés parmi les plus gros manipulateurs au monde, avec les hommes politiques et les entrepreneurs, et de pourquoi il est vital pour eux de s’attaquer à leurs victimes dès l’adolescence. Ça oui, on en reparlera. Un jour. Peut-être.

DÜRER, Albrecht. « Les quatre cavaliers de l’apocalypse ». L’apocalypse de Saint Jean. 1497.

#279 – La Bohême

Entre deux textes anciens, une petite note personnelle.

Me voilà de retour à Prague. Encore pour des vacances ? Non. Pour y vivre cette fois. Mon amie, Pragoise de naissance, y a trouvé un emploi il y a trois semaines et je suis moi-même arrivé aujourd’hui dans la capitale tchèque après 15h de bus. Je commencerai dès lundi à y chercher du travail. Le moins con possible, j’espère, le travail, mais on fera avec ce qu’on trouvera. Nous devrions rester là une année au minimum, à moins que d’imprévisibles imprévus ne viennent nous arracher à l’Europe centrale pour nous recracher on ne sait où. Si si, ça arrive des fois, faut faire gaffe.

Attendez-vous donc à voir paraître ici quelques articles concernant ce pays dans les mois à venir, sur tous les modes et tous les sujets. Attendez-vous également à trouver sur ce blog quelques images des lieux, du coup. Toutefois rassurez-vous, comme cette ville est extrêmement touristique et que vous n’êtes pas méchants au point de mériter les terribles cartes postales de couchers de soleil sur le pont Charles et autres clichés du genre, je prendrai grand soin de ne vous exposer qu’aux tableaux les plus laids et aux détails les plus insignifiants que j’aurais pu photographier.

Cale-porte

Ben voilà. Rien de plus à dire. Je suis à Prague pour une période indéterminée, donc j’en causerai sans doute. Bon, va quand même falloir que j’en finisse avec ces histoires de serpents avant de passer à autre chose…

#268 – À Prague (suite et fin)

Oui, alors, avant que je ne vous laisse lâchement tomber il y a deux mois, j’étais en train de vous montrer les jolies choses que j’avais vues à Prague. Je ne suis plus à Prague mais le téléphone dont je me suis séparé était quand même rempli de photos de la ville. Je vais donc partager quelques unes d’entre elles. Attention, je n’ai choisi que les meilleures.


Première image. Où l’on voit que les Tchèques ne respectent absolument pas la langue française :

Si vous trouviez que l’allemand était compliqué à cause des déclinaisons, essayez un peu le tchèque pour voir

Si vous trouvez de quel bar ces têtes en fer forgé ornent la façade, vous avez gagné :


Comme dans toute ville ancienne, on retrouve sur les plus vieilles pierres d’antiques graffiti qui nous donnent le vertige quand on pense aux années qui nous séparent du moment où ils furent inscrits :


Un Nazgûl :

Oui, je sais. Mozart, tout ça…

Un distributeur qui prend la poussière :


Un immeuble dont la façade ferait sans doute grincer des dents aujourd’hui. Mais là c’est patrimonial, pas pareil :


Là j’ai juste appuyé sur le bouton au mauvais moment, mais je vous la mets quand même :

N’empêche que d’entre toutes les merdouilles que j’ai pu prendre en photo, ces petites pierres cubiques qui servent de pavés sont sans doute la chose la plus typiquement praguoise que vous verrez ici.

Si vous sortez un peu de Prague, à 45 minutes en train, allez visiter Sedlec et Kutná Hora. À Sedlec il y a le fameux magnifique ossuaire et son énorme chandelier en ossements humains. Chaque os du corps y est présent au moins une fois. À Kutná Hora on peut visiter l’église Sainte-Barbe qui est honnêtement l’église la plus belle que j’ai jamais visitée, du dedans comme du dehors. Mais ce n’est pas ça que je vais vous montrer ici. Non. Ici, je vais vous montrer que dans cette commune de Sedlec-Kutná Hora, vaut mieux payer en couronne tchèque bien que les euros soient acceptés partout :

Pour référence, à ce jour 1 euro = 25,7 couronnes tchèques

Cela dit, maintenant que j’ai parlé de l’église Sainte-Barbe, je vais quand même vous montrer un tableau qu’on peut y trouver :

Oui.
Ce mec-là mate un homard qui passe devant le soleil.

Ça, me demandez pas, je ne sais pas ce que c’est, je suis tombé dessus en pénétrant par erreur dans une cour intérieure :

C’était la nuit, du coup on voit pas bien mais c’est le crépi qui est soulevé par le crochet, c’est pas un drap.

Alors là, par contre, je vais vous donner plus d’explications, parce que ça le mérite :

Sur ce sac plastique est dépeinte une scène traditionnelle qui se joue à Pâque. Notez bien la baguette de bois dans la main du jeune homme et la jeune fille qui court devant lui.

Le lundi de Pâques, il est de tradition que, le matin, les garçons se munissent de cette sorte de baguettes-fouets (pomlázka) faites de branches de saule tressées et décorées de rubans, et aillent fouetter les fesses des filles du quartier. Pour se sortir de cette situation, les filles peuvent donner des œufs décorés aux garçons. Elles ont aussi le droit de leur balancer un seau d’eau à la figure.

Je vous laisse en tirer les conclusions que vous voudrez.


Un ordinateur analogique made in Tchécoslovaquie dans les années 70, le MEDA 41TC, exposé au Musée Technique National de Prague :

Parce que les calculateurs numériques c’est pour les noobs.

À l’Académie des Arts, de l’Architecture et du Design de Prague (UMPRUM), on trouve les chiottes les moins gender-ability neutral de la ville :

On notera que pour ne pas passer totalement pour des conservateurs, les architectes ont décidé que les enfants se feront changer dans les toilettes pour hommes handicapés. Si vous êtes une mère sans handicap et que vous souhaitez changer votre enfant, vous pourrez à loisir vous demander si on va vous laisser entrer dans ces toilettes-là, et si on vous y laisse entrer est-ce que ça valait bien le coup de faire autant de pièces différentes pour au final laisser n’importe qui entrer n’importe où.


Enfin, sur le chemin du retour, j’ai pu constater que sur la tablette intégrée à chaque siège du bus, il y avait de la littérature pour les enfants, de la littérature pour les femmes, mais aucune littérature pour les hommes ! Un scandale.

C’est peut-être la section AutoMotoRevue, si on suit la logique de ces dernières décennies.

Voilà. J’ai vidé ma pellicule « République Tchèque », j’espère encore une fois vous avoir fait rêver et que votre tête est maintenant remplie paysages paradisiaques. Je vous laisse sur cette image de bébés sans visage escaladant une tour de 216 mètres :

Il s’agit des « Miminka » de David Černý. On peut également les voir de (trop) près dans le parc Kampa.

#264 – Le printemps à Prague

Comme je vous le disais brièvement hier, ce soir c’est le départ pour Prague. Pas de déménagement, simplement un petit voyage comme ça. On va visiter la belle-famille. Cela dit, mon amie à tout de même un entretien d’embauche là-bas. Il n’est donc pas exclu qu’on parte y vivre quelques mois par la suite, mais pour l’instant rien de sûr.

Ces dernières semaines, quand j’annonçais aux proches et connaissances qu’on se préparait à partir pour la République Tchèque, tous semblaient unanimes. La chance, Prague, c’est super/ça a l’air super. C’est pourtant pas l’idée que je m’en fais. Je ne sais presque rien de cette ville ni de ce pays, sinon par quelques souvenirs d’enfance que me raconte parfois mon amie et ce que m’en ont dit les quelques drôles qui sont déjà allés faire un tour du coin. Quand j’entends Prague, je pense « froid », « hordes de touristes » et « chars russes » d’un côté, et « belle architecture », « bières pas chères », « top models » de l’autre. Voyez comme je suis fort mal cultivé… D’autant que les chars russes ont décarré depuis longtemps, que je ne bois plus et que je serai déjà accompagné par la fille qui me rend complètement niais. Il reste donc « froid », « hordes de touristes » et « belle architecture », ce qui ne me met pas plus que ça en appétit. Ce petit séjour, hors des parcours touristiques, je l’espère, et au contact d’autochtones, me permettra sans doute de ramener moins de clichés dans mes valises que ceux avec lesquels j’étais parti.

Deux propos impopulaires à tenir dans notre société contemporaine :

  • Voyager ? Mouais, sans plus.
  • Prague ? Si tu y tiens vraiment…

Cela dit, une fois sur place, quasiment garanti que j’aurais pas envie de rentrer au bercail. Les pays voisins ou lointains ne me paraissent ni plus ni moins agréables que celui dans lequel je suis né et vis depuis un peu plus de trente ans. Il suffit d’ordinaire que je m’installe quelques jours dans un endroit quelconque pour m’y sentir bien et ne plus avoir beaucoup de motivation à le quitter. Fini le temps où l’herbe me paraissait moins jaune dans un ailleurs toujours ailleurs. Sûr que je tiendrai pas le même discours si j’avais été pondu au Yémen ou dans un autre de ces lieux où vous risquez d’apprendre plus vite de quelle couleur sont les tripes de vos proches que leur nom, mais enfin, heureux (pour moi) hasard, c’est n’est pas mon cas.

Je prends quand même l’appareil photo, car je compte tenir le blog autant que possible et vous agrémenter tout ça d’un maximum de photos non-esthétiques du genre qu’on se garde bien de vous inclure dans les guides touristiques. Enfin, ça c’est l’idée, je ferai avec ce qui me tombe sous l’objectif.

Bon allez, me faut finir les valises. À bientôt.